Contenu du sommaire : Spécial : Patrons et patronat en France au 20e siècle
Revue |
20 & 21. Revue d'histoire Titre à cette date : Vingtième siècle, revue d'histoire |
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Numéro | no 114, avril-juin 2012 |
Titre du numéro | Spécial : Patrons et patronat en France au 20e siècle |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Articles
- Regards sur l'histoire du patronat - Jean-Claude Daumas p. 3-14
- Les dirigeants des grandes entreprises industrielles françaises au 20e siècle : Des notables aux gestionnaires - Hervé Joly p. 16-32 Les dirigeants des grandes firmes françaises sont supposés être des professionnels qui consacrent l'essentiel de leur temps à la gestion de leur entreprise. Mais cette professionnalisation n'allait pas historiquement de soi. Diriger une grande entreprise n'a pas toujours impliqué un engagement aussi exclusif. Il n'a longtemps pas existé d'incompatibilité totale pour les fonctionnaires et elle était encore bien plus souple qu'aujourd'hui pour les détenteurs de mandats politiques. Au moins jusqu'aux années 1940, les principales figures patronales étaient des notables qui cumulaient à la fois de multiples engagements sociaux et des responsabilités au sein d'entreprises, sans implication privilégiée dans l'une d'entre elles. Par ailleurs, il n'existe pas de filière de formation obligatoire pour exercer un métier de dirigeant d'entreprise qui n'est souvent que l'aboutissement d'une carrière. On ne le devient qu'après avoir été employé ou cadre dans une entreprise, mais aussi, selon la filière dite du « pantouflage », dans une administration publique.
- Les dirigeants des entreprises familiales en France, 1970-2010 : Recrutement, gouvernance, gestion et performances - Jean-Claude Daumas p. 33-51 Le capitalisme familial a longtemps eu mauvaise réputation mais, depuis les années 1990, de nombreuses recherches ont abouti, dans tous les pays, à sa réhabilitation : non seulement les firmes familiales sont les plus nombreuses mais leurs performances sont supérieures à celles des entreprises managériales. L'objectif de cet article est de cerner la spécificité des dirigeants familiaux par rapport aux managers salariés en s'interrogeant sur l'influence de l'union structurelle de la famille et de l'entreprise sur leurs comportements dans deux domaines : l'exercice du pouvoir dans l'entreprise et le mode de gestion. L'article ne substitue pas un discours systématiquement laudateur fondé sur l'accumulation de success stories à l'image caricaturale de dirigeants familiaux globalement défaillants, mais vise à en comprendre la logique dans toute sa complexité. Il est centré sur les grandes entreprises pour une double raison : la documentation les concernant est plus abondante que pour les PME et leur importance a longtemps été sous-estimée.
- Les petits patrons en France au 20e siècle ou les atouts du flou - Claire Zalc p. 53-66 Les petits patrons ont pendant longtemps fait figure de parents pauvres de l'historien(ne) contemporanéiste. Il serait erroné d'en dire autant aujourd'hui : depuis trente ans, le vide historiographique a commencé d'être comblé. Cet article se présente comme un bilan des travaux qui ont contribué à renouveler l'histoire du petit patronat en France au 20e siècle sous l'influence, notamment, des autres sciences sociales. Les connaissances accumulées abordent un certain nombre de questions : le rapport au politique et à l'État, la thématique des mobilités sociales ou encore le rôle des réseaux et insertions sociales dans le fonctionnement des petites entreprises. Mais l'ensemble des travaux se heurte à la même difficulté : l'hétérogénéité essentielle du monde des petits patrons. Quêtes d'unité et de reconnaissance, porosités des frontières, malléabilité des structures, le petit patronat se définit par son flou qui n'est pas sans présenter un certain nombre d'atouts.
- Du patronat colonial au patronat impérial : Un changement de paradigme - Jean-François Klein p. 67-81 Cet article appréhende le patronat impliqué dans le « moment colonial ». Jusqu'alors, l'historiographie évoquait le « patronat colonial » en l'opposant au patronat « métropolitain » pour définir les grands patrons impliqués outre-mer. La formule est passe-partout mais cache la diversité des situations et des pratiques des affaires. De quel patronat parle-t-on ? Un rapide balayage montre un monde riche et complexe où le qualificatif de « colonial » induit davantage de méprises qu'il ne résout de questions. À la suite de la nouvelle histoire impériale et des débats qu'elle suscite, nous suggérons d'utiliser l'échelle impériale pour tenter une typologie permettant de mieux saisir cette diversité et pour appréhender les stratégies patronales dans le cadre de la première globalisation induite par les empires coloniaux.
- L'action collective patronale en France, 19e-21e siècles : Organisation, répertoires et engagements - Michel Offerlé p. 82-97 En histoire comme en sociologie, l'action collective a été plus étudiée comme étant une action ouverte et protestataire. Dans l'opinion commune, les élites économiques, sauf les petits patrons, n'agiraient pas vraiment collectivement, soit parce qu'ils sont trop divisés soit parce qu'ils peuvent obtenir ce qui est conforme à leurs intérêts par d'autres voies. Cet article, qui s'appuie sur des travaux d'historiens et de sociologues et des recherches en cours, entend montrer que les catégories de mobilisation, de répertoire d'action collective et d'engagement peuvent, à bien des égards, être utilisés pour étudier comment les « dominants économiques » agissent eux aussi collectivement.
