Contenu du sommaire : Du polar à l'écran
Revue | Mouvements |
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Numéro | no 67, automne 2011 |
Titre du numéro | Du polar à l'écran |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Du polar à l'écran : normes et subversion
- Éditorial - Patricia Osganian p. 7-10
- Du roman noir au film - Claude Mesplède p. 11-18 Qu'est-ce que le roman noir ? Est-ce que tout polar est noir ? Claude Mesplede, critique littéraire, esquisse pour Mouvements la naissance et l'évolution du « noir » a travers la société étasunienne.
- Polar français au cinéma (1961-2011) : Une esthétique au service d'un engagement politique - Marion Poirson-Dechonne p. 19-27 Le cinéma policier français prend dès les années 1930 une dimension politique, que renforcera l'influence du film noir américain. Au cours des années 1960-1970, cet engagement se précise, devient militant. Que s'est-il passé des années 1980 à nos jours ? Cette tendance, encore présente dans le roman, persiste-t-elle au cinéma ?
- Travail et consommation : polar contemporain et nouvelles formes de domination - Bernard Floris, Marin Ledun p. 28-33 Le roman noir contemporain critique la société dans laquelle il naît. Ce faisant, il permet aux lecteurs de prendre conscience des mutations de notre monde. Ce point de vue défendu par Bernard Floris et Marin Ledun, allie constats sociologiques et histoire du polar.
- Nos fantastiques années fric : une affaire d'État ? : Entretien avec Dominique Manotti, auteure, suivi de Cinq questions à Éric Valette, réalisateur - Patricia Osganian, Anne-Sophie Perriaux, Julienne Flory p. 34-43 Longtemps enseignante en Histoire et syndicaliste, Dominique Manotti est aujourd'hui l'une des figures incontournables du néo-polar français. Ses romans racontent, sur fond de luttes sociales, la corruption des gouvernements et les conséquences humaines désastreuses du capitalisme. Son dernier roman, L'Honorable Société, coécrit avec DOA, est paru chez Gallimard en 2011. Mouvements s'est tout particulièrement intéressé à Nos fantastiques années fric (Rivages, 2001), qui livre le récit des compromissions de masse du mitterrandisme : trafic d'armes, affaire des otages du Liban, scandale des écoutes téléphoniques, conversion de la gauche au pouvoir de l'argent. Adapté au cinéma par Éric Valette sous le titre Une affaire d'État (sorti en 2009), ce roman nous a donné l'occasion de revenir, avec l'auteur, puis le réalisateur auquel on doit récemment La Proie (avril 2011), sur les enjeux du passage du livre à l'écran.
- The Wire, une série hors normes : « Yes, we cannot ! » - Max Obione p. 45-52 Amateur de séries américaines, Max Obione nous livre ses réflexions sur The Wire, une série télévisée américaine retraçant la vie criminelle dans la ville de Baltimore. Entre documentaire et fiction, The Wire marque un tournant décisif pour la télévision, son réalisme prouvant l'audace des chaînes américaines dans ce type de production.
- Vous avez le droit de garder le silence - Jean-Hugues Oppel p. 53-56 Considéré comme l'un des principaux héritiers du néo-polar français, Jean-Hugues Oppel est l'auteur de nombreux polars politiques, le plus souvent satiriques. Il livre ici pour Mouvements un regard critique sur l'apparition du polar à la télévision française. Récompensé par le Grand Prix de littérature policière en 1996, il a également été assistant opérateur de plusieurs long-métrages auprès de cinéastes de renom tels que Roman Polanski ou Bertrand Tavernier. Ce « billet d'humeur » exploite les enjeux des auteurs et du genre face à l'écran.
- De Stringer et Parcours santé à La position du missionnaire : la position du scénariste et du romancier : Entretien avec Jean-Paul Jody - Patricia Osganian p. 57-65 Jean-Paul Jody est né à Nantes. Après avoir vécu de petits boulots, vendu des voitures en Afrique, parcouru le monde, il devient accompagnateur de voyages puis formateur-consultant spécialisé dans la psychologie des intérêts. Parallèlement il écrit des romans et des scénarii : Une femme rêvée réalisé pour TF1, Stringer réalisé à New York par Klaus Biedermann avec Burt Reynolds dans le rôle principal. Il anime aujourd'hui des ateliers d'écriture. Il est aussi l'auteur de Parcours Santé (Actes Sud, 2001), La position du missionnaire (Les Contrebandiers Editeurs, Prix Polar de Cognac 2004), Chères toxines (Seuil, 2008), La route de Gakona (Seuil, 2009), Vingt mille vieux sur les nerfs (Le Poulpe, Baleine, 2010). Mouvements est allé à sa rencontre pour tenter de comprendre le lien entre écriture de scénario et de roman.
