Contenu du sommaire : Les risques psychosociaux au travail : d'une "question de société" à des questions scientifiques
Revue | Travail et emploi |
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Numéro | no 129, janvier-mars 2012 |
Titre du numéro | Les risques psychosociaux au travail : d'une "question de société" à des questions scientifiques |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Les risques psychosociaux au travail : d'une « question de société » à des questions scientifiques. Introduction - Michel Gollac p. 5-10
- Les risques psychosociaux : quelles correspondances anciennes aux débats récents ? - Nicolas Hatzfeld p. 11-22 Les risques psychosociaux, notion récente dont les définitions sont toujours en cours de discussion, ne trouvent pas, en tant que tels, d'équivalent dans le passé. Aussi l'histoire, lorsqu'elle cherche à trouver des correspondances passées à cette notion, doit faire attention aux écarts qui séparent les situations du passé de celles d'aujourd'hui, se garder des anachronismes et des analogies, et s'intéresser à la façon dont la notion est appropriée par les acteurs. Cet article examine comment, pendant deux siècles, certaines périodes donnent des significations particulières aux notions de risques : les formes données au débat entre les facteurs internes aux relations de travail et les facteurs liés aux modes de vie extérieurs y sont à chaque fois spécifiques et ne peuvent être amalgamées autour d'un phénomène et d'une notion identique. De Villermé au taylorisme, de la dénonciation de l'usure aux secousses de la productivité, les positions prises par les acteurs sociaux, l'État ou les experts offrent des éléments de comparaison éclairant la spécificité de la période récente, qui s'apparente à une forme de crise du travail.Psychosocial risks are a recent concept whose definitions are still being discussed. In fact, they don't have a clear equivalent in the past. This is why, when history looks for passed correspondences to this concept, it must pay attention to the gaps that separate former situations from those of today. It must also be cautious of anachronisms and analogies and investigate how the different parties (employers, trade-unions, etc.) have endorsed the notion. The article examines how, over the last two centuries, certain times have given specific meanings to the concept of risk, and how they have given different forms to the debate between factors related to labour relations and those related to out of work lifestyles. From Villermé to Taylorism, from the denunciation of fatigue at work to the impact of productivity on workers, the positions adopted by social actors, the State or experts allow comparisons that highlight the specific features of the recent period, which can be assimilated to a crisis of work.
- Effets des facteurs psychosociaux au travail sur la santé mentale. Une revue de littérature des études prospectives portant sur trois modèles émergents - Ruth Ndjaboué, Michel Vézina, Chantal Brisson p. 23-34 Les études mesurant les effets des facteurs psychosociaux au travail sur la santé mentale utilisent de préférence les modèles largement documentés de demande-latitude-support (DLS) de Karasek et al. et de déséquilibre-effort-reconnaissance (DER) de Siegrist. Or il existe d'autres modèles théoriques encore peu documentés, exploités et / ou analysés. Par une revue de littérature d'études prospectives réalisées dans les pays industrialisés de 1990 à 2010, notre article a pour objectif de présenter les modèles DLS et DER et de préciser leurs limites, d'exposer l'état des connaissances concernant l'effet sur la santé mentale des facteurs psychosociaux de trois modèles émergents (la justice organisationnelle, le leadership, et la prévisibilité – ou prédictabilité – au travail), et de déterminer si ces effets sont indépendants des modèles DLS et DER. Les résultats des études démontrent que les facteurs psychosociaux mesurés par le modèle de la justice organisationnelle ont des effets délétères sur la santé mentale, indépendamment des modèles DLS et DER. Des effets négatifs du leadership et de la prévisibilité sur la santé mentale ont également été observés dans une majorité des études, mais le nombre limité d'études prospectives ne permet pas de conclure de façon aussi assurée au statut explicatif de ces modèles. Quoi qu'il en soit, les modèles émergents permettent de mesurer certains facteurs psychosociaux non pris en compte par les modèles DLS et DER et nous semblent mériter d'être intégrés dans de futures études prospectives sur la santé au travail.Studies evaluating the effects of psychosocial factors at work on health usually use Karasek's job demand-control-support (DCS) and Siegrist's effort-reward imbalance (ERI) models which are both largely documented. There are other models that have been little documented, exploited or analysed yet. Using a literature review of prospective studies carried out in industrialised countries from 1990 to 2010, our paper aims to present the main features of the DCS and ERI models and to explain what their limits are. It also sets out to present a state of knowledge concerning the effect of psychosocial factors of three emerging models (“organisational justice”, leadership and “work predictability”) on mental health and determine whether psychosocial factors measured by these three models have an effect on mental health, regardless of the DCS and ERI models. The results of these studies show that the psychosocial factors measured by the organisational justice model have deleterious effects on mental health, independently from the DCS and ERI models. Negative effects of leadership and predictability on mental health have also been observed in most studies. However, because of the limited number of prospective studies, we cannot establish the explanatory status of these models. Be that as it may, emerging models allow to measure some psychosocial factors that are not taken into account by the DCS and ERI models and are thus worth being integrated into future prospective studies on occupational health.
