Contenu du sommaire : Histoire de l'Internet, l'Internet dans l'histoire
Revue | Le Temps des Médias |
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Numéro | no 18, printemps 2012 |
Titre du numéro | Histoire de l'Internet, l'Internet dans l'histoire |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Dossier : Histoire de l'Internet, l'Internet dans l'histoire
- Présentation - Jérôme Bourdon, Valérie Schafer p. 5-14
- Aux origines américaines de l'Internet : projets militaires, intérêts commerciaux, désirs de communauté - Paul E. Ceruzzi p. 15-28 L'Internet trouve ses racines techniques dans un programme sponsorisé par l'Advanced Research Projects Agency (ARPA), parrainée par le Ministère américain de la Défense, à l'apogée de la Guerre froide avec l'Union soviétique. Mais ces racines, qui sont connues, ne révèlent qu'une partie de l'histoire de l'Internet. Celui-ci possède également des composantes socio-politiques importantes, dont aucune n'était présente dans l'ARPANET. L'Internet, en particulier tel que l'on y accède par le Web, est une expression de l'interaction entre des forces techniques, sociales, politiques et économiques. Cet article débat du rôle de l'ARPA dans le contexte d'autres tentatives, extra-militaires, pour utiliser la technologie des ordinateurs personnels et de la micro-électronique afin de communiquer, partager l'information, et réaliser des profits.
- La gouvernance de l'Internet. Une internationalisation inachevée - Françoise Massit-Folléa p. 29-40 Appliqué à l'Internet, le terme -gouvernance- a tout d'abord été réservé à la gestion des adresses IP et des noms de domaine. Le système mis en place par les pratiques des pionniers s'est vu largement récupéré par le gouvernement et les entreprises des États-Unis. Sa démocratisation et son internationalisation ont alors fait l'objet d'intenses débats lors du Sommet Mondial sur la Société de l'Information, conduit sous les auspices de l'ONU. Mais à ce jour, faute d'accord sur les principes et les instruments, la gouvernance de l'Internet est encore un -enjeu orphelin-, qu'aucune institution existante n'est à même de saisir dans sa globalité.
- « Make the pig fly ! » : l'Inria, ses chercheurs et Internet des années 1970 aux années 1990 - Pascal Griset, Valérie Schafer p. 41-52 L'Institut National de Recherche en Informatique et Automatique (Inria) occupe une place déterminante pour l'arrivée d'Internet en France, à une période où le « réseau des réseaux » échappe encore aux usages grand public. Son rôle est largement lié dans un premier temps à des actions individuelles. La part des éléments informels et des initiatives de chercheurs permet d'observer les frontières imprécises entre monde des producteurs d'innovation et sphères des « utilisateurs » et les tensions créatrices qui traversent l'Institut.
- « Révolution 0.1 ». Utilisateurs et communautés d'utilisateurs au premier âge de l'informatique personnelle et des réseaux grand public (1978-1990) - Benjamin Thierry p. 54-64 Dès les années 1980 s'épanouissent en France les premiers usages grand public de l'informatique et de la communication interactive dans un contexte socio-technique marqué par la télématique et « l'informatique familiale ». Des groupes d'early adopters passionnés et une part non négligeable de novices enthousiastes découvrent la micro-informatique et le Minitel. Des sociabilités complexes se mettent alors en place grâce à des vecteurs nombreux qui permettent de faire circuler et partager savoir-faire et imaginaires collectifs (revues, fanzines, messageries, clubs et associations). Le passage d'une culture informaticienne à l'âge numérique marqué par le grand public est enclenché. Ce creuset initial des pratiques et des représentations se développe sur la base d'usages spécifiques (pratique du basic, premiers traitements de texte, messageries) et concourt à enraciner une « culture de l'écran interactif » qui se réinvente avec Internet quinze ans plus tard en donnant à voir un exemple significatif de continuité dans les usages par-delà les ruptures technologiques.
