Contenu du sommaire : Varia

Revue Cahiers d'études africaines Mir@bel
Numéro no 186, 2007
Titre du numéro Varia
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • École, langues, cultures et développement : Une analyse des politiques éducatives, linguistiques et culturelles postcoloniales au Burkina Faso - Géraldine André p. 221-248 accès libre avec résumé
    Cet article tente de saisir le sens du recours aux langues et aux cultures locales dans le cadre de réformes et de mesures scolaires prises par les gouvernements bukinabè de l'indépendance jusqu'à aujourd'hui. À travers une analyse des politiques linguistiques, culturelles et éducatives postcoloniales du Burkina Faso, il établit que, à l'encontre d'une promotion individuelle par le capital scolaire francophone et pour le relèvement socio-économique du pays, les gouvernements postcoloniaux ont cherché à réformer l'institution scolaire. Ce faisant, ils ont mis en place une formule articulant l'éducation, les langues et les cultures locales, et le développement où la dimension identitaire prenait une forme et une direction en relation avec la situation socio-économique de la Haute-Volta, c'est-à-dire celles d'un auto-développement. Cette formule éducative, réitérée aujourd'hui par les « développeurs », prend toute sa pertinence dans un contexte éducatif dominé par les injonctions de la Banque Mondiale et caractérisé par un désengagement de l'État à l'égard de ses prérogatives éducatives.
  • Folk-fairs and Festivals : Cultural Conservation and National Identity Formation in Eritrea - Abbebe Kifleyesus p. 249-276 accès libre avec résumé
    Fêtes populaires et festivals. Préservation culturelle et formation de l'identité nationale en Érythrée. L'État d'Érythrée promeut les fêtes populaires et les festivals afin de mettre en oeuvre sa politique d'« unité dans la diversité » et de créer l'interaction et la cohésion dans la population. Ces manifestations régionales et nationales offrent un terrain d'interaction entre les communautés locales et l'État où celles-là attendent des bénéfices économiques de celui-ci et, inversement, où l'État tente de rendre populaires ses politiques de pluralisme culturel et de tolérance en encourageant l'articulation de traditions culturelles locales pour réaliser l'intégration nationale. La mise en scène de la culture locale a donc toujours une dimension nationale et peut avoir un impact important sur la préservation culturelle et la formation d'une identité nationale. Cet article s'intéresse à la manière dont l'État promeut l'unité nationale en s'appuyant sur l'exemple du festival Eratra.
  • Between Fiction and History : Modes of Writing Abortion in Africa - Nancy Rose Hunt p. 277-312 accès libre avec résumé
    Entre fiction et histoire : l'avortement dans la littérarure africaine. L'avortement clandestin est le sujet de nombreux romans féministes africains des années 1980 et 1990. Cet article propose aux historiens d'expliquer les raisons de ce phénomène. Dans un premier temps, nous passerons en revue la littérature médicale et socio-scientifique sur l'avortement en Afrique, en montrant comment cette question totalement ignorée au milieu des années 1960 est devenue un sujet de recherche et d'inquiétude, d'abord gynécologique et populaire à la fin des années 1960 puis socio-scientifique et épidémiologique à partir de la fin des années 1980. Nous analyserons ensuite la signification de l'avortement dans cinq romans africains. Chacun de ces romans représente l'avortement comme une épreuve personnelle inextricablement liée aux relations, et la plupart évoquent un besoin de mettre fin à la grossesse comme une réalisation de soi. Cet article avance qu'il est nécessaire d'écrire une histoire des femmes en quête de modernité en Afrique et d'établir un lien entre cette quête, le fantasme et le désir, et le recours à l'avortement. Il ne s'agit pas de lire ni d'enseigner ces romans comme le reflet du social mais comme des objets constitutifs. Les historiens ont beaucoup à apprendre en interrogeant la fiction comme des modes de textualisation qui nous permettent de repenser la forme, la structure, la séquence et l'anachronie dans l'écriture historique.
