Contenu du sommaire : Le commencement de la déflation
Revue | Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques) |
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Numéro | no 129, juillet 2013 |
Titre du numéro | Le commencement de la déflation |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Prévisions
- Le commencement de la déflation : Perspectives 2013-2014 pour l'économie mondiale - p. 9-57 La Grande Récession se poursuit pour la cinquième année consécutive. De 2010 à 2013, les efforts budgétaires réalisés et annoncés par les pays développés ont été sans précédent, avec pour objectif une réduction rapide des déficits. Mais dans un contexte de multiplicateurs élevés, l'effort budgétaire a un coût en termes d'activité. Trop longtemps ignoré, ce mécanisme a conduit à ce que les espoirs de réduction des déficits publics furent toujours déçus.En 2013 puis en 2014, l'ensemble des pays développés continuera donc l'effort de consolidation budgétaire, malgré le haut niveau du chômage involontaire. Les multiplicateurs budgétaires restant élevés, les pays développés s'enfonceront dans le cercle vicieux d'une hausse du chômage, d'une récession qui se prolonge et de doutes croissants quant à la soutenabilité des finances publiques.La poursuite de cette stratégie d'austérité budgétaire porte en elle le germe de la déflation salariale dans les pays les plus touchés. Les réformes structurelles imposées par la troïka consistant notamment à couper dans les rémunérations des fonctionnaires indiquent que cette déflation n'est pas subie, mais encouragée, avec pour objectif la restauration de la compétitivité des pays en crise.Mais, puisque la zone euro est un espace de change fixe, cette déflation salariale ne pourra que se transmettre aux autres pays. Un nouveau levier sera activé par lequel la crise se prolongera. Lorsque les salaires décroissent, l'accès au système financier pour lisser les choix des agents économiques devient impossible. Les dettes que l'on cherche à réduire depuis le début de la crise vont s'apprécier en termes réels. La déflation par la dette deviendra le nouveau vecteur du piège de la crise.The beginning of deflation
The Great Recession has developed for more than 5 years. Starting from 2010, fiscal austerity plan shave been implemented in many advanced economies, especially in Europe with a view to cut rapidly public deficits. But budget targets have often been missed-due in general to the underestimation of fiscal multipliers. In 2013 and 2014 fiscal consolidation will continue in most advanced economies. Governments will even have to strengthen further austerity measures in order to achieve their budget target. This will lead unemployment to rise while recession will continue, and doubts on the sustainability of public finances will remain. This strategy lays the foundation of wage deflation in the most affected countries. With fixed exchange rate in the euro area, wage deflation will spread across countries. Public debts will rise in real terms. Debt devaluation will be the next trap of the sclerosis Classification: F01. - Zone euro : le calice de l'austérité jusqu'à la lie : Perspectives 2013-2014 pour l'économie européenne - Céline Antonin, Christophe Blot, Danielle Schweisguth p. 59-99 Le recul de l'activité observée dans la zone euro depuis le quatrième trimestre 2011 s'est amplifié en fin d'année 2012 malgré le retour annoncé de la confiance. Depuis l'été 2012, la ratification du TSCG (Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance) ainsi que l'annonce par la BCE de l'OMT (Outright monetary transactions ou aussi Opérations monétaires sur titres) avaient écarté les risques d'un éclatement de la zone euro contribuant à la baisse des primes de risques sur les marchés obligataires publics. Cet espoir fut cependant insuffisant pour compenser le fort impact récessif de la consolidation budgétaire. Les demandes interne et externe, du fait des fortes interdépendances entres les pays de la zone euro, ont par conséquent continué à fléchir. Le vote des budgets pour l'année 2013 annonce d'ores et déjà la poursuite de ce scénario. Bien qu'en léger recul, l'impulsion budgétaire serait de -1,1 point de PIB. 2013 sera par conséquent une nouvelle année de récession dans la zone euro, le PIB reculerait de 0,4 %. En 2014, le rythme de consolidation marquera encore le pas dans la mesure où certains pays auront atteint la cible de 3 % pour le déficit budgétaire (Allemagne, Autriche, Belgique, Finlande) ou en seront assez proches (Pays-Bas). La croissance serait alors positive (0,9 %) mais insuffisante