Contenu du sommaire : Les concours administratifs en questions
Revue | Revue française d'administration publique |
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Numéro | no 142, 2012/2 |
Titre du numéro | Les concours administratifs en questions |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Introduction - Françoise Dreyfus, Jean-Michel Eymeri-Douzans p. 305-306
- Les concours à l'épreuve - Jean-Michel Eymeri-Douzans p. 307-325 Les concours administratifs, qui occupent une place particulière dans notre pays, au coeur même du « contrat social » et politique français, sont entrés dans une période de mise en examen d'abord à bas bruit, puis de procès ouvert, appelant et justifiant les réformes récentes des concours, encore inachevées. Mais grandes sont la résilience comme la plasticité de la « forme institutionnelle » concours, dont la pérennité est avérée, même si des menaces existent sur l'avenir du concours.
- La double genèse franco-britannique du recrutement au mérite : les concours et l'open competition - Francoise Dreyfus p. 327-337 Dès la fin du XVIIIe siècle, le recrutement dans les emplois administratifs fait l'objet de critiques politiques en France et en Grande Bretagne. Pour les réformateurs, le mérite associé au critère de compétence devait remplacer la faveur des gouvernants afin de professionnaliser la fonction publique confrontée à des tâches de plus en plus complexes. Les débats sur les concours permettant de vérifier les aptitudes des postulants, entamés dans les années 1850, ne déboucheront qu'à la fin du siècle sur des réformes instituant ce procédé et limitant l'emprise politique sur l'accès à la fonction publique.
- Deux siècles de principe d'égale admissibilité aux emplois publics - Frédéric Edel p. 339-367 La présente étude a pour objet de retracer l'histoire juridique du principe de l'égale admissibilité aux emplois publics affirmé par l'article 6 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen du 26 août 1789 jusqu'à aujourd'hui, particulièrement dans ses tout récents développements. Elle examine comment ce principe a été interprété, quelles en ont été les principales implications quant aux modalités de recrutement dans la fonction publique et quelles ont été les garanties qui ont été apportées pour rendre effective cette célèbre promesse révolutionnaire d'égalité.
- Le droit français des concours entre permanence et évolution - Delphine Espagno p. 369-381 Les concours administratifs constituent une étape nécessaire au recrutement dans la fonction publique française. Soumis à de nombreux principes juridiques, l'organisation et le déroulement des concours supposent le respect des règles de droit sous l'?il attentif de la juridiction administrative. La modernisation des concours administratifs, liée à l'évolution de la fonction publique et de ses modes de recrutement, entraîne une adaptation des épreuves et des règles applicables en la matière. Parfois sévèrement remis en cause, le concours demeure toutefois le meilleur outil de recrutement dans la fonction publique
- Les épreuves de culture générale du concours de l'ENA, entre discours légitime et mémoire institutionnelle - Claire Oger p. 383-397 Cet article analyse le discours produit, au sujet des épreuves de culture générale, dans les rapports annuels des jurys de l'ENA au cours des années 2000. En dépit de quelques infléchissements, il apparaît marqué par une forte continuité avec les deux décennies qui précèdent et, au-delà, avec le projet des fondateurs de l'École. Ce travail suggère que ces épreuves constituent le lieu privilégié où s'entretiennent et se renforcent les traits d'une culture commune : celle-ci pourrait constituer un pivot de stabilité au regard des réformes et des transformations qui affectent par ailleurs l'action publique.
- Recruter les professeurs d'université : le cas du concours d'agrégation du supérieur en sciences de gestion - Frédérique Pigeyre, Mareva Sabatier p. 399-418 Ce texte interroge les vertus et les limites des concours nationaux de recrutement dans la haute fonction publique, valorisés comme garantissant à la fois l'intérêt général, en sélectionnant les plus qualifiés, et l'intérêt particulier, en assurant un jugement sur le mérite. Nous étudions plus précisément le dispositif de recrutement des professeurs d'université. Historiquement issues du droit, l'économie, la science politique et les sciences de gestion sont des disciplines dotées d'un concours national d'agrégation du supérieur. La recherche menée porte sur les concours organisés en sciences de gestion depuis leur création en 1976 jusqu'au concours de 2007. Elle identifie les facteurs déterminants de la réussite à ces concours. En réalisant des analyses économétriques qui donnent des effets toutes choses égales par ailleurs, elle met en évidence un impact significatif de la production scientifique, mais aussi un effet de réseau, quantitativement plus important que celui des publications. Ces résultats interrogent donc le caractère plus ou moins équitable de ces concours.
- L'évolution des recrutements dans la fonction publique d'État : données d'actualité - Corinne Desforges p. 419-429 L'évolution des recrutements dans la fonction publique d'État est, depuis plusieurs années, autant quantitative que qualitative. D'un côté, les recrutements y ont fortement diminué, de près de 50 %, et, de l'autre, la sélectivité y a été accrue de manière significative tant pour les concours externes que les concours internes. Un mouvement de réforme a été lancé modifiant, tout à la fois, l'organisation des concours vers davantage de mutualisation, et les méthodes de recrutement vers davantage de professionnalisation et de démocratisation.
- Les concours territoriaux : à l'ombre de l'État, entre les mains des élus ou aux avant-postes de la modernisation ? - Émilie Biland p. 431-442 Étudiant les différents modèles de concours qui ont prévalu dans la fonction publique territoriale française depuis les années 1970, cet article examine les modalités et les limites de la diffusion du modèle étatique dans un segment de l'emploi public à la fois hétérogène et davantage politisé. La plasticité et le caractère subsidiaire des concours dans la fonction publique territoriale apparaissent désormais, non plus comme un écart à la norme, mais comme une source d'inspiration possible pour les réformateurs critiques de l'administration wébérienne.
