Contenu du sommaire : Le Nigeria sous Obasanjo. Violences et démocratie

Revue Politique africaine Mir@bel
Numéro no 106, juin 2007
Titre du numéro Le Nigeria sous Obasanjo. Violences et démocratie
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Le dossier : Le Nigeria sous Obasanjo. Violences et démocratie

    • Violences et ordre politique au Nigeria - Laurent Fourchard p. 5 accès libre
    • Corruption, culture politique et démocratie au Nigeria : réactions populaires à la croisade anti-corruption du président Obasanjo - Daniel Jordan Smith p. 28 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le président Obasanjo a fait de la lutte contre la corruption la priorité de son gouvernement. Cependant, après ses deux mandats, le phénomène est toujours aussi endémique. Malgré le scepticisme de nombreux Nigérians quant à la sincérité et l'efficacité de la croisade anti-corruption d'Obasanjo, ces initiatives ont modifié la culture politique du pays. En faisant des accusations de corruption un ingrédient des luttes politiques, Obasanjo a obligé les politiciens en compétition à dévoiler les détails de leur vénalité respective, entretenant ainsi une colère populaire que ses successeurs ne pourront plus ignorer.
      Corruption and political culture in democratic Nigeria
      Nigerian President Olusegun Obasanjo placed fighting corruption at the forefront of his administration. Nevertheless, at the end of his presidency, corruption remained endemic. While many Nigerians were skeptical regarding the sincerity and efficacy of Obasanjo's anti-corruption crusade, these efforts have affected political culture in Nigeria. By making accusations of corruption the currency of political contest, Obasanjo forced competing politicians to expose increasingly detailed accounts of each other's venality, stoking popular anger in ways that his successors may not be able to ignore.
    • La charia contestée : démocratie, débat et diversité musulmane dans les "Etats charia" du Niger - Susan M. O'Brien p. 46 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      De nombreux observateurs ont supposé que la réintroduction en 1999-2000 de la charia dans le Nord-Nigeria avait sonné le glas du débat démocratique, d'un espace public viable et de la diversité musulmane dans cette région. Cet article montre au contraire que les projets de charia ont stimulé le débat public et la mobilisation de la société civile et n'ont pas produit une identité et des pratiques islamiques uniformes d'inspiration wahhabite. À l'inverse, les religieux et les pratiques rituelles soufis ont conservé leur pouvoir et leur influence jusque dans l'ambitieuse campagne d'extension et d'approfondissement de la charia dans l'État de Kano.
      Sharia contested : democracy, debate and Islamic diversity in the Sharia States of Nigeria
      Many observers assumed that the 1999-2000 reintroduction of sharia penal codes in Northern Nigeria marked the end of democratic debate, a viable public sphere, and Islamic religious diversity in this region. This article argues that, to the contrary, sharia projects have stimulated public debate and the mobilization of civil society, and have not produced Wahhabi-oriented uniformity in Islamic identity and practice. Rather, Sufi scholars and ritual practices have retained power and influence even within Kano states ambitious campaign to extend and deepen the impact of sharia.
    • Violence urbaine et politique à Jos (Nigeria), de la période coloniale aux élections de 2007 - Adam Higazi p. 69 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'article explore l'histoire sociale et politique de Jos depuis la période coloniale jusqu'aux élections de 2007 en vue d'expliquer les métamorphoses des violences dont la ville a été le cadre de 2001 à 2004. La dimension centrale qu'occupent actuellement l'indigénéité et la religion est mise en relation avec les mutations de la vie politique du Nord du Nigeria et du Plateau depuis la Ire République. La crise qui est survenue à Jos en septembre 2001 est décrite et comparée aux précédents épisodes de violence. Entre 1999 et 2007, la corruption, la prévarication et les divisions factionnelles dans lesquelles se meuvent les élites ont atteint un niveau sans précédent, et ont contribué à aiguiser les clivages ethniques et religieux.
      The politics of urban violence in Jos (Plateau State, Nigeria), from colonial rule to the 2007 electionsThis paper explores the social and political history of Jos from the colonial period to the 2007 elections to explain changing patterns of violence in the city. It is argued that the current salience of indigeneity and religion relates to shifts in the configuration of Northern Nigerian and Plateau politics since the First Republic. The Jos crisis of September 2001 is described and compared to previous violent episodes in the city. It is shown that from 1999 to 2007 the corruption, venality and factional divisions of elites reached unprecedented levels, further sharpening ethnic and religious cleavages.
    • Les mutations d'une milice ethnique sous le régime civil d'Olusegun Obasanjo : le cas de l'Oodua People's Congress - Yvan Guichaoua p. 92 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le présent article décrit l'évolution d'une milice ethnique du sud-ouest nigérian, l'Oodua People's Congress (OPC) sous la IVe République. Initialement né en réaction face à la répression de la dictature militaire, ce mouvement nationaliste a par la suite redéfini ses activités, se spécialisant dans la lutte contre le crime et le gardiennage. Les enjeux financiers induits par ce changement, renforcés par l'instrumentalisation politique locale du groupe, semblent avoir progressivement transformé l'OPC en une instance de gouvernance informelle de la société yoruba.