- Le poids imputable à l'exposition au stress au travail en termes économiques et de santé publique : enjeux et écueils méthodologiques - Hélène Sultan-Taïeb, Isabelle Niedhammer p. 35-49 L'estimation de l'effet du stress au travail sur le nombre de cas de pathologies (morbidité et mortalité) et les coûts économiques associés constitue un réel enjeu de santé publique. Pourtant les études qui portent sur ce sujet sont peu nombreuses dans la littérature. L'objectif de l'article est de souligner l'intérêt d'un tel chiffrage, de présenter brièvement une méthode d'estimation envisageable, celle des fractions attribuables, et les difficultés méthodologiques qui lui sont associées. Cette méthode utilise des données épidémiologiques de risque relatif associé à un facteur de risque donné, et de prévalence d'exposition à ce facteur. Les difficultés méthodologiques soulevées par l'utilisation de cette méthode soulignent la nécessité de disposer de données épidémiologiques robustes et cohérentes issues d'études étiologiques prospectives sur des échantillons de grande taille. Les résultats obtenus par l'estimation du poids du stress au travail constituent une aide à la décision pour un usage éclairé des ressources disponibles pour la prévention.The evaluation of the burden of job stress may be crucial from a public health perspective and from an economic point of view. However, studies remain very sparse on this topic in the literature. The objective of this study was to underline the interest of such a calculation, to present a specific methodological approach (attributable fractions) and its limitations. This approach is based on epidemiological data: relative risk of disease associated with job stress and the prevalence of exposure to job stress. Its limitations underline the need to have robust and consistent epidemiological data from prospective etiological studies based on large samples. The results of such an evaluation of the burden of job stress may be helpful for decision making aimed at allocating available resources for prevention.
- Travail et santé mentale : approches cliniques - Pascale Molinier, Anne Flottes p. 51-66 Cet article est consacré aux approches cliniques du travail en France telles qu'elles se sont développées depuis les années 1950. Il aborde succinctement les premières recherches en psychopathologie du travail, puis quelques concepts clés en psychodynamique du travail et en clinique de l'activité. Il passe ensuite en revue les différentes formes de psychopathologies liées au travail dans la littérature récente (depuis 2000).This article is devoted to the history of clinical approaches to work in France since the 1950s. It briefly deals with the very first researches in work psychopathology, then with a few key concepts of work psychodynamics ( “psychodynamique du travail” ) and of the clinic of activity ( “clinique de l'activité” ). It finally reviews the different forms of work-related psychopathologies in the recent scientific literature (from 2000 onwards).
- La perception d'un « désajustement » dans sa situation de travail : les enseignements d'une revue de littérature sur les risques psychosociaux - Damien Cartron, Catherine Guaspare p. 67-77 Suite à une recension de la littérature en sociologie faite pour le Collège d'expertise sur les risques psychosociaux, nous avons relevé un certain nombre de situations de « désajustement ». Des formes d'organisation, des évolutions du travail apparemment mineures, ou des réorganisations, entraînent chez les salariés un sentiment de déséquilibre dans la situation de travail qui peut être pénible à vivre. Cet article plaide pour que ces situations de travail produisant des « décalages » ne soient pas vues de trop haut, ni par les organisateurs du travail, ni par ceux qui l'étudient. Même si ces désajustements sont difficiles à capter dans une enquête statistique, il pourrait être envisagé de tenter de le faire, au moins partiellement.Following a review of the literature in sociology made for the College of expertise on psychosocial risks, we have identified a number of situations of “disadjustment”. Certain forms of organization, work changes that seem minor, or reorganizations can lead employees to experience a feeling of imbalance in their work situation that can become painful to live. This article argues that these work situations should be taken into account both by those who actually organize work and by those who study it. Even if capturing these “disadjustments” is uneasy in a statistical survey, researchers could contemplate to try to so, at least partly.
- Regards historiens sur l'emploi et le travail après la désindustrialisation - Marion Fontaine p. 79-82
- Manuella Roupnel-Fuentes, Les chômeurs de Moulinex : Paris, Presses universitaires de France, coll. « Le lien social », 2011 - Sophie Divay p. 82-83
- Claude Didry et Annette Jobert (dir.), L'entreprise en restructuration. Dynamiques institutionnelles et mobilisations collectives : Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010 - Géraldine Schmidt p. 83-84
- Sébastien Chauvin, Les agences de la précarité, journaliers à Chicago : Paris, Le Seuil, 2010 - Sébastien Grollier p. 84-86
- Paul Willis, L'école des ouvriers. Comment les enfants d'ouvriers obtiennent des boulots d'ouvriers : Marseille, Agone, coll. « L'ordre des choses », 2011 - Ugo Palheta p. 86-88