Contenu du sommaire : La Tunisie en révolution ? - Tanzanie : l'imaginaire national à l'épreuve du postsocialisme

Revue Politique africaine Mir@bel
Numéro no 121, mars 2011
Titre du numéro La Tunisie en révolution ? - Tanzanie : l'imaginaire national à l'épreuve du postsocialisme
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Les dossiers

    • La Tunisie en révolution ?
      • Tunisie. Economie politique et morale d'un mouvement social - Béatrice Hibou p. 5 accès libre
      • "La Révolution tunisienne ne vient pas de nulle part" - Entretien de Béatrice Hibou avec Sadri Khiari p. 23 accès libre
      • L'ambiance de la "course à "El Khobza"". Obéir et se révolter en Tunisie - Hamza Meddeb p. 35 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        En tant que conduite de vie des sujets à la marge du « pacte de sécurité », la « course à el khobza » (« course au pain ») est fondamentalement ambivalente. Elle amène à « jouer le pouvoir » de façon à domestiquer les incertitudes de cette vie aux marges de la société, et à apprivoiser la violence dans un désir de s'arracher à la précarité. Simultanément, elle est un vecteur de l'assujettissement des hommes par l'insertion, développant les frustrations et les sentiments d'humiliation. Dès lors, en Tunisie, la gouvernementalité d'el khobza constitue aussi bien la matrice de l'obéissance que celle de la révolte.
        The ambivalence of the « race to el khobza »As the line of conduct of subjects living at the margin of the « security pact », the « race to el khobza » (bread) is fundamentally ambivalent. Playing with power is necessary in order to domesticate the uncertainties of life in the margins of society and to tame violence in order to escape precariousness. This race is also a subjection to mechanisms of power producing frustrations and feelings of humiliation. Therefore, in Tunisia, the governmentality of el khobza is both the matrix of obedience and revolt.
      • Germes d'un passage au politique de jeunes hommes de quartiers populaires lors du moment révolutionnaire à Tunis - Amin Allal p. 53 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Le « moment révolutionnaire », période de jaillissement des possibles, est un dé? pour les sciences sociales. La diffculté consiste à analyser les comportements à l'œuvre durant cette période sans les extrapoler ni les surinterpréter. À partir d'une observation participante dans deux quartiers populaires de Tunis en janvier 2011, sont étudiées ici les pratiques de groupes de jeunes hommes qui, après les luttes contre les forces de l'ordre, ont occupé de façon significative l'espace public et assuré l'ordre public – passant dans le même temps du statut de voyous à celui de héros. Ces nouvelles positions et postures dans leur quartier portent les germes d'un passage au politique. Pour autant, les registres de dénonciation convoqués par ces jeunes, qui expriment une critique acerbe des modalités concrètes de la redistribution, ne font pas forcément table rase des pratiques antérieures. C'est cette ambivalence des pratiques sociales émergentes que cet article se donne pour objectif de restituer.
        Young men from working-class neighborhoods entering the political arena during the revolutionary moment in Tunis. Understanding the « revolutionary moment » is an important challenge for social sciences. The main difficulty lies in analyzing attitudes at work in this context, without misreading them. This paper examines the practices of groups of young men based on my participant observation of two working-class neighbourhoods in Tunis in January 2011. These young men who used to be portrayed as thugs are now considered as heroes. Their status is being considerably modified as they occupy the public space and enforce public order after having fought security forces. Their new positions and postures essentially indicate the eruption of these young men into the political arena. However, the rhetoric of denunciation, common among them, are not eschatological and the sharp criticism of the practical modalities of redistribution does not necessarily mean the end of past practices. The ambivalence of these emerging social practices are thus analysed through the process of empowerment of the youth in the public sphere.
    • Tanzanie : l'imaginaire national à l'épreuve du postsocialisme
      • Tanzanie : La nation à l'épreuve du postsocialisme - Marie-Aude Fouéré p. 69 accès libre
      • Réhabiliter les nationalismes : convivialité et conscience nationale en Tanzanie post-coloniale - Michael Jennings et Claire Mercer p. 87 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Cet article examine les relations entre nationalisme, développement et conscience nationale. En Tanzanie, après l'indépendance, la construction de la nation a abouti à l'édification d'une conscience nationale suffisamment versatile pour équilibrer et contenir la plupart des idées concurrentes sur ce que signifie faire partie de la nation tanzanienne. Revenant sur la manière dont la construction nationale s'est accompagnée d'un discours sur le développement et les responsabilités des citoyens tanzaniens, cet article défend une lecture conviviale de la conscience nationale selon laquelle le nationalisme reste un processus de négociation collective, où les versions officielles de la nation sont constamment mises en cause et reformulées pour ré-émerger sous de nouvelles formes.
