Contenu du sommaire : Israël après les élections
Revue | Politique étrangère |
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Numéro | no 1, printemps 2013 |
Titre du numéro | Israël après les élections |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Éditorial - p. 6-8
Israël après les élections
- Redéfinir l'agenda stratégique israélien : une urgence nouvelle à régler des problèmes anciens - Mark A. Heller p. 11-22 Du nucléaire iranien aux conséquences des soulèvements arabes, les sujets de préoccupation ne manquent pas pour les autorités israéliennes. La question palestinienne, éludée depuis quelque temps, pourrait redevenir d'une actualité brûlante en 2013. En Israël, le coût du statu quo dans le dossier palestinien est jugé négligeable. Cette perception est erronée pour plusieurs raisons, et notamment parce que la perspective d'une nouvelle intifada n'est pas improbable. politique étrangèreFrom Iranian nuclear issues to consequences of the Arab uprisings, the Israeli authorities do not have to look far to find serious concerns. The Palestinian issue, avoided for some time, could come back as the hot topic of 2013. In Israel, the cost of the status quo with respect to the Palestinian issue is considered negligible. This perception is erroneous for several reasons, including the fact that the prospect of a new Intifada is not improbable.
- Une armée israélienne en pleine mutation - Pierre Razoux p. 23-35 L'armée israélienne se prépare à mener des opérations variées, aux portes du pays ou à des milliers de kilomètres. La supériorité technologique israélienne ne garantit toutefois pas l'invulnérabilité. Tsahal est confrontée à des évolutions sociologiques qui pourraient la fragiliser, les dispositifs antimissiles ne sont pas infaillibles, de nouvelles menaces – notamment cybernétiques – émergent, et les relations avec l'allié américain, principal fournisseur d'armes, sont des plus tendues.The Israeli army is preparing to carry out various operations, some at the gates of the country, and some thousands of miles away. Israeli technological superiority, however, does not guarantee invulnerability. The IDF faces sociological changes that could weaken it, potentially unreliable antimissile devices, the emergence of new – particularly cyber – threats, and more strained relations with the U.S., its main arms supplier.
- Du dirigisme militaro-industriel au libéralisme civil : l'économie israélienne dans tous ses états - Jacques Bendelac p. 37-49 En dépit de l'instabilité qui règne au Proche-Orient, l'économie israélienne se porte bien. Depuis l'arrivée au pouvoir de la droite en 1977, une politique libérale a été mise en œuvre. Les gouvernements successifs ont privatisé des dizaines d'entreprises publiques, baissé les charges patronales et pris des mesures pour favoriser l'innovation. Israël est devenu une « nation start-up ». La réussite économique insolente de ce pays n'a toutefois pas manqué de créer de forts déséquilibres sociaux.Despite instability in the Middle East, the Israeli economy is doing well. Since the right came to power in 1977, a liberal policy has been implemented. Successive governments have privatized dozens of public operations, lowered employers' costs, and taken steps to foster innovation. Israel has become a “start-up nation”. The brazen economic success of the country, however, has not failed to create strong social imbalances.
- La « dégauchisation » d'Israël ? Les paradoxes d'une société en conflit - Samy Cohen p. 51-64 L'électorat israélien a-t-il basculé à droite, comme l'affirment ces dernières années nombre de commentateurs ? Sans doute moins qu'il n'a constaté l'incapacité des partis de gauche à gérer le processus de paix et à traiter à fond la question de la sécurité des populations israéliennes. Les partis de droite ne suscitent pas l'adhésion de fond : simplement, l'offre de gauche n'existe plus guère. La reconstitution d'une gauche démocratique est sans doute possible mais elle prendra du temps.
Has the Israeli electorate shifted to the right, as a number of commentators have suggested over the past few years? It is probably less a move to the right and more a dissatisfaction with the inability of the parties on the left to manage the peace process and fully address the issue of security for Israeli people. Right-wing parties do not actually attract fundamental memberships: it is simply that the left has hardly anything to offer. The reconstruction of a democratic left party is certainly possible but it will take time. - Les élections israéliennes de 2013 ou la découverte du centre - Claude Klein p. 65-73 Les élections israéliennes de janvier 2013 se sont traduites par un recul de la droite, un échec de la gauche et une percée spectaculaire du centre. Ce scrutin illustre la profondeur de certains clivages qui traversent la société israélienne. L'opposition entre laïques et religieux se fait particulièrement sentir sur la question du service militaire, dont sont exemptés les Juifs orthodoxes. La question palestinienne n'a quant à elle joué qu'un rôle marginal dans la campagne électorale.Israeli elections in January 2013 resulted in a decline of the right, a failure of the left, and a major breakthrough by the center. This election showed the depth of the divisions cutting through Israeli society. The opposition between secular and religious groups is particularly acute when it comes to the question of military service, from which Orthodox Jews are exempt. The Palestinian issue, however, played a marginal role in the campaign.
