Contenu du sommaire : Varia

Revue Cahiers d'études africaines Mir@bel
Numéro no 181, 2006
Titre du numéro Varia
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Christine Messiant (1947-2006) - Michel Agier, Rémy Bazenguissa-Ganga p. 5-9 accès libre
  • De la cosmologie à la rationalisation de la vie sociale : Ces mots idààcha qui parlent ou la mémoire d'un type de calendrier yoruba ancien - Aimé Sègla, Adékin E. Boko p. 11-50 accès libre avec résumé
    L'article examine le système calendaire du groupe dialectal yoruba idààcha comme un type d'incorporation de la cosmologie yoruba dans la rationalisation de la vie sociale. Il met en exergue le lien à peine dissociable entre croyance et connaissance. Le calendrier est en effet construit sur la base d'une échelle de valeurs tirées de la vision cosmologique de l'univers. L'étude met par ailleurs en lumière la place des mots et des phrases-mots dans le processus de la représentation linguistique. Les significations, dans le dialecte yoruba-idààcha, des termes qui désignent les entités comme l'angle, le cercle, le centre du cercle, minuit, fuseau horaire, le nombre de jours de la semaine, etc., renvoient systématiquement à l'échelle des valeurs standardisées inventées par la cosmologie. Ces mots idààcha qui « parlent » constituent un paysage de mémoire qui renseigne sur les symbolismes originels dans l'histoire et la culture yoruba. Partant, l'article examine soigneusement la question de savoir pourquoi Idààcha est un pôle significatif de la périphérie occidentale du pays yoruba et pourquoi son calendrier divinatoire préserve une logique spatio-temporelle très ancienne par-delà Ifè et le révisionnisme oyo. Finalement, il conclut que la lecture simultanée des représentations spatiales et géométriques, en même temps comme des données temporelles, suggère une nouvelle approche de l'étude de la cosmologie en rapport avec le corps humain dans sa navigation spatiale quotidienne. Puisque le corps est dans le cerveau, nous dirons, en rapport avec l'esprit humain.
  • Biographical Lessons : Life Stories, Sex, and Culture in Bushbuckridge, South Africa - Isak Niehaus p. 51-73 accès libre avec résumé
    Leçons bibliographiques. Vies, sexes et culture chez les Bushbuckridge, Afrique du Sud. Cet article montre que les histoires vécues nous permettent de comprendre la sexualité masculine à un niveau théorique plus général. Je présente ici la vie d'un homme de 38 ans habitant à Bushbuckridge en Afrique du Sud, en m'intéressant plus particulièrement à certaines de ses expériences : socialisation sexuelle, scolarité, initiation, migration professionnelle, mariage, divorce, chômage et violence sexuelle. Je suggère que cette histoire de vie permette plusieurs avancées analytiques sur les modèles théoriques relatifs à la culture sexuelle africaine. Elle révèle l'interaction entre les différents discours sur la sexualité et met en lumière l'impact d'institutions telles que l'école, les enclos (compounds) de migrants et les bars (drinking houses) sur le comportement sexuel, et établit une distinction entre ce que disent et pensent les gens, et entre leurs aspirations et leurs contraintes. Pour ces raisons, les modèles culturels ne constituent pas des instruments fiables de prédiction du comportement sexuel. En revanche, les biographies peuvent ouvrir des perspectives d'une importance stratégique pour empêcher la propagation du sida.
  • Le premier rapport sexuel chez les jeunes filles à Yaoundé - Séverin Cécile Abega, Esthelle Kouakam Magne p. 75-93 accès libre avec résumé
    Cette étude montre que la violence est souvent présente dans le premier rapport sexuel des jeunes filles à Yaoundé. Elle s'inscrit dans un espace dans lequel la jeune adolescente a été préalablement isolée par le garçon, ce qui participe à la déstabiliser physiquement et psychologiquement. La violence sert ainsi les mécanismes d'incorporation de la domination masculine, et conduit la jeune fille à se conformer aux stéréotypes sociaux. Elle induit aussi une sexualité coupée de toute sentimentalité, débouchant dès lors régulièrement sur le multipartenariat. Un autre élément résultant de la violence du premier rapport est la faible capacité de l'adolescente à négocier avec son partenaire l'usage du préservatif.
  • « Transmigrants » mais pas « nomades » : Transnationalisme mouride en Italie - Bruno Riccio p. 95-114 accès libre avec résumé
    Pour rendre compte de ce qui semble être une nouvelle manière de vivre les expériences de migration, certains auteurs ont forgé de nouveaux concepts comme celui de « transnationalisme ». Ce terme est employé pour décrire les processus à travers lesquels les migrants créent des champs sociaux qui traversent les frontières géographiques et politiques. Les migrants wolof mourides en Italie constituent une bonne illustration de migration transnationale. Après une introduction au débat sur l'approche transnationale aux migrations, dans la première partie, on analyse les activités qui permettent aux migrants mourides d'organiser leur mobilité et leur séjour temporaire grâce à des réseaux sociaux et à la transnationalisation du religieux. Toutefois, une tendance générale dans la littérature sur le transnationalisme postule la nécessité pour ce genre d'organisations migratoires de produire automatiquement des identifications multiples aux divers contextes et un style de vie « nomade ». Au contraire, comme on le montre dans la partie finale, les migrants mourides ne semblent pas trop changer leurs repères existentiels. Une grande partie d'entre eux préserve et renforce un sens d'appartenance au terroir, ils sont tournés vers l'idée de retour et investissent toutes leurs ressources, affectives et matérielles, au Sénégal.
