Contenu du sommaire : Varia
Revue | Sociétés contemporaines |
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Numéro | no 90, 2013 |
Titre du numéro | Varia |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Un tutorat dévoyé : La fabrication de tensions intergénérationnelles à l'usine - Christian Papinot p. 5-27 L'analyse des refus de formation des nouveaux dans un contexte industriel à forte intensité de main-d'œuvre intérimaire permet de comprendre, au-delà des conditions objectives de « concurrence entre égaux » comment les tensions et malentendus peuvent naître et se développer entre ouvriers intérimaires et permanents. L'idéal des normes professionnelles de transmission des savoir-faire se trouve en effet grippé dans ce contexte organisationnel et les ouvriers permanents sont pris dans des injonctions contradictoires, entre leur ethos professionnel et leur positionnement vis-à-vis d'une politique de flexibilité externe réprouvée. Toutes les conditions sont alors réunies pour produire des situations de tensions et de malentendus entre intérimaires et permanents, engendrer des incompréhensions réciproques et rendre plus compliqués les coopérations productives tout comme les mécanismes de reproduction professionnelle.The Outsourcing of Human Resource Management and the Resulting Deadlock Within the Workplace. The Example of a French Metallurgical Company. To meet the dictates of financial capitalism, the globalisation of production systems is based on different business strategies including the “outsourcing” of the supply of certain products or services to subcontractors. This outsourcing also concerns human resource management with the development of temporary work as an exclusive method of recruitment. A survey carried out within a French metallurgical plant reveals the tensions and problems that exist between temporary and permanent workers, and allows for analysing the deadlock caused by this managerial policy. Permanent workers are faced with a dilemma, between remaining true to their professional ethos and training new workers, and their resistance to the company's policy of external flexibility of employment. Explanations in terms of individual mentalities regarding this reticence to train new workers lead to intergenerational misunderstandings between temporary and permanent workers and leave solidarity in the workplace in a state of deadlock.
- Classifications ouvrières et confrontation de générations d'ouvriers qualifiés : vers une remise en cause de l'ordre de l'ancienneté ? - Séverine Misset p. 29-52 À partir d'une enquête de terrain réalisée dans une entreprise de l'industrie métallurgique, cet article analyse comment une confrontation entre générations ouvrières autour de la prise en compte du diplôme et de l'ancienneté, liée à la multiplication des bacheliers professionnels au sein du groupe des ouvriers qualifiés, se voit renouvelée lors de l'introduction d'une nouvelle grille de classification se réclamant d'une « logique compétence ». Si celle-ci semble au premier abord bouleverser les principes de gestion de la population en remettant en cause l'ordre de l'ancienneté, le partage de cet ordre, y compris par l'encadrement de proximité, permet de nuancer ce point de vue.Seniority Jeopardized In Skilled Workers Classification System?. This paper describes a qualitative case study based on a fieldwork conducted within a French metallurgical company. The aim of this study is to examine the use of degree and seniority as criteria to classify skilled workers, in a context characterized by the increase of young skilled workers who graduated a vocational baccalaureate. Moreover, the research has been carried out while the company was into negotiation of a competency-based classification system, which seems to extend the encounter of workers' generations. However, data revealed that skilled workers, as well as foremen and managers, share the thought that seniority is the rightful criterion to establish professional hierarchies.
- Le corps des filles à l'épreuve des filières scolaires masculines : Le rôle des socialisations primaires et des contextes scolaires dans la manière de « faire le genre »[1] - Julie Thomas p. 53-79 Cette recherche s'intéresse aux corps des jeunes femmes investissant des formations « masculines ». Plus exactement, les évolutions de leurs pratiques se rapportant au corps et à l'apparence, leurs discours – ainsi que ceux de leur entourage familial et scolaire –, ont été pris comme analyseurs des manières de « faire le genre » des enquêtées. Les différentes formes d'articulations des socialisations primaires et des effets de contexte sont au principe de manières différenciées de « faire le genre » chez nos enquêtées : tâcher de « s'imposer » en gardant une apparence « masculine », s'invisibiliser pour faire oublier son sexe et « neutraliser » les garçons, ou féminiser son apparence.Feminine Bodies in Masculine School Sectors. How Primary Socializations and School Class Context Both Constrain the Accomplishment of Gender. This qualitative research is interested in the bodies of girls who chose a masculine school sector. The evolutions of their practices related to the body and to appearance, as well as the discourse about it (theirs and that of relatives and school environment), were taken as analyzers of the manners to “do gender”. These manners seem differentiated according to “gender regimes” of these masculine school sections, which are also structured by social class, and according to their family socializations.
- De la diversité des formes d'atteinte au consentement : les contours du mariage forcé - Nisrin Abu Amara, Anouk Guiné, Christelle Hamel p. 81-105 Cet article examine les conditions d'expression et d'extorsion du consentement au moment du mariage chez des femmes immigrées et descendantes d'immigré.e.s résidant en France. Une typologie élaborée à partir de 29 entretiens semi-directifs a permis de rendre compte de la diversité des circonstances et des processus ayant entravé la volonté des personnes. Les résultats montrent que le consentement peut être extorqué dans le cadre d'unions arrangées par les familles comme d'unions non-arrangées mais imposées par le conjoint ou encore par les conditions de vie, et que ces unions mènent souvent à des situations de violences conjugales.On the Diversity of Constraints to Marriage: The Frontiers of Forced Marriage. In this article we examine the circumstances in which ethnic minority women living in France may be forced to “consent” to marriage against their will. A typology based on the analysis of 29 semi-structured interviews was constructed to reflect the wide range of situations and processes whereby women are constrained to act against their own wishes. The results show that consent may be obtained through coercion, both for marriages arranged by the family and for non-arranged marriages that are imposed either by the spouse or by the living conditions, and that these unions often lead to situations of spousal violence.