Contenu du sommaire : Comprendre la crise de la dette
Revue | Politique étrangère |
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Numéro | no 1, printemps 2012 |
Titre du numéro | Comprendre la crise de la dette |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Éditorial - p. 6-8
Comprendre la crise de la dette
- La longue durée des dettes publiques : l'Europe et les autres - Jean-Yves Grenier p. 11-22 L'Europe moderne s'est construite autour de la dette publique et au XXe siècle l'augmentation de cette dernière est essentiellement due à la guerre. Depuis le début des années 1980 en revanche, la dette couvre d'abord des dépenses civiles. La fonction et les conséquences de cette dette souveraine font l'objet de débats passionnés depuis le XVIIIe siècle. Si la dette est historiquement un instrument de construction de l'État, on voit aujourd'hui qu'elle peut être un grand danger.The Long Life of Public Debt in Europe and Elsewhere
Modern Europe was built on public debt, and the 20th century saw such debt expand, mainly due to war. Since the early 1980s, however, debt has been used to cover civil spending. The functioning and consequences of such sovereign debt have been the subject of impassioned debate since the 18th century. While debts have historically been an instrument for State construction, today they may also be a great danger. - L'euro à l'épreuve de la crise des dettes souveraines - Élie Cohen p. 23-38 Quatre crises successives de l'euro ont suivi la découverte de l'ampleur des déficits grecs. De sommets en accords, les dirigeants européens tentent de sauver la zone euro. Dérives de la finance, incompétence des politiques, défaillances institutionnelles, divergence des temps politique et économique, pressions concurrentes des marchés et des opinions: c'est en prenant en compte ces éléments des discours explicatifs que peuvent être ébauchés les avenirs de l'euro et donc de l'Europe.The Euro and the Sovereign Debt Crises Four successive crises have shaken the euro following the discovery of the scale of Greek deficits. From agreements to summits, Europe's leaders are trying to save the euro area. Yet the future of the euro and hence Europe can only be sketched out by taking into account: financial excesses, political incompetence, institutional failures, lags between political and economic time horizons, as well as competing pressures from markets and public opinion.
- La crise de l'union monétaire européenne - Stefan Ederer p. 39-52 La crise financière européenne s'est transformée en une crise des finances publiques qui interdit toute reprise économique dans la zone euro. Les multiples mesures prises jusqu'ici se sont révélées inopérantes. Il faut sans doute trouver une solution permettant d'européaniser les dettes des États. En même temps, il est nécessaire de prendre des mesures de court terme relançant la croissance. Et de réduire, mais cela n'est possible que sur le long terme, l'endettement global de la zone euro.The Crisis of European Monetary Union
The European financial crisis has transformed into a public finance crisis which rules out any recovery in the euro area. The multiple measures taken so far have shown themselves to be ineffective. It will surely turn out to be necessary to Europeanize public debts. At the same time, it is necessary to take short term measures to stimulate growth. And to reduce overall debt in the euro area, though that is only possible in the long term. - La notation souveraine - Norbert Gaillard p. 53-63 La notation souveraine se met en place progressivement au début du XXe siècle. De plus en plus d'États émettent des titres obligataires et entrent donc dans cette logique de notation. Les investisseurs en sont les premiers usagers. Les critères de la notation sont divers, et la qualité des analyses des grandes agences est aujourd'hui critiquée : le prisme « occidental » de ces analyses leur aurait interdit d'anticiper les incidents de paiement des pays industrialisés.Sovereign Credit Rating
Sovereign credit rating developed progressively as of the early 20th century. More and more countries issue bonds and hence underpin the logic of ratings. Investors are the first users. Credit rating criteria are varied, and the quality of the major rating agencies is today much criticized: the “Western” prism of their analyzes prevented them from anticipating payment problems among the industrialized countries.