  • L'effondrement de la Générale des Carrières et des Mines : Chronique d'un processus de privatisation informelle - Benjamin Rubbers p. 115-133 accès libre avec résumé
    Comment interpréter l'effondrement inattendu de la Générale des Carrières et des Mines (Gécamines), une entreprise minière autrefois si importante pour l'économie congolaise ? Au lieu de revenir une nouvelle fois sur la prédation du régime de Mobutu et sur la « crise » économique qui frappe le pays, cet article s'intéresse à la dynamique interne de la société en la saisissant dans son univers social propre. Ce faisant, il explique comment a été négociée la privatisation interne et externe de la société et rend intelligible la temporalité de sa lente agonie durant la seconde moitié des années 1980.
  • Management of Ethnic Diversity in Cameroon against the Backdrop of Social Crises - Emmanuel YENSHU VUBO p. 135-156 accès libre avec résumé
    Gestion de la diversité ethnique au Cameroun dans un contexte de crises sociales. Cet article analyse la manière dont l'État du Cameroun a géré la crise de la diversité ethnique pendant la période des reformes, des années 1990 et du début de la décennie 2000-2010. Il met en exergue l'argument selon lequel cette période aura vu l'émergence d'une nouvelle stratégie caractérisée par l'exploitation des tensions ethniques et des griefs dans certains centres urbains à des fins politiques. Au-delà des préoccupations conjoncturelles, l'article conclut que, dans la recherche des modes de gestion de la diversité, il serait nécessaire de faire une distinction conceptuelle, aussi bien dans la théorie que dans la pratique, entre les intérêts des acteurs des communautés et ceux des élites.
  • Calixthe Beyala ou le discours blasphématoire au propre - Augustine H. Asaah p. 157-168 accès libre avec résumé
    Pour Calixthe Beyala comme pour bon nombre de romanciers africains, la peinture de la société postcoloniale passe immanquablement par la dénonciation satirique. Subversive à souhait, sa fiction se double de discours blasphématoire au sens propre. Même si le recours à la langue impie n'est pas étrangère au patrimoine culturel africain, Beyala est l'un des très rares écrivains à l'exploiter, de manière suivie, dans ses romans. S'élevant souvent contre le Dieu solaire, le Dieu chrétien et Dieu le Père, Beyala n'épargne guère les divinités de par le monde.
  • « Migritude », amour et identité. L'exemple de Calixthe Beyala et Ken Bugul - Alpha Noël Malonga p. 169-178 accès libre avec résumé
    L'étude de la « migritude », à partir des romans de Calixthe Beyala et ceux de Ken Bugul, montre que la route conduisant les personnages féminins de l'Afrique à l'Europe traduit un sentiment ambivalent fait d'amour et de rejet de soi. Ce parcours provoque en eux un sentiment de tragique du fait d'une rupture entre la réalité et le désir. Le bonheur amoureux de ces personnages est alors tributaire de leur fidélité à la mémoire identitaire, quel que soit le lieu de résidence : l'Europe ou l'Afrique. Quoi qu'il en soit, chez les deux écrivaines, le bonheur des personnages n'est possible que dans une logique de retour temporaire ou définitif et d'ancrage au pays natal.
  • Une poétique africaine est-elle nécessaire ? - Maria-Benedita Basto p. 179-198 accès libre avec résumé
    L'article propose une réflexion sur les enjeux esthétiques et politiques de la détermination, par une « poétique africaine », de l'objet littéraire produit par les Africains et leur diaspora. Il cherche à penser le lien entre littérature, communauté, culture et ordre social sans les confondre. Il montre comment des approches défendant l'autonomie et l'unité des littératures africaines à partir de l'oralité, des choix de langues, des présupposés de race ou d'une imagination commune produisent une essentialisation de l'objet littéraire qui l'inscrit dans un dispositif dichotomique. La littérature devient un produit normatif déterminé par des principes esthétiques ou des ordres sociaux. L'argumentation défend la nécessité de concevoir la littérature comme un art habité par la contradiction. Elle propose un concept d'écriture associant celle-ci à un mode spécifique de circulation de la parole qui s'ouvre, tout en construisant des liens, à la subjectivation. L'expérience littéraire est envisagée comme un produit des appropriations et circulations hétérogènes dans la longue durée et dans des espaces transnationaux qui ne permettent pas la mise au singulier de l'expression « littératures africaines ».
  • Analyses et comptes rendus - p. 199-252 accès libre