Contenu du sommaire : L'Europe méditerranéenne en crise
Revue | Confluences Méditerranée |
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Numéro | no 80, hiver 2012 |
Titre du numéro | L'Europe méditerranéenne en crise |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Notes de lecture - p. 181-197
Dossier
- Avant-propos - Guillaume Alméras p. 9-18 Ce n'est pas la première fois que des pays se retrouvent au bord de la faillite et, après tout, la Grèce ou le Portugal ne sont pas encore exactement dans la situation qu'a connue l'Argentine il y a quelques années. Pourtant, la crise qui frappe l'Europe méditerranéenne parait être bien plus qu'une crise économique. Au-delà des questions d'endettement, elle a d'ores et déjà provoqué un vaste désenchantement, sous plusieurs facettes : déception face à la construction européenne, mal-être dans la mondialisation, crise de l'avenir, perspectives de délitement social. Comment traduire cette inquiétude apparue depuis près de deux ans en Europe ?
- La fièvre de l'Euro Du mirage d'une croissance factice à l'austérité perpétuelle - Josse Roussel p. 19-29 Les nations du sud de la zone Euro ont connu la prospérité dans les années qui ont suivi la création de la monnaie unique. Le bond de la consommation et l'élévation du niveau de vie se sont hélas révélés être des mirages. En favorisant un endettement massif, l'Euro a encouragé un mirage économique qui, aujourd'hui disparu, ne laisse plus entrevoir qu'un mur de dettes et sa promesse d'austérité perpétuelle. Comment en est-on arrivé là ? Comment en sortir ?
- La rigueur et après ? - Cécile Jolly p. 31-36 Cet article tente une prospective économique des pays méditerranéens de l'UE. Il propose notamment trois scénarios, en s'inspirant d'une étude du Centre d'Analyse Stratégique (CAS) consacrée à la France. Et force est d'admettre que toutes les perspectives ne sont pas obscures, loin s'en faut, pour les pays méditerranéens.
- Dans l'oeil des marchés Entretien avec Olivier Delamarche Associé-gérant et fondateur de Platinium Gestion (Paris). - p. 37-45 Il y a deux choses : la crise qui frappe les pays méditerranéens et au-delà même d'un possible effondrement de l'euro, la perspective d'un krach obligataire mondial dont on peut craindre que l'Europe méditerranéenne soit l'étincelle, quand on considère les montagnes de dettes (y compris bancaires) que portent les pays développés, comme indiqué dans le tableau ci-dessous. Il y a deux choses et derrière elles, il y a les marchés ; il y a la pression et même ? selon une perception qui est en train de devenir de plus en plus commune ? l'omnipotence des marchés. Ces « marchés » qu'on ne nomme pas plus précisément mais qui passent, depuis la crise de 2008, pour le Deus ex machina de l'économie mondiale. N'est-ce pas beaucoup leur prêter ? N'est-il pas illusoire de les croire dotés d'une ligne de conduite ferme et arrêtée ? illusoire et même contradictoire ?, puisque cela revient à nier l'idée même de marché ? Quoi qu'il en soit, il semble acquis que les pays méditerranéens sont désormais dans l'?il des marchés, comme dans l'?il d'un cyclone qui pourrait bien tout emporter. Et pour tenter d'y voir plus clair, nous avons sollicité l'avis d'un homme de marché.
- Impacts de la crise économique sur les pays d'Europe du Sud - Mourad Bsiri p. 47-55 Cet article dresse un tableau synthétique de la crise économique et financière qui secoue la Grèce, l'Italie, l'Espagne et le Portugal. S'ils ont en commun de traverser une période très difficile de leur histoire, ces pays se distinguent parfois assez nettement en termes de causalités à la crise économique qu'ils traversent.
- Comprendre la crise espagnole Une inflexion entre deux époques ? - Benoît Pellistrandi p. 57-68 La crise économique espagnole, bousculant ce que certains avaient pris pour un modèle de croissance et de développement en Europe, invite à dépasser la simple explication conjoncturelle. La thèse centrale de cette contribution est que cette crise massive constitue une charnière entre deux époques. La première (1976- 2008) serait celle de la croissance, de la métamorphose heureuse et du rayonnement culturel, tandis que depuis trois ans se serait ouverte une nouvelle séquence de l'histoire espagnole, marquée par l'entrée dans l'ère du pessimisme. La redéfinition d'acquis de la période précédente accentue le caractère de tournant que constituerait ainsi l'année 2011, marquée par des mouvements sociaux et une alternance politique d'importance.
