Contenu du sommaire : Financement bancaire, croissance et déséquilibres financiers internationaux
Revue | Revue économique |
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Numéro | vol. 63, no 5, septembre 2012 |
Titre du numéro | Financement bancaire, croissance et déséquilibres financiers internationaux |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Introduction - Michel Boutillier, Delphine Lahet, Samuel Maveyraud p. 829-831
- Types de R&D : Quel impact sur la dette bancaire des entreprises ? - Jean Belin, Sandra Cavaco, Marianne Guille p. 833-847 Cet article analyse l'influence des différents types d'activités de R&D sur le poids de la dette bancaire dans la structure financière d'un large panel d'entreprises françaises à partir d'une spécification dynamique. Les résultats obtenus montrent que l'impact négatif de l'effort de R&D sur le taux d'endettement bancaire et sur la part de la dette bancaire dans la dette totale est dû aux activités les plus risquées et les plus difficiles à évaluer : les dépenses internes de R&D plutôt que les dépenses externes et, dans ces dépenses, celles liées aux activités de recherche fondamentale et appliquée plutôt qu'au développement expérimental.
- The Effect of Enterprise Break-Ups on Performance : The Case of the Former Yugoslav Republic of Macedonia - Polona Domadenik, Lubomír Lízal, Marko Pahor p. 849-866 Dans la littérature sur la transition économique des pays post?communistes, l'analyse de la priorité donnée aux restructurations avant les privatisations est largement traitée sur le plan théorique. À l'opposé, il existe peu d'études empiriques de ce sujet, particulièrement pour l'économie macédonienne. Dans notre étude, nous utilisons des données microéconomiques d'entreprises observées avant et après leur privatisation. Nous analysons les effets de la scission des entreprises sur leur performance économique en comparant l'efficacité des entreprises restées intactes et celle des entreprises divisées en plusieurs entités. Nos résultats montrent que les scissions n'ont pas été motivées par la recherche de l'efficacité, mais qu'elles ont plutôt été guidées par les intérêts du management impliqué dans la privatisation. JEL Code : P31, P21, D2, L25
- Banques étrangères et stabilité du financement bancaire extérieur dans les peco - Sophie Brana, Delphine Lahet p. 867-884 Depuis la décennie 1990, entre 70 et 90 % des actifs du système bancaire des peco sont gérés par les banques étrangères implantées. Cette importante présence des banques étrangères se double d'une forte dépendance aux financements bancaires transfrontières. Dans quelle mesure l'implantation de banques étrangères est-elle un facteur d'attrait et de stabilité de ces financements extérieurs ? Nous utilisons un cadre d'analyse Push&Pull pour répondre à cette question et adoptons une démarche macroéconomique, contrairement à la littérature traditionnelle, en utilisant les données de la balance des paiements sur les prêts bancaires extérieurs accordés par les banques étrangères à l'ensemble des secteurs d'activité des peco. Sur la base d'une étude de panel, nous montrons que l'implantation des banques étrangères dans les peco est un substitut aux financements bancaires transfrontières. Elle ne joue cependant pas sur la stabilité de ces financements.
- Notation des émergents et fondamentaux. Des divergences dangereuses - Egidio Luis Miotti, Stéphanie Prat, Edgardo Torija-Zane p. 885-916 Le rôle des agences de notation a été fortement souligné dans la crise de dettes subprimes et a été également mis en cause dans les tensions autour des dettes souveraines européennes en 2011. Cet article s'intéresse à la notation du risque pays des économies émergentes dont les dégradations brusques de notation constituent également un fait stylisé. L'évolution des ratings souverains des trois principales agences de notation est comparée à deux indicateurs de l'état des fondamentaux des économies, construits à partir des indicateurs macroéconomiques et financiers associés à la perception du risque de défaut. L'évidence empirique qui s'obtient de l'estimation de deux modèles, en panel et en probit ordonné à effets aléatoires, suggère une réaction tardive des agences de notation à la dynamique des fondamentaux. Les tests non paramétriques mettent également en évidence la présence d'un biais dans la hiérarchie de la notation des agences. Les résultats invitent à poursuivre la recherche de mécanismes institutionnels de notation du risque et à mettre en question le degré d'influence des principales agences en ce qui concerne leur évaluation du risque pays.
- Intermédiation financière, croissance et effet de seuil - Laurent Augier, Wahyoe Soedarmono p. 917-933 Cet article aborde sur un plan théorique le lien entre finance et croissance dans le cas d'une économie en voie de développement. Nous mettons au jour trois aspects ayant trait au développement économique. Tout d'abord, nous montrons le rôle central de l'entrepreneur dans l'accumulation du capital et ce, quel que soit le type de système financier envisagé. Le second point revient sur l'effet déterminant de l'intermédiation financière. En optimisant l'épargne des déposants, la banque finance un montant d'investissement important et garantit ainsi un équilibre de long terme relativement élevé. Le troisième point porte sur l'existence d'équilibres multiples avec un effet de seuil qui peut piéger la croissance dans une trappe de sous-développement. Nous montrons que l'intermédiation financière opérée par la banque est toujours plus performante que les marchés financiers pour réduire le niveau du seuil, d'une part, et garantir un équilibre de long terme relativement élevé, d'autre part.
