Contenu du sommaire : François Mitterrand et le monde

De 1981 à 1995, les institutions communautaires ont connu une évolution importante, la CEE devenant une véritable Union européenne, avec de nouvelles compétences et des processus de décisions modifiés. L'action de François Mitterrand dans ce domaine aura été décisive, répondant à des préoccupations économiques et sociales mais aussi à une certaine vision géopolitique de l'espace européen.

Après un premier septennat marqué par la continuité dans les relations est-ouest, Mitterrand doit faire face, à partir de 1989, au bouleversement international le plus profond depuis 1947. La politique française aura-t-elle, comme on l'a beaucoup dit et écrit, visé à préserver coûte que coûte le statu quo ? Avec le recul et l'accès aux archives, la gestion mitterrandienne de la fin de « Yalta » apparaît aujourd'hui sous un jour nettement moins défavorable et largement plus constructif.

François Mitterrand est sans doute le président de la Ve République à avoir le plus engagé la France au Moyen-Orient. Durant le siège de Beyrouth par Israël, à l'été 1982, ou l'occupation irakienne du Koweït, d'août 1990 à février 1991, le chef de l'État se mobilise personnellement pour ménager une solution politique à la crise, avec des résultats contrastés. Il s'expose sur ces dossiers périlleux, sans en être dissuadé par le terrorisme moyen-oriental, qui frappe durement à Paris (en août 1982 ou septembre 1986) ou dans la région.

Si la mondialisation économique ne figure pas, de manière explicite, dans le discours de François Mitterrand, la dynamique qu'elle induit figure au cœur de ses préoccupations. Il s'agit d'une réalité qui fait débat mais dans laquelle la France doit s'insérer si elle veut compter. C'est un rapport à l'espace qui pose la question d'une Europe à construire et à affirmer dans sa relation à l'Amérique et à une Asie en pleine transformation. C'est enfin un enjeu de régulation qui implique des organisations internationales de différents types comme le G7, le FMI, l'OMC.

François Mitterrand a sans aucun doute été le président de la Ve République qui — assez paradoxalement pour un homme de gauche — se trouve avoir le plus guerroyé au cours de son double septennat. Non seulement, après la guerre froide, durant son second mandat (1988-1995), il engage les armées françaises dans toute une série d'opérations de maintien et de rétablissement de la paix, mais il se place, dès son accession au pouvoir en 1981, dans le droit fil de ces prédécesseurs en assumant la politique d'intervention militaire de la France en Afrique. Entre escarmouches africaines et conflits plus lourds, on dénombre une trentaine d'engagements militaires décidés par François Mitterrand en tant que chef des armées. Il en découle un bilan contrasté : jugé plutôt positivement, malgré des réserves, quand il s'agit de la guerre du Golfe ou de la Bosnie et plutôt décrié, avec quelques procès d'intention, quand il s'agit des opérations au Rwanda ou en Somalie voire au Tchad.

En avril-mai 1920, l'académie de Lille lance auprès des instituteurs une enquête afin qu'ils fassent le récit de la Grande Guerre vue de leur commune. Or, une partie de l'académie a connu l'occupation allemande. Le cas du département de l'Aisne rend compte de la grande variété de ces expériences d'occupation mais aussi de la difficulté de dire cette occupation à la sortie de la guerre.