Contenu du sommaire : Le Japon, pays d'immigration ?
Revue | Hommes et migrations |
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Numéro | n°1302, avril-mai-juin 2013 |
Titre du numéro | Le Japon, pays d'immigration ? |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Le Japon, pays d'immigration ?
- Le Japon, pas d'immigration - Abdelhafid Hammouche, Hélène Le Bail et Chikako Mori p. 7 Japon et migration ne semblent pas faire tandem. On répète à l'envi que le pays est resté marqué par deux siècles de fermeture sur le reste du monde (jusqu'à la réforme de Meiji, en 1868) et que le peuple japonais se caractérise par une forte homogénéité ethnique qui rendrait difficile l'intégration d'un grand nombre de résidents étrangers. Les chiffres de la population étrangère installée au Japon tendent à confirmer ce discours.
- Esquisse d'une approche comparative des situation migratoires au Japon et en France - Abdelhafid Hammouche p. 13 La France et l'Algérie, le Japon et le Brésil, voilà deux couples migratoires propices à la comparaison. Sans faire d'analogies entre la structuration de leurs situations migratoires respectives, il s'agit de faire place, dans l'analyse, au double regard permettant de saisir à la fois les réalités de la société d'accueil et celles de la société d'origine. Le retour des Nippo-Brésiliens au Japon, puis leur départ à nouveau vers le Brésil n'est pas sans rappeler les parcours des Algériens entre la France et l'Algérie.
- Travailleurs latino-americains au Japon. Vingt années perdues - Naoto Higuchi et Nanako Inaba p. 23 Depuis la crise de 2008, la situation des résidents latino-américains s'est aggravée avec une forte augmentation du chômage qui rend problématique leur intégration à la société nippone. Même les Japonais qui avaient émigré en Amérique latine dans les années 1970 n'ont trouvé en rentrant au Japon au milieu des années 1980 que des emplois précaires, de l'intérim et peu de possibilité d'organiser leur ascension sociale.
- Les travailleur(se)s domestiques migran(e)s en Asie - Ruri Ito p. 33 En Asie du Sud-Est, de plus en plus de femmes migrent pour occuper des emplois domestiques. L'internationalisation des métiers du care et de la reproduction d'une division sexuée du travail explique le développement de cette migration féminine, notamment à Hong Kong et à Singapour. Au Japon, le poids des discriminations de genre tend plutôt à valoriser le modèle de la femme au foyer. Les métiers domestiques souffrent dans ce pays d'un vide juridique, malgré l'adoption récente d'une convention par l'Organisation internationale du travail.
- Stagiaires et apprentis étrangers au Japon - Yoshihiko Kuroda p. 41
- Etudiants étrangers et travailleurs qualifiés au Japon - Hélène Le Bail p. 43
- Esquisse d'une sociologie des banlieues au Japon - Chikako Mori p. 45 Depuis une vingtaine d'années, l'État nippon a amélioré les conditions d'entrée des résidents étrangers dans le parc locatif public. Conséquence : les populations étrangères ont tendance à se concentrer dans les banlieues des villes japonaises à côté d'autres populations fragiles. Cette distribution sociologique n'est pas sans rappeler la situation française, où la relégation spatiale se conjugue aux difficultés socio-économiques. Ici, comme là-bas, le racisme n'est souvent que le paravent de la misère sociale dont souffrent les habitants des cités.
- Les élèves étrangers au Japon. Un accès inégal à l'éducation - Daïsuke Sonoyama p. 57 Maîtriser la langue japonaise est la condition nécessaire pour suivre l'enseignement public au Japon. Dans un système conçu pour les Japonais, les élèves étrangers ont un besoin crucial de soutien linguistique. Partagée entre l'État et les collectivités locales, la politique éducative peine à s'adapter à la diversité de la société japonaise. Des écoles ethniques existent, mais elles bénéficient d'une reconnaissance aléatoire et n'ouvrent pas toujours les portes de l'enseignement supérieur universitaire. Ainsi, l'éducation devient un instrument de discrimination.
- Evolution du droit de la nationalité et individus métis. Le cas des nippo-philippins - Frédéric Roustan p. 67 Fondée sur le droit du sang, l'acquisition de la nationalité japonaise n'est pas chose aisée pour les enfants nés de mère étrangère. Le cas des enfants philippo-nippons est révélateur à la fois des pesanteurs de la société nippone qui peine à donner une existence légale aux métis, et de sa dynamique d'ouverture. Depuis une trentaine d'années, les discriminations juridiques touchant les enfants nés d'unions mixtes ont tendance à disparaître grâce à la mobilisation d'organisations non gouvernementales composées de citoyens japonais et d'étrangers.
