Contenu du sommaire : Le premier système de Schelling
Revue | Archives de philosophie |
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Numéro | tome 73, no 3, juillet 2010 |
Titre du numéro | Le premier système de Schelling |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Le premier système de Schelling : Présentation - Alexander Schnell p. 387-388
- Poser le moi comme inconscient - Maxime Chédin p. 389-402 Cette contribution s'efforce de cerner ce qui fait l'originalité du projet philosophique à l'œuvre dans le Système de l'idéalisme transcendantal, en montrant comment le débat engagé par Schelling avec Fichte au sujet de la détermination de la philosophie comme idéalisme transcendantal s'est avéré déterminant. La critique du « formalisme » et du « subjectivisme » de la doctrine de la science apparaissent comme des moments-clés, quoique polémiques, de la constitution par Schelling d'une philosophie autonome, dégagée du « cercle de la conscience », où s'exprime son souci d'atteindre une réalité plus ancienne que celle posée par la conscience.This contribution aims to pinpoint the uniqueness of the philosophical project contained in the System of Transcendental Idealism. It does so by showing how the debate over philosophy as transcendental idealism, initiated by Schelling and Fichte, proved decisive. The critiques of the « formalism » and « subjectivism » of the Doctrine of Science appear to have been key, despite the controversy, in Schelling's founding of an autonomous philosophy, freed from the « circle of consciousness », where Schelling is concerned to reach out to a reality prior to that conceived by the conscience.
- Possibilité et réalité de l'idéalisme transcendantal : La thématique de la preuve du système dans le SIT - Teresa Pedro p. 403-415 A partir de la question de la possibilité de l'idéalisme transcendantal dans la deuxième section du SIT, nous analysons le statut des preuves de l'idéalisme transcendantal, en tentant d'en fournir une systématisation. Dans ce cadre, nous essayons de montrer, d'une part, que la problématique d'une preuve de l'idéalisme transcendantal dans le SIT rejoint la dimension critique de la philosophie kantienne et, d'autre part, que ce problème conduit Schelling à un dépassement de l'idéalisme transcendantal dans une philosophie de l'art.With a view to the question of the possibility of transcendental idealism in the second section of the STI, the status of the proofs of transcendental idealism is analysed, and an attempt is made to systematize these proofs. In this context, it is shown that, firstly, the issue – a proof of transcendental idealism in the STI – remains within the critical dimension of Kantian philosophy and, secondly, that this problem leads Schelling beyond the limits of transcendental idealism into a philosophy of art.
- Le commencement du monde : L'advenir primitif de l'objectivité de l'objet dans la partie théorique du Système de l'idéalisme transcendantal de Schelling - Charles Théret p. 417-434 Ce que nous voulons montrer dans cette contribution, c'est que Schelling, dans le Système de l'idéalisme transcendantal, pose, avant l'apparition de l'objectivité de l'ob-jet ou du monde, un moment an-objectif : la sensation. Il s'agit de mettre au jour ici le commencement du monde ou de l'objectivité de l'objet à partir du conflit entre l'activité réelle (l'objectité) et l'activité idéelle (la subjectité) dans le Moi, commencement qui n'est possible que par ce moment de la sensation comme sans-objet.What we aim to show in this article is that, in the System of transcendantal Idealism, Schelling establishes that, before the coming of the objectivity of the ob-ject or of the world, there is an an-objective moment : sensation. The beginning of the world or of the objectivity of the object comes from the conflict between the real activity (the objectity) and the ideal activity (the subjectity) in the I. This beginning is only possible with this moment of the sensation as objectless.
- La volonté et l'objet extérieur - Patrick Cerutti p. 435-450 Cette section décrit comment le vouloir se porte sur un objet extérieur, c'est-à-dire s'intuitionne dans son produit tout en s'en distinguant. Comment s'effectue le passage du subjectif dans l'objectif si, conformément au principe du système, agir et intuitionner ne font qu'un ? Est-ce une limite de l'idéalisme que de ne concevoir l'action que comme une intuition ou ce point de vue nous offre-t-il de nouvelles ressources pour penser ensemble la liberté de la volonté et sa nécessaire phénoménalisation ? La réflexion sur le droit et l'histoire montre que l'idéalisme transcendantal ne peut garantir l'efficacité de notre activité pratique qu'en faisant de la nature l'élément inconscient qui permet aux libertés de s'objectiver, c'est-à-dire de s'éduquer mutuellement.This section describes how the will goes to an external object, or intuits itself in its product while distinguishing itself from it. How is made the passage of the subjective in the objective if, according to the principle of the system, acting and having an intuition make one ? Is it a limit of the schellingian idealism to conceive action as an intuition or does this point of view offer us new resources to think together freedom of the will and its necessary phenomenalisation ? The reflection on right and history shows that the transcendental idealism can warrant the efficiency of our practical activity only by making nature the unconscious element which allows freedoms to objectify themselves, that is to educate themselves mutually.
- La philosophie aporétique de l'histoire de Schelling dans le Système de l'idéalisme transcendantal - Jean-Christophe Lemaître p. 451-465 Nous nous proposons dans cette étude de dégager le caractère aporétique du traitement schellingien de la question de l'histoire dans le Système de l'idéalisme transcendantal. Cette aporie consiste en l'impossibilité de concilier le libre arbitre, condition de la phénoménalisation de la liberté, et la nécessité comme légalité supérieure unifiant les volontés particulières en fonction d'un but commun. Les figures de l'improvisation et du tragique par lesquelles Schelling pense l'histoire dessinent alors une forme de pessimisme historique, qui revêt une double fonction positive : penser le pratique dans sa radicalité absolue et comprendre la nécessité de son propre dépassement dans une philosophie de l'art.The purpose of our survey is to highlight the aporetic character of Schelling's treatment of the issue of history in his System of Transcendental Idealism. Such apory lies in the impossibility to make free will, which is the prerequisite for the phenomenalisation of liberty, compatible with necessity as a superior law unifying all individual will powers, and making them work toward the same purpose. The figures of improvisation and the tragic, through the prism of which Schelling envisions history coalesce into a form of historical pessimism which has two positive functions : to apprehend the practical in its absolute radicality and to understand the need for transcending itself into a philosophy of art.