      The Transformation of an ethnic militia under Olusegun Obasanjo's regime
      The paper describes the recent evolution of the Oodua People's Congress (OPC), an ethnic militia based in Southwestern Nigeria. The nationalist organisation, born in the mid-1990s in reaction to the military repression, progressively evolved into a vigilante group, also performing crime-fighting operations. Rising financial stakes stemming from these activities, reinforced by the instrumentalisation of the OPC by local politicians, have turned the group into a prominent actor of today's Yoruba society's informal governance.
    • Lamidi Adedibu ou l'Etat nigérian entre contraction et sous-traitance - Ebenezer Obadare p. 110 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Alors même que Chief Lamidi Ariyibi Adedibu a été un acteur central dans l'émergence d'un nouveau mode de gouvernance au Nigeria ces deux dernières décennies, sa carrière politique a été jusqu'à présent peu étudiée. On utilise ici l'analyse de la trajectoire personnelle et politique de Chief Adedibu comme point de départ d'une sociologie plus large de la vie politique dans le Nigeria d'aujourd'hui. En replaçant Adedibu dans le contexte complexe des luttes politiques locales et nationales, ce texte aborde des problèmes analytiques majeurs, de dimension continentale : l'émergence et le succès persistant des big men ; les conditions sociales, culturelles et (para)légales qui autorisent leur survie ; et ce que cette survie permet de penser de l'avenir du néopatrimonialisme politique dans les sociétés africaines.
      Being Adedibu : on contracting (out) the State in Nigeria
      Although he has been at the hub of the emergence of a new mode of governance in Nigeria over the past two decades, scholarly analysis of the career of Chief Lamidi Ariyibi Adedibu remains surprisingly scanty. In correcting this oversight in the literature, this paper uses the personal and political trajectories of Chief Adedibu as a point of departure for a broader contemporary sociology of Nigerian politics. In emplacing Adedibu within a nuanced context of « local » and « national » politics, it addresses key analytic dilemmas with obvious continental resonances : the emergence and continued success of « Big Men » in Nigerian (African) politics ; the social, cultural and (para-) legal conditions that facilitate their tenacity and longevity ; and what their survival suggests about the futures of political neopatrimonialism in African societies.
    • Le delta du Niger face à la démocratie virtuelle du Nigeria - Ukoha Ukiwo p. 128 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article tente d'expliquer pourquoi le gouvernement civil, au pouvoir depuis 1999, n'a pas réussi à mettre fin à la crise qui sévit depuis si longtemps dans le delta du Niger. Le clientélisme, enraciné de longue date dans le terroir du delta et du Nigeria dans son ensemble, font que des ressources qui auraient dû être allouées au développement ont, au lieu de cela, été dispersées ici et là afin d'apaiser certains groupes d'intérêts particulièrement aptes à se faire entendre. La rhétorique – radicale – des élites locales, axée sur le contrôle des ressources, s'est avérée incendiaire. À cette rhétorique s'oppose un contre-discours qui met en avant la bonne gouvernance et qui a joué un rôle non négligeable dans la dénonciation des pratiques de corruption au sein de l'élite locale. Ce contre-discours a contribué à une sur-mobilisation et à une radicalisation des peuples du delta.
      The Niger Delta under Nigeria's virtual democracy
      This article attempts to explain the failure of the civilian administration inaugurated in 1999 to address the longstanding Niger Delta crisis. It suggests that the entrenchment of clientelist and patronage politics has led to a situation where resources that should have been used for development have been frittered away in the appeasement of vocal interest groups. The radical rhetoric of local elites championing the resource control agenda has been highly inflammatory. The counter-narrative of good governance, which has been associated with exposure of corrupt practices among local elites, has contributed to overmobilization and radicalization of the Niger Delta peoples.
  • Magazine

    • Le paradoxe sud-africain : les conditions de travail depuis la fin de l'apartheid - Nicolas Pons-Vignon et Ward Anseeuw p. 149 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      On ne peut rester insensible au progrès que représente, dans l'Afrique du Sud post-apartheid, l'adoption d'une Constitution et d'une législation très progressistes, à la pointe de la protection des droits civils, économiques et sociaux. L'analyse de l'évolution des conditions de travail au sein de trois secteurs (mines, foresterie et agriculture) indique cependant une précarisation accrue des statuts et situations des travailleurs. Le paradoxe est saisissant au regard des attentes importantes qui avaient accompagné la transition, et reflète la difficile restructuration de la société sud-africaine.
      The South-African paradox : labour conditions since the end of apartheid
      Without question, South Africa has made significant progress since the end of apartheid and the adoption of a very progressive Constitution and legislation, protecting civil, economic and social rights. Nevertheless, based on a detailed description and analysis of the evolution of the working conditions within three sectors (mining, forestry and agriculture), this article shows a marked increase in precariousness of the workers' statuses and situations. The paradox is striking with regard to the high expectations associated with the transition and it reflects the difficult restructuring of South African society.
  • Lectures