Contenu du sommaire : La face cachée des générations en entreprise

L'article analyse le cas d'automaticiens de centrale nucléaire confrontés à une double problématique de segmentation de la gestion des âges et de rationalisation organisationnelle de leur activité. Il montre que ces changements affectent un système de compagnonnage basé sur des relations de don/contre-don, produisant fiabilité et motivation professionnelle. La déprise des anciens entraîne une démotivation inattendue chez les plus jeunes, et révèle finalement l'interdépendance des générations dans la régulation autonome du métier.

À travers quatre enquêtes réalisées dans des entreprises et secteurs d'activité différents, les auteurs mobilisent la notion d'expérience comme un analyseur des conséquences et enjeux inhérents à la mutation des paradigmes productifs contemporains. La construction de l'expérience reposant à la fois sur des dynamiques sociales, culturelles et professionnelles propres à des périodes données, les effets de génération qui en découlent se cristallisent autour de tensions, souvent renforcées par l'évolution des dispositifs de gestion des ressources humaines. Une situation aboutissant, d'un côté, à complexifier les processus de transmission intergénérationnelles des compétences et, de l'autre, le positionnement des cadres de proximité dans le management de cette nouvelle forme de diversité.

Au-delà de l'accès à des rétributions statutaires et fonctionnelles, les jeunes attendent des entreprises une reconnaissance interpersonnelle de leur engagement au travail et de leur désir de trajectoire. Or, les politiques et systèmes de gestion des hommes paraissent en difficulté de produire des offres identitaires en rapport avec leurs investissements objectifs et subjectifs dans le travail. Ce déficit de reconnaissance trace une ligne de partage entre les jeunes qui, faute de ressources, ne peuvent construire leur trajectoire et ceux qui y parviennent selon des cheminements divers.

Qui sont les agents locaux médiateurs de sécurité ? Recrutés sur des critères ethniques (issus de familles immigrées), de territoire (banlieues) et d'âge (jeunes adultes), ils ?uvrent à la sécurisation des transports publics. Leur engagement basé sur une valorisation de l'éthique républicaine prépare-t-il une insertion professionnelle plus consistante ou les conduit-il vers les impasses des dispositifs d'insertion ?