  • Les conflits autour de l'histoirede Koudougou (Burkina Faso) - Mathieu Hilgers p. 313-344 accès libre avec résumé
    Koudougou est la troisième ville du Burkina Faso. Après l'assassinat par le pouvoir en 1998 du journaliste Zongo (originaire de la ville) et le dernier processus de lotissement, les conflits liés aux récits qui composent son histoire y ont connu une forte recrudescence. Cet article vise à analyser ces conflits en revenant sur leur origine historique et sur le mode d'argumentation qui caractérise, aujourd'hui, la production de l'histoire orale. Dans ces récits, l'argumentation suit des règles non codifiées qui montrent que la conception de l'histoire présuppose, de façon non objectivée, la possibilité de manipuler les faits qui la composent, mais non l'interprétation qui en résulte. Les aînés, détenteurs des moyens de production du discours historique légitime, recourent à une justification liée à l'antériorité physique alors que l'analyse historique montre que d'autres éléments, tels que le sacrifice pour la communauté ou la contribution au développement de la ville, jouent un rôle dans l'origine des conflits et pourraient être mobilisés pour fortifier certaines revendications. Pourquoi, si à première vue cela semble aller dans l'intérêt de certains groupes, le registre d'argumentation dans les conflits n'est-il pas pluraliste ? C'est ce que ce texte tente de comprendre en montrant que le maintien de ces tensions permet la valorisation et la sécurisation identitaire d'une génération, en partie laissée pour compte dans l'univers citadin.
  • L'éthique sociale du damansen : Éducation familiale et orpaillage artisanal dans le Basidibé (Wasolon, Mali) - Cristiana Panella p. 345-370 accès libre avec résumé
    Cet article montre que l'organisation familiale des groupes domestiques wasolonka se reflète dans la répartition du travail sur les placers aurifères. Ces deux contextes sociaux sont régis par les mêmes valeurs : respect de l'aînesse, principes d'homogénéité et d'entraide. La monétarisation de l'économie rurale survenue au cours des deux dernières décennies entame progressivement ces valeurs, et principalement le rôle central du chef de famille dans la gestion des revenus et la répartition des tâches. La mécanisation de l'exploitation aurifère et, de façon plus générale, la marchandisation du travail physique déterminent un réaménagement hiérarchique des rapports inter-générationnels à partir de dynamiques marchandes qui minent la hiérarchie de l'aînesse à la suite de rapports de dépendance économique. La première partie de l'article propose un aperçu historique de l'orpaillage artisanal au Soudan français et en Guinée et de la politique coloniale de « territorialisation » de l'exploitation aurifère afin de limiter l'accès aux placers au niveau sous-régional. La partie centrale présente l'organisation sociale du groupe domestique et du placer non mécanisé et, en particulier, le poids de la division de genre, du principe hiérarchique de l'aînesse et de l'éthique de l'effort physique dans la répartition des tâches et la gestion du contrôle social. La dernière partie décrit le changement de ces valeurs suite à la monétarisation des placers (migration urbaine, location d'outils mécaniques, essor de l'exploitation industrielle, « ruées »), afin de montrer le passage d'un principe éthique de thésaurisation des biens, à un principe marchand de fragmentation des revenus familiaux et d'accumulation individuelle.
  • Des sciences humaines à l'islam : Une voie de la recherche malienne - Anne Doquet p. 371-389 accès libre avec résumé
    L'article éclaire les liens unissant l'islam et les sciences humaines au Mali à travers les parcours de chercheurs en sciences humaines de l'institution publique. Dans un premier temps, il éclaire les lacunes et dysfonctionnements de la recherche malienne, tant au niveau de sa relation avec l'enseignement supérieur qu'à celui de l'intérêt qu'elle représente pour l'État, à travers ses contextes historique et sociopolitique. Sont ainsi examinées les conditions institutionnelles de production du savoir, mais aussi le contexte social de sa réception. Ces paramètres sont appréhendés au niveau des chercheurs de l'institution, mais aussi des intellectuels qui ont adopté la voie religieuse. Cette comparaison permet finalement d'éclairer les parcours fracturés de différents chercheurs de l'institution malienne qui trouvent, dans la voie religieuse, un refuge pour l'exercice de leur activité intellectuelle.
  • Genre et commandement territorial au Cameroun - Ibrahim Mouich p. 391-408 accès libre avec résumé
    Cet article étudie l'un des défis majeurs de notre époque, l'intégration politique de la femme. Il montre que le commandement territorial au Cameroun est monopolisé dans le temps et dans l'espace par les hommes, aucune femme n'ayant jamais accédé, jusqu'en 2004, aux fonctions de gouverneurs de provinces, de préfètes de départements, de sous-préfètes d'arrondissements, de chefs de districts ou d'adjointes préfectorales. Il lie ce biais sexiste à un certain nombre de facteurs endogènes qui plongent leurs racines dans l'histoire coloniale. Il pose comme gage d'une bonne gouvernance, l'intégration des femmes dans cette sphère de l'administration publique.
  • Analyses et comptes rendus - p. 409-436 accès libre