Contenu du sommaire : L'Argentine des Kirchner, dix ans après la crise
Revue | Problèmes d'Amérique Latine |
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Numéro | No 82, automne 2011 |
Titre du numéro | L'Argentine des Kirchner, dix ans après la crise |
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Dossier
L'Argentine des Kirchner, dix ans après la crise
- L'Argentine des Kirchner, dix ans après la crise - Marie-France Prévôt-Schapira p. 7
- Croissance et inflation en Argentine sous les mandatures Kirchner - Pierre Salama p. 13 Depuis 2003, le taux de croissance du PIB a été plus élevé en Argentine qu'au Brésil. L'Argentine renoue avec une industrialisation soutenue alors que Brésil connaît une tendance à la désindustrialisation. Le taux d'investissement a augmenté, mais insuffisamment. La distribution des revenus est moins inégale. La pauvreté a baissé et les inégalités parmi les plus pauvres ont également diminué. L'emploi augmente – y compris dans le secteur industriel – et les emplois informels, salariés ou non, perdent de leur importance relative. La balance commerciale est fortement excédentaire, le taux d'endettement n'est pas excessivement élevé. L'inflation réelle est à un niveau élevé, bien plus forte que celle annoncée par le gouvernement et réduit le pouvoir d'achat surtout parmi les catégories les plus pauvres. Les conflits distributifs entre les agriculteurs et le gouvernement et entre les salariés et le patronat traduisent des problèmes de gouvernance. L'appréciation récente du taux de change réel effectif, le poids croissant des matières premières dans les exportations, la dépendance vis-à-vis de celles-ci pour financer les subventions versées principalement aux secteurs fortement énergivores, l'insuffisance des aides aux industries intensives en recherche peuvent transformer le cercle vertueux d'aujourd'hui en un cercle vicieux demain.Since 2003, the growth rate of the GDP has been higher in Argentina than in Brazil. Argentina re-established sustained industrialisation, while in Brazil the trend is towards deindustrialisation. Investment rates grew, but not enough. Income distribution is less unequal. Poverty has decreased and inequalities among the poor have also declined. Employment is growing – including in the industrial sector ; informal jobs, whether salaried or not, are loosing ground; while the balance of trade shows a strong surplus and the dept ratio is not overly high. Real inflation is high, far higher than announced by the government, and it curtails any rise in buying power, particularly among the poorest. Distributional conflicts between farmers and government, between wage earners and managers, illustrate both governance problems and questions of societal options. The recent rise in effective exchange rates, the rise in the share of raw materials in exports, the fact that these are needed for subsidies paid mainly to energy consuming sectors, the shortage of subsidies to research intensive industries could tomorrow turn what is currently a virtuous circle into a vicious circle.
- Syndicats et politique sous les gouvernements kirchnéristes - Martín Armelino p. 33 Au cours de la dernière décennie, les syndicats argentins connaissent un notable regain de vitalité de leur activité revendicative et politique qui coïncide avec les gouvernements de Néstor Kirchner (2003-2007) et de Cristina Fernández de Kirchner (2007-2011), qui lui succède. Toutefois, le syndicalisme n'est pas homogène : les organisations qui défendent les revendications du monde du travail sont soit historiquement consolidées, soit relativement récentes. L'activité revendicative des unes et des autres reflète les changements intervenus dans le monde du travail. À son tour, ce regain de vitalité se retrouve sur la scène politique pour soutenir ou combattre les gouvernements kirchnéristes.The Argentine trade unionism developed a strong process of organizational and political revitalization, during the Néstor Kirchner (2003-2007) and its successor Cristina Fernández de Kirchner (2007-2011) governments. However, the trade unions are not homogeneous among them and the organizations that defend the workers' claims are divided among those historically consolidated and other emerging. The industrial action that develop ones and others expresses the changes experienced in the work's world. This revitalization has also been transferred to the political arena, influencing the support or opposition given to kirchneristas governments.
- Gouvernement et oppositions en Argentine (2008-2011) - Ricardo Sidicaro p. 55 Le présent article analyse les rapports entre gouvernement et oppositions pendant le mandat présidentiel de Cristina Fernández de Kirchner. La notable amélioration de l'économie nationale au cours de la présente décennie rend d'autant plus visibles les problèmes qui découlent de l'absence d'organisations partisanes capables de créer une dynamique politique et institutionnelle de débat et de coopération pour exprimer et rendre compatibles les intérêts des couches hétérogènes de la population qui leur accordent leurs suffrages. On considère ici que la combinaison de l'aggravation de la fragmentation sociale et d'un déficit d'observance des règles du jeu institutionnel constitue le facteur fondamental de la persistance de la désarticulation du jeu politique. Un phénomène qui vient, dans un premier temps, avantager les promoteurs de l'expérience kirchnériste pour rythmer ensuite les oscillations de l'approbation de leur action de gouvernement dans l'ensemble de la société.This article analyzes the relationships between government and opposition during the presidential term of Cristina Fernández de Kirchner. The significant improvement of the national economy during this decade makes all the more visible the problems arising from the absence of party organizations capable of creating a process of political and institutional debate and cooperation to express and match the interests of heterogeneous layers of the population that give them their votes. We consider that the combination of the deepening social fragmentation and a lack of adherence to institutional rules is the fundamental factor of the persistence of the disarticulation of the political game. A phenomenon that first benefits promoters of the Kirchnerist experience to pace then the oscillations of the approval of their government actions throughout society.
