Contenu du sommaire : Varia
Revue | Cahiers d'études africaines |
---|---|
Numéro | no 182, 2006 |
Titre du numéro | Varia |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- 'Aqwaqwam ou la danse des cieux - Anne Damon p. 261-290 Les danses liturgiques de l'Église chrétienne d'Éthiopie, ou 'aqwaqwam, sont définies par la légende comme la reproduction sur la terre de la danse et de la musique de la Jérusalem céleste. La codification écrite récente de ce répertoire par des chantres de l'Église, outre le matériel écrit inédit qu'elle offre à l'ethnomusicologue, traduit une volonté de fixer et d'uniformiser une pratique jusqu'alors transmise uniquement par oral et jugée trop mouvante. Cette institutionnalisation vise aussi à rappeler aux fidèles le sens premier de la gestuelle d''aqwaqwam, à savoir une gestuelle de la Passion. Tout l'art des chantres consiste à réinvestir sans cesse la tradition dans les limites qu'elle impose.
- Addis Ababa University:Fifty-Three Years on An Insider's View - Hussein Ahmed p. 291-312 L'Université d'Addis-Abeba. Cinquante-trois ans d'existence : une vue de l'intérieur. Établis en 1950 à l'initiative du gouvernement impérial, les différents collèges qui constituaient le University College of Addis Ababa (UCAA) ont été intégrés en 1962 pour former la Haile Sellassie I University (HSIU), plus tard renommée Addis Ababa University (AAU). Dans les années 1970 (sauf de 1974 à 1976) et surtout dans les années 1980, l'AAU a étendu et diversifié ses programmes universitaires, et a vu le nombre de ses étudiants augmenter sensiblement en dépit des ressources insuffisantes et des faibles infrastructures. La montée en puissance et l'impact du mouvement étudiant a non seulement attiré l'attention de la nation sur la HSIU/AAU, mais a également donné de l'élan au processus de transformation économique et politique du pays. Le mouvement étudiant a, par ailleurs, fourni la justification idéologique et guidé la direction de ce processus de 1974 à la fin du siècle et au-delà. En fonction de leurs considérations et stratégies idéologiques, les trois régimes éthiopiens et les étudiants (et lycéens) avaient des conceptions et des attitudes différentes, voire opposées, sur les questions importantes. Cette étude identifie l'origine de quelques contraintes auxquelles l'Université fait face actuellement et suggère quelques manières de les surmonter. En dépit de la portée limitée de cet article et de l'aspect hypothétique de ses conclusions, les questions abordées ici peuvent offrir une base à de futures recherches sur le rôle et la mission des institutions d'enseignement supérieur au XXIe siècle ainsi que les défis auxquels elles sont confrontées.
- La politique des bars gikuyu de Nairobi - Hervé Maupeu, Mbûgua Wa-Mûngai p. 313-331 Depuis la fin des années 1980, les bars gikuyu sont devenus des arènes politiques dans un contexte d'autoritarisme fragilisé. On y discute en particulier les principes et les fondements du nationalisme gikuyu qui refait surface à l'issue de la première décennie du régime du président Moi. Ainsi, la pensée politique gikuyu contemporaine s'énonce à travers différents genres artistiques représentés dans les bars. Nous étudierons en particulier les messages idéologiques délivrés par le théâtre populaire, la musique benga et les mûgithi (des chansonniers qui travestissent de vieilles chansons et leur donnent un sens grivois ou ironique). Mais les différentes théories politiques énoncées par les artistes ne se suffisent pas à elles-mêmes. Elles fonctionnent avant tout dans le débat qui les confronte. Ainsi, les bars apparaissent comme des agoras où les genres artistiques et donc les idées politiques dialoguent et où le public est constamment amené à participer à ces « conversations démocratiques ».
- Brazzaville's Marché Total. Women's Alliances during the Civil War in Congo - Patrice Yengo p. 333-346 Le Marché Total de Brazzaville : Alliances de femmes pendant la guerre civile au Congo. Le Congo-Brazzaville a connu une longue guerre civile de 1992 à 2002. La première période du conflit (1992-1994), qui a opposé les partisans du président de la République, Pascal Lissouba, à ceux du maire de Brazzaville, Bernard Kolélas, s'est déroulée dans les quartiers sud de la capitale et notamment dans le quartier de Bacongo. Pour faire face à la crise, les femmes ont souvent fait la preuve d'une grande solidarité entre elles en développant des réseaux d'entraide, notamment sur les lieux de travail et grâce aussi à leur appartenance religieuse. L'article suivant restitue, dans le cadre du Marché Total, quelques aspects de ces formes inédites d'alliance que les femmes ont réussi à tisser.