- Investissement, contraintes financières et fluctuations macroéconomiques - Miguel Casares, Jean-Christophe Poutineau p. 935-951 Cet article étudie l'influence des activités bancaires et des frictions financières dans le cadre d'un modèle de la nouvelle macroéconomie keynésienne. Ce cadre est comparé à deux modèles alternatifs déjà proposés par la littérature : le modèle canonique de la nouvelle synthèse néoclassique (Woodford [2003]) et le modèle de Goodfriend et McCallum [2007]. Les fonctions de réaction simulées à la suite d'un choc technologique montrent que l'introduction de facteurs bancaires n'a pas d'influence significative sur la réaction de variables macroéconomiques à des innovations technologiques. Par contre, en cas de choc financier, les effets apparaissent significativement plus importants que dans les modèles existants. Les simulations effectuées permettent de répliquer des phénomènes économiques d'une amplitude comparable à ceux observés dans le cadre américain lors de la crise financière de 2008.
- A Simple Model of a Monetary Union - Stefanie Flotho p. 953-974 Dans le cadre d'une représentation néo-keynésienne d'une union monétaire, cet article modélise explicitement l'interaction stratégique entre deux autorités fiscales nationales et indépendantes et une banque centrale unique. Des solutions analytiques pour les instruments de politique sont obtenues pour différents jeux stratégiques. Ces résultats dépendent de manière non linéaire des paramètres du modèle. De même, des graphiques de réponse impulsionnelle sont discutés pour divers chocs. En relation avec le type de perturbation, plusieurs résultats peuvent être mis en exergue. En premier lieu, les effets de contagion au sein de l'Union modèrent ou amplifient les chocs. En deuxième lieu, les instruments ne sont pas seulement complémentaires car de sévères conflits sur l'orientation de la politique monétaire et fiscale peuvent émerger. Troisièmement, une coordination politique ne conduit pas toujours le bien-être à ses meilleurs niveaux. Quatrièmement, les banques centrales sont incitées à fixer les premières le niveau de leurs instruments si les économies sont frappées par des chocs sur les coûts, parce que cette attitude politique réduit les pertes en bien-être, tandis que les gouvernements souhaitent soit coordonner toutes leurs politiques, soit fixer simultanément le niveau de leurs instruments. JEL Code: E62, E63, F33
- La demande de monnaie dans la zone euro revisitée : Un effet de richesse dans un environnement variable - Sylvie Lecarpentier-Moyal, Patricia Renou-Maissant p. 975-992 L'article propose une analyse empirique de la demande de monnaie (M3) dans la zone euro sur la période 1981-2008. Pour expliquer la croissance rapide de l'agrégat M3 depuis 2001, des variables de richesse relatives aux prix des actifs financiers et immobiliers en termes réels sont introduites. Deux méthodes d'estimation sont utilisées : un modèle vectoriel à correction d'erreurs et un modèle à coefficients variables. La première approche montre qu'en incluant les variables de richesse dans le modèle, nous obtenons un modèle apparemment stable sur la période 1981-2007, mais l'extension de la période d'estimation affecte sa stabilité et remet en question sa pertinence. La seconde approche révèle l'instabilité des fonctions de demande de monnaie ? les élasticités et semi-élasticités varient au cours du temps ? et met en évidence une relation positive entre les prix des actifs immobiliers et la demande de monnaie (M3) en termes réels. La richesse immobilière joue par conséquent un rôle important pour capturer les comportements d'allocation de portefeuille dans les modèles de demande de monnaie durant la première décennie de ce siècle.
- L'or est-il une valeur refuge pendant les récessions et les crises boursières ? - Virginie Coudert, Hélène Raymond p. 993-1011 Cet article étudie le rôle de l'or en tant que valeur refuge et couverture contre les pertes sur un portefeuille d'actions. Nous contribuons à la littérature existante principalement sur deux points. Premièrement, nous considérons des périodes de crise définies successivement par rapport au cycle économique, les récessions, et au cycle financier, les phases de baisse de prix des actions. Deuxièmement, nous utilisons un modèle arma-garch-x pour estimer les covariances conditionnelles entre les rendements de l'or et les actions. Les régressions sont effectuées sur données mensuelles pour l'or et plusieurs indices boursiers (Allemagne, États-Unis, France, Royaume-Uni et G7). Les résultats montrent que l'or est une valeur refuge contre les moins-values de chacun de ces indices boursiers. Que les crises soient définies par les récessions ou les marchés baissiers, la covariance entre l'or et les cours des actions apparaît négative ou nulle pendant les crises pour tous les indices considérés. L'or est aussi une couverture contre les pertes sur les actions pour une majorité de ces indices, bien que ce résultat ne ressorte pas pour tous.
- Le retour des motifs mercantilistes dans la demande de réserves internationales des pays émergents - Anne-Laure Delatte, Julien Fouquau p. 1013-1023 La littérature empirique existante attribue l'accumulation de réserves internationales dans les pays émergents exclusivement à un motif d'assurance. Les banques centrales accumuleraient des réserves pour se protéger contre des épisodes soudains de sorties de capitaux. Si cette explication est convaincante jusqu'aux années 1990, elle néglige le fait que ces pays sont passés d'une position de débiteurs à celle de créanciers internationaux depuis. Dans cet article, nous testons l'hypothèse que les motifs d'accumulation de réserves ne sont pas stables entre 1981 et 2007. Pour cela, nous employons un modèle à coefficients variant dans le temps sur données de panel (Time Varying Panel Smooth Transition Regression ou tv-pstr). Les résultats des estimations nous amènent à rejeter l'hypothèse de stabilité temporelle des coefficients. Nous montrons que le comportement des banques centrales s'est modifié au cours du temps et que les motifs d'assurance s'effacent au profit de motifs mercantilistes à partir de 2000.