        Rehabilitating nationalisms : conviviality and national consciousness in postcolonial Tanzania
        This paper explores the link between nationalism, development and national consciousness. In Tanzania, post-independence nation-building resulted in the establishment of a national consciousness sufficiently versatile to balance and contain most of the competing ideas about what it means to be part of the Tanzanian nation. By giving insight into how this has variably been related to a discourse on development and the responsibilities of the Tanzanian citizen, the paper argues for a convivial reading of national consciousness that recognises that nationalism remains a process of collective bargaining, with official versions constantly challenged, re-formulated and re-emerging in new forms.
      • Les rapports entre Etat et citoyens à Zanzibar : un récit ethnographique à partir de la fourniture d'électricité - Tanja Winther p. 107 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Cet article explore les relations, à Zanzibar, entre l'État et ses citoyens en procédant à un examen attentif de la question de l'électricité à différentes époques. Du point de vue historique, l'enjeu de l'électricité a relevé de visions étatiques contrastées de Zanzibar et de sa population. La relation à l'État électrificateur des populations rurales, qui n'ont obtenu l'accès à l'électricité que récemment, est elle aussi animée de logiques partiellement contradictoires. Enfin, l'électricité joue un rôle de médiateur et affecte les relations complexes qui lient Zanzibar et la Tanzanie. Cet article examine ces relations et processus, et cherche à qualifier la façon dont la population, l'électricité et les technologies qui y sont liées interagissent dans la production de nouveaux sentiments d'appartenance.
        Exploring past and present state-citizen relationships in Zanzibar through an ethnographic account of electricity. The paper examines the state-citizen relationship in Zanzibar by taking a close look at electricity at various points in time. From a historical perspective, electricity has formed part of quite distinct conceptions of Zanzibar and its population. The relationship to the electrifying state of people living in the countryside today, who only recently have gained access to electricity, is also shaped by partly contradictory dynamics. Finally, electricity mediates and affects the complex relationship between Zanzibar and the Union of Tanzania. The paper examines these relationships and processes and seeks to qualify how people, electricity, and electricity-related technologies together produce new senses of belonging.
      • Chronique des élections de 2010 à Zanzibar - Marie-Aude Fouéré p. 127 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        À Zanzibar, l'année électorale 2010 semble ouvrir une nouvelle ère politique et sociale. Grâce à la formation d'un gouvernement d'unité nationale, les îles ont réussi à contenir les tensions politiques et à mettre fin aux violences électorales observées depuis la réintroduction du multipartisme en 1992. Ce gouvernement entérine le principe du partage du pouvoir entre les deux principaux partis politiques, l'ancien parti unique du CCM, toujours au pouvoir, et le parti d'opposition du CUF. Les élections générales d'octobre se sont déroulées dans le calme et la bonne humeur malgré les soupçons de manipulations des listes électorales au moment des inscriptions et de fraudes durant le scrutin. Pourtant, les scores serrés des deux principaux candidats à la présidence témoignent de la reconduction de divisions politiques anciennes, qui superposent aux affiliations partisanes des référents identitaires différents et des conceptions alternatives de l'appartenance à la nation. Le rôle de la République unie de Tanzanie dans la vie politique des îles reste aussi un élément clé pour comprendre la reconduction du CCM au pouvoir. Si le principe du partage du pouvoir est le gage de démocratisation attendu par la communauté internationale pour renouveler son aide au développement, il a ceci de stratégique qu'il permet au CCM de se maintenir au pouvoir et d'affaiblir la charge critique de l'opposition.
        A Chronicle of the 2010 Elections in Zanzibar
        In Zanzibar, the 2010 electoral year seems to open a new political and social era. Thanks to the formation of a government of national unity, the Isles managed to contain political tensions and put an end to electoral violence observed since the reintroduction of multiparty politics in 1992. This government adopted the principle of power-sharing between the two main political parties, the former single party, CCM, still in power, and the opposition party CUF. The general election of October 2010 has been held in a peaceful and joyful atmosphere in spite of concerns raised about electoral rigging of the voters' register at the time of registration and vote irregularities during the ballot. Yet, the close results of the two main presidential candidates show that former political divisions still persist, merging party affiliations with different identity registers and alternative conceptions of national belonging. The role played by the United Republic of Tanzania in the Isles' political life remains a key element to understand why CCM remains in power. If the principle of power-sharing is the manifestation of a process of democratisation expected by the international community in order to renew its development aid, it also helps CCM to remain in power while weakening the critical potential of the opposition.
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