- Redéfinir l'agenda stratégique israélien : une urgence nouvelle à régler des problèmes anciens - Mark A. Heller p. 11-22
La Russie au Moyen-Orient
- Introduction - Julien Nocetti p. 76-78
- La Russie et le Moyen-Orient : entre islamisme et occidentalisme - Andreï P. Tsygankov p. 79-91 Au-delà des intérêts de puissance, le rejet de l'islamisme et de l'occidentalisme explique la position présente de la Russie au Moyen-Orient. Radicalisme menaçant directement la Fédération, l'islamisme incite Moscou à tendre la main aux régimes qui le combattent. Ethnocentrisme des démocraties visant à assurer leur domination, l'occidentalisme pousse la Russie à s'opposer à l'interventionnisme dans la région des puissances occidentales, tout en affirmant une voie civilisationnelle propre.Looking beyond the basic interests of power, Russia's present position in the Middle East can be explained by a rejection of Islamism and Westernism. As radicalism directly threatens the Federation, Moscow has been persuaded to reach out to regimes that fight against it. As a manifestation of the ethnocentrism of democracies which attempt to ensure their domination, Occidentalism pushes Russia to oppose interventionism in the region of Western powers, all the while affirming a civilizational mission.
- Quelle politique énergétique pour la Russie au Moyen-Orient ? - Julien Nocetti p. 93-105 La relation avec le Moyen-Orient est un élément central de l'équation énergétique russe. Le poids déterminant de l'OPEP pour la fixation des prix du pétrole pousse Moscou à resserrer ses liens avec certains pays dominants du cartel – dont l'Arabie Saoudite. L'incertitude de la conjoncture régionale (développement des printemps arabes, crise syrienne, problème iranien, etc.) pourrait néanmoins venir perturber la stratégie, et plus généralement la position, de la Russie au Moyen-Orient. politique étrangèreIts relationship with the Middle East is a central element of Russia's energy calculations. The power held by OPEC in determining oil pricing has pushed Moscow to strengthen its ties with countries dominant within the cartel – Saudi Arabia, for example. The uncertainty of the regional situation (development of the Arab Spring, crisis in Syria, problems in Iran, etc.) could still disrupt Russia's strategy and its position in the Middle East.
- La Syrie, quel enjeu pour la Russie ? - Frédéric Pichon p. 107-118 Très variés sont les intérêts russes qui se manifestent dans l'affaire syrienne. Les livraisons d'armement ont aisément survécu à l'effondrement de l'URSS. Mais Moscou défend aussi traditionnellement dans cette région les minorités chrétiennes, en même temps qu'elle valorise le laïcisme affiché du régime alaouite contre les tentations islamistes. Plus largement, la Russie se réinsère dans le jeu moyen-oriental, tout en réaffirmant contre l'Occident la prééminence du principe de non-ingérence. politique étrangèreRussia has varied interests entwined in the Syrian conflict. The supplying of armaments has easily survived beyond the collapse of the USSR. On the other hand, Moscow has also traditionally defended Christian minorities in the region, while at the same time supporting the Alawite regime of secularism that stands up to Islamist temptations. More broadly, Russia has reinserted itself into the Middle East, while reaffirming its divergence from the West's principle of non-interference.
- Russie-Israël : les défis d'une relation ambivalente - Igor Delanoë p. 119-130 La fin de l'URSS a permis à Moscou de redéfinir radicalement ses relations avec Israël. L'immigration russe dans le pays, des échanges économiques substantiels, y compris dans le domaine de l'armement, et des préoccupations communes sur les conséquences des printemps arabes expliquent le développement de relations soutenues. Moscou cherche à dialoguer avec tous les acteurs du Moyen-Orient. Et Israël pousse jusqu'au Caucase une politique qui vise à encercler la menace iranienne. politique étrangèreThe end of the USSR has allowed Moscow to radically redefine its relationship with Israel. Russian immigration into the country, continued economic exchanges (even in armaments), and shared concerns about the consequences of the Arab Spring explain the development of an ongoing relationship. Moscow seeks dialogue with all stakeholders in the Middle East. At the same time, Israel is pushing a policy that aims to deal with Iranian threats to the Caucasus.