- Femmes et polar ou la jambe interminable du polar - Stéfanie Delestré p. 66-70 Poser la question de la place des femmes dans le monde du polar revient, peu ou prou, à transposer dans un domaine littéraire qui se vit comme marginal, une question de société. Celle-ci contient, dans sa formulation même, un nombre incertain de sous-entendus, à commencer par celui d'une inégalité de position par rapport à celle des hommes.
- Laura, saison II - Élisa Vix p. 71-78 Auteure de romans policiers, Élisa Vix a reçu le prix du meilleur polar francophone 2007 de Montigny-lès-Cormeilles pour Bad Dog (éditions Odin, 2006) où elle met en scène, pour la seconde fois, le lieutenant Sauvage, personnage gentiment incorrect, macho pathétique et policier hérétique, auquel elle n'a fait qu'une concession : son amour pour le cinéma. Bad Dog et La baba-yaga (Odin, 2005) sont adaptés pour la télévision dans la série Tango de France 2. Elle a conçu pour Mouvements, à l'occasion de ce numéro dédié au polar à l'écran, une nouvelle entièrement originale.
- La figure du serial killer : romans en série et séries TV, entretien avec Franck Thilliez - Patricia Osganian p. 79-83 Franck Thilliez est écrivain, auteur de thrillers qui sont rapidement devenus des best-sellers. De ses premiers romans construits autour des figures de tueurs en série jusqu'aux évolutions les plus récentes, à la frontière du fantastique, voire de la science-fiction, il met en scène les arcanes de la psyché et poursuit inlassablement une réflexion autour de la question du mal et des pulsions. Ses deux derniers romans parus aux éditions Fleuve Noir : Le syndrome E (octobre 2010) et Gataca (avril 2011) forment un diptyque sur la violence.
- L'économie politique des séries américaines - David Buxton p. 85-91 Le genre policier et ses variantes ont dominé la série télévisée depuis les années 1970. C'est l'adaptation au genre des personnages sans profondeur et d'une écriture modulaire, deux inventions formelles de la « série pop » des années 1960, qui a permis aux séries américaines de conquérir le monde entier, au-delà des facteurs économiques. Mais la tendance actuelle à la convergence des supports pourrait menacer à terme la forme série.
- Un film social habillé de noir : Entretien avec Jacques Fansten - Anne-Sophie Perriaux, Patricia Osganian, Julienne Flory p. 92-99 Jacques Fansten est connu des cinéphiles pour La fracture du myocarde, avec Jacques Bonnaffé, sorti en 1991. Il l'est aussi des téléspectateurs du service public pour de nombreuses fictions, dont, coécrite avec Jean-Claude Grumberg, Les lendemains qui chantent (France 2, 1985) ou Les Frileux (France 3, 2010), avec Maruschka Detmers. Mais on ignore souvent que ce cinéaste prolixe, tenant d'un cinéma subtilement social et politique, est aussi un auteur et parfois un producteur. Outre son goût pour « le noir », c'est cette position originale qui nous a donné l'envie d'une conversation.
- Suite Noire : « arrangements » et télévision - Romain Slocombe p. 100-105 Romain Slocombe retrace pour Mouvements le parcours d'un romancier engagé dans les péripéties de « Suite Noire », une collection de romans noirs destinés à être adaptés à la télévision. Quelle est l'histoire de cette collection ? Comment l'auteur de roman perçoit-il son adaptation ? Voici ce que nous présente Romain Slocombe dans cet article.
- De la série télé au roman : Entretien avec Peter May - Patricia Osganian p. 106-111 Peter May est un écrivain écossais qui depuis une dizaine d'années s'est installé dans le sud de la France. D'abord journaliste puis scénariste d'une série à succès pour la télévision écossaise, il se consacre aujourd'hui entièrement au roman policier, avec notamment un cycle de romans chinois mettant en scène le choc et les contradictions entre deux mondes : l'Orient face à l'Occident et le tournant de la Chine vers une modernité libérale encore hantée par les survivances de la bureaucratie. Son dernier roman L'Ile des chasseurs d'oiseaux (2009) renoue avec une Écosse mythique qui avait précédemment nourri la série télévisée. Il est revenu pour Mouvements sur les traces de son expérience de producteur et de scénariste.
- Cognac, un festival polar ouvert au petit écran : Entretien avec Bernard Bec - Patricia Osganian p. 112-116 Créé en 1995, le festival du livre policier de Cognac vient, pour sa quinzième édition, de marquer un tournant, en s'ouvrant au cinéma et à la télévision. Mettant en relation auteurs et producteurs, il a aujourd'hui l'ambition de devenir un lieu de rencontres important pour le passage de l'écrit à l'écran, tout en gardant son identité de découvreur de talents. Donner une chance à de jeunes auteurs, encore peu connus du public, tel est l'un des enjeux de cette initiative d'origine militante. Mouvements est parti à la rencontre de son directeur, Bernard Bec, qui nous retrace l'histoire d'un pari.
