Contenu du sommaire : Ville et espace social

Connue pour sa contribution à l'élaboration de modèles spatiaux, l'écologie urbaine est d'abord une interrogation sur l'évolution des rapports entre les structures sociales et l'organisation territoriale des groupes humains dans les villes. Mais les configurations de l'espace social sont devenues dans l'écologie factorielle l'objet d'analyses systématiques. L'application de méthodes mathématiques à la formalisation des «systèmes spatiaux» urbains implique le risque de confondre la structure des liaisons statistiques observées avec un système de relations causales.

Sur l'ancienne zone des fortifications, la Ville de Paris a fait construire plus de 46 000 logements, principalement pendant l'entre-deux-guerres. L'étude sociale de leur population est fondée sur une analyse des correspondances qui intègre six catégories socio-professionnelles sur 221 Ilots. Outre l'opposition traditionnelle entre lieux de résidence ouvriers et îlots bourgeois, le travail révèle la présence d'enclaves sociales et de mixage social. De plus, l'explication de la division sociale de l'espace par la nature du parc-logement est ici partiellement infirmée.

Sèvres offre l'exemple d'une rénovation urbaine massive affectant une banlieue du XIXe siècle, dans un centre-ville linéaire, enserré entre deux coteaux, où interfèrent les problèmes du logement, de la circulation de transit et des équipements tertiaires. Commencée à la fin des années 50 sous une municipalité «modérée», la rénovation se poursuit après le succès de l'«Union de la Gauche» aux élections de 1971, les contraintes financières ne laissant cependant qu'une faible marge de manœuvre à la municipalité. Bien que l'opération ne soit pas achevée, les résultats en sont déjà perceptibles sur le plan de l'occupation sociale du centre-ville :substitution partielle de résidents à revenus moyens et élevés aux catégories populaires, qui étaient dominantes dans ce quartier avant la rénovation.

Depuis 1967, les S.D.A.U. et les P.O.S. constituent les outils majeurs de la planification urbaine ; tous deux sont mis en œuvre par les représentants du pouvoir central, tous deux sont élaborés conjointement par les services de l'Etat et les collectivités locales. L'analyse de l'instruction des plans d'urbanisme révèle la suprématie du pouvoir central et le rôle prépondérant des services administratifs. Cependant, conflits et rivalités existent entre l'administration et les organismes dépendant directement du Premier Ministre. Mieux, la population, qu'elle soit sous l'influence libérale ou sous l'idéologie socialiste, perçoit l'extension des pouvoirs de l'Etat comme un progrès !