- « Un nouveau genre de vérité » : En quel sens l'art achève-t-il le Système de l'idéalisme transcendantal ? - Mildred Galland-Szymkowiak p. 467-483 L'article examine le sens de la systématisation de la philosophie transcendantale que Schelling présente en 1800 comme accomplie par l'art, « organon et document » de la philosophie. A partir d'une reconstitution du problème et de la dynamique propres au Système de l'idéalisme transcendantal, puis de la fonction systématique de la philosophie de l'art, on soutient que l'achèvement que l'art est censé accomplir prend en fait plutôt – en lien direct avec l'ambiguïté du principe du Système – la figure d'une mise en suspens, d'une indécision fondamentale entre deux voies, ultérieurement empruntées l'une par la philosophie de l'identité, l'autre par la dernière philosophie.This article examines the significance of the systematization of transcendental philosophy which Schelling claims in 1800 to be fulfilled by art, « the organon and document » of philosophy. After reconstructing the problem and the process peculiar to the System of transcendental Idealism, as well as the systematic function of the philosophy of art, we maintain that (due to the ambiguity inherent in the System's principle) the supposed completion of philosophy by art is in fact fundamentally unresolved, suspended between two distinct approaches which will later be taken up in the philosophy of identity and in the late philosophy.
- Une nouvelle positivité Michel Foucault : de la littérature au militantisme - Daniel Liotta p. 485-509 Foucault, en quelques brèves années, a mis fin à ses analyses de la littérature et a commencé une carrière de philosophe-militant. Or ce devenir est conditionné par un travail conceptuel dont les objets sont le « discours » et l'« énoncé ». Déterminer ce devenir est saisir comment, dans Les mots et les choses et L'archéologie du savoir, il a mis fin aux thèmes littéraires du dédoublement et de la mort et comment il a abandonné les notions de « langage » et de « signe » au profit des concepts pratiques et politiques de « discours » et d'« énoncé ».In the lapse of a few short years, Foucault turned away from literary criticism and embraced a career as a philosopher and activist. So central to this becoming is his work on the concepts of « discourse » and « statement », that to define that becoming amounts to analyzing how in The Order of Things : An Archaelogy of the Human Sciences and The Archaelogy of Knowledge he dismissed the literary themes of « split » and « death », and in what way he abandoned the notions of « language » and « sign » to adopt the practical and political concepts of « discourse » and « statement ».
- « Ecce Animot » : La Passion des animaux selon Jacques Derrida - Orietta Ombrosi p. 511-526 Cet article s'interroge sur la position de Derrida face à la question de l'animal. En particulier, il suit Derrida en quête de ‘l'animal', d'abord en esquivant la question du langage et du logos – attributs niés à l'être animal par une certaine tradition philosophique –, en s'arrêtant au contraire sur une question qui semble essentielle : l'animal peut-il souffrir ? Mais quel animal ? Il suit dans un deuxième temps Derrida dans sa « passion » pour les animaux, pour suggérer qu'il y a là comme une substitution – christique, messianique, cathartique, parodique ? – de l'un aux autres, ce qui apparaît surtout avec l'expression étonnante « ecce animot ».This article wonders about the way Derrida addresses the issue of animal. It particularly follows Derrida seeking for the ‘animal', first avoiding the question of language and of logos – attributes refused to animals by some philosophical tradition. On the contrary, it focuses on a question appearing to be essential : can animal suffer ? But which animal ? Secondly, the article follows Derrida in his « passion » for animals, suggesting that there might be as a – christic, messianic, cathartic, parodic ? – substitution of the latters by the former, which appears with the surprising phrase « ecce animot ».
- Musil et Emerson : les mots que nous citons - Sophie Djigo p. 527-544 A plusieurs reprises, Robert Musil confesse l'influence exercée par sa lecture des essais d'Emerson, s'interrogeant : « Que peut-on encore dire après Emerson ? » C'est cette question de l'héritage, telle qu'elle se manifeste dans le recours à la citation, que cet article se propose d'aborder. De l'influence à l'authenticité, il s'agit d'analyser la difficile articulation entre le langage commun, transmis, et le caractère original et personnel de l'expression. Faire entendre sa voix tout en reprenant les mots d'un autre, tel est l'impératif d'un rapport authentique au langage, qui est aussi un rapport moral impliquant la responsabilité à l'égard des mots que nous citons.In his diaries, Robert Musil confessed his being influenced by his reading of Emerson's essays. As a writer, he should have thought of Emerson, wondering what could be said after him. In fact, this paper focuses on the difficulty to inherit and the way quotation appears as a form of legacy. From influence to authenticity, I shall analyse the articulation between ordinary language, which is a common legacy and expression, which ought to be personal and genuine. We do care that our own voice should be heard through the use of others' words. This is the condition of a true relationship to language, and moreover, of a moral use of words which implies responsability to the words we quote.
- Comptes rendus - p. 545-548
- Bulletin de Philosophie médiévale XII - p. 551-575