- Du "Qu'ils s'en aillent tous !" à l'exacerbation de la rhétorique nationale-populaire - Maristella Svampa p. 77 L'article propose une lecture de l'Argentine de ces dix dernières années (2001-2011), à partir de trois moments forts de la décennie : 2001, 2003 et 2008. Tout d'abord, il montre que les mobilisations de 2001 ont laissé une trace profonde dans la société qui se manifeste par la consolidation d'un ethos militant (la génération de 2001) mais aussi par le retour de la lutte des classes et la tradition nationale-populaire. Deuxièmement, il analyse le processus de recomposition politique – depuis le haut – après la crise généralisée qui a éclaté en décembre 2001 sous les gouvernements de Néstor Kirchner (2003-2007) et de Cristina Fernández de Kirchner (2007-2011). Cette recomposition se traduit par l'actualisation de la tradition nationale-populaire. Enfin, il s'interroge sur la coexistence entre la dynamique nationale-populaire et la logique de dépossession qui a vu se multiplier les conflits autour de la terre et du territoire.This paper proposes a reading of the last ten years' Argentina (2001-2011), through three hypotheses, embedded in the strongest events of the decade: 2001, 2003 and 2008. First, it explains that the mobilizations of 2001 left a deep brand, outlined by the consolidation of an autonomist narrative (the “generation of 2001”) and the come-back of the class and national-popular language. Second, it analyses the process of political reconfiguration “from above” that occurred after the widespread crisis that exploded in December 2001, when Néstor Kirchner is elected president (2003-2007), and his wife, Cristina Fernández de Kirchner, succeeds him as head of the national government (2007-2011). Updating the national-popular tradition appears as the the keystone of this process of reconfiguration. Finally it explains the coexistence between national-popular dynamics and dispossession logics that can be, visible the latter in the proliferation of conflicts for the land and the territory.
- Clairs-obscurs de la structure sociale. Tendances en contrepoint dans l'Argentine du XXIe siècle - Gabriel Kessler p. 93 Depuis le coup d'État de 1976, et surtout depuis les réformes des années 1990, la société argentine est devenue plus inégalitaire et fragmentée. Sans remettre en cause cette évolution générale, que confirment les indicateurs classiques des revenus et de l'emploi, l'article propose d'observer quelques-unes des tendances qui, au cours de la même période, opèrent en sens contraire : l'expansion de la couverture scolaire, le plus grand accès des secteurs populaires à la consommation et une mobilité sociale ascendante qui persiste, bien qu'elle soit limitée. Ainsi, la société argentine présente donc des tendances en contrepoint : certaines vont dans le sens d'une augmentation soutenue de l'inégalité et de la permanence de l'exclusion ; et d'autres vers la diminution de celles-ci. Cet article essaie de contribuer à l'élaboration d'un tableau plus complet de la structure sociale argentine, en rendant compte de ces nuances et de ces complexités.Since the coup d'État of 1976, and especially since the reforms of the 1990s, Argentine society has become more unequal and fragmented. Without questioning the general trend, confirmed by the conventional indicators of income and employment, the article proposes to observe some trends that, during the same period, operate in the opposite way: expanding school coverage, greater access of the popular sectors to consumption and upward social mobility that persists, although it is limited. Thus, the Argentine society has counterpoint trends: some are consistent with a sustained increase of inequality and a persistence of social exclusion, and others are consistent with a decrease of them. This article attempts to contribute to the development of a more complete picture of the social structure of Argentina, reporting on the nuances and complexities.
Varia
- Sergio Ramírez, acteur et mémorialiste de la révolution sandiniste - Nathalie Besse p. 111 Vice-président du Nicaragua de 1984 à 1990, Sergio Ramírez incarna en son temps un véritable acteur et porte-parole de la révolution. Il fut son défenseur d'abord dans le cadre de tout un questionnement identitaire d'ailleurs élargi à l'Amérique centrale, puis son mémorialiste critique au temps de la désillusion, sans omettre le romancier qui n'a de cesse d'explorer dans ses fictions l'Histoire et les avatars du pouvoir, comme autant de représentations de la corruption. Ainsi Sergio Ramírez agit-il aussi en écrivant, ou de l'écriture comme participation, notamment à une réflexion sur le devenir nicaraguayen.Vice-president of Nicaragua from 1984 till 1990, Sergio Ramírez embodied a real actor and a spokesman of the revolution. First he was its advocate within the context of a questioning about identity moreover widened to the Central America, then his critical memorialist in the time of the disillusion, without omitting the novelist who explores in its fictions Nicaragua's History and the representations of a power associated with corruption. So Sergio Ramírez also acts by writing, which is a way of participation, in particular with his reflection on the Nicaraguan future.
- Brève - p. 129
- Lecture - p. 133
- Résumés - p. 137
- Resúmenes - p. 139
- Abstracts - p. 141
- Sergio Ramírez, acteur et mémorialiste de la révolution sandiniste - Nathalie Besse p. 111