Contenu du sommaire : Varia
Revue | @GRH |
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Numéro | no 7, avril 2013 |
Titre du numéro | Varia |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Éditorial - François Pichault p. 7-11
- Compétences individuelles et employabilité : essai de clarification de leur articulation - Sabrina Loufrani-Fedida, Eve Saint-Germes p. 13-40 Si l'employabilité est aujourd'hui reconnue comme un objectif majeur de la gestion des ressources humaines (GRH), son opérationnalisation et son intégration aux pratiques demeure un champ de recherche en construction. La gestion des compétences individuelles est l'un des leviers principaux de cette GRH au service de l'employabilité, mais peu de travaux en sciences de gestion intègrent compétences et employabilité dans leur analyse, et, s'ils le font, ce n'est que depuis peu (Van Der Heijde et al., 2006 ; Wittekind et al., 2010 ; Dietrich, 2010 ; Baruel-Bencherqui et al., 2011 ; De Vos et al., 2011 ; Raoult et al., 2011).Cet article vise à investiguer et clarifier les liens entre ces deux concepts clés en GRH, en proposant des éléments de réponse à la question suivante : Comment s'articulent la gestion des compétences individuelles et l'employabilité ? À partir d'une revue de la littérature sur la gestion des compétences d'une part, l'employabilité d'autre part, puis croisée, nous proposons trois niveaux d'articulation possible. Tout d'abord, l'articulation conceptuelle s'appuie sur le cadre théorique des capacités dynamiques organisationnelles pour faire émerger le « savoir-évoluer » comme une compétence constitutive de l'employabilité. Ensuite, d'un point de vue pratique, l'articulation des compétences individuelles et de l'employabilité passe par les démarches de GPEC, offrant le cadre nécessaire au développement de pratiques adaptées d'évaluation, de formation et de mobilité. Enfin, une articulation critique est proposée à partir d'une discussion de la mise en pratique du partage des responsabilités de la gestion des compétences des individus et de leur employabilité, ainsi que du développement de la communication RH tant du côté employeur que du côté salarié.If employability is nowadays recognized as a major objective of human resources management (HRM), its operationalization and integration into practices remains a field of research in construction. Competence management is one of the main levers of this HRM oriented employability. Nevertheless, very few and recent studies to our knowledge address both competencies and employability (Van Der Heijde et al., 2006 ; Wittekind et al., 2010 ; Dietrich, 2010 ; Baruel-Bencherqui et al., 2011 ; De Vos et al., 2011 ; Raoult et al., 2011).This paper aims to investigate and clarify the relationships between these two key concepts in HRM, offering answers to the following question: How are competence management and employability articulated? From a literature review on competence management on the one hand, employability on the other hand, then cross, we propose three levels of articulation. First, the conceptual articulation is based on the theoretical framework of organizational dynamic capabilities. We suggest the “adaptative capability” as a constituent competence of employability. Second, from a practical point of view, the articulation between competencies and employability is concretized through the “GPEC agreements” (occupations and competencies forecast management). These agreements offer the necessary framework for the development of assessment, training, and mobility practices. Third, we propose a critical articulation from a discussion of the implementation of shared responsibility for competence management and employability, as well as the development of HR communication (employer branding and self-marketing).
- De l'entreprise étendue à la « gestion des compétences étendue » : enjeux et pratiques en pôles de compétitivité - Christian Defélix, Thierry Picq p. 41-66 Depuis notamment Williamson et sa typologie caractérisant l'organisation, le marché et le réseau (1975), la recherche a développé de nombreuses analyses du phénomène de « l'entreprise étendue », au travers des travaux sur les réseaux, les chaînes de valeur ou les organisations virtuelles.Au sein de ces travaux, l'attention s'est portée souvent sur les questions de partage des représentations et des connaissances, d'apprentissage et de coordination, mais plus rarement sur les enjeux de gestion des ressources humaines (GRH). Or, l'entreprise étendue et les collaborations inter-organisationnelles ne se font pas qu'au travers des produits ou des contrats commerciaux : elles supposent également une GRH qui dépasse les frontières de l'organisation, et en particulier une gestion permettant de rassembler des compétences jusqu'ici dispersées au sein d'organisations différentes.Le présent article, basé sur une étude qualitative menée au sein d'une dizaine de pôles de compétitivité français, propose une caractérisation de cette gestion des compétences étendue. Il montre en particulier que si la gestion des compétences est encore une sorte de « point aveugle » dans la littérature sur l'entreprise étendue, il est possible d'en proposer une modélisation, permettant d'examiner en particulier la mise en place d'un modèle en émergence, dit des « compétences distribuées ».Many researches have been conducted about the « extended company » phenomenon, such as organizational networks, value chains or virtual organizations. Much attention has been paid to knowledge sharing, inter-organizational learning or coordination mechanisms, but we do not know many things about human resource management (HRM) stakes. What are the HRM practices that are induced in extended companies ? What are the main challenges that practioners have to face? In this paper we defend the idea that today new forms of skill-based management are tried in several forms of extended companies, especially in clusters such as French “poles of competitiveness”.