- La longue durée des dettes publiques : l'Europe et les autres - Jean-Yves Grenier p. 11-22
Les soulèvements arabes : premier bilan
- Introduction - Denis Bauchard p. 66-70
- Maghreb : révolutions inachevées ? - Mansouria Mokhefi p. 71-83 Spécifiques à l'expérience et à l'histoire de chaque pays, les événements de 2011 bouleversent la donne sociopolitique, idéologique et culturelle du Maghreb. Les islamistes vont devoir se mesurer au pouvoir et se confronter à d'immenses problèmes. Le Maghreb ne se reconnaît plus sans doute dans les formes démocratiques du modèle occidental – et particulièrement européen. Et de nouveaux acteurs ou modèles émergent pour la région, de l'expérience turque à l'activisme qatari.The Incomplete Revolutions in North Africa
The events of 2011 were specific to the experience and history of each country, yet shook the sociopolitical, ideological and cultural situation of all North Africa. Islamists will have to confront exercizing power and dealing with huge problems. North Africa surely does not recognize itself in Western, and especially European types of democracy. And new actors and models are emerging in the region, all the way from Turkey's experience to Qatari activism. - Élections et mobilisations dans l'Égypte post-Moubarak - Bernard Rougier p. 85-98 En Égypte, l'armée a usé de tout son poids pour éviter l'émergence de forces susceptibles de remettre en cause sa prééminence. Les débats des derniers mois ont porté sur le timing des élections et sur les pouvoirs de la future Assemblée. La plus grande surprise des législatives a été le succès des salafistes. Quant aux Frères musulmans, au pouvoir grâce aux élections et au compromis passé avec l'armée, ils vont devoir se confronter aux nombreux défis internes et externes du pays.Elections and Mobilizations in Post-Mubarak Egypt
In Egypt, the army has used all its powers to avoid the emergence of forces likely to challenge its pre-eminence. The debates of recent months have concerned the timing of elections and the powers of the future Assembly. The greatest surprise came from the legislative success of the Salafists. As for the Muslim Brotherhood, which has been in power since the elections and which has compromised with the army, it will have to deal with the many domestic and external challenges of the country. - La révolte en réseau : le « printemps arabe » et les médias sociaux - David M. Faris p. 99-109 Network Revolts: The “Arab Spring” and Social MediaEn Égypte, l'activisme numérique s'est développé depuis le milieu des années 2000, nombre de blogueurs contribuant à dénoncer les abus du régime Moubarak. Un tel phénomène n'a pas pu voir le jour en Tunisie du fait de la censure exercée sur Internet. Toutefois, dans les deux cas, les blogs mais aussi les réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter ont joué un rôle important au moment des révolutions de 2011.David M. Faris, Network Revolts: The “Arab Spring” and Social Media
In Egypt, digital activism has developed since the mid-2000s, with many bloggers contributing to the denunciation of the abuses by the Mubarak regime. This phenomenon did not emerge in Tunisia, given the censorship of Internet. However, in the two cases blogs, along with the Facebook social network played an important role in the 2011 revolutions. - Iraniens et Saoudiens à l'épreuve des révoltes arabes - Mohammad-Reza Djalili, Clément Therme p. 111-122 À partir d'une même défiance vis-à-vis des éruptions démocratiques mais reposant sur des intérêts spécifiques et des relations opposées avec Washington, les jugements de Téhéran et de Riyad sur les révolutions arabes divergent fortement. D'où une véritable « guerre froide » entre les deux capitales, avec toutes les conséquences imaginables pour la région, en particulier en Irak ou en Syrie. Les deux logiques conservatrices sont ainsi mises en cause, en interne et dans leur diplomatie régionale.The Challenge of the Arab Uprisings for Iranians and Saudis
Sharing the same distrust for the democratic eruptions but with specific interests and opposing relations to Washington, the judgements of Tehran and Riyad over the Arab revolutions diverge strongly. The result is a real “cold war” between the two capitals, with all the possible consequences imaginable for the region, especially concerning Iraq and Syria. These two conservative approaches are being challenged internally and via regional diplomacy. - Israël face au « printemps arabe » - Ilan Greilsammer p. 123-134 En Israël, pays qui ne manque pas d'experts du monde arabe, les révolutions de 2011 n'ont pas été anticipées. Si la population de l'État juif se réjouit de la chute de tyrans qui étaient, à des degrés divers, anti-israéliens, elle est néanmoins inquiète de l'instabilité provoquée par les soulèvements populaires et par la montée en puissance des islamistes. Cette situation agitée profite à Benjamin Netanyahou, la population israélienne ne souhaitant pas changer de capitaine en pleine tempête.Israel and the “Arab Spring”Israel is a country with no shortage of Arab experts. Yet the 2011 revolutions were unexpected. While the population of the Jewish State welcomes the fall of tyrants who were, to varying degrees, anti-Israeli, Israel is nevertheless concerned about the instability stemming from these popular uprising, and by the advances of Islamist forces. This situation favours Benjamin Netanyhou, in as much as the Israeli population does not want to change helmsmen in the midst of a storm.