pour permettre une décrue du chômage. Les risques resteront orientés à la baisse en raison des pressions déflationnistes qui vont s'intensifier. La déflation est déjà enclenchée en Espagne et en Grèce et pourrait se généraliser à tous les pays où le taux de chômage se maintient à des niveaux très élevés, d'autant plus qu'à ce mécanisme s'ajoutent de nombreuses réformes ou mesures visant à réduire le coût du travail. La concurrence entre pays de la zone euro pour gagner des parts de marché devrait s'intensifier ce qui amplifiera les pressions déflationnistes sans réussir à générer l'effet positif escompté sur la croissance de l'ensemble de la zone euro.Euro area: drink the chalice of austerity to the dregs
Despite new hopes raised during the second semester of 2012, the Euro area is not yet out of recession. It has been following an economic strategy aiming at reducing budget deficits but hampering growth prospects. Budgets for 2013 have already been adopted by parliaments and lead to further consolidation, thereby maintaining the Euro area in recession. GDP will indeed fall by 0.4% in 2013. Consolidation will slow down in 2014 as more countries reach the 3% threshold for deficits. Growth will be back in the Euro area (0.9%), but it will be insufficient to lower unemployment. Besides, the balance of risks will remain on the downside as deflationary pressures intensify in the wake of the situation in Spain or Greece. JEL Classification: F01. - France : tenue de rigueur imposée : Perspectives 2013-2014 pour l'économie française - Éric Heyer, Marion Cochard, Bruno Ducoudré, Hervé Péléraux, Mathieu Plane p. 101-169 En moyenne annuelle, l'économie française devrait connaître en 2013 un léger recul de son PIB (-0,2 %) et une modeste reprise en 2014, avec une croissance de 0,6 %. Cette performance particulièrement médiocre est très éloignée du chemin que devrait normalement emprunter une économie en sortie de crise.Quatre ans après le début de la crise, le potentiel de rebond de l'économie française est important : il aurait dû conduire à une croissance spontanée moyenne de près de 2,6 % l'an au cours des années 2013 et 2014. Mais cette reprise spontanée est freinée, principalement par la mise en place de plans d'économies budgétaires en France et dans l'ensemble des pays européens. Afin de tenir son engagement d'un déficit public à 3 % en 2014, le gouvernement français devrait poursuivre la stratégie – adoptée en 2010 – de consolidation budgétaire imposée par la Commission européenne à l'ensemble des pays de la zone euro. Cette stratégie budgétaire devrait amputer de 2,6 points de PIB l'activité en France en 2013 et de 2,0 points de PIB en 2014.En s'établissant à un rythme éloigné de son potentiel, la situation sur le marché du travail devrait continuer à se dégrader. Le taux de chômage augmenterait régulièrement pour s'établir à 11,6 % fin 2014.Seul un changement de cap dans la stratégie budgétaire européenne permettrait d'enrayer la hausse du chômage. Elle supposerait que les impulsions budgétaires négatives se limitent à -0,5 point de PIB au lieu de -1,0 point prévu au total dans la zone euro en 2014. Cet effort budgétaire plus faible pourrait être répété jusqu'à ce que le déficit public ou la dette publique atteigne un objectif à définir. Par rapport aux plans actuels, parce que l'effort serait plus mesuré, le fardeau de l'ajustement pèserait de façon plus juste sur les contribuables de chaque pays. Cette nouvelle stratégie conduirait certes à une réduction plus lente des déficits publics (-3,4 % en 2014 contre -3,0 % dans notre scénario central) mais également et surtout à plus de croissance économique (1,6 % contre 0,6 %). Ce scénario « moins d'austérité » permettrait à l'économie française de créer 119 000 emplois en 2014, soit 232 000 de plus que dans notre prévision centrale et le chômage baisserait au lieu de continuer à augmenter.France: Austerity imposed
French GDP is expected to fall slightly in 2013(-0.2%)and recover by a modest 0.6% in 2014. Five years after the start of the crisis, the French economy has a strong potential for recovery: GDP could grow spontaneously by2.6%per year on average in 2013 and 2014. But this spontaneous recovery is hampered mainly by the introduction of budget consolidation measures in France an din other European countries. This budget strategy should reduce French GDP by 2.6percentage points in 2013 and by 2.0 percentage points in 2014. The labour market situation will continue to deteriorate. The unemployment rate will rise and reach 11.6% at the end of 2014. JEL Classification: F01.