- Le recrutement dans les administrations publiques et le principe du concours dans le système juridique italien - Roberto Cavallo Perin, Barbara Gagliardi p. 443-454 Le système juridique italien consacre expressément le principe du concours pour le recrutement dans la fonction publique au niveau constitutionnel. Mais la Constitution elle-même permet de faire exception à ce principe dans les cas prévus par la loi, pourvu que les exceptions soient raisonnables et justifiées par des exigences d'intérêt public spécifiques et extraordinaires. L'obligation d'utiliser le concours a été récemment imposée aux sociétés publiques in house . Cette réforme assure l'effectivité du principe de libre circulation des travailleurs européens à l'égard de ces sociétés en raison de leur caractère substantiellement public. Le principe du concours assure une application parfaite du principe de libre circulation dans le cadre du recrutement des fonctionnaires publics, puisqu'il garantit le droit à une prise en compte homogène des titres et expériences professionnelles.
- Présider un jury de concours : enjeux et perspectives - Martine Lombard p. 455-465 Tout en s'inscrivant dans un cadre défini autant par la tradition que par les textes, la présidence des jurys de concours relève d'une gestion originale des ressources humaines en ce qu'elle est à repenser chaque année compte tenu de l'espace de liberté des jurys. Il est d'autant plus important pour ceux-ci de réfléchir aux objectifs (quels recrutements pour quels besoins ?) comme aux moyens susceptibles de les atteindre au mieux, en veillant à préserver leur principal atout : la collégialité.
Varia
- L'État à l'épreuve du libéralisme : les entourages du pouvoir exécutif de 1974 à 2012 - Luc Rouban p. 467-490 L'étude prosopographique des entourages du pouvoir exécutif français entre 1974 et 2012 permet de mesurer l'effet du libéralisme politique sur les élites de l'État. Le présent article compare notamment la présidence de Nicolas Sarkozy à celles qui l'ont précédée. Elle montre, tout d'abord, que le libéralisme politique de sa présidence n'a pas mis fin au monopole de la haute fonction publique ni à celui des grands corps administratifs sur ces entourages. Le renouvellement ne concerne donc pas les institutions. En revanche, les profils des hauts fonctionnaires qui accèdent aux sommets de l'État ont changé radicalement si on les compare notamment à ceux qui existaient lors du mandat de Valéry Giscard d'Estaing. Les membres des entourages passent désormais bien plus souvent par les entreprises privées, bien moins par les cabinets ministériels et sont bien plus engagés dans des activités politiques. Ensuite, l'étude montre qu'une dissociation et une hiérarchisation se sont produites entre les divers entourages.
- La diversité des motivations des employés publics. Recherche exploratoire dans un contexte post-bureaucratique en Suisse - Yves Emery p. 491-515 Durant les dernières décennies, la recherche portant sur la motivation des fonctionnaires a été dominée par deux courants théoriques : l'approche dite des choix rationnels, et celle portant sur la motivation au service public. Dans l'environnement post-bureaucratique actuel, cette vision simplifiée, qui reflète aussi dans une certaine mesure la dichotomie « public-privé », ne reflète plus de manière adéquate la complexité et l'hétérogénéité des motivations des agents publics. Basée sur des données empiriques qualitatives et quantitatives, une typologie originale des motivations dans l'univers post-bureaucratique est développée et testée dans plusieurs organisations publiques suisses. Elle révèle des facteurs de motivations qui combinent de manière originale des éléments classiques de la bureaucratie avec d'autres sources de motivation caractéristiques de formes modernes d'administration publique.
- État et gouvernance des forêts au Québec - Walter Amedzro St-Hilaire, Guy Chiasson p. 517-532 La gouvernance des forêts publiques au Québec connaît actuellement une période de transition caractérisée par l'intégration progressive de nouvelles lignes directrices dans les pratiques de gestion des forêts publiques. La réforme des politiques qui en résulte, reconsidère les places de l'industrie forestière et de l'État dans la gestion des forêts publiques, prônant entre autres, une responsabilisation plus soutenue de l'État dans la gestion et une régionalisation des prises de décisions. La présente publication décrit l'adaptation qui se fait au sein des structures internes de l'État dans le cadre de l'adoption du régime forestier et met en lumière les principaux changements ayant affectés la dynamique structurelle en matière de gestion des forêts publiques québécoises. Aussi, l'appareil de gestion y est étendu sur deux niveaux interdépendants : provincial et régional. Leur adaptation se fait selon l'impact et les enjeux que soulève la réforme, par divers moyens allant de l'ajustement des processus de fonctionnement à une restructuration administrative complète.
- L'État à l'épreuve du libéralisme : les entourages du pouvoir exécutif de 1974 à 2012 - Luc Rouban p. 467-490
Chronique
- Chronique de l'administration - Bénédicte Delaunay, Michel Le Clainche, Jean-Luc Pissaloux, Luc Rouban, Didier Supplisson p. 533-561
- Chronique du secteur public économique - André G. Delion, Michel Durupty p. 563-574
- Chronique de l'administration européene - Fabrice Andreone, Eleftheria Neframi, Paolo Ponzano p. 575-602
Notes de lecture
- Notes de lecture - p. 603-611