Contenu du sommaire : Éthique et performance en management public
Revue | Revue française d'administration publique |
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Numéro | no 140, 2011/4 |
Titre du numéro | Éthique et performance en management public |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Vers un management public éthique et performant - Annie Bartoli, Olivier Keramidas, Fabrice Larat, Bachir Mazouz p. 629-639
- Éthique et gestion publique : apprendre des scandales - Yves Boisvert p. 641-658 Dans ce texte nous voulons démontrer que les scandales politico?administratifs constituent des phénomènes sociaux offrant beaucoup de renseignements sur la culture et les structures de nos institutions publiques. Il est toutefois nécessaire de posséder un cadre d'analyse qui permet une compréhension en profondeur du scandale pour lui faire perdre son apparence tragique et en tirer des enseignements.
- Les défis éthiques de la recherche académique : le cas de la France et des Etats-Unis - Annie Bartoli, George Brenkert, Philippe Hermel p. 659-675 Cet article examine les questions éthiques liées à la mesure de la performance dans les organisations contemporaines et observe le cas particulier de la recherche académique. Les auteurs utilisent des référentiels issus de la philosophie et des sciences du management au niveau international. Le phénomène du « Publish or Perish », largement pratiqué aux États-Unis, est étudié dans son applicabilité à des pays comme la France. L'élaboration d'instruments pour mesurer quantitativement la performance des chercheurs (comme le nombre de publications dans différents types de revues, le référencement des citations, etc.) est approfondie en termes d'impact, positif ou négatif, sur la qualité de la recherche et du progrès scientifique. Enfin, certaines conditions de succès pour réconcilier l'éthique et les mesures de la performance de la recherche académique sont envisagées.
- Gestion de la propriété intellectuelle et organisations publiques de recherche : l'éthique à l'épreuve des objectifs de performance - Hervé Chomienne, Pascal Corbel, Jean-Philippe Denis p. 677-692 La cohabitation entre une exigence accrue de performance publique formalisée par des objectifs précis à atteindre et l'éthique traditionnelle du service public à la française ne va pas sans créer des tensions. Celles-ci s'expriment particulièrement dans le domaine de la recherche publique qui doit démontrer son utilité socio-économique via des indicateurs de performance qui incitent ses opérateurs à protéger juridiquement et valoriser financièrement leurs résultats scientifiques. Ainsi, l'éthique traditionnelle de « science ouverte » doit-elle composer avec les impératifs de performance économique. Plutôt que d'opposer ces deux enjeux, nous nous proposons de montrer comment ils pourraient s'articuler en développant des stratégies en matière de propriété intellectuelle équilibrées pour peu que la définition de la performance publique dans ce domaine ne se limite pas à des objectifs trop étroits.
- La moralité attribuée à la règle : l'appropriation du métier de policier - Dominique Pécaud p. 693-705 En France, l'évolution du travail policier essaye de concilier de nouvelles formes d'organisation et le respect des libertés publiques. Deux mouvements de pensée sont convoqués : une industrialisation progressive des activités, une recomposition des libertés publiques au titre d'une société valorisant la sécurité. Ainsi se pose la question de l'évaluation du travail de la police à la fois dans un registre de pensée technico-administratif et politico-moral. Une crise identitaire peut surgir si, du point de vue des policiers, ces deux registres semblent incompatibles. La problématique que nous abordons est double. Premièrement, les policiers font appel à une moralité attachée à des règles de métier officielles, ou non, qui s'imposent du fait de leur capacité à permettre l'atteinte de fins attachées au métier. Deuxièmement, le détournement de la règle est possible, dès qu'il apparaît acceptable au regard de toutes les institutions dans lesquelles il s'effectue. Ainsi, malgré les apparences, le métier de policier est-il un métier de la « juste mesure ». Des règles soupçonnées de nuire à l'efficacité recherchée par les policiers peuvent être parfois interprétées, oubliées ou détournées au titre de fins politiques ou morales. Ces fins légitiment une transgression, mais jusqu'à un certain point. A contrario, l'industrialisation excessive du métier apparaît comme un obstacle à l'engagement et à la reconnaissance professionnels.
- L'éthique dans les activités de renseignement - Éric Denécé p. 707-722 La lutte contre le terrorisme a accru, partout, le rôle des services de renseignement dans la sécurité nationale. S'ils ont bénéficié d'un renforcement significatif de leurs moyens. Ils ont également dû s'adapter aux nouvelles règles de gouvernance de nos sociétés démocratiques. Ainsi, une préoccupation éthique est-elle apparue dans les services occidentaux, considérant qu'un métier aussi particulier ne peut être exercé sans que les opérateurs ne disposent d'un code de conduite leur donnant d'indispensables repères. Cette exigence nouvelle a été accentuée par les pratiques hautement discutables dont se sont rendus coupables les services de renseignement américains dans le cadre de leur « guerre contre le terrorisme ».