- L'envolée des mariages mixtes. Une trajectoire féminine de migration - Hélène Le Bail p. 74
- L'exception japonaise en matière de droit d'asile - Minako Suzuki p. 77 Signataire de la Convention de Genève depuis une trentaine d'années, le Japon peine pourtant à mettre en place une politique d'asile digne de ce nom. Pire, celle-ci s'est considérablement durcie ces dernières années. Au Japon, l'accueil des réfugiés relève des services du ministère de la Justice chargés de contrôler les étrangers présents sur le territoire japonais. Un titre de séjour “humanitaire” a bien été mis en place, mais sans résoudre le manque d'un statut juridique clair qui renvoie le sort des demandeurs d'asile à la discrétion de l'État.
- Les caractéristiques de la xénophobie au Japon - Myungsoo kim p. 89 Comme dans la plupart des pays européens, la persistance de réflexes nationalistes et xénophobes s'observe dans l'archipel japonais, notamment à l'égard des Coréens. Le sens donné à la xénophobie dans une société qui promeut une définition mono-ethnique de sa nation diffère par exemple du cas français. Toutefois, certains éléments se retrouvent : histoire coloniale, avancée du néolibéralisme et nouvelles immigrations.
- Le Japon, un espace insulaire pluriel - Entretien avec Michaël Ferrier p. 99
- La participation politique des étrangers au Japon - Yuji Nakano p. 105 Si le Japon contemporain est bien une société multiculturelle, la vie politique y reste largement fermée à la participation des étrangers. Mais la situation évolue au niveau local. Depuis seize ans, la ville de Kawasaki, située entre Tokyo et Yokohama, a mis en place un organisme consultatif destiné aux résidents étrangers. Caisse de résonance de leurs revendications, espace de dialogue et de propositions, cette assemblée qui représente les citoyens étrangers entend améliorer leur insertion dans la vie de la cité.
- Soins aux personnes âgées et construction de l'identité ethnique - Akwi Seo p. 117 Les femmes coréennes au Japon sont doublement marginalisées. Pour les plus âgées, leur statut d'anciennes colonisées leur assigne une place en marge de la société nippone. Chez les plus jeunes, la méconnaissance de leur culture d'origine crée les conditions d'une aliénation culturelle. Toutes ces femmes sont soumises au pouvoir patriarcal en vigueur. Or, par le développement d'associations de soins aux personnes âgées coréennes, ces femmes ont mis en place une solidarité transgénérationnelle qui leur permet de mieux assumer leur identité.
- Le soutien associatif aux femmes étrangères au Japon - Hélène Le Bail p. 127 De nombreuses migrantes originaires d'Asie sont victimes d'une double discrimination au Japon, liée au genre et à leur origine. Venues pour travailler dans les clubs et les bars à hôtesses ou par mariage arrangé, elles sont rendues invisibles dans la société nippone, tout en étant la cible de violences et de la xénophobie. La société civile japonaise réagit. Dans la continuité des mouvements citoyens, les réseaux de soutien aux travailleurs étrangers, les associations féministes et les institutions d'origine chrétienne font cause commune pour défendre les droits de ces femmes.
- La solidarité internationale comme identité collective dans un quartier de journaliers - Shintaro Namioka p. 137 Au Japon, des groupes de soutien se sont créés depuis près de trois décennies pour venir en aide aux travailleurs étrangers en situation irrégulière. À Yokohama, l'association Kalabaw œuvre dans le quartier populaire de Kotobuki à la défense des populations fragiles. Kalabaw fonde en effet son action sur la solidarité entre les travailleurs et s'oppose au discours dominant. Au-delà des clivages stériles entre travailleurs japonais et étrangers, l'élaboration de ce contre-discours s'avère au fil des années de plus en plus difficile à tenir.
- Le Japon, pas d'immigration - Abdelhafid Hammouche, Hélène Le Bail et Chikako Mori p. 7
Collections
- Retour au pays natal le temps d'un voyage - Hélène du Mazaubrun p. 148
Entretien
- Gérald Bloncourt. Les Portugais - Marie Poinsot et Anne Volery p. 152
Repérages
- Histoire d'une immigration portugaise. Le rôle de la région Aquitaine - Manuel Dias Vaz p. 154
- L'émigration au Portugal. Avatar d'un pays "semi-périphérique", métropole postcoloniale - Irene Dos Santos p. 157
Mémoires
- La fin d'un train et des fins de vie. Le Sud-express et les immigrés portugais à la retraite en France - Lea Barreau-Tran p. 162
Kiosque
- Le rapport Tuot a-t-il un avenir ? - Mustupha Harzoune p. 170
Musique
- Madagascar, musiques foisonnantes - François Bensignor p. 176
Cinéma
- Inch'Allah, Goodbye Morocco, Free Angela and All Political Prisoners - Thomas Namer et Anaïs Vincent p. 206
Livres
- Le berceau au bord de l'eau, Sang et os, Rue des Voleurs, Lumières de Pointe-Noire, Les Désorientés, L'Arithmétique des dieux, Mélo, Le Hareng et le Saxophone, Le Meilleur des jours - Hélène Le Bail, Michaël Ferrier et Mustapha Harzoune p. 208