Contenu du sommaire : Merleau-Ponty : Philosophie et non-philosophie
Revue | Archives de philosophie |
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Numéro | tome 69, no 1, janvier 2006 |
Titre du numéro | Merleau-Ponty : Philosophie et non-philosophie |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Merleau-Ponty philosophie et non-philosophie - Étienne Bimbenet, Emmanuel de Saint Aubert p. 5-9
- La « promiscuité » Merleau-Ponty à la recherche d'une psychanalyse ontologique - Emmanuel de Saint Aubert p. 11-35 Nous étudions ici l'une des figures les plus originales et les plus complexes de l'univers du dernier Merleau-Ponty, l'une des moins bien comprises aussi : la « promiscuité ». Aussi polymorphe que la célèbre figure de l'«empiétement », la «promiscuité » appartient en propre au complexe de la psychanalyse ontologique de Merleau-Ponty. Elle décrit d'abord la logique des rapports archaïques avec autrui, et se situe en cela dans la ligne du travail sur l'intercorporéité. Elle désigne aussi la modalité connaissante de la chair, tout en indiquant notre résistance à celle-ci, notre ignorance naturelle de la chair comme être de promiscuité. Elle habite bientôt le c?ur de la conception merleau-pontienne de l'inconscient, dans le prolongement des travaux de Paul Schilder sur l'image du corps. Enfin, elle vient renouveler dans les derniers manuscrits l'idée même de mystère ontologique. La chair, être de promiscuité, vit dans la promiscuité de l'être. Et la philosophie, d'après Merleau-Ponty, devrait être le savoir cohérent des visages apparemment si divers de cette ultime figure du lien.
- De Mauss à Claude Lévi-Strauss : cinquante ans après : Pour une ontologie Maori - Patrice Maniglier p. 37-56 Depuis le célèbre article de Merleau-Ponty, « De Mauss à Claude Lévi-Strauss », la manière dont on évalue le rapport entre ces deux auteurs détermine ou exprime autant d'interprétations historiques du structuralisme et de choix théoriques ou philosophiques quant aux sciences sociales. Cette filiation se voulait une critique: être fidèle à la découverte de Mauss, celle du caractère central de la réciprocité dans la vie sociale, imposait de dépasser la sociologie vers une sémiologie générale. Cet article s'efforce de montrer qu'il ne s'agit pas là, contrairement à l'interprétation subtile qu'en fit Merleau-Ponty, de faire de la réalité sociale un système de points de vue substituables ou de mouvements corrélés de sub-jectivation, mais de montrer que ce sont les « valeurs » qui, du fait de leur nature, de leur ontologie, doivent nécessairement circuler entre plusieurs points de vue exclusifs et complémentaires. Il revisite la célèbre critique de Lévi-Strauss à Mauss sur l'explication de l'obligation de donner par une « force des choses », et replace l'apport de l'anthropologie structurale dans la philosophie de l'esprit contemporaine, là où elle se confronte aux questions ouvertes par la physique sur l'ontologie des objets quantiques.
- Sens pratique et pratiques réflexives : Quelques développements sociologiques de l'ontologie merleau-pontienne - Étienne Bimbenet p. 57-78 La sociologie bourdieusienne du sens pratique apparaît comme un prolongement fidèle de la philosophie merleau-pontienne du corps percevant; du coup cette dernière tombe sous l'objection, fréquemment adressée à Bourdieu, d'un nouveau sociologisme. On verra qu'une définition plus fine de la chair, et la notion de rôle qui y est inscrite, répondent à l'objection, libérant la possibilité d'une véritable pratique réflexive.
- « Un tableau de l'histoire humaine » : Merleau-Ponty au-delà de Bergson - David Belot p. 79-100 Sur le chemin par lequel Merleau-Ponty retrouve Bergson dans les années 50, l'histoire occupe une place à part. Merleau-Ponty regrette que décidément l'intuition bergsonienne de l'histoire soit trop « générale », mais en même temps, c'est bien dans une inspiration bergsonienne, certes profondément renouvelée, qu'il essaye de penser le concept « souple » d'institution. L'unité de l'histoire, inaccessible à toute position de surplomb, apparaît dans la communication entre les temps, dans leur singularité même. Mais pour comprendre vraiment cette idée d'une « durée publique », il faut déterminer le sens exact dans lequel Merleau-Ponty déclare que le concept d'histoire doit être formé sur l'exemple des arts et de l'expression. Ce mouvement de pensée est l'une des voies par lesquelles Merleau-Ponty approche une idée originale de la dialectique.
- Science et ontologie : Pour un concept renouvelé de nature - Franck Robert p. 101-122 A la fin des années 50, Merleau-Ponty cherche à dévoiler le sens ontologique caché de la science contemporaine. Il peut trouver dans la philosophie de la nature de Whitehead l'ontologie implicite de la physique quantique et de la relativité. Même si son questionnement repose sur les méditations de Husserl et Heidegger, Merleau-Ponty ne trouve pas dans leurs recherches une telle ontologie. Whitehead cependant, comme Husserl et Heidegger, déconstruit l'ontologie moderne. La nature n'est pas d'abord natura, mais ?????. L'idée whiteheadienne de la nature comme passage et l'idée de procès correspondent à ce concept de nature. La déconstruction de l'idée classique de nature, d'une nature sans vie, conduit aussi à une méditation portant sur la nature vivante. A la fin de sa vie, Merleau-Ponty explore ainsi les limites de la phénoménologie: Whitehead et sa méditation sur la nature et la vie, à partir de la science, contribue à cette exploration.
- Maurice Merleau-Ponty, une esthétique du mouvement - Stefan Kristensen p. 123-146 Je cherche ici à renouveler la compréhension de l'esthétique merleau-pontienne en lisant les notes de son premier cours au Collège de France, « Le monde sensible et le monde de l'expression ». Ce faisant, on peut voir certains films de Godard comme prolongeant la réflexion du philosophe, éclairer le rapport de Deleuze à la phénoménologie et enfin resituer Merleau-Ponty dans le contexte des pratiques artistiques contemporaines. La portée de cette phénoménologie du mouvement dépasse cependant le cadre de l'esthétique dans la mesure où elle laisse entrevoir une solution au problème du passage du perceptif au conceptuel.