Contenu du sommaire : Varia
Revue | Cahiers d'économie politique |
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Numéro | no 52, printemps 2007 |
Titre du numéro | Varia |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Le rôle des préférences individuelles dans la controverse Condillac-Le Trosne sur la valeur et les prix - Arnaud Orain p. 7-30 Les différentes traditions interprétatives s'accordent pour dire que s'il est un point sur lequel Condillac et les physiocrates sont en désaccord, c'est bien celui de la valeur et des prix. En étudiant la controverse entre Condillac et Le Trosne sur ces sujets, cet article prend d'abord le contre-pied de ce point de vue. Une transposition des arguments de l'un dans le langage de l'autre réduit à très peu de choses les divergences entre les deux hommes. Le Trosne adopte ainsi une position sur l'évaluation individuelle des biens qui est très proche de celle de Condillac, tandis que ce dernier explique le plus souvent la détermination des prix en faisant appel à la confrontation des quantités offertes et demandées, à la manière de son contradicteur physiocrate. La véritable césure est finalement sous-jacente au débat entre les deux hommes et n'est jamais exprimée clairement. Pour Condillac, ce sont les choix individuels qui, au travers des quantités offertes et demandées, modifient les prix, alors que le physiocrate pense que les préférences des acteurs n'ont aucune incidence sur eux.
- Le suffrage et le marché dans la Richesse des Nations - Daniel Diatkine p. 31-56 La plupart des lecteurs de la Richesse des nations savent que les relations de Smith et du libéralisme économique sont plutôt lointaines. L'article étudie ces relations en analysant les critiques que Smith adresse au système mercantile. Smith montre que le système mercantile engendre un taux de croissance plus faible que celui engendré par le système de la liberté naturelle. Cette critique se double d'une autre, plus décisive et qui est politique. Pour Smith le vote de l'impôt est une condition nécessaire à la croissance. Mais, en même temps, le système mercantile est fondé sur une connivence entre les marchands et l'État autorisée par le suffrage. Or, le système mercantile engendre la croissance de la dette publique provoquée par les guerres économiques, ce qui conduit à la banqueroute publique et donc à la fin de cette relation de confiance mutuelle entre l'État et les citoyens.
- Amartya Sen : un bilan critique - Emmanuelle Bénicourt p. 57-81 Cet article se propose de faire un bilan critique de certaines des contributions les plus connues d'Amartya Sen à l'analyse et à la philosophie économiques. Une première partie revient sur les concepts de "capabilité" et de "fonctionnements", au centre du dispositif théorique de Sen. Puis, ce sont ses positions éthiques qui sont examinées à partir des critiques qu'il adresse aux doctrines utilitariste et rawlsienne. Il se dégage de cette étude que les positions de Sen ne sont pas aussi originales qu'on ne le pense généralement, tant sur le plan théorique que sur celui de leur portée pratique.
- De l'économie réelle sans marché à l'économie monétaire des marchés. Une étude de Money and Price Theory - Ludovic A. Julien, Fabrice Tricou p. 83-104 Ce texte examine le modèle d'échange pur avec monnaie de Benetti et Cartelier issu de Money and Price Theory (2001). Les auteurs utilisent un mécanisme de marché qui permet la détermination des prix et ne soumet pas la réalisation des échanges à une condition d'équilibre. En raison de possibles imperfections des anticipations, il existe des déséquilibres individuels effectifs. L'objet de ce texte est d'étudier la distance de ce modèle vis-à-vis de la théorie de l'équilibre général concurrentiel. On soulève deux problèmes : celui de la formation des anticipations et celui de l'extension à une économie plus complexe.
- Le rôle de l'incertitude dans la théorie du chômage de Keynes - Nicolas Piluso p. 105-114 Cet article a pour but d'analyser d'une nouvelle façon le rôle de l'incertitude dans la théorie du chômage involontaire de Keynes. Le concept d'incertitude n'a aucun rôle dans le modèle de Keynes issu de la synthèse néoclassique : ce dernier débouche sur un résultat de chômage involontaire par la violation de la loi de Walras. La section 1 montre l'écart entre les résultats de Glustoff et la théorie de Keynes. Elle concerne la question de la flexibilité du salaire. La section 2 explique cet écart par l'intervention de l'incertitude dans l'analyse keynésienne.
- Monnaie, État et Production : apports et limites de l'approche néo-chartaliste - Ludovic Desmedt, Pierre Piégay p. 115-133 La dollarisation de certaines économies, la création de l'euro ou la question de l'indépendance des banques centrales soulèvent des interrogations centrées sur le privilège de "battre monnaie". A cet égard, la thèse néo-chartaliste, qui développe l'analyse initiée par Knapp, mérite une attention toute particulière puisqu'elle aborde spécifiquement les liens entre monnaie et État. En effet, elle établit d'une part un lien entre fiscalité et acceptation collective de la monnaie, et entre fiscalité et émission monétaire d'autre part. Nous présentons dans ce texte les apports et les limites du néo-chartalisme.
- La politique d'escompte de la Banque de France et ses permanences (1857-1870) - Hervé Vuillaume p. 135-156 Principale dispensatrice du crédit dans un pays qui en était avide, dotée d'un privilège exclusif, la Banque de France maintint son taux d'escompte au niveau fixe de 4 % pendant plus de 26 ans, de 1820 à 1847. La violence et la récurrence des crises monétaires, les transformations des modes de paiement, le développement de nouvelles théories économiques sur la solidarité des marchés financiers, la conduisirent à appliquer une politique de mobilité de son taux d'escompte, qui constitue une rupture majeure avec ses pratiques antérieures. De nouveaux débats se développent parmi les économistes quant aux conséquences de cette politique et quant à l'opportunité même de la mobilité de l'escompte, dans la perspective nouvelle de la solidarité des marchés financiers. Ils rejoignent d'anciennes controverses, que la politique de mobilité a ravivé, sur les missions qui incombent à la Banque en matière de crédit : saint simoniens et défenseurs de la Banque continuent ainsi à croiser le fer sur le nouveau champ de bataille de la mobilité de l'escompte. Si les controverses sur le monopole et la liberté d'émission ont largement occulté ces débats anciens et nouveaux sur la mobilité de l'escompte, ces derniers n'en demeurent pas moins vivants et riches sur le plan de l'analyse économique.
- Notes bibliographiques - p. 159-193