Contenu du sommaire : La philosophie allemande
Revue | Archives de philosophie |
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Numéro | tome 67, no 3, juillet 2004 |
Titre du numéro | La philosophie allemande |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Kant et la raison comme fonctionnalité logique - Bruno Haas p. 379-398 L'idéalisme transcendantal de type fichtéen et schellingien a été développé à partir d'un certain nombre d'apories concernant, par exemple, la « chose-en-soi », le statut du sujet entre sens interne et externe et l'intersubjectivité. Surtout la version schellingienne du transcendantalisme aboutit à une nouvelle conception de l'ontologie, « post-kan-tienne ». Mais elle est basée sur un déplacement de la problématique kantienne, entamée déjà par Fichte, qui méconnaît radicalement un aspect essentiel de la découverte kantienne, à savoir que l'entendement est fonctionnalité, dans un sens analogue à l'acception promue par Leonhard Euler en mathématiques.
- La cohérence des deux premières Critique : Lecture du « Canon de la raison pure » - Antoine Roullé p. 399-419 Le « Canon de la raison pure » développe, pour la première fois dans un cadre critique, les idées morales de Kant. Ce texte pose donc aux commentateurs la question du rapport de la Critique de la raison pure et de la Critique de la raison pratique. Un article célèbre de Martial Guéroult, datant de 1954, a proposé de ce chapitre de la Critique de la raison pure une interprétation qui insiste sur la discontinuité et l'hétérogénéité des deux premières Critique. Notre propos est de tenter, à rebours de cette interprétation, une lecture du Canon qui mette en évidence le fait que ce texte ne conduit nullement à l'hétéronomie, et rend donc possible la conciliation de la première et de la seconde Critique.
- Husserl, lecteur de Fichte - Olivier Lahbib p. 421-443 Dans les Leçons sur Fichte (L'Idéal de l'humanité chez Fichte) de 1917, Husserl réinscrit Fichte dans l'histoire de la pensée idéaliste transcendantale kantienne. Husserl reconnaît à Fichte le mérite de dépasser et de dénoncer la contradiction de la chose en soi kantienne. Mais il manque le sens radical du primat de la raison pratique, et ses conséquences pour la fondation de la raison théorique, et la réduction phénoménologique. Husserl interprète l'approfondissement de la dernière philosophie de Fichte comme une simple répétition du modèle de pensée téléologique néoplatonicien. Malgré son jugement rude sur la métaphysique fichtéenne, Husserl est effectivement et fortement inspiré par la théorie fichtéenne, du point de vue de la théologie et de l'histoire.
- Phénoménologie et personnalisme : Remarques sur le Formalisme en éthique de Max Scheler - Bruno Frère p. 445-464 A une époque où la pensée critique semble camper sur des bases inébranlables, Scheler entreprend de remettre en question un ensemble de présupposés typiquement kantiens. Celui qu'il prend en effet le plus directement à parti est le schéma rationaliste qui les fonde tous à l'origine. C'est ainsi que l'essentiel de sa philosophie consistera, expliquent les spécialistes, à jouer le sentiment contre l'intellect. Il ne convient pas de renouveler ce constat ? fût-ce sous un angle nouveau ?, mais bien plutôt de dévoiler ce qui constitue ses conditions de possibilités. L'originalité de la pensée schelerienne, en deçà de son opposition à la toute puissante « raison raisonnante », réside certainement en (grande) partie dans la mise en place rigoureuse et concise d'un cadre phénoménologique capable de fournir les outils nécessaires à l'élaboration de sa critique. En effet, Scheler ne subordonne la raison au sentiment qu'à la suite d'un long travail phénoménologique de remise en question du sujet, de l'Ego. C'est ce travail que nous nous proposons de retracer ici en suivant pas à pas la manière dont il prend congé de la synthèse et de l'unité transcendantales pour s'orienter vers une pensée de la diversité.
- Continu, individu, esprit : La conception du temps chez le jeune Heidegger face à la théorie du temps de Dietrich de Freiberg - Martina Roesner p. 465-491 La présente étude se propose d'examiner les liens entre Heidegger et la philosophie médiévale allemande en dehors du binôme bien connu Heidegger ? Maître Eckhart. L'opposition que le jeune Heidegger introduit entre le temps continu des sciences de la nature et le temps discontinu propre à l'esprit humain dans son histoire rappelle en effet certains traits fondamentaux de la théorie du temps développée par le dominicain allemand Dietrich de Freiberg. L'hypothèse d'un lien de filiation entre Heidegger et Dietrich est d'une part suggérée par leur refus commun d'une vision « naturaliste » ou « psychologique » du temps, refus qui traduit en effet l'ancrage du temps dans le mode d'être particulier de l'existence humaine. D'autre part, la conception dietrichienne du rapport de fondation circulaire entre l'intellect humain et l'intellect divin apparaît également comme modèle pour la conception, chez le Heidegger moyen et tardif, du « fond-sans-fond » abyssal entre l'événement de l'Être ( Ereignis) et le Dasein.
- Comptes rendus - p. 493-500
- Bulletin de philosophie médiévale VIII - p. 503-518
- Bulletin de littérature hégélienne XIV - p. 519-551