- Identité, mobilité et citoyenneté chez les Dîî de l'Adamaoua (Nord-Cameroun) - Jean-Claude Muller p. 347-361 Cet article montre comment les Dîî, dont les lignages in corpore ainsi que les individus sont très mobiles, se définissent dans leur nouveau lieu d'établissement et comment leurs hôtes les caractérisent. Nous verrons que les nouveaux venus accèdent à une double citoyenneté qui peut devenir, dans certains cas, une pluricitoyenneté.
- A Mosque in a Mosque : Some Observations on the Rue Blanchot Mosque in Dakar & its Relation to Other Mosques in the Colonial Period - Cleo Cantone p. 363-387 Une mosquée dans une mosquée. Quelques observations sur la mosquée de la rue Blanchot à Dakar et ses relations avec les autres mosquées pendant la période coloniale. L'impact du colonialisme sur l'architecture sénégalaise a produit un nouveau type de mosquée. Construite à partir de matériaux durables et alliant l'architecture des églises à des éléments nord-africains, ce style semble avoir été utilisé pour perpétuer la notion de supériorité de l'islam « blanc », ou arabe, sur l'islam « noir ». Toutefois, entre le milieu des années 1920 et le milieu des années 1930, les références chrétiennes ont été abandonnées pour laisser place à un répertoire plus « islamique », donnant ainsi naissance à une nouvelle fusion artistique : les éléments islamiques sont intègres aux dernières tendances des styles « modernistes » issus de la métropole. Dans ce contexte, les nombreuses extensions et transformations de la mosquée Blanchot nous offrent un témoignage visuel de ces évolutions.
- Singularité, vie en commun et télévision par satellite en Algérie - Ratiba Hadj-Moussa p. 389-416 L'introduction de la télévision par satellite en Algérie a été un événement majeur. Elle a renforcé la critique des téléspectateurs à l'égard de la télévision algérienne et des affaires publiques et politiques. Sans constituer à elle seule les changements en profondeur qui caractérisent la société algérienne contemporaine, elle permet néanmoins d'en percevoir les signes, notamment le bouleversement d'une de ses structures fondamentales : les rapports de genre. Aux transformations en cours se greffent d'autres interrogations soulevées par la télévision satellitaire, comme celles de la nature de l'espace public, des relations de « sociabilité », ainsi que des identifications et des identités. Comment la télévision par satellite agit-elle sur les espaces partagés, tels ceux du quartier et de la maison, et sur les acteurs, hommes et femmes ? Quels effets les pratiques qu'elle induit ont sur le sens et la signification du politique dans une société qui n'a pas de passé démocratique ?
- L'orthodoxie à l'encontre des rites culturels : Enjeux identitaires chez les jeunes d'origine malienne à Bouaké (Côte-d'Ivoire) - Marie Nathalie LeBlanc p. 417-436 Selon la trame historique de la colonisation et des modalités de la redéfinition de la citoyenneté en Côte-d'Ivoire, l'espace national ivoirien s'est constitué en incluant un nombre significatif d'individus d'origine étrangère, principalement malienne et burkinabè. Dans la ville de Bouaké (deuxième ville de Côte-d'Ivoire), les personnes d'origine malienne représentent une large proportion de cette population. Au cours des années 1990, l'islam est devenu le pilier des identités individuelles et collectives d'un nombre croissant de jeunes habitant cette ville, contrairement à leurs aînés dont les réseaux et les pratiques sociales s'articulent, en grande partie, aux lieux d'origine au Mali. Ils s'identifient à un islam reposant sur l'alphabétisation en langue arabe et la communauté islamique universelle (umma), rejetant ainsi tout élément de différenciation ethnique et culturelle. Cette version arabisante de l'islam vise à enrayer toutes pratiques perçues comme syncrétiques, principalement en ce qui concerne la perméabilité entre orthodoxie et culture, orthodoxie et tradition, ou orthodoxie et ethnicité.
- Analyses et comptes rendus - p. 437-486