- Le commencement de la déflation : Perspectives 2013-2014 pour l'économie mondiale - p. 9-57
Fiche thématique et fiches pays
- Fiche thématique et fiches pays - p. 171-249
Études spéciales
- La quête de la compétitivité ouvre la voie de la déflation - p. 251-297 La crise de la zone euro a mis au grand jour la question des déséquilibres courants qui s'étaient amplifiés jusqu'en 2007. Un débat s'est engagé depuis pour déterminer l'origine de ces déséquilibres, certains y voyant le résultat d'une divergence accrue en matière de compétitivité. Depuis, la réforme de la gouvernance européenne tient explicitement compte de la situation macroéconomique de chaque État membre au-delà des seuls critères de finances publiques. La Commission a établi à cette fin un tableau de bord permettant d'exercer une surveillance macroéconomique élargie en intégrant notamment les évolutions de la compétitivité et des parts de marché à l'exportation. De fait, depuis 2007, les déséquilibres se sont résorbés, principalement en raison d'une réduction des déficits courants de l'Italie, l'Espagne, l'Irlande, le Portugal et la Grèce. Dans le même temps, le contexte macroéconomique marqué par la consolidation budgétaire et les mesures prises par ces différents pays, en vue notamment de rendre le marché du travail plus flexible, ont pu avoir un effet sur la compétitivité. Les effets sur la compétitivité pourraient être de deux ordres. D'une part, le maintien d'un niveau de chômage élevé crée des pressions déflationnistes. D'autre part, la baisse ou le gel des rémunérations, la réduction de la protection de l'emploi ou la décentralisation des négociations salariales pourraient également réduire les coûts salariaux unitaires. Les effets de ces réformes restent cependant débattus. Surtout ces réformes renforcent, à court terme, les pressions déflationnistes qui représentent dès lors le principal vecteur d'amélioration de la compétitivité. Certains pays ont d'ores et déjà regagné des parts de marché depuis le déclenchement de la crise, ce que corroborent les estimations d'équations de commerce. Il reste que la réduction des déficits courants résulte en grande partie de la baisse des importations liée à l'effondrement de la demande. Enfin, à terme, cette stratégie de recherche de compétitivité pourrait constituer une menace pour la croissance dans la zone euro en favorisant la généralisation du risque déflationniste.The search for competitiveness paves the way for deflation
Current account imbalances have become a major concern in the euro area since the beginning of the crisis. The issue has recently been integrated in a broader surveillance procedure by the European Commission. Current account imbalances have narrowed somewhat since 2007. Fiscal consolidation weighing on domestic demand together with wage restraints may have played a role in reducing current account deficits incrisis countries. But we argue that the search for improved competitiveness may result mainly in deflationary pressures. In the short run, it may help countries to improve their exports'market shares. But at the same time, this will also endanger the recovery in the euro area as a whole by paving the way for deflation. JEL Classification: E31, E62, F16, F32. - PIB, déficit, dette, chômage : où vont les économies à moyen terme ? - p. 299-329 Le potentiel de production, son niveau, sa croissance et l'output gap qui en résulte sont, à l'image du multiplicateur budgétaire, des indicateurs essentiels pour déterminer les stratégies macroéconomiques à suivre à moyen terme. Pour autant, leurs mesures sont sujettes à un grand nombre de controverses, notamment au sein des institutions internationales (FMI, Commission européenne et OCDE) qui peinent à s'accorder sur ces sujets. Notre évaluation des variations d'output gap, effectuée à partir des données portant sur le marché du travail, nous révèle un creusement important de l'écart de production au cours de la crise et des différences très fortes entre les pays. Dans le même temps, nos simulations de trajectoires macroéconomiques à moyen terme font apparaître le coût économique et social élevé associé à une stratégie de réduction rapide des déficits publics de manière coordonnée dans l'ensemble des pays de la zone euro. Il ressort des différents scénarios testés (multiplicateur faible, prime de risque, croissance potentielle réduite) qu'une stratégie équilibrée et optimale se traduirait par une réduction modérée et progressive des déséquilibres budgétaires structurels. Les nouveaux délais accordés à un certain nombre de pays européens pour ramener leur déficit public en-dessous du seuil d'un déficit à 3 % du PIB semblent aller dans ce sens.GDP, deficit, debt, unemployment: where economies go in the medium-term?
The production potential, its level, its growth and the output gap resulting are, like the fiscal multiplier, important macroeconomic indicators to determine medium-term strategies to follow. However, their measures are subject to a number of controversies, especially in international institutions (IMF, European Commission and OECD). Our assessment of evolution in the output gap, made from data on the labor market, shows a significant widening of the output gap during the crisis and sharp differences between countries. At the same time, our simulations of medium-term macroeconomic trajectories show the high social and economic costs associated with a strategy of fast reduction of public deficits in a coordinated manner in all countries of the euro zone. It appears from the various scenarios tested (low multiplier, risk premium, low potential growth) that a balanced and optimal strategy would result in a moderate and gradual reduction of the structural budget imbalances. The new deadlines granted to a number of European countries to reduce their public deficit below the threshold of a deficit of 3% of GDP seem to go in this direction.JEL Classification: E61, E37, E60, E66, F44. - Liste des abréviations de pays - p. 340-342
- Les perspectives économiques en débat - Philippe Weil p. 343-357
- La quête de la compétitivité ouvre la voie de la déflation - p. 251-297