Itinéraire
- « Impressions d'Afrique » : Entretien avec Caryl Férey - Patricia Osganian p. 117-133 Caryl Férey est écrivain, auteur de thrillers politiques, avec notamment une trilogie à succès mettant en scène la situation de minorités ethniques : Haka, Utu, avec les Maories en Nouvelle-Zélande, et Zulu. Le roman décrit le contexte post-apartheid en Afrique du Sud, à la veille de la coupe du monde de football, illustrant le sort de la minorité zouloue. Mouvements est parti à sa rencontre pour revenir sur l'itinéraire d'un écrivain dont la genèse de l'œuvre reste fortement marquée par une réflexion sur le postcolonialisme et la dénonciation de l'oppression, proposant du même coup une vision singulière de la violence. Caryl Férey a été lauréat de nombreux prix littéraires pour Utu et Zulu a obtenu les plus grands prix du roman noir français.
- « Impressions d'Afrique » : Entretien avec Caryl Férey - Patricia Osganian p. 117-133
Thèmes
- 2011 : le printemps arabe ? - Samir Amin p. 135-156 L'année 2011 s'est ouverte par une série d'explosions fracassantes de colère des peuples arabes. Ce printemps arabe amorcera-t-il un second temps de « l'éveil du monde arabe » ? Ou bien ces révoltes vont-elles piétiner et finalement avorter – comme cela a été le cas du premier moment de cet éveil évoqué dans mon livre L'éveil du Sud. Dans la première hypothèse, les avancées du monde arabe s'inscriront nécessairement dans le mouvement de dépassement du capitalisme/impérialisme à l'échelle mondiale. L'échec maintiendrait le monde arabe dans son statut actuel de périphérie dominée, lui interdisant de s'ériger au rang d'acteur actif dans le façonnement du monde.
- Où va le Forum social mondial ? - Pierre Beaudet p. 157-159 Réunis à Paris fin mai, les représentant-e-s des organisations membres du conseil international (CI) du Forum social mondial ont réfléchi sur l'avenir du FSM dans un nouveau contexte marqué par l'essor des mouvements populaires dans les pays arabes.
- Les Philippines de Cory Aquino à Benigno Aquino : Vingt-cinq ans après la transition démocratique - Gwénola Ricordeau p. 160-167 Considéré comme le pays d'Asie du Sud-Est ayant la plus ancienne tradition démocratique, les Philippines ont connu en mai 2010 des élections « mouvementées ». Simple mascarade démocratique, ces élections montrent que les philippines n'ont pas fini de se battre contre les assassinats politiques, les enlèvements crapuleux, ou encore la corruption. Gwenola Ricordeau revient sur ce scrutin pour tenter de définir la situation du pays à la démocratie chancelante.
- Urgence d'un changement civilisationnel face à la nouvelle ruée minière mondiale : Entretien avec William Sacher - Maxime Combes p. 168-175 En 2008, les éditions Écosociété publiaient Noir Canada. Pillage, corruption et criminalité en Afrique d'Alain Deneault, Delphine Abadie et William Sacher, révélant les agissements hautement critiquables des sociétés minières et pétrolifères canadiennes en Afrique. Les multinationales minières canadiennes Barrick Gold (premier producteur d'or mondial) et Banro poursuivent la maison d'édition ainsi que les trois auteurs pour diffamation en leur réclamant un total de 11 millions de $ canadiens, dans ce qu'il y a lieu de qualifier de poursuites-bâillon (appelées Slapp en anglais). Le procès est prévu pour cet automne. Derrière ce procès, ce sont la liberté d'expression, le droit à l'information, le droit à la participation au débat public sans intimidation et la possibilité de publier des travaux de recherches de qualité et sans complaisance, qui sont remis en cause. Afin de soutenir (http://slapp.ecosociete.org/) les auteurs et la maison d'édition, et pour contribuer à lever le voile sur les agissements des entreprises minières sur la planète, Mouvements publie un entretien de William Sacher, réalisée dans le cadre du projet Écho des Alternatives (www.alter-echos.org) qui explique comment le Canada est devenu un véritable « paradis judiciaire et réglementaire » pour les entreprises minières. Il contribue ainsi à une « nouvelle ruée minière » visant à satisfaire les besoins croissants en matières premières de nos modèles de consommation, sans tenir compte des conséquences environnementales, sociales et démocratiques sur les populations directement impactées par l'extraction. Là où, au contraire, un « changement de paradigme civilisationnel » serait nécessaire.
- 2011 : le printemps arabe ? - Samir Amin p. 135-156