Contenu du sommaire : Promotions et migrations administratives : histoire, ethnographie, approches croisées

Revue Travail et emploi Mir@bel
Numéro no 127, juillet-septembre 2011
Titre du numéro Promotions et migrations administratives : histoire, ethnographie, approches croisées
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Promotions et migrations administratives : histoire, ethnographie, approches croisées. Introduction au numéro - Marie Cartier, Odile Join-Lambert p. 5-14 accès libre
  • Fonctionnaires et mobilité géographique au XIXe siècle. L'exemple des percepteurs des contributions directes - Jean Le bihan p. 15-27 accès libre avec résumé
    Cet article étudie les migrations professionnelles de 162 percepteurs des contributions directes en poste dans deux arrondissements d'Ille-et-Vilaine entre 1825 et 1914. De la reconstitution de ces migrations, il ressort que la mobilité de ces fonctionnaires s'accroît de manière spectaculaire au cours du XIXe siècle. Cette mutation s'explique à la fois par la professionnalisation et par la démocratisation de l'administration du Trésor : la professionnalisation renforce les contraintes administratives pesant sur le percepteur et la démocratisation accroît l'implication de ce dernier dans sa carrière. Dans le détail, toutefois, la mobilité géographique de ces comptables est plus diverse qu'il ne paraît : cela tient à la dualité de leur recrutement, qui clive la profession entre anciens surnuméraires et anciens candidats « exceptionnels ». Les résultats de l'étude sur laquelle s'appuie cet article ne sont certes que partiellement généralisables à l'ensemble de l'administration ; méthodologiquement, en revanche, cet article espère prouver que pour être bien comprise, la mobilité géographique des fonctionnaires doit être toujours pensée dans ses rapports à la mobilité sociale et professionnelle.
  • Les mutations de gendarmes depuis le XIXe siècle, entre contrainte institutionnelle et liberté individuelle - Arnaud-Dominique Houte p. 29-39 accès libre avec résumé
    Corps de statut militaire, la gendarmerie connaît un fort taux de mobilité des effectifs au XIXe et au XXe siècles. Déplacés à plusieurs reprises au cours de leur carrière, les gendarmes se plaignent particulièrement des déplacements dans l'intérêt du service, qui constituent l'un des principaux outils dont disposent les officiers pour gérer leurs troupes. Ils font en revanche valoir leur droit aux mutations par convenance personnelle, qui leur permettent de se rapprocher de leurs intérêts et de gérer leur carrière. Entre la contrainte institutionnelle et la revendication personnelle, la mobilité des gendarmes constitue donc un enjeu de pouvoir et un sujet de négociations permanentes. Émerge ainsi un bloc de valeurs partagées, parmi lesquelles domine la priorité due à l'ancienneté de service. Apparaît surtout un espace de débats particulièrement original dans une institution militaire aussi hiérarchisée.
  • De l'inégalité des mobilités dans la fonction publique : les inspectrices du travail 1878-1974 - Anne-Sophie Beau, Sylvie Schweitzer p. 41-52 accès libre avec résumé
    Les inégalités de carrière entre les femmes et les hommes encore constatées aujourd'hui sont ancrées dans des discriminations très anciennes. L'exemple choisi ici est celui des inspectrices du Travail en France, entre 1878 (date de leur premier recrutement) et 1974 (date de la mixité des recrutements dans la fonction publique et de la fusion avec les corps des Transports et de l'Agriculture). Jusqu'en 1946 et réglementairement, inspectrices et inspecteurs n'avaient pas accès aux mêmes fonctions, ni aux mêmes mobilités géographiques : on pourrait, à la limite, les penser comme deux corps différents. Les premières étaient par ailleurs bien moins nombreuses que les premiers et le Statut de la fonction publique de 1946, égalitaire dans ses principes, a été installé dans une forte inégalité numérique (une inspectrice pour cinq inspecteurs). Ce statut, qui crée le corps des contrôleur?e?s du Travail, va également changer les types de carrière : la mobilité sociale des inspecteures issues des petites classes moyennes ne passe alors plus par le métier d'institutrice pour embrasser l'inspection du Travail, mais par celui de contrôleure.
  • Fonction publique territoriale : de la mobilité interne à la mobilité spatiale ? - Emilie Biland p. 53-66 accès libre avec résumé
    Au contraire de leurs homologues de l'État, les trajectoires des agents des collectivités territoriales ont longtemps été marquées par la stabilité, plutôt que par la mobilité spatiale. Cet article revient sur ce modèle de recrutement et de carrière au local et analyse sa remise en cause contemporaine, au moyen d'une analyse quantitative et qualitative de dossiers du personnel d'une petite ville. La montée en puissance de la mobilité géographique est concomitante de la raréfaction de la mobilité sociale en cours de vie active. Toutefois, la majorité des agents publics de cette ville demeurent ancrés localement. Pour comprendre la percée limitée de cette mise en mobilité des carrières professionnelles, l'article repère ses coûts et bénéfices inégaux selon des facteurs générationnels, sociaux et genrés.
  • Aux frontières du « petit » salariat public et de son encadrement : de nouveaux usages des concours ? - Cédric Hugrée p. 67-82 accès libre avec résumé
    Les emplois de catégorie B de la fonction publique sont aujourd'hui à l'aube de profondes transformations réglementaires et sociales. D'un côté, l'instauration d'un nouvel espace statutaire de la catégorie B risque de transformer progressivement la sociologie de ces fonctionnaires intermédiaires. De l'autre, la condition de diplôme fondant juridiquement la hiérarchie des catégories de fonctionnaires est mise à mal par des candidatures de plus en plus nombreuses des diplômés de l'enseignement supérieur en direction de ces « petits » concours. Comment penser le positionnement social et les carrières de ces fonctionnaires, recrutés pour assurer « des fonctions d'application et de rédaction », avec un baccalauréat ? En défendant une lecture « catégorielle » du salariat public contemporain, ce texte revient tout d'abord sur l'érosion sociale qui affecte ces professions à partir des enquêtes FQP 1993 et FQP 2003. Il aborde ensuite, à partir d'une étude de cas ethnographique, la question des candidatures des diplômés de l'enseignement supérieur long à ces concours. Ces candidatures n'apparaissent pas seulement comme la conséquence d'une abstraite « inflation scolaire ». Elles s'inscrivent au contraire au croisement d'une socialisation universitaire inachevée et de carrières concourantes le plus souvent contrariées.
  • Laurent Duclos, Guy Groux et Olivier Mériaux (dir.), Les nouvelles dimensions du politique. Relations professionnelles et régulations sociales : Paris, LGDJ, coll. « Droit et Société », 2009 - Thomas Le bianic p. 83-85 accès libre
  • Jacques Freyssinet, Négocier l'emploi. 50 ans de négociations interprofessionnelles sur l'emploi et la formation : Paris, Éditions Liaisons, coll. « Liaisons sociales », 2010 - Vincent Gayon p. 86-88 accès libre
  • Jens Thoemmes, La négociation du temps de travail : une comparaison France-Allemagne : Paris, LGDJ, coll. « Droit et société », 2010 - Jérôme Pelisse p. 88-90 accès libre
  • Anne Dufresne, Le salaire, un enjeu pour l'eurosyndicalisme. Histoire de la coordination des négociations collectives nationales : Nancy, Presses universitaires de Nancy, coll. « Salariat et transformations sociales », 2010 - Arnaud Mias p. 90-91 accès libre