Contenu du sommaire : Migrations et mondes ruraux
Revue | Hommes et migrations |
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Numéro | n°1301, janvier-février-mars 2013 |
Titre du numéro | Migrations et mondes ruraux |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Migrations et mondes ruraux
- Introduction - Chantal Crenn et Simona Tersigni p. 6
- L'enfermement à la campagne ? Les conditions de vie des saisonnières marocaines dans la province de Huelva (Espagne) - Djemila Zeneidi p. 9 Pour pouvoir travailler dans la région de Huelva en Espagne, les travailleuses saisonnières marocaines sont tenues de rentrer dans leur pays d'origine après les récoltes. Pour que cet engagement devienne effectif, les autorités espagnoles privilégient les femmes avec des charges familiales et mettent en place une véritable gestion disciplinaire de cette main-d'œuvre migrante. Leur logement à l'écart des villages et le contrôle de leurs moindres déplacements constituent les méthodes de ce management inédit fondé sur la surveillance.
- Futur simple et futur compliqué. Les travailleurs étrangers en transit dans la roue saisonnière espagnole - Emmanuelle Hellio p. 19 Pour les travailleurs migrants saisonniers, les saisons sont des frontières. Elles déterminent où et quand aura lieu le travail temporaire qui seul légitime leur présence. Dans le sud de l'Espagne, la cueillette des fraises constitue une étape dans la roue saisonnière qui commande les déplacements des migrants originaires d'Afrique noire, du Maghreb ou d'Europe de l'Est. Mis en concurrence, les travailleurs saisonniers, qu'ils soient titulaires d'un contrat de travail ou sans papiers, peinent à imaginer sereinement l'avenir.
- Les allées et venues des familles de travailleurs ruraux. Région centrale de l'Etat de São Paulo, Brésil - Lidiane Maciel p. 29 La région centrale de l'État de São Paulo attire les migrants venant travailler dans l'agro-industrie. Ces migrants, des petits agriculteurs du nord-est du Brésil, restent le temps des récoltes de la canne à sucre ou des oranges dans la périphérie des grandes villes. Ils partagent ainsi leur existence entre plusieurs espaces. Leur désir est à l'image de leur identité multiple : la recherche paradoxale d'une mobilité stable leur permettant à la fois de conserver leur activité agricole et de s'intégrer là où ils travaillent une partie de l'année.
- Agriculture et main-d'oeuvre migrante dans la vallée centrale de la californie - Hugo Santos Gómez et Yanga Villagómez Velázquez p. 37 Dans l'État de Californie, la production agricole connaît de profonds changements. Le développement des grandes exploitations et la diversification des cultures grâce aux biotechnologies en vue d'une production toujours plus intensive modifient le paysage social et la distribution du travail. Les récoltes qui se succèdent toute l'année mobilisent un grand nombre d'ouvriers agricoles, pour la plupart migrants, qui redonnent vie aux anciennes communautés rurales.
- La migration ouvrière dans le secteur agricole sud-africain - Gabriel Tati p. 47 En Afrique du Sud, le système de production agricole, concentré dans les mains des fermiers blancs, repose toujours sur l'utilisation des migrations des ouvriers agricoles. Si la fin de l'apartheid a permis la création d'un cadre juridique protégeant cette main-d'œuvre déracinée et corvéable à merci, il est loin d'être respecté par les propriétaires de fermes. Les ruptures anticipées de contrat, les déplacements des ouvriers sur de très longues distances et la mainmise des recruteurs constituent autant de freins à l'évolution du secteur.
- Les ouvriers agricoles étrangers dans l'Italie méridionale. Entre "séclusion" et action collective - Domenico Perrotta et Devi Sacchetto p. 57 Dans les provinces du Mezzogiorno, au sud de l'Italie, les travailleurs agricoles saisonniers étrangers, notamment les Africains, sont rigoureusement encadrés. Victimes d'une relégation spatiale et sociale, ils vivent à l'intérieur de ghettos, dans des mas abandonnés ou des constructions précaires. Dans ces lieux où les migrants reconstruisent un espace de socialisation, le rôle des intermédiaires, les caporali, est déterminant pour l'accès au travail. Soumis à différentes formes de pression, les travailleurs parviennent pourtant à s'organiser pour faire valoir leurs droits.
- Mobile, flexibles et réversibles. Les travailleurs saisonniers latino-américains "détachés" Andins dans les champs de Provence - Béatrice Mésini p. 67 Dans le département des Bouches-du-Rhône, la main-d'œuvre saisonnière d'origine maghrébine travaillant dans les vergers tend à être remplacée par des travailleurs originaires d'Amérique latine venant d'Espagne. Les entreprises de travail temporaire espagnoles encadrent ces nouvelles circulations migratoires pour répondre aux exigences des exploitants agricoles qui peuvent ainsi mieux contrôler leurs besoins. Cependant, même dans ce cadre légal, faute d'un véritable respect de leurs droits, la condition des travailleurs demeure précaire.
- Quand les saisonniers tunisiens de Ghardimaou interrogent le codéveloppement - Swanie Potot p. 79 Depuis les années 1970, les Tunisiens de la région de Ghardimaou migrent de façon temporaire vers la vallée du Rhône pour subvenir aux besoins de leurs familles restées au pays. La migration pendulaire fondée sur le retour du migrant après la période de travail n'est donc pas un phénomène nouveau. Elle connaît pourtant un regain d'intérêt de la part des autorités européennes. Dans un contexte qui rend la circulation migratoire de plus en plus difficile, cette conception d'un partenariat gagnant-gagnant a tout lieu de se changer en jeu de dupes.
