Contenu du sommaire : Varia
Revue | Travail et emploi |
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Numéro | no 126, avril-juin 2011 |
Titre du numéro | Varia |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- L'impact du risque prud'homal sur le recours aux contrats à durée déterminée : une analyseà partir des dmmo - Cécile Bourreau-Dubois, Sabine Chaupain-Guillot, Olivier Guillot p. 5-16 Cet article s'intéresse aux déterminants du recours aux CDD, et plus particulièrement à l'impact du risque de contentieux prud'homal en matière de licenciement, à partir de données provenant des Déclarations de mouvements de main-d'oeuvre (DMMO), pour la période 2002 - 2005. Dans le cadre de l'arbitrage entre CDD et CDI, le fait qu'un licenciement puisse être contesté devant les prud'hommes apparaît comme un élément qui accroît les coûts de séparation relatifs au CDI, rendant par là même plus attractif le recours aux contrats temporaires. Dans cette étude, qui porte sur les établissements de 50 salariés et plus ayant recruté dans l'année, le risque de contentieux est appréhendé à l'aide de deux indicateurs calculés au niveau départemental : un « indice de conflictualité » mettant en relation le nombre d'affaires portées devant les conseils prud'homaux et le nombre de licenciements dans le département d'implantation de l'établissement, et un « taux de jugements » visant à mesurer la probabilité qu'une affaire donne lieu à jugement. Ces deux indicateurs sont utilisés séparément, puis simultanément. D'après les résultats des estimations sur données en coupe (2005), le risque prud'homal semble jouer dans le sens attendu (i.e. positivement), mais l'effet est d'assez faible ampleur. En outre, lorsqu'on tient compte de l'incidence des facteurs inobservés (analyse sur données de panel), les indicateurs retenus n'apparaissent significatifs que dans les régressions à effets aléatoires.
- La fusion-réorganisation dans un groupe financier. Une analyse des facteurs de risques psychosociaux - Djamel Messaoudi p. 17-33 Cet article propose une analyse de l'impact d'une restructuration de type fusion-réorganisation sur les situations de travail des salariés. Dans ce contexte, l'auteur tente plus précisément d'établir un lien entre les conditions de travail et le stress professionnel. En s'appuyant sur une enquête auprès des salariés de sept établissements financiers qui ont opéré une fusion-réorganisation entre 2007 et 2008, il identifie les principaux facteurs de risques psychosociaux et leur contribution au stress. L'enquête montre qu'une partie des salariés cumule plusieurs facteurs de risques psychosociaux et que le stress observé chez cette population est le plus élevé. L'examen de l'« origine » du stress met en avant une interdépendance de certains facteurs, comme le manque d'autonomie, la charge de travail et les exigences psychologiques, qui peut expliquer leur cumul pour les catégories socioprofessionnelles les plus touchées par le changement organisationnel. Cette interaction des facteurs de risque est susceptible de limiter le contrôle perçu des salariés et de réduire l'efficacité de leurs stratégies de coping au sens de Lazarus et Folkman (1984). Le niveau de stress serait amplifié par cette interdépendance des facteurs de risques psychosociaux.
- De l'amateur sportif au dirigeant d'une petite entreprise. Le tourisme sportif de pleine nature - Fanny Dubois, Philippe Terral p. 35-44 Les entreprises du secteur du tourisme sportif rencontrent des difficultés à se développer. A partir d'entretiens et d'observations ethnographiques réalisés dans le département de l'Aveyron, cet article vise à reconstituer la carrière des dirigeants d'entreprises de loisirs sportifs de pleine nature et la construction de leurs dispositions. L'analyse révèle que développer une entreprise de ce type nécessite une « conversion » des dirigeants qui, de pratiquants puis d'éducateurs sportifs doivent devenir des gestionnaires et marchands. Ce passage implique une « mise en sommeil » des dispositions sportives liées à l'encadrement d'usagers et une diversification des compétences dans les domaines du tourisme et de la gestion d'entreprise.
- Les emplois du bas de l'échelle salariale en Turquie : une description des salariés des secteurs formels et informels, hors agriculture - Selin Pelek, Oana Calavrezo p. 45-60 L'objectif de cet article est de dégager le profil socio-économique des salariés non agricoles situés en bas de l'échelle salariale en Turquie. Dans ce pays comme dans d'autres en voie de développement, le « marché » du travail est fortement segmenté entre emplois formels et informels. Aussi, les auteures s'intéressent-elles à deux catégories de salariés dans l'emploi non agricole : ceux payés au salaire minimum dans le secteur formel, et ceux payés au niveau de ce salaire ou en dessous dans le secteur informel. Pour cela, elles mobilisent l'enquête « Budget » conduite par l'Institut statistique turc sur la période 2003-2006 et utilisent des techniques économétriques descriptives. Il ressort des données un certain nombre de traits communs aux salariés du bas de l'échelle salariale, qu'ils soient employés dans des emplois formels ou informels : ce sont plus souvent des femmes, des jeunes, des personnes résidant à la campagne, des travailleurs ayant peu d'ancienneté dans l'entreprise et qui perçoivent des aides de la part de l'Etat. Dans l'emploi formel, le portrait de ces salariés offre toutefois un double visage : ce sont d'une part des salariés de toutes petites entreprises des services, et d'autre part des salariés d'entreprises industrielles de taille plus importante. Dans l'emploi informel davantage encore que dans l'emploi formel, les salariés du bas de l'échelle sont des femmes, dont certaines ont une formation du secondaire, qui travaillent dans les services et dont les rémunérations peuvent représenter des salaires d'appoint.
- Le déclin de l'emploi est-il celui du salariat ? Vers un modèle de la qualification personnelle - Bernard Friot p. 61-70 Travail et emploi a consacré son numéro 125 à des contributions à dominante empirique sélectionnées parmi les interventions présentées lors des XXIXes Journées de l'Association d'économie sociale. Le thème d'étude de ces journées était le lien existant entre « emploi et politiques sociales » ; les débats y ont porté notamment sur l'avenir de la protection sociale et sur « l'inversion progressive du statut de la protection sociale » en France. Dans ce numéro, nous avons retenu une contribution également présentée lors de ces journées, mais qui est plus prospective. L'auteur y développe une lecture des transformations de l'emploi, du marché du travail et du salariat dans les économies capitalistes depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Sur l'exemple de la France et avec quelques références à l'Union européenne, il décrit comment les réformes en cours ont pour lui la finalité de réduire les droits salariaux affectés au poste de travail et de vider l'emploi de son contenu salarial. Il propose ensuite un projet d'organisation sociale alternative, fondée sur le salariat universel et la qualification personnelle qui, comme utopie, constitue un horizon de réflexion à même de stimuler un débat sur l'avenir de nos économies (chapeau de la rédaction).
- Christelle Avril, Marie Cartier, Delphine Serre, Enquêter sur le travail. Concepts, méthodes, récits - Sophie Bernard p. 71-72
- Bénédicte Zimmermann, Ce que travailler veut dire. Une sociologie des capacités et des parcours professionnels - Didier Demazière p. 72-73
- Anni Borzeix, Gwenaëlle Rot, Sociologie du travail. Genèse d'une discipline, naissance d'une revue - Gérald Houdeville p. 74-75
- Marie Buscatto, La fabrique de l'ethnographe. Dans les rouages du travail organisé - Anne-Marie Arborio p. 75-77