- Pour une contribution de la théorie de l'activité au changement organisationnel - Patrick Gilbert, Nathalie Raulet-Croset, Damien Mourey, Christine Triomphe p. 67-88 L'article porte sur un changement radical, mis en œuvre à partir d'instrumentations locales consacrées à l'amélioration opérationnelle. Pour analyser ce changement, les auteurs ont mobilisé la théorie de l'activité. L'outil n'est rien hors de l'activité ; tel est l'axiome central de cette théorie qui trouve ses origines dans l'œuvre scientifique de Lev Vygotski (1934/1985). Plus précisément le texte s'appuie sur l'approche proposée par Engeström (1987) qui a appliqué les idées de Vygotski à l'étude de la communication au travail et des interactions entre différents systèmes d'activité. L'application de ce cadre d'analyse montre que ce type de changement, ayant une forte composante artefactuelle et culturelle, peut être analysé en considérant l'interaction entre le système d'activité d'« amélioration opérationnelle », qui porte une intention de changement fondée sur des instruments, et le système d'activité managérial. Il apparaît que le changement au sein de l'organisation se produit à travers des apprentissages situés, liés aux tensions entre systèmes d'activité. La recherche met également en avant le rôle central de l'objet du système d'activité, comme pouvant faire le lien entre la nature à la fois locale et globale du changement organisationnel.For a contribution of activity theory to organizational change
The paper explores a radical organizational change triggered by the introduction of novel and local managerial tools and methods aiming at fostering operational excellence. Activity theory was drawn on to analyze this change. There is no tool outside the activity: this is the main axiom of this theory which derives from Lev Vygotski's seminal research (1934/1985). More specifically, we draw on Engeström's theoretical approach since he applied Vygotski's ideas to the study of communication in the workplace and to that of interactions between different activity systems. The use of this theoretical framework demonstrates that the change under study results from the interactions between two activity systems: the “operational improvement” one, which conveys some change intent based on tools and methods, and the “managerial” one. Change within the organization happens through situated learning resulting from the tensions and contradictions between the components of the two systems of activity. This research also emphasizes the key role played by the activity system's object as it appears to bridge and reconcile both the local and global aspects of organizational change. - L'évolution d'un réseau social dans une réorganisation : « fluctuat nec mergitur » - Guillaume Chanson, Serge Edouard p. 89-112 Longtemps considérée comme statique, l'analyse des réseaux sociaux tend à s'enrichir en portant davantage sur leur évolution. Dans cette perspective, cette recherche analyse le cas d'une réorganisation (de la structure formelle et de la disposition des bureaux) au sein d'un département d'une SSII française. Cette étude de cas repose sur une collecte de données sur longue période, avant et après la réorganisation, à travers une observation participante et des entretiens. Elle imbrique les évolutions d'organigramme et de réseaux sociaux en tenant compte des statuts hiérarchiques dans l'analyse structurale. Il ressort de l'analyse structurale, d'une part, que le réseau social résiste à cette profonde réorganisation en s'adaptant : il perd ainsi sa connexité, son noyau se rétrécit alors que sa périphérie s'accroît, les sous-groupes de relations réciproques se calent sur les équipes formelles. De l'autre, les positions des acteurs se modifient : alors que les responsables perdent leur position centrale pour se recentrer sur leur équipe, les relations interéquipes sont maintenues par les développeurs.Social network analysis used to be considered as static but now is enriching by dealing with evolution. Following this approach, this research presents the case of a reorganization (of the formal structure and office arrangement) in the department of a french IT services company. This case study is based upon a long-time data collection (before and after the reorganization) through participant observation and interviews. It intertwines evolutions of organization chart and social networks. Structural analysis consider the hierarchical position of actors. It has two main results: first, the social network stands this deep reorganization through adaptation (connectivity disappears, core shrinks and periphery grows, subgroups of reciprocal relationships fit the formal teams). Besides actors' positions evolve (managers lose their central position by refocusing on their teams, inter-team relationships are maintained by developers).