- Entre captation et subjectivation. Les travailleurs migrant-e-s et travailleurs délocalisé-e-s dans les abattoirs bretons - Simona Tersigni et Nadine Souchard p. 89 Dans les abattoirs bretons, une partie des travailleurs locaux tend à être remplacée par des travailleurs migrants ou détachés, originaires d'Europe de l'Est, du Maghreb ou d'Afrique subsaharienne. Cette dynamique, difficilement perceptible, a des effets concrets sur l'organisation du travail dans les usines de transformation de la viande. Ces migrants y occupent une place à part. Victimes de racisme, ils font les frais de l'objectif de leur venue, réduire le coût de la main-d'œuvre dans un secteur à faible valeur ajoutée.
- Des invisibles trop visibles ? Les ouvriers agricoles "marocains" dans les vignobles du Bordelais - Chantal Crenn p. 99 Les travailleurs agricoles venus du Maghreb sont présents depuis une quarantaine d'années dans les vignobles de la région bordelaise. Or la société majoritaire peine à les reconnaître comme membres à part entière de ce territoire qu'ils ont contribué à façonner et à enrichir. Logique productiviste, hiérarchies sociales, combinées aux visées racialisantes et discriminatoires de certains patrons et de la population locale, renforcent leur marginalisation. En réaction, les ouvriers agricoles et leurs familles ont à cœur de défendre les raisons de leur ancrage dans cette terre de vignes.
- "Immigrés, solidarité !" Histoire d'une lutte, envers d'un slogan - Frédéric Décosse p. 109 Pour les travailleurs migrants saisonniers, le droit au séjour est conditionné par la durée de leur contrat de travail. Face à des conditions de vie précaires, la grève des saisonniers marocains dans le Loiret au printemps 1980 marque une volonté de lutter pour la libre circulation sur le marché du travail. Mais cette mobilisation, devenue le théâtre d'une lutte des syndicats pour prendre la tête du mouvement social, témoigne également de l'instrumentalisation du fait migratoire.
- Capitalisme agraire et migrations organisées. Le cas des plantations de palmiers à huile en Indonésie - Stéphanie Barral p. 119
- Les ouvriers saisonniers kurdes travaillant à la cueillette des noisettes en Turquie - Mustapha Aslan p. 129 En Indonésie, les migrations suivent l'avancée des fronts de colonisation agricole sur la forêt. Les premières régions de grandes plantations de palmiers, situées dans la province de Sumatra Nord, constituent aujourd'hui des zones de départ vers des secteurs nouvellement défrichés. Les migrants qui viennent travailler dans les grandes plantations parviennent à accéder à la propriété foncière. Avec l'émergence d'un marché du travail et des terres, le front pionnier se développe jusqu'à sa propre saturation qui peut nourrir l'ouverture d'un autre front.
- Les travailleurs agricoles migrants en Italie du Sud. Entre incompréhension, instrumentalisation et solidarités locales - Romain Filhol p. 139 Dans les régions du sud de l'Italie, la tension monte à l'égard des ouvriers agricoles migrants, sur fond de chômage et de prétendue inutilité de ces travailleurs. Embauchés de manière informelle pour exécuter des tâches que personne d'autre ne veut faire, les migrants doivent subir l'intolérance de la population. Une aubaine pour de nombreux exploitants agricoles qui tentent de faire de cette main-d'œuvre corvéable à merci un modèle pour le travail agricole.
- Trajectoires migratoires dans l'économie forestière de montagne, du XIXe siècle à nos jours - Philippe Hanus p. 149 Dans le domaine de l'immigration rurale, les bûcherons restent quelque peu méconnus. Pourtant, depuis la fin du XIXe siècle, les entreprises forestières des Alpes font appel à d'importants contingents de migrants pour cela. Autrefois dominé par les Italiens, ce marché s'est ouvert à de nouveaux migrants avec l'élargissement de l'Union européenne et la pression de la concurrence internationale. Face à un travail harassant et dangereux, la main-d'œuvre étrangère est soumise à de nombreuses irrégularités.
Collections
- France-Hongrie, des liens secrets - Hélène du Mazaubrun p. 160
Arts
- Barthélémy Toguo, une écriture plastique de l'exil - Isabelle Renard p. 164
Repérages
- Marseille. Une terre d'asile séculaire à l'épreuve des politiques nationales d'intégration - Serge Allemand p. 168
Initiatives
- La Mapemonde. L'accueil des personnes étrangères dans les Hautes-Alpes - Karine Moreau p. 174
Mémoires
- De vagues et de terres. Compagnie Engrenage - Alexandre Carrasco p. 178
Littérature
- Entretien avec Maryse Condé - Marie Poinsot et Nicolas Treiber p. 182
- 4e édition du prix littéraire de la Porte Dorée - Elisabeth Lesne p. 182
Kiosque
- Le Stradivarius et la frite - Mustapha Harzoune p. 194
Musique
- Naissance du kaneka - François Bensignor p. 198 Le kaneka, genre musical né en Nouvelle-Calédonie, s'est diffusé dans le Pacifique à partir des années 1990 (voir H&M, n° 1277). Sa création a fait partie de la stratégie de Jean-Marie Tjibaou pour la reconnaissance de l'identité culturelle des Kanak. Alors qu'en 2014 s'ouvrira la période de consultation électorale d'autodétermination prévue par les Accords de Nouméa, revenons sur ce qui a présidé à la naissance de cette nouvelle musique.
- Naissance du kaneka - François Bensignor p. 198
Cinéma
- La Cité Rose - Eugénie Barbezat p. 206
Livres
- Mustapha Harzoune et Jérémy Guedj p. 208