- L'Iran et la Russie face aux crises du Moyen-Orient : entre connivence et divergence - Clément Therme p. 131-143 Au-delà d'une ancienne proximité historique, Moscou et Téhéran ont dû redéfinir leur relation après la disparition de l'URSS. Cette relation intègre, entre autres, des approches différentes des évolutions politiques au Moyen-Orient ; une coopération ambiguë en matière nucléaire et d'armements conventionnels et une convergence de vues sur la crise syrienne. Les deux capitales devront néanmoins prendre garde que cette dernière position ne leur aliène pas les grands acteurs de la région. politique étrangèreThough they have historically been close, Moscow and Tehran have had to redefine their relationship following the demise of the USSR. This relationship entails, among other things, different approaches to political developments in the Middle East, ambiguous cooperation on nuclear and conventional weapons and a shared perspective on the Syrian crisis. Both capitals should nevertheless take care to make sure that their positions on the latter do not alienate major players in the region.
Repères
- Chine : nouveaux dirigeants, nouvelles réformes ? - Alice Ekman p. 147-159 À l'issue du XVIIIe congrès du Parti communiste, la Chine dispose d'une nouvelle équipe dirigeante. Celle-ci marchera dans les pas de Jiang Zemin et poursuivra les réformes économiques. Au niveau politique, l'objectif ultime demeure la stabilité du système. Les dirigeants chinois ont toutefois tiré les leçons du printemps arabe et savent qu'ils doivent donner des gages à la population, notamment dans le domaine de la lutte contre la corruption. politique étrangèreComing out of the 18th Congress of the Communist Party, China has a new management team. This group will walk in the footsteps of Jiang Zemin and pursue economic reforms. At the political level, the ultimate goal remains maintaining the stability of the system. Chinese leaders, however, have learned from the Arab Spring and know that they must make some guarantees to the population, especially concerning the fight against corruption.
- Les relations UE-Russie à l'ère du jeu à somme nulle - Timofei V. Bordachev p. 161-173 L'Union européenne et la Russie entretiennent des relations d'apparence cordiale mais les cadres de leur coopération ne les satisfont ni l'une ni l'autre. Dans les espaces hier contrôlés par l'URSS, elles ont des intérêts de fait concurrents qui menacent de se cristalliser en blocs politico-économiques rivaux. UE et Russie ne pourraient sortir leur coopération de son impasse qu'en redéfinissant radicalement les objectifs communs de cette coopération, au service du développement du continent. politique étrangèreThough the EU and Russia perpetuate the appearance of cordial relations, neither is satisfied by the frameworks of their cooperation. In areas formerly controlled by the USSR, they have competing interests that threaten to crystallize into political and economic rival blocks. The EU and Russia will not get past this impasse unless they radically redefine the common goals of their cooperation, for the sake of the development of the continent.
- Chine : nouveaux dirigeants, nouvelles réformes ? - Alice Ekman p. 147-159
Libres propos
- Le Pakistan et l'Afghanistan : paradoxes d'une stratégie - Adrien Schu p. 177-189 Le Pakistan soutient des groupes insurgés en Afghanistan pour rompre les liens entre New Dehli et Kaboul et pour s'assurer d'une profondeur stratégique dans un éventuel conflit avec l'Inde. Pour ce faire, Islamabad accepte une certaine porosité de sa frontière afghane et prend ainsi le risque de réévaluer la contestation de la ligne Durand : Kaboul l'a en effet toujours dénoncée comme un héritage de la colonisation, alors que les Talibans, pour leur part, ont toujours refusé de la légitimer. politique étrangèrePakistan supports the work of insurgent groups in Afghanistan in order to sever ties between New Delhi and Kabul and to ensure strategic depth in the event of a possible conflict with India. To do this, Islamabad has accepted a certain permeability with respect to its Afghan border and has taken the risk of reevaluating the dispute of the Durand Line: Kabul has always denounced it as a legacy of colonialism, while the Taliban has always refused its legitimacy.
- Le Pakistan et l'Afghanistan : paradoxes d'une stratégie - Adrien Schu p. 177-189
Lectures
- Hard Fighting. Israel In Lebanon And Gaza, David E. Johnson : Santa Monica, CA, RAND Corporation, 2011, 238 pages - Étienne de Durand p. 192-195
- De Jörg Haider à Heinz-Christian Strache : l'extrême droite autrichienne à l'assaut du pouvoir, Patrick Moreau : Paris, Éditions du Cerf, 2012, 640 pages - Éliane Mossé p. 196-198
- Lectures - p. 199-225