Contenu du sommaire : Le travail ordinaire de la sécurité
Revue | Réseaux (communication - technologie - société) |
---|---|
Numéro | vol. 30, no 171, 2012 |
Titre du numéro | Le travail ordinaire de la sécurité |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Présentation - Jérôme Denis, Emmanuel Kessous p. 9-18
Dossier : Le travail ordinaire de la sécurité
- Nourrir les virus : La biosécurité dans les fermes et les laboratoires - Frédéric Keck p. 19-44 Cet article compare les pratiques de biosécurité dans une ferme et un laboratoire de Hong Kong, en montrant le lien entre le souci de se protéger contre le vivant comme menace et le soin apporté au vivant comme milieu. Il décrit l'articulation entre les pratiques quotidiennes visant à entretenir un milieu de vie et les crises sanitaires révélant de nouvelles menaces, comme la grippe aviaire et le SRAS. Il met en lumière le rôle des sentinelles dans une conception du vivant comme population virale.
- De la gestion des risques à la production de la sécurité : L'exemple de la préparation à la pandémie grippale - Didier Torny p. 45-66 Cet article retrace l'histoire de la préparation à la pandémie grippale depuis 1976 en se centrant d'abord sur l'action des organisations internationales puis sur le cas français. Au-delà des menaces sanitaires, le travail de planification vise à redéfinir la « vie minimale » dans des sociétés contemporaines complexes, en prenant acte des rapports d'interdépendance internes et externes, forgeant simultanément des risques et des mesures de sécurité pour les réduire. Les nombreuses critiques de l'action publique face à la pandémie de 2009 n'amènent pas à un abandon de la préparation, mais à son approfondissement en tenant compte des risques endogènes de la planification (fermeture des hypothèses, irréversibilité) pour produire toujours plus de sécurité.
- Comment ranger son bureau ? : Le fonctionnaire, l'agriculteur, le droit et l'argent - Jean-Marc Weller p. 67-101 Bien qu'elle paraisse prosaïque, la question de savoir « comment ranger son bureau ? » soulève de multiples enjeux. Pour en explorer le sens, cet article s'intéresse au cas de deux administrations déconcentrées de l'État en charge d'attribuer les subventions de la Politique Agricole Commune aux agriculteurs. Ces deux services affichent des manières différentes de classer, de stocker ou de faire circuler l'information. Pourquoi un tel contraste ? Qu'est-ce que nous apprend la comparaison de leurs modes de rangement en termes d'approches et de problématisations possibles de la sécurité réglementaire ? Pour répondre, l'article fait le choix d'une approche pragmatique, focalisant l'attention sur le travail administratif ordinairement accompli.
- Manipulation à distance et fascination curieuse : Les pièges liés au spam - Nicolas Auray p. 103-132 L'article étudie des situations de manipulation à distance provoquées par un escroc engageant une correspondance électronique sur Internet (scam). Il étudie comment s'institue une relation marquée par les rebondissements narratifs (péripéties) et l'abaissement de la vigilance, susceptible de produire un régime d'emprise. L'isolement relationnel de la victime renforce la difficulté à prendre conscience de la manipulation. Les opérateurs du basculement vers la prise de conscience exigent l'appui sur des indices extérieurs ; à quelles conditions les victimes « ouvrent-elles les yeux » ? Comment se produit l'arrêt de la dynamique d'enfermement crédule, qui s'appuie sur l'habituation et l'engagement progressif de la victime dans le déni et l'autoconviction ? Quels sont les opérateurs de passage pour que s'institue, à l'inverse, une dynamique d'inquiétude curieuse, allant du simple « trouble » non verbalisé à la certitude d'avoir été trompé ?
- La gestion du secret : Enquête sur les usages de la messagerie électronique dans une organisation - Emmanuel Kessous p. 133-160 Cet article porte sur le management du secret professionnel d'un point de vue pragmatique à partir d'une enquête réalisée dans une grande entreprise de service. Il part de la gestion de l'information prescrite dans l'entreprise concernée, dans la mesure où ces règles communes de management sont un cadre dans lequel les salariés vont pouvoir agir. Il interroge ensuite les opérations de qualification des informations par les acteurs eux-mêmes qu'ils soient spécialistes de l'information confidentielle (juristes, communication, propriété intellectuelle) ou usagers ordinaires (cadres, marqueteurs, chercheurs, secrétaires). Il analyse enfin l'impact des activités de communication, notamment par messagerie électronique, dans ce contexte. Une des conclusions est que la gestion de l'information et sa sensibilité estimée dépendent tout autant de l'activité professionnelle des acteurs que de la nature des liens avec lesquels ils réalisent ces échanges.
- L'informatique et sa sécurité : Le souci de la fragilité technique - Jérôme Denis p. 161-187 Cet article propose d'explorer les politiques de sécurité informatique en entreprises en insistant sur deux dimensions : la définition des risques sur laquelle elles s'appuient et l'hybridité sociotechnique que revendiquent certains prescripteurs. Ces dimensions donnent à voir un mode d'existence des technologies qui contraste fortement avec les modèles constructivistes, généralement centrés sur les processus de stabilisation. Proches des domaines de l'entretien et de la maintenance, les politiques ordinaires de sécurité installent une manière distribuée de traiter les technologies qui fait de l'instabilité et de la vulnérabilité des propriétés intrinsèques. Elles s'apparentent ainsi à un care des objets, cherchant à faire de la fragilité technique un souci partagé.
- Nourrir les virus : La biosécurité dans les fermes et les laboratoires - Frédéric Keck p. 19-44
Varia
- Les Guignols de l'Info : Le « genre » de la satire - Marlène Coulomb-Gully p. 189-216 On s'efforce ici de mettre au jour l'imaginaire sexué qui sous-tend la représentation du Genre dans Les Guignols de l'Info, emblématique programme de Canal Plus. L'analyse de l'émission permet de conclure, sinon à une posture volontairement réactionnaire des auteurs, du moins au caractère « gender blind » de l'entreprise. En effet, loin de l'image progressiste généralement attachée à l'émission, les Guignols confirment, peut-être à leur corps défendant, voire à l'insu de leur plein gré - pour reprendre une formule devenue célèbre -, les attendus normatifs d'une énonciation comique émise d'un point de vue masculin dominant où les femmes sont objets plus que sujets du rire. Le floutage énonciatif propre au dispositif parodique permet en dernière instance que s'y retrouvent des publics aux attentes les plus diverses, la dimension satirique de l'émission servant les impératifs d'audience de la chaîne.
- Les Guignols de l'Info : Le « genre » de la satire - Marlène Coulomb-Gully p. 189-216
Notes de lecture
- Notes de lecture - p. 217-232