- La naissance du Centre des jeunes patrons (1938-1944) : Entre réaction et relève - Florent Le Bot p. 99-116 La création du Centre des jeunes patrons en 1938 s'inscrit dans un esprit de réaction, empruntant à un corpus réactionnaire, afin de combattre des évolutions politiques, économiques et sociales, craintes ou à l'oeuvre. Elle manifeste la volonté d'un engagement patronal débordant le registre de la gestion courante de l'entreprise afin de frapper d'obsolescence la lutte des classes. Cette organisation s'inscrit dans la dynamique des relèves de l'entre-deux-guerres, associant renouvellement des idées et engagement à l'action, et faisant entre autres de la jeunesse l'un des vecteurs de la modernisation de l'entreprise, et de la société. Il s'agit d'aborder la sociologie précise de cette association patronale durant sa première période de fonctionnement (1938-1944), les expériences particulières menées par ses premiers adhérents dans le cadre de leurs entreprises, ainsi que les réflexions spécifiques qu'ils en ont tirées.
- L'Union des industries métallurgiques et minières : Organisation, stratégies et pratiques du patronat métallurgique (1901-1940) - Danièle Fraboulet p. 117-135 Il s'agit d'analyser la genèse, l'organisation interne et l'adaptation de l'Union des industries métallurgiques et minières (UIMM) aux mutations économiques, sociales et politiques ainsi qu'aux bouleversements engendrés par la Première Guerre mondiale et la crise économique. Réussissant à fédérer des intérêts communs, elle s'impose dans les diverses institutions de la République, elle participe à la régulation du marché du travail, à la construction de la législation et du cadre institutionnel ainsi qu'à l'évolution des relations professionnelles. Sa connaissance du mouvement ouvrier et le déploiement de toute une gamme de moyens d'action allant de la négociation à la répression lui permettent de lutter efficacement contre les syndicats salariés de la métallurgie. Elle devient l'une des plus puissantes unions patronales françaises, statut qu'elle conserve durant tout le 20e siècle.
- Mythologies conspirationnistes et figures du discours antipatronal - Olivier Dard p. 136-151 Il est tentant de présenter comme nouveauté des discours sur le grand patronat qui ont aujourd'hui d'autant plus de résonance qu'ils renvoient à des représentations depuis longtemps bien ancrées. Cette production est importante de par son statut de source, son empreinte sur l'historiographie du patronat français et sa nature propre, une littérature politique combinant une dimension pamphlétaire et une ambition de technicité. L'étude débute au milieu du 19e siècle par l'examen des fondations (stigmatisation des Rothschild et des « féodalités »). La seconde partie étudie l'« âge d'or » qui démarre au début du 20e siècle et est centré sur la dénonciation des « maîtres de la France » et des « deux cents familles ». Enfin, sur fond de dénonciation des trusts et de la synarchie, l'article s'interroge sur les mutations et le déclin de ces discours.
- Patronat et politique : Comment défendre les intérêts patronaux dans le cadre de la République ? - Gilles Richard p. 153-170 Loin des représentations dominantes sur le patronat tirant dans l'ombre les ficelles de la politique, il s'agit de comprendre comment une majorité des patrons s'est organisée sur la longue durée pour défendre leurs intérêts dans le cadre de la République. Au sein de cette République, née à gauche, le patronat organisé trouva vite sa place grâce à des liens privilégiés avec la famille politique libérale. Après un siècle de combats difficiles et incertains contre les tenants de la République sociale, il semble que, depuis le milieu des années 1970, une nouvelle phase des relations entre patronat et politique ait commencé, marquée par le triomphe d'une néolibéralisme pour l'heure hégémonique. Le temps de la République censitaire serait-il venu ?
- Les idéologies économiques du patronat français au 20e siècle - François Denord p. 171-182 L'historiographie minimise souvent le rôle intellectuel du patronat. Pourtant, les grandes idéologies (socialisme, libéralisme, etc.) ont nécessairement partie liée avec la dévolution du pouvoir dans la sphère économique et au sein de l'entreprise. En ces matières, le patronat ne saurait être neutre. L'organisation de la production, la direction de l'entreprise, les formes de régulations économiques et sociales acceptables suscitent en son sein des controverses et nourrissent des visions du monde contrastées. Le 20e siècle a ainsi vu les idéologies économiques patronales se transformer d'un point de vue théorique et organisationnel. Le libéralisme s'est clairement imposé dans la bataille des idées, tandis que les doctrines rivales, comme le corporatisme, passent désormais pour surannées. Parallèlement, le patronat s'est professionnalisé sur le plan de la production idéologique, en mettant en place des structures spécialisées et en recourant massivement à des experts.
- La réforme de l'entreprise : Du contrôle ouvrier à l'échec du projet modernisateur - Alain Chatriot p. 183-197 Derrière l'expression de « réforme de l'entreprise », diverses questions ont été posées tout au long du 20e siècle ; elles concernent aussi bien la direction et la gestion des entreprises, l'association des salariés aux profits de celles-ci, que le pouvoir accordé aux syndicats dans l'entreprise. C'est surtout après la Seconde Guerre mondiale qu'à plusieurs reprises des débats ont eu lieu sur l'organisation du pouvoir dans l'entreprise. À chaque fois, le patronat français s'est montré réservé ou franchement hostile à ces initiatives portées par les « modernisateurs » des Trente Glorieuses françaises. Les réformes de 1945 concernant les comités d'entreprise ont reposé la question du fonctionnement des entreprises ; ce débat reprend durant les années 1950 puis au début des années 1960 autour du livre de François Bloch-Lainé. Le rapport de la commission présidée par Pierre Sudreau en 1974-1975 doit être relu comme une étape dans ce processus.
Archives
- Archives - p. 199-207
Avis de recherches
- Avis de recherches - p. 209-213
Images, lettres et sons
- Images, lettres et sons - p. 215-231
Vingtième Siècle signale
- Vingtième Siècle signale - p. 233-240
Librairie
- Librairie - p. 241-287