Contenu du sommaire : Émigrations au début du XXe siècle
Revue | Cahiers du monde russe |
---|---|
Numéro | volume 48, no 1, janvier-mars 2007 |
Titre du numéro | Émigrations au début du XXe siècle |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- L'Association des Étudiants russes de Paris - Boris Czerny p. 5-21 Cet article retrace le fonctionnement de l'Association des étudiants russes de Paris entre 1908 et 1911. Cette organisation apolitique faisait parvenir des informations pratiques aux étudiants russes qui souhaitaient s'inscrire dans des universités ou des établissements d'enseignement supérieur à l'étranger et en France tout particulièrement. L'analyse des lettres envoyées par des candidats au départ qui vivaient en Russie permet de détailler comment les étudiants choisissaient le domaine dans lequel ils souhaitaient poursuivre leurs études. La présence de ressortissants dans certaines villes explique parfois pourquoi des étudiants originaires de l'Empire russe donnaient leur préférence pour une région déterminée. Ainsi, l'étude inédite des lettres conservées dans les archives de l'Association des étudiants russes de Paris permet de saisir de l'intérieur les motivations profondes des étudiants qui quittaient la Russie pour s'installer à l'étranger. Il apparaît nettement que si l'antisémitisme et le système des quotas limitant l'accès des universités aux ressortissants juifs expliquent le pourcentage élevé de juifs parmi les étudiants russes, les séjours de formation à l'étranger étaient considérés comme une démarche « banalisée » pour les juifs comme pour les non-juifs. Les archives de l'Association des étudiants russes de Paris donnent la possibilité de comprendre le fonctionnement d'une organisation caritative russe avant la Première Guerre mondiale et la révolution d'Octobre. Il existait des distinctions d'ordre national et politique entre les différentes associations d'émigrés originaires de Russie. Mais, dans le même temps, les restaurants, bibliothèques ainsi que les salles de lecture étaient des lieux où se rencontraient des personnes venant d'horizons divers.
- L'émigration russe et les élites culturelles françaises 1920-1925 : Les débuts d'une collaboration - Leonid Livak p. 23-43 Cet essai traite des rapports professionnels et intellectuels entre l'intelligentsia russe émigrée et les élites culturelles françaises dans la première moitié des années 1920, sujet jusqu'ici ignoré des études sur l'émigration russe en France. Il s'agit de démontrer que nous disposons d'ores et déjà de suffisamment de documents d'archives et d'informations bibliographiques susceptibles de remettre en cause radicalement les idées reçues sur l'émigration russe, en particulier cette représentation mythique de l'isolement des émigrés face aux élites culturelles françaises dans l'entre-deux-guerres. En partant du fait, désormais bien documenté, que dès le début de l'histoire de l'exil, l'intelligentsia émigrée chercha à rallier l'édition et la presse françaises, l'auteur décrit, sans prétendre en présenter un tableau exhaustif, quelques voies principales de l'effort organisé de la part de la diaspora russe pour créer un réseau de communication intellectuelle et culturelle avec ses hôtes. Il s'agit, notamment, de l'?uvre du Comité de secours aux écrivains et aux savants russes en France ; de la création d'un lieu d'échanges intellectuels sous l'égide de la Société des amis des lettres russes ; ainsi que de projets d'éditions franco-russes entrepris à plusieurs reprises par les émigrés dans la période concernée.
- L'histoire du groupe Caucase (1934-1939) - Georges Mamoulia p. 45-85 Cet article est consacré à l'histoire de l'organisation émigrée Caucase (1934-1939). Dirigée par Haïdar Bammate, le leader nord-caucasien bien connu, ancien ministre des Affaires étrangères de l'Union des montagnards du Caucase du Nord et du Daghestan (1918), puis de la République montagnarde (1919), cette organisation rassemblait les représentants de l'élite intellectuelle de l'émigration caucasienne. Dans les pages de la revue CAUCASE publiée en sept langues durant la seconde moitié des années 1930, les leaders de cette organisation préconisaient la création d'une confédération caucasienne après la libération du Caucase du joug du Kremlin. Leurs analyses ont retrouvé une actualité aujourd'hui, après la chute de l'URSS. À partir d'archives rares et non publiées, l'auteur montre que même dans la vie extrêmement dure de l'émigration, les exilés politiques caucasiens essayaient de mettre à profit toutes les possibilités offertes par les circonstances changeantes de la conjoncture internationale pour avancer la cause de l'indépendance de leur patrie.
- La Pisanelle de Gabriele d'Annunzio et le mirage orientaliste - Gérard Abensour p. 87-108 La Belle Époque touche à sa fin. Le 13 juin 1913 est créée au théâtre du Châtelet à Paris une ?uvre rutilante et hybride : la pisanelle ou la mort parfumée, texte français du dramaturge italien Gabriele d'Annunzio. La participation russe est prépondérante : Lev Bakst pour le décor, Ida Rubinstein dans le rôle principal, Vsevolod Meyerhold pour la mise en scène. La richissime actrice est la commanditaire du spectacle dont la chaude volupté répond à ses v?ux. D'Annunzio a voulu dans cette ?uvre faire se mesurer latinité et orientalisme. Les circonstances qui ont procédé à la création de la pièce dans l'atmosphère survoltée d'une vie artistique dominée par les Ballets Russes font l'objet de cet article.
- Отмена крепостного права в россии (1856-1863) - Petr ¢erkasov p. 109-136
- Eux et nous : la guerre froide dans les histoires drôles soviétiques - Andreï Kozovoï p. 137-152 Les anecdotes politiques en URSS constituent une source très riche pour l'étude de la culture populaire. Elles nous apportent des informations sur les représentations identitaires que les Soviétiques avaient d'eux-mêmes et des étrangers. Cette information est d'autant plus importante dans le cadre de l'étude de l'opinion publique en URSS pendant la guerre froide et celle de la question de l'efficacité ou non de la propagande antiaméricaine. À condition de les croiser avec d'autres types de sources, les anecdotes qui font mention des États-Unis et des Américains mettent en évidence l'émergence d'une identité négative, mais aussi une certaine vision des relations internationales. Celle-ci est certes largement dépendante du prisme idéologique officiel, mais montre aussi une absence de foi véritable dans les valeurs démocratiques occidentales et globalement un certain apolitisme, surtout parmi les jeunes.