- Occident/monde arabe : une nouvelle donne géopolitique - Frédéric Charillon p. 135-144 Les soulèvements dans le monde arabe en 2011 n'ont pas été anticipés par les pays occidentaux. Ces derniers doivent maintenant analyser les bouleversements qui ont eu lieu, en comprendre les causes et les conséquences. En se livrant à des exercices de prospective, au sujet notamment de l'évolution possible des mouvements islamistes, ils pourront adopter une nouvelle diplomatie qui leur permettra de renouer pleinement avec le monde arabe.West/Arab World: A New Geopolitical Configuration
The uprisings in the Arab world in 2011 were not expected by Western countries, which now have to analyze the upheavals that have taken place, to understand their causes and consequences. In seeking to identify possible outlooks, especially concerning likely trends in Islamic movements, Western countries can adopt new forms of diplomacy, which would allow them to re-establish links with the Arab world fully.
Repères
- Le Groupe de Visegrad, 20 ans après - Jana Vargovčíková p. 147-159 Le Groupe de Visegrad (Pologne, Hongrie, République Tchèque, Slovaquie) a, en 20 ans, marqué de son empreinte la carte géopolitique de l'Europe centrale. Ce Groupe peut-il se constituer en acteur sous-régional dans l'Union européenne ? S'il démontre une efficacité locale incontestable, il semble n'avoir à Bruxelles qu'une efficacité réactive. Sa capacité à intervenir sur la politique européenne de voisinage ou dans la politique énergétique de l'Union sera un test de son poids pour l'avenir.The Visegrad Group, 20 Years Later
The Visegrad Group (Poland, Hungary, Czech Republic, Slovakia) has, in 20 years, left its mark on the geopolitical map of Central Europe. Can this group become a serious sub-regional player in the European Union? Though locally it proves undeniably effective, it seems to only have a reactive efficiency in Brussels. Its ability to intervene in the European Neighbourhood Policy or the Union's energy policy will be a test of its weight in the future. - Fin de l'occupation et crise en Irak : la clé de voûte sunnite - Myriam Benraad p. 161-172 C'est un Irak profondément divisé, théâtre de violences quotidiennes et d'une crise sociale et politique profonde, que les États-Unis ont quitté en décembre 2011. L'un des éléments qui pèsent le plus sur la situation actuelle du pays est la marginalisation des sunnites durant toute l'occupation américaine. Le problème sunnite mine la perspective d'une réconciliation durable et fait surtout resurgir la menace d'une partition du pays, à la fois territoriale et symbolique.The End of the Occupation and the Crisis in Iraq: the Sunnite Keystone
The United States withdrew from a profoundly divided Iraq in December 2011, the setting of daily violence and a deep social and political crisis. One factor that has weighed most on the present situation has been the marginalization of Sunnites throughout the US occupation. Indeed, the Sunnite problem undermines prospects for a durable reconciliation and above all raises the threat of a partition, both geographic and symbolic, of the country.
- Le Groupe de Visegrad, 20 ans après - Jana Vargovčíková p. 147-159
Libres propos
- Une électricité européenne sobre en carbone : l'impasse ? - Maïté Jauréguy-Naudin p. 175-186 Le « paquet énergie et climat » de l'UE préconise l'élargissement de la part des énergies renouvelables dans la consommation globale d'énergie: énergie d'origine éolienne ou photovoltaïque. Le bilan des énergies renouvelables est pourtant mitigé – en termes de coûts, d'emploi, de transport – et l'accroissement de leur part de marché complexe à mettre en œuvre. Les décisions nationales compliquent encore le problème, et au premier chef la décision allemande de sortie du nucléaire.The Slow Road to Low-Carbon Electricity in Europe
The EU's energy and climate package recommends the expansion of renewable energy sources in overall energy consumption: energy from windpower or photovoltaic panels. Yet, the results of renewable energy have been mixed, in terms of costs, employment and transport. Raising their market share is also complicated. National decisions aggravate this problem still more, in particular Germany's decision to scrap nuclear energy.
- Une électricité européenne sobre en carbone : l'impasse ? - Maïté Jauréguy-Naudin p. 175-186
Lectures
- The Quest: Energy, Security and the Remaking of the Modern World - Jérôme Marchand p. 188-191
- Lectures - p. 192-226