Contenu du sommaire : Droit et philosophie
Revue | Archives de philosophie |
---|---|
Numéro | tome 67, no 4, octobre 2004 |
Titre du numéro | Droit et philosophie |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Introduction - Bruno Karsenti p. 555-556
- « Nul n'est censé ignorer la loi ». : Le droit pénal, de Durkheim à Fauconnet - Bruno Karsenti p. 557-581 La singularité du droit pénal, selon Durkheim tient au fait que l'adage « nul n'est censé ignorer la loi » s'y applique sans fiction. Cette connaissance toujours déjà assurée des sujets sociaux que le droit pénal suppose, quel statut lui donner ? Et quelle forme particulière de sanction s'en trouve par là déterminée ? En étudiant les transformations de la réflexion sociologique sur ce sujet, de Durkheim à Fauconnet, on voudrait poser les jalons d'une conceptualisation du droit pénal qui, sans quitter le plan proprement juridique et sans le réduire à n'être que le reflet ou l'instrument de motivations extérieures, s'efforce de saisir le type de prise qu'il exerce sur les événements et les corps, la façon dont il les dissocie et les réarticule, le découpage qu'il opère dans la réalité avec une précision et une exactitude qui n'ont rien d'absolu, puisqu'au fond, elles ne relèvent que de lui.
- Sur le rapport aux règles et la résistance au positivisme juridique - Emmanuel Picavet p. 583-605 En partant des critiques adressées au positivisme juridique et de certains usages des thèses de Wittgenstein, cet article a pour objet l'identification des enjeux théoriques de l'analyse du rapport critique aux règles. Il est montré que donner sens aux objections antipositivistes conduit à l'analyse de la coordination politique autour de principes généraux.
- Performativité, normativité et droit - Sandra Laugier p. 607-627 L'auteur veut explorer à nouveaux frais le lien entre actes de langage et droit, en essayant d'éviter le piège d'une lecture normativistede la performativité, mais aussi celui d'une lecture ontologique qui ferait de l'acte de langage la production d'un état de choses social. L'A. inverse ces démarches pour examiner la dimension proprement linguistique de l'invention d'Austin, et la critique, inséparable de son invention des énoncés performatifs, de toute portée ontologique de ces actes. Il insiste sur l'élément crucial que constitue, dans la théorie d'Austin, la notion d'échec de l'acte de langage, à partir de laquelle pourrait se reconcevoir sa normativité propre, donc le lien de l'acte de langage et du droit.
- Droits individuels ou droit des peuples ? : Forces et limites du cosmopolitisme contemporain - Stéphane Courtois p. 629-642 Après avoir distingué deux orientations importantes du cosmopolitisme contemporain, l'une s'intéressant aux problèmes de justice distributive et une autre s'intéressant davantage aux principes démocratiques qui devraient régir un ordre politique mondial, l'auteur se concentre sur cette dernière orientation et pose à son endroit deux questions: Dans quelle mesure est-il réaliste d'envisager un ordre politique mondial qui ne soit plus fondé sur l'État-nation et sur la défense de sa souveraineté ? Quelle place et quel rôle revient-il à l'État-nation dans un tel ordre? En réponse à la première question, il soutient que les modèles d'association cosmopolitique présentement suggérés par certains philosophes et politologues (Habermas, Held) peuvent être défendus de manière réaliste contre les partisans d'un ordre international westphalien. En revanche, en réponse à la seconde question, il estime que les versions aussi bien radicales que modérées du cosmopolitisme contemporain parviennent malaisément à rendre compte adéquatement du statut et du rôle de l'État-nation dans un monde post-westphalien.
- Le modernisme paradoxal de Paul Ric?ur - Johann Michel p. 643-657 Le rapport de l'?uvre de Paul Ric?ur à la modernité ne va pas de soi. Imprégnée profondément par le testament judéo-chrétien, méfiante à l'égard des ruptures brutales, soucieuse d'incarner le cogito dans l'existence, sa philosophie pourrait aisément s'inscrire dans une tendance néo-traditionaliste. Cette dimension anti-moderne se renforce en raison de la place majeure que la pensée de Ric?ur accorde aux mouvances post-modernes, qu'elles soient d'inspiration vitaliste, structuraliste ou post-structuraliste. Pourtant, jamais le philosophe n'a abandonné ni le projet émancipateur, ni la conquête réflexive du cogito portés par la modernité. La dialectique subtile et originale dans son ?uvre de ces trois paradigmes philosophiques se traduit donc sous la forme d'un modernisme paradoxal qui se comprend mieux lorsqu'on le replace dans le cadre d'un réformisme moral et politique, à l'opposé aussi bien d'un éloge de la tradition que des emportements révolutionnaires.
- La question de l'unité de l'?uvre de Ric?ur à la lumière de ses derniers développements : Le paradigme de la traduction - Domenico Jervolino p. 659-668 Cet article offre une vision globale de l'?uvre de Ric?ur, l'auteur proposant d'y lire une logique de développement en spirale, parce que dans les ouvrages les plus tardifs du philosophe nous trouvons un retour de la recherche sur la volonté ? inscrite dans le cadre d'une anthropologie philosophique ? qui avait inspiré son projet de jeunesse. Mouvement en spirale, et non retour circulaire aux origines, car entre le début et la fin il n'y a pas coïncidence mais enrichissement après un long détour à travers l'univers du langage. Ce détour ? selon l'hypothèse de travail de l'auteur ? progresse à travers trois paradigmes: symbole, texte et traduction. Dans la traduction travaillent le propre et l'étranger, le soi et l'autre, l'autre que nous retrouvons en nous et qui ne se réduit pas à l'altérité de l'autre homme. Un concept pluriel d'humanité ? qui est pourtant une ? y est à l'oeuvre. Le travail jamais accompli de la traduction suggère enfin l'idée d'une herméneutique de l'inachèvement.
- Comptes rendus - p. 669-690
- Bulletin de bibliographie spinoziste XXVI : Revue critique des études spinozistes pour l'année 2003 - p. 695-722