- Grèce : le bal des hypocrites - Christophe Chiclet p. 69-80 La crise grecque révèle bien des dysfonctionnements politiques à la fois internes (incurie politique, corruption) et externes (atermoiements européens). Le pays est aujourd'hui en proie à une très grave crise sociale et étonnamment la population semble, dans sa globalité, assez résignée. Pourtant, la Grèce se trouve dans un moment tragique qui rappelle des pages sombres de son histoire.
- Italie : la rigueur a ses raisons que le coeur ne connaît point - Piero Caracciolo p. 81-93 L'importante dette publique que l'Italie traîne depuis plus de vingt ans a de nouveau atteint, en 2011, le même niveau de 120% du PIB qu'elle avait déjà touché en 1994 et elle a poussé les taux d'intérêt sur les bons du trésor italiens à des niveaux que les agences de notation ont jugés dangereux pour la solvabilité de l'État. Le gouvernement de Silvio Berlusconi, en place depuis 2008, a pris des mesures d'austérité mais n'a pu convaincre ni les marchés, ni les agences, ni les autres chefs des exécutifs européens de leur efficacité. Il a ainsi démissionné le 12 novembre et a été remplacé par un cabinet formé par des experts indépendants des partis, guidé par Mario Monti, un professeur d'économie, ancien commissaire européen. Ce gouvernement, jouissant d'une plus grande crédibilité et d'un fort consensus à l'intérieur et à l'extérieur du pays, a complété les mesures de rigueur et a commencé à prendre des mesures de relance de l'économie. Ce long processus, qui a duré six mois, a été accompagné de vives discussions, voire de contestations, de la part des syndicats, des partis, des économistes et d'une myriade de comités déjà engagés dans la lutte contre Berlusconi. Ce dernier s'est vu contesté aussi bien par des libéraux, qui trouvaient sa politique trop peu novatrice, que par une gauche mettant au premier plan les exigences des citoyens. Une nouveauté caractérisant tous ces mouvements a été l'utilisation d'Internet et des sites sociaux.
- Chypre, victime de la spéculation financière - Christophe Chiclet p. 95-98 Chypre est une île divisée depuis 1974. Depuis lors, la république de Chypre a connu un essor économique certain. Malgré tout, l'île a fait l'objet d'avertissements de la part des agences de notations qui semblent à tout le moins excessifs.
- Une fracture Nord/Sud au sein de l'UE - Guillaume Alméras p. 99-113 Quant à l'?, on ne se livrera ici à aucun pronostic. À ce stade (début 2012), l'incertitude est totale. On soulignera donc tout à la fois les échecs de la monnaie unique et le fait que des demi-mesures, après tout, pourraient bien suffire à la sauver ! Toutefois, la crise de la zone ? a fait apparaître une fracture Nord/Sud au sein de l'UE qui oblige à un certain scepticisme face aux solutions prônant plus de fédéralisme. Au vu de cette fracture et derrière les désordres monétaires actuels, la construction européenne parait réclamer aujourd'hui une refondation sans doute plus radicale.
- Une mobilisation sociale transeuropéenne est-elle en train d'éclore au Sud ? - Akram Belkaïd p. 115-122 Fin février 2012, la police anglaise, accompagnée d'huissiers, démantelait le campement de tentes multicolores dressées à proximité de la Cathédrale Saint-Paul au coeur de la City londonienne. Par cette action très médiatisée, les forces de l'ordre mettaient fin à une occupation entamée en octobre 2011 et qui s'était inscrite dans le mouvement mondial des Indignés né à Madrid en Espagne, un an auparavant. Pour de nombreux observateurs, ce démontage, qui s'est déroulé sans trop de heurts, avait valeur de symbole car le village alternatif et anticapitaliste de Saint-Paul faisait figure de dernier bastion des Indignés. Quelques semaines auparavant, la police new-yorkaise avait elle aussi mit fin ? avec une violence plus marquée ? à l'occupation de plusieurs squares et espaces verts à proximité du New York Stock Exchange (la Bourse) et du quartier des affaires de la mégapole étasunienne. Après la fin d'« Occupy Wall Street » (Occupons Wall Street) est ainsi intervenue celle d'« Occupy the London stock exchange ». Dans une conjoncture marquée par l'essoufflement patent du mouvement des Indignés, y compris en Espagne, il n'en fallait pas plus pour que nombre de commentateurs en décrètent l'échec définitif, tout en le qualifiant d'épiphénomène romantique engendré à la fois par la crise économique et financière de 2008, mais aussi par les événements du « Printemps arabe » où les peuples, notamment ceux de Tunisie et d'Égypte, ont obtenu la chute de leurs dirigeants au cours des premiers mois de l'année 2011.