- La genèse de l'offre commerciale grand public en France (1995-1996) : entre fourniture d'accès à l'Internet et services en ligne « propriétaires » - Franck Rebillard p. 65-75 Au milieu des années 1990, l'Internet se déploie en dehors du monde académique et l'offre commerciale se structure. Les groupes industriels de communication investissent ce nouveau marché avec une offre duale, ajoutant des services en ligne dont ils assurent eux-mêmes l'intermédiation à la simple fourniture d'accès à l'Internet. Ce second sentier sociotechnique sera finalement le seul retenu, témoignant d'un possible hiatus entre les cadres sociotechniques des industriels et ceux des internautes de l'époque.
- Les médias sociaux : une histoire de participation - Alexandre Coutant, Thomas Stenger p. 76-86 Les « médias sociaux » constituent un phénomène aussi difficile à appréhender dans ses fonctionnalités et usages que dans son histoire. Cet article propose de les interroger sous l'angle de la valeur heuristique de leur définition, de la cohérence historique du regroupement de plateformes qu'elle propose et de la réalité des possibilités de participation qu'elle postule. Il révèle ainsi les enjeux économiques qu'une focalisation sur la participation des internautes masque et propose une représentation plus complexe des différentes configurations sociotechniques émergeant dans le Web du xxie siècle.
- R@S : la naissance d'un acteur majeur de l'« Internet militant » français - Fabien Granjon, Asdrad Torres p. 87-98 Le Réseau associatif et Syndical (R@S) a été créé au lendemain du large mouvement social de novembre-décembre 1995. Jusqu'en 2009, date de sa dissolution, le R@S a été un acteur discret, mais majeur dans la structuration et le développement d'un sous-champ spécifique de l'espace des mouvements sociaux, celui travaillant à l'acculturation et à l'appropriation des technologies de la néo-télématique par les mouvements sociaux. Dans le cadre de cet article, nous souhaitons documenter la période de création du R@S en prêtant une attention plus particulière à certaines dimensions sociopolitiques du projet.
- Protester sur le Web chinois (1994-2011) - Séverine Arsène p. 99-110 Depuis les premières connexions Internet internationales en Chine en 1994, les Chinois sont les internautes les plus nombreux du monde et ils profitent d'une variété considérable de services en ligne. En dépit de la censure, Internet leur a offert un répertoire de protestation unique. Non seulement les dissidents y ont trouvé un moyen de faire circuler leurs idées, mais l'ensemble des citoyens disposent d'un outil pour partager leurs indignations. Toute une culture populaire propice à la critique, à l'ironie et à la contestation se développe au sein de la jeunesse chinoise.
- La mémoire culturelle d'Internet : le folklore de Usenet - Camille Paloque-Berges p. 111-123 L'histoire de la communication sur Internet doit aujourd'hui constituer des corpus de documents témoignant des mythes associés aux réseaux numériques. Plusieurs exemples pris dans une des communautés virtuelles les plus populaires d'Internet avant le Web, Usenet, permettront de montrer la naissance de cette culture, à travers ses formes et thématiques, et d'analyser les contextes, les modes de production et les comportements de la communication en ligne qui composent aussi bien un folklore qu'une mémoire culturelle de l'Internet.
- Les langues sur Internet : de l'hégémonie de l'anglais au règne de la traduction - Michaël Oustinoff p. 124-135 Trois étapes majeures sont à distinguer dans l'historicisation des langues sur Internet : la première est celle de l'hégémonie d'une langue sur toutes les autres, à savoir l'anglais, pressentie comme appelée à demeurer la langue de l'Internet comme de la mondialisation ; la deuxième, celle d'une rebabélisation accélérée et spectaculaire d'Internet (environ 280 langues présentes sur Wikipedia) ; la troisième, celle de la traduction. Ces trois étapes sont schématiquement celles qu'on retrouve dans la plupart des grands mouvements de traduction dans l'histoire, qu'il convient par conséquent d'analyser dans toute la complexité de leurs implications historiques, économiques, culturelles ou politiques.
