Contenu du sommaire : Varia
Revue | Cahiers d'économie politique |
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Numéro | no 54, printemps 2008 |
Titre du numéro | Varia |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Le modèle keynésien (1937) de James Meade : Stabilité et flexibilité des salaires - Michaël Assous p. 7-26 L'étude porte sur le modèle keynésien de Meade de 1937. Son objectif est de montrer qu'il préfigure les travaux (Kalecki (1944), Tobin (1975)) qui récusent l'idée que la rigidité des salaires monétaires est la marque distinctive des modèles keynésiens. Partant de l'article de Peter Rappoport (1992), elle montre notamment que le modèle de Meade, parce qu'il repose sur un traitement original des anticipations, permet de mettre en évidence des situations dans lesquelles l'ajustement à la baisse des salaires monétaires peut réduire l'emploi. La première section rend compte de la manière dont Meade amende l'analyse de l'investissement de Keynes. Alors que Meade ne connaissait certainement pas la critique que Kalecki adresse à l'analyse de l'investissement de Keynes (1936), les modifications qu'il propose constituent une réponse. Dans une deuxième et troisième section, l'étude montre que ce modèle permet de décrire des situations où partant d'une situation d'équilibre de sous-emploi instable à salaire fixe, des ajustements des salaires monétaires à la baisse réduisent l'emploi.
- La théorie de la réfléxivité limitée. Une contribution au débat sur l'action entre l'Économie des conventions et la Théorie de la Régulation - Franck Bessis p. 27-56 De quelle hypothèse a-t-on besoin sur l'action pour restituer la dynamique des règles ? Postuler la réflexivité limitée consiste à reconnaître aux agents la capacité, activée sous certaines conditions (première limitation), à déconstruire les règles et interroger leurs croyances, sans jamais s'en affranchir complètement (seconde limitation). Cette réponse dessine les contours d'une théorie de l'action commune à l'Économie des Conventions et la Théorie de la Régulation. La théorie de la réflexivité limitée traite autant des relations justifiées que des rapports de force. Elle intègre l'action rationnellement planifiée et l'ajustement spontané comme deux moments d'un même processus réversible de constitution des règles.
- L'économiste et le juge : réflexions sur la théorie hayékienne du droit - Samuel Ferey p. 57-83 L'article identifie une tension dans la représentation hayékienne des règles de droit. Alors qu'elles jouent une fonction essentielle dans la coordination au sein de l'ordre spontané en définissant les attentes légitimes des agents, Hayek ne développe pas réellement les mécanismes par lesquels émerge une interprétation partagée des règles. D'abord, les fonctions des règles de droit au sein de l'ordre spontané sont présentées. Puis nous montrons que les règles sont constituées par les attentes que les agents forment à leur propos. Enfin, nous montrons qu'aucun des deux mécanismes proposés par Hayek ? le sens de la justice et le juge ? n'est capable de garantir la résolution des conflits d'interprétation entre les individus. De tels conflits mettent en question l'efficacité et la justice de l'ordre spontané.
- Hayek et Rawls sur la justice sociale : les différences sont-elles plus verbales que substantielles ? - Claude Gamel p. 85-120 Hayek, théoricien du "mirage de la justice sociale" et Rawls, auteur d'une "Théorie de la justice", semblent en opposition complète ; pourtant l'économiste a affirmé que les différences qui le séparaient du philosophe étaient "plus verbales que substantielles". Malgré des paradigmes opposés (évolutionnisme versus contractualisme), la gestation des normes est comparable chez les deux auteurs (anti-utilitarisme, impartialité, expérimentation) et aboutit à deux versions d'une même conception de la justice en société, par les normes retenues et leur hiérarchie (prééminence de la liberté, réelle augmentation des chances de chacun, amélioration du sort des plus démunis).
- Économie et Rationalité : apports et limites de l'approche polanyienne - Nicolas Postel, Richard Sobel p. 121-148 Polanyi analyse le déploiement historique d'une science économique "formelle" à partir du triptyque "marché-rareté-rationalité instrumentale". Il fait apparaître ce triptyque, et le savoir qui s'y consacre, comme étant un sous-ensemble d'une question plus large que devrait analyser une science économique "substantielle" s'intéressant au triptyque "besoin-nature-institution". Si l'on suit Polanyi dans sa critique fondamentale de l'économisme inhérent au premier triptyque, on a plus de réticences à accepter sa solution de substitution, mélange hétérogène de naturalisme et d'institutionnalisme, d'essentialisme et d'historicisme. La thèse défendue dans l'article est qu'il faut être plus polanyien que Polanyi et rechercher une économie de la raison pratique, fondement d'une science économique réintroduite à l'intérieur des sciences sociales.
- Intervention et laisser-faire chez Turgot (Le rôle de l'État selon le droit naturel) - Francisco Vergara p. 149-169 Les historiens des idées écrivent souvent que Turgot et Adam Smith se contredisent puisque d'un côté ils avancent un "principe de non-intervention" tandis que d'un autre ils proposent de nombreuses mesures publiques. En fait, aucun de ces auteurs n'adhérait au principe selon lequel l'État "ne doit pas intervenir". Pour Turgot, le principe qui devait diriger l'action de la puissance publique était la "protection des droits naturels", pour Smith c'était la "promotion du bonheur de la communauté" ; la poursuite de ces buts exigeait que l'État intervienne dans certains cas et s'abstienne dans d'autres.
Débats
- La Théorie générale et l'analyse dynamique - Michaël Assous p. 173-178 Cette note s'interroge sur l'opportunité de recourir à un modèle statique pour restituer le message de la Théorie générale. Parce que les phénomènes décrits par Keynes sont dynamiques, notamment ceux décrits dans le chapitre 19 de la Théorie générale, nous pensons qu'ils doivent être décrits dans un modèle dynamique. Décider de raisonner à partir d'un modèle statique comme le fait Franck Van de Velde dans son ouvrage Monnaie, Chômage et Capitalisme, c'est courir le risque de faire de la rigidité des salaires monétaires et des prix la marque distinctive de la théorie keynésienne et se condamner comme les auteurs de la synthèse néoclassique à faire du modèle keynésien un cas particulier de la théorie classique.
- Sur Franck Van de Velde - Keynes - Arnaud Berthoud p. 179-182 Question à F. Van de Velde : au c?ur du capitalisme se trouve l'argent qui circule sous la forme d'un prêt remboursé avec intérêt ? la monnaie de crédit et l'intérêt bancaire. L'intérêt bancaire est la pierre d'angle du capitalisme. Quelle est la nature ou la légitimité de cette grandeur ? Pourquoi Keynes ne traite-t-il pas cette question ?
- La place de la monnaie chez Keynes en réponse à quelques commentaires - Franck Van de Velde p. 183-189
- Une réponse à Arnaud Berthoud - Frédéric Lordon p. 191-198
- La Théorie générale et l'analyse dynamique - Michaël Assous p. 173-178
Note bibliographique
- Note bibliographique - Enrico Bellino p. 201-206