- Sismicités criminelles en Méditerranée Un dangereux aveuglement - Jean-François Gayraud p. 123-131 Les pays du Nord de la Méditerranée vivent des crises criminelles. Des territoires toujours plus nombreux se retrouvent sous l'influence de réalités criminelles d'autant plus redoutables qu'elles sont anciennes, territorialisées, fonctionnant en quasi symbiose avec leur environnement politico-social. Cependant, ces crises sont en partie incomprises ou ignorées car latentes, permanentes et insidieuses. Là où elles sont nées, et parfois au-delà, les mafias italiennes, albanophones et turques transforment depuis longtemps les systèmes politiques et corrodent les marchés économiques et financiers. Elles s'affirment comme de vraies puissances concurrençant la souveraineté des États et des collectivités locales. Une géopolitique criminelle émerge. L'arc mafieux qui s'affirme au Nord de la Méditerranée constitue désormais un fait stratégique. Mais qui cela préoccupe t-il réellement, alors même que des dizaines de millions de méditerranéens vivent confrontées à des tyrannies criminelles au moins aussi redoutables que les anciennes tyrannies politiques ?
- L'alternative méditerranéenne à la spirale du krach - Bernard Ravenel p. 133-141 Les politiques imposées par la troïka (FMI, UE et BCE) détruisent la société grecque et aggravent les problèmes économiques et sociaux des pays de l'Europe du Sud. Même si ces politiques seront appliquées, la dette ne sera pas soutenable. La Grèce semble devenir un laboratoire où seraient expérimentées des politiques qui seraient appliquées dans d'autres pays. En tout état de cause, l'écroulement possible ou probable de l'économie grecque risque d'alimenter un climat négatif dans le reste de l'Europe. Une spirale de krach semble s'installer en Europe. Cette situation ne peut être découplée de ce qui se passe sur la rive Sud de la Méditerranée et qui renvoie à la politique méditerranéenne de l'Union européenne et à ses responsabilités dans sa politique de constitution d'une zone de libre échange dans le bassin méditerranéen. Si l'Europe ne veut pas être marginalisée, elle doit contribuer à la construction, avec les peuples arabes, d'une sorte de méso-région méditerranéenne entamant une politique commune de dé-globalisation qui lui permette de s'assurer la « souveraineté » dans des secteurs stratégiques pour la survie des sociétés concernées... Même si l'Allemagne hésitera... Tout ceci se passe dans un contexte de transformation du statut international de plusieurs grandes puissances et de confrontation monétaire impliquant l'euro, le dollar, le yuan, le yen et la nouvelle valeur unifiée des pays du Golfe.
- Avant-propos - Guillaume Alméras p. 9-18
Variations
- La question Queer au Maroc Identités sexuées et transgenre au sein de la littérature marocaine de langue française - Jean Zaganiaris p. 145-161 Peut-on penser les pratiques sexuelles au sein des sociétés arabo-musulmanes en relation avec des problématiques de la Queer Theory ? À partir des discours écrits et oraux des écrivains marocains de langue française, nous avons voulu regarder de quelle façon les pratiques sexuelles et les identités sexuées sont représentées au sein de leurs oeuvres. En travaillant sur ces discours, nous nous sommes aperçus que des questions relatives à la lutte contre l'hétéronormativité à tendance patriarcale ou bien au transgenre sont évoquées par un certain nombre d'auteurs. Toutefois, est-ce que cela suffit pour parler de Queer au Maroc ?
- De l'Auvergnat au Kabyle Le recyclage d'un stéréotype dans l'Algérie coloniale - Philippe Martel p. 163-179 Les conquérants de l'Algérie au XIXe siècle se trouvent confrontés à des populations diverses et hostiles, Arabes ou Berbères, qu'il leur faut essayer de comprendre et d'opposer, pour mieux les dominer. Pour cela, ils s'appuient sur les ressemblances qu'ils peuvent trouver entre leurs nouveaux sujets et des populations plus familières sur lesquelles pèsent des stéréotypes. Il est assez curieux de ce point de vue de voir comment certains établissent des parallèles, explicites ou implicites, entre les Algériens et des populations du Midi de la France, montagnards ou habitants des plaines. On étudiera ici la façon dont fonctionne dans les textes ce parallèle, et ce qu'il signifie.
- La question Queer au Maroc Identités sexuées et transgenre au sein de la littérature marocaine de langue française - Jean Zaganiaris p. 145-161