- « A l'image de l'Homme » : cyborgs, avatars, identités numériques - Fanny Georges p. 136-147 Cet article propose d'analyser les représentations de l'utilisateur sur le réseau, depuis les premiers outils de discussion (BBS, Usenet), afin de mettre en évidence les étapes successives de construction des imaginaires de l'être humain en réseau. Au point de départ de l'histoire de l'informatique, domine la figure du cyborg, substitut déshumanisé de l'être humain. Puis, dans les années 80, la figure de l'avatar incarne un modèle différent en désignant un personnage virtuel animé par un être humain. Enfin, la figure du profil utilisateur désigne une agrégation d'informations issues des activités de communication et de consommation de l'utilisateur sur Internet. Cette approche historique montre le passage d'une figure chassant toute trace des contingences du corps à une figure profondément ancrée dans le quotidien de la société de consommation.
- Réseaux de communication horizontale, un aperçu à travers le temps - Jacques Perriault p. 148-158 Cet article revient sur deux questions rencontrées dans mes travaux à propos des réseaux de communication. La première concerne la possibilité de reconstituer un réseau à partir de données éparses : est-il possible d'en élaborer une archéologie en exploitant les documents dont on dispose? La seconde question porte sur le rôle des réseaux, aussi bien actuels que disparus, pour corriger des déséquilibres sociétaux et sous quelles conditions.
- L'historiographie de sites Web : quelques enjeux fondamentaux - Niels Brügger p. 159-169 Cet article décrit certains des enjeux fondamentaux auxquels est confronté l'historien de sites Web. Dans un premier temps, nous nous concentrerons sur la notion de « site Web », puis nous chercherons à identifier la nature spécifique du site Web archivé. Ce point de départ nous permettra d'analyser les conséquences méthodologiques liées à certaines des caractéristiques du site Web, comme par exemple, la création d'un registre. Pour conclure, nous montrerons que la nature même du site Web contraint l'historien du Web à donner de nouvelles perspectives conceptuelles à certaines difficultés méthodologiques bien connues en histoire des médias.
- L'histoire de l'Internet au prisme des STS - Janet Abbate p. 170-180 L'émergence de l'Internet en tant que média invite les historiens à reconsidérer leurs hypothèses concernant les frontières entre l'humain et le non-humain, l'infrastructure et la culture, la technologie et la société. Les concepts relevant des Science and Technology Studies (STS) peuvent fournir des modèles pour reconsidérer les catégories traditionnelles des média et mettre en lumière les liens entre technologie et culture. Par une première série d'exemples, cet article montre en quoi les ordinateurs et l'Internet ont brouillé les frontières entre infrastructures et culture : des visions littéraires partagées ont inspiré les systèmes informatiques effectivement mis en oeuvre, tandis que les matériels de communication ont été utilisés de façon imprévue pour l'expression personnelle. Ensuite, avec une seconde série d'exemple, il propose d'analyser la manière dont les comportements et buts des acteurs humains et non humains sont devenus inséparables dans de nombreux environnements virtuels. Nous suggérons le terme d'agentivité hybride (hybrid agency) pour décrire ce phénomène.
- Quelques repères chronologiques internationaux et nationaux de la fondation de l'ARPA (1958) au Sommet Mondial sur la Société de l'Information (2003/2005) - p. 181-183
Territoires d'études
- Ce que les dieux, les religions et les églises font des médias. Pour une science du divin ? A nouvelle religion, nouvelle revue - Nicole Edelman p. 185-197
- L'allégorie politique et ses limites. Sur quelques adaptations cinématographiques et musicales d'Animal Farm (George Orwell, 1945) - Sébastien Denis p. 198-212
- Un patron de presse méconnu : Henry Poidatz (1854-1905) - Dominique Pinsolle p. 213-226
Entretien
- Entretien avec Daniel Kaplan - Valérie Schafer p. 227-234
Recherche-actualités
- Positions de thèses - p. 235-243
- Tables rondes - Valérie Schafer p. 243-245
- Colloques - p. 246-252
- Festival - Philippe Couannault p. 253-254
Parutions
- Parutions - p. 255-273
Le point sur...
- Les origines de la presse dans un micro-État européen : le cas d'Andorre - Carles Pont Sorribes, Jaume Guillamet Lloveras p. 275-279
Chronique passé-présent
- Le télégraphe : considérations sur l'ubiquité et l'instantanéité de la communication moderne - Anne-Claude Ambroise-Rendu p. 281-286