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Cet article traite de l'orientation historique et actuelle des études africaines en Allemagne. Sont tout d'abord analysées les conditions d'apparition et d'établissement de la Völkerkunde, terme forgé sur le modèle de Erdkunde ou géographie au XVIIIe siècle. En Allemagne, l'Ethnologie/Völkerkunde, la muséologie et la linguistique sont étroitement liées. L'ethnologie allemande, qui s'est établie comme activité muséologique avant d'entrer dans le domaine académique, a pris son essor avec le développement du comparatisme linguistique au milieu du XIXe siècle et avec la colonisation. Carl Meinhof (1857-1944) et Diedrich Westermann (1875-1956), les chefs de file de la linguistique africaniste en Allemagne, sont ainsi les représentants de deux conceptions des études africaines (Afrikanistik). Toutefois, la conception globale de l'africanisme, utilisée aujourd'hui dans les principaux centres africanistes, est celle qui a été définie par Westermann. Dans ces centres, l'accent est mis davantage sur l'interdisciplinarité et sur la coopération interuniversitaire en Allemagne, mais aussi avec les universités des pays africains.

Cet article porte sur la question de la coexistence entre agriculteurs et pasteurs. À travers le récit ethnographique de deux cas de règlement et de gestion des conflits entre agriculteurs karaboro et agro-pasteurs peul dans la province de la Comoé au Burkina Faso, les mécanismes sociopolitiques et culturels, qui empêchent l'extension des conflits sur une grande échelle, sont démontrés. L'article décrit les enjeux conceptuels de ces conflits, influencés par les concepts locaux mais aussi par le gouvernement et les agences de développement. En effet, il analyse la manière dont la nature du conflit peut être perçue par les acteurs locaux en fonction de leur position, de leurs intérêts et de leurs valeurs. L'importance qu'il y a pour les acteurs de préférer parfois la paix sociale à la justice est démontrée à travers des exemples concrets : le fonctionnement de la relation traditionnelle hôte/étranger, les interprétations locales de la réforme foncière, les rôles de l'association des chasseurs et du syndicat des éleveurs.

Les Comores ont joué un rôle crucial dans l'histoire commerciale et religieuse du sud-ouest de l'océan Indien et en tant que trait d'union humain entre le continent africain, Madagascar et les Mascareignes. Dans cet article, je cherche à examiner ces trois aspects par rapport au Mozambique et dans le but de stimuler la recherche collective. Le premier aspect concerne les liens commerciaux étroits unissant les Comores au Mozambique. Alors que l'on a jusqu'ici mis l'accent sur le commerce des esclaves au cours du 19e siècle, on ne doit pas sous-estimer la complexité et la prospérité du commerce de denrées alimentaires qui faisait également partie intégrante de ce même réseau régional. Ces relations sous-tendent les deux autres aspects abordés dans ce travail. Le second aspect concerne la diaspora africaine de l'océan Indien. J'analyse la façon dont des populations africaines déplacées ont été absorbées par les sociétés d'accueil, les moyens qu'elles ont utilisés pour à la fois maintenir et transformer leurs identités ainsi que les traditions qu'elles ont apportées avec elles. Le troisième aspect a trait à l'histoire de l'islam dans le nord du Mozambique au 19e et au 20e siècle, histoire qui est intimement liée à celle des Comores.

Une institution comme celle de la parenté de lait qui a sa source dans le Coran, se retrouve dans de nombreuses sociétés musulmanes. De la parenté de lait, très courante dans la société maure, la logique des substances corporelles rend compte, et ceci à partir de la théorie locale de la genèse physiologique des enfants. Les représentations de la conception, de la gestation et de la lactation légitiment l'appropriation des enfants par les hommes, ainsi que le principe de filiation patrilinéaire, et l'idéologie agnatique qui prévaut dans de nombreux domaines. Si la femme, qui ne joue aucun rôle substantiel au niveau de la conception et de la gestation, est également dépossédée du fluide sorti de ses seins qu'elle ne fait que donner à son enfant, c'est que le lait n'est pas seulement nourricier mais aussi substance identitaire masculine dépendant du sperme, issu lui-même du dos. Ces représentations, qui accordent une place importante au " lait du mari " créateur d'un certain type de parenté, ne font jamais référence au sang. C'est en effet que le sang en islam, dont l'organe régulateur est le foie et non le coeur, n'est pas considéré comme un vecteur transmettant l'identité, mais plutôt comme un principe de conservation de la vie ; il constitue d'autre part une métaphore des liens de parenté, en tant qu'il symbolise l'affection entre parents, ainsi que les relations de solidarité qui en découlent.

En milieu médical conventionnel comme en milieu " tradithérapeute " au Congo, le pluralisme " éclaté " du champ des médecines où s'affrontent et se combinent diverses légitimités, ne fait pas qu'instruire des conflits d'identité caractéristiques d'un contexte de précarités identitaires. Il éclate aussi le dualisme tradition/modernité. Ayant recours, dans ce contexte, à des stratégies identitaires se matérialisant dans des mélanges de registres qui s'excluent selon les orthodoxies socio-épistémologiques classiques, les " médecins africains " mûs par ce " syndrome du prophète " extorquent ou invalident par la force de l'imaginaire des identités professionnelles reposant sur la magie de l'écriture.

La dynamique des relations intercommunautaires et la politique identitaire dans la partie nord du département de la Mezam, Cameroun Les politiques d'identité, qui souvent fluctuent entre le repli identitaire et le tribalisme et débouchent parfois sur des conflits armés et des génocides, trouvent leur origine dans la politique coloniale. Celle-ci visait à restructurer les relations entre des communautés qui s'accommodaient du passé précolonial. Cet article essaie de démontrer dans quelle mesure les relations basées sur l'arrangement entre les communautés dans la partie nord du département de la Mezam au Cameroun, ont été transformées en relations de concurrence sous la colonisation britannique. La tentative de construire des unités administratives coloniales basées sur les relations de coopération préexistantes a plutôt engendré le désaccord, les divisions et les tensions qui donnent naissance aujourd'hui à des politiques de discorde sociale qui ne servent pas l'intérêt de l'intégration nationale, même au niveau le plus élémentaire qu'est la communauté.