- Pour une logique de l'indiscipline - Réflexions sur l'éthique de la décision publique, autour du livre d'Alasdair Roberts. The Logic of Discipline - Claude Rochet p. 723-737 Dans un ouvrage qui fait le bilan de trente ans de réformes de l'administration publique - The Logic of Discipline - le professeur Alasdair Roberts, directeur du Centre Rappaport de droit et de politique publique à l'université Suffolk - démonte le système de croyances qui a imprégné ces réformes : la réduction des politiques publiques à la gestion, le transfert des services publics vers des agences autonomes, et montre la faiblesse méthodologique et théorique qui les sous-tendait, « l'institutionnalisme naïf et l'idée qu'il puisse y avoir des règles de gouvernance universelles ». Cet article met en perspective les conclusions de Roberts avec l'ensemble du mouvement d'idées qui a vu un recul du rôle du politique et de l'État depuis trente ans et souligne l'actualité d'un retour du politique et de l'éthique publique qui ne peut être laissée ni au marché ni renvoyée sur l'éthique individuelle.
- Performance et éthique : aporie fondatrice du management des sentiments moraux - Robert Le Duff p. 739-755 Grâce au concept d'aporie fondatrice développé par René Thom et en analysant les solutions fantasmatiques qu'il engendre, le but de cet article est de montrer que grâce à une double évolution, celle d'une théorie économique intégrant une préoccupation d'éthique et celle d'un management public orienté vers le management des sentiments moraux, théorie et management deviennent intimement liés. La première assoit la seconde sur des bases scientifiques rigoureuses et la seconde conforte la première en montrant son applicabilité. L'éthique, au lieu d'être un handicap ou un danger, est devenue un levier qui permet à la théorie de s'élargir à des questions fondamentales telles que la liberté et la démocratie. De son côté, le management public a évolué vers une nouvelle approche de la performance. Il a réussi à le faire d'une part, en substituant à l'approche traditionnelle du bien individuel celle d'un bien jouant le rôle de lien entre les individus et d'autre part, grâce à une révision de la décision publique et à l'invention d'un système d'information éloigné du système traditionnel fondé exclusivement sur des variables issues du fonctionnement du monde marchand. Ainsi éthique et performance au service de l'autre fondent ensemble un nouveau système de valeurs.
Varia
- La « performance sociale » comme horizon ? Les directeurs départementaux de l'aide et de l'action sociales et leurs perceptions de la managérialisation - Jean?Robert Alcaras, Christèle Marchand, Guillaume Marrel, Magali Nonjon p. 757-771 Dans un contexte d'exigence de « performance publique », l'usage rhétorique de la notion de « performance sociale » s'est très largement banalisé dans le secteur social. Comment les acteurs de l'État social perçoivent?ils ces évolutions ? Si au sommet, les « élites du Welfare » ou, à la base, les travailleurs sociaux, ont déjà fait l'objet d'études, on sait peu de choses, à un niveau intermédiaire, des directeurs départementaux de l'aide et de l'action sociales. Pourtant, ce sont bien ces derniers qui pilotent, au sein des conseils généraux, des politiques sociales largement décentralisées. Cet article analyse leurs perceptions de la managérialisation au prisme de la « performance sociale », à partir de données recueillies lors d'une enquête nationale réalisée en 2011.
- Regards sur les évolutions des missions de service public dans les industries de réseaux - Gaël Bouquet, Olaf Klargaard p. 773-786 Depuis une vingtaine d'années, les missions de service public assurées dans les industries de réseaux n'ont eu de cesse d'évoluer, sous l'impulsion des politiques européennes de libéralisation. L'objectif d'efficacité économique, au centre des préoccupations concurrentielles, et la réorganisation du contrôle institutionnel ont conduit à une clarification et une modernisation sans précédent de leur contenu et de leur évaluation. Toutefois, les principes classiques des services publics ont vu leur application émaillée et certains écueils n'ont pu être surmontés, tant en raison de l'organisation des opérateurs « historiques », que du fait des imperfections du contrôle institutionnel.
- Étude d'impact et analyse coûts-avantages : qu'impliquent-elles pour l'élaboration des politiques publiques et les réformes législatives ? - Susan Rose?Ackerman p. 787-806 Les études d'impact font désormais partie du processus législatif en France. L'auteure présente à cette occasion plusieurs éléments tirés de l'expérience nord?américaine en faisant tout d'abord porter son analyse sur les valeurs (économiques et non économiques) prises ou pouvant être prises en compte dans les études d'impact. Elle souligne que ces différentes valeurs peuvent entrer en conflit. Elle aborde également les forces et les faiblesses de l'analyse coûts/avantages, en tant que source d'inspiration clef pour le mouvement en faveur des études d'impact en Europe.
- Le système de pensions des fonctionnaires et agents de l'Union européenne - Fabrice Andreone p. 807-815 Cet article examine les tendances récentes de l'évolution du système de pension des agents de l'Union européenne ainsi que les débats qu'elle suscite.
- La « performance sociale » comme horizon ? Les directeurs départementaux de l'aide et de l'action sociales et leurs perceptions de la managérialisation - Jean?Robert Alcaras, Christèle Marchand, Guillaume Marrel, Magali Nonjon p. 757-771
Chroniques
- Chronique de l'administration - Bénédicte Delaunay, Michel Le Clainche, Jean-Luc Pissaloux, Luc Rouban, Didier Supplisson p. 817-839
- Chronique du secteur public économique - André G. Delion, Michel Durupty p. 841-852
- Chronique de l'administration européenne - Fabrice Andreone, Eleftheria Neframi, Paolo Ponzano p. 853-877