Contenu du sommaire : Qu'a-t-on appris sur la répartition du revenu en macroéconomie depuis les années de haute théorie ?
Revue | Cahiers d'économie politique |
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Numéro | no 61, automne 2011 |
Titre du numéro | Qu'a-t-on appris sur la répartition du revenu en macroéconomie depuis les années de haute théorie ? |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Qu'a-t-on appris sur la répartition du revenu en macro-économie depuis les années de haute théorie ? : Présentation - Michaël Assous p. 7-18
- Bowley's Law: The diffusion of an empirical supposition into economic theory - Hagen M. Krämer p. 19-49 La part du revenu du travail dans le produit national a baissé dans de nombreux pays développés au cours des trente dernières années. Cependant, nombreux sont les économistes qui demeurent convaincus que la part des salaires reste plus ou moins constante à long terme. La stabilité relative de la part des salaires à long terme est considérée comme un fait stylisé, voire comme une « loi de l'économie ». L'article tente de montrer comment la stabilité alléguée de la part du travail dans le revenu est devenue l'une des « caractéristiques centrales de la science économique ». Il montre aussi comment cette « loi » a pénétré les trois principales théories macro-économiques de la répartition : néoclassique, post-keynésienne et kaleckienne. Puisque les données révèlent des fluctuations marquées dans le temps des parts des revenus, on peut en conclure que les principales théories macro-économiques de la croissance et de la répartition sont construites autour d'une hypothèse erronée – ou très discutable. JEL classification : B22, E25The share of labour income in national product has declined in many advanced economies over the past 30 years or so. However, many economists are still convinced that the wage share remains more or less constant in the long run. This notion of the long-term relative stability of the wage share is considered to be a stylized fact, or even sometimes referred to as a “law of economics”. This paper attempts to show how the alleged stability of the labour share of income became known as one of the “great magnitudes in economics”. It also shows how this “law” made its way into the three major theories of macroeconomic income distribution, i.e. neoclassical, post-Keynesian, and Kaleckian distribution theory. Since the data actually reveal strong fluctuations of aggregate income shares over time, the conclusion has to be drawn that the major macroeconomic theories of growth and distribution are built around an invalid –or at least highly questionable– assumption about the real world.
- From Austrian economics to the Swedish welfare state: Wicksellian views on money and income distribution - Hans-Michael Trautwein p. 51-90 Les questions de redistribution sont récurrentes dans les travaux de Wicksell, Hayek et ceux de l'École de Stockholm, centrés sur les écarts entre taux d'intérêt et les déséquilibres induits de l'investissement et de l'épargne. Ces questions sont centrales dans la conception de politique économique de ce qu'on appellera le « modèle suédois ». À quelques exceptions près, l'analyse wicksellienne des interdépendances entre les mécanismes de transmission des impulsions monétaires et la répartition du revenu est étonnamment pauvre. L'article analyse les liens et les divergences dans les travaux d'inspiration wicksellienne relatifs à la répartition du revenu et aux questions monétaires. Il montre que les divergences sont d'abord relatives aux échecs des tentatives visant à dépasser la dichotomie néo-classique entre équilibre général et théorie monétaire, puis à la scission historique entre les régimes de politique économique dans l'avant et l'après-guerre. JEL classification : B22, D30, E40, E61The redistribution of incomes is a recurrent theme in the works of Wicksell, Hayek and the Stockholm School, which focused on interest-rate misalignments and subsequent imbalances of investment and saving. Distributional issues were also at the centre of the policy concepts that later came to be known as “the Swedish model”. Yet, with few exceptions, Wicksellian analysis of the transmission of monetary impulses to income distribution and its feedbacks is surprisingly meagre. This paper analyses the links and gaps between distributive and monetary discourses in the Wicksellian literature. It shows that the nature of the gaps changed from failures to overcome the neoclassical dichotomy of general equilibrium and monetary theory to historical disjunctions in pre- and post-war policy regimes.
- Income distribution and the trade cycle in the 'years of high theory' - Michaël Assous p. 91-111 Durant la courte période qui précède la Seconde Guerre mondiale, l'analyse macroéconomique s'est située sur le terrain de la concurrence imparfaite. Au cours de ces « années de haute théorie », pour reprendre un terme utilisé par Shackle, l'articulation des analyses de la répartition du revenu et des cycles est à l'ordre du jour. Le présent article discute cet épisode du point de vue théorique en prenant pour point de départ les travaux qui ont tenté de relier l'analyse des imperfections de marché à celle de la répartition du revenu. L'étude explicite dans une première partie les liens entre imperfections des marchés des biens et analyse de la répartition du revenu. Dans une seconde partie, l'analyse se centre sur le rôle des effets de répartition au sein des théories des cycles développées à la fin des années 1930. Deux modélisations sont examinées : celle de Kalecki (1939) et celle de Kaldor (1940), la première fondée sur une fonction d'investissement non linéaire, la seconde fondée sur une fonction d'épargne non linéaire. JEL classification: B22, E12, E32, D33, D43There is a short period, at the eve of the Second World War, where the development of macroeconomic theory pushed imperfect competition to the fore. During this period called by Shackle the 'years of high theory', many issues concerning income distribution and the trade cycle were raised. The analysis of this question of the relationship between imperfect competition and income distribution will be our point of departure. In a first section, we review how product imperfections were integrated to the analysis of income distribution. Then, the role played by income distribution effects in the trade cycle theories developed during the thirties are examined in a second section, the first part focusing on Kalecki 1939's theory based on a linear saving function while the second part is devoted to Kaldor's 1940 model analysis based on a non-linear saving function.
- Kaldor et la théorie keynésienne de la répartition - Alain Béraud p. 113-155 Kaldor présente son analyse de la répartition comme une théorie keynésienne. Son travail s'inspire des contributions de Keynes, dans le Traité de la Monnaie, et de Kalecki. Cependant, alors que Keynes et Kalecki développent des analyses de courte période, Kaldor étudie un équilibre de longue période si bien que le mécanisme d'ajustement sur lequel il s'appuie, la flexibilité des taux de marge, est inapproprié. Pasinetti, en suggérant que l'article de Kaldor repose sur une erreur logique et que la correction de cette erreur permet de montrer que le taux de profit ne dépend que du taux de croissance naturel de l'économie et de la propension à épargner des capitalistes, relança le débat. Cependant, sa thèse est discutable car on ne peut pas prétendre, comme il le fait, que la fonction d'épargne de Kaldor est logiquement incohérente. Enfin, l'hypothèse cruciale sur laquelle repose le raisonnement de Pasinetti, l'existence d'une classe d'individus qui tirent des profits la totalité de leurs revenus ne paraît guère caractériser de façon pertinente les systèmes économiques qui prédominent dans les économies développées. JEL classification : B22, E12, E25, O40Kaldor and the Keynesian theory of distribution
Kaldor presents his analysis of the distribution as a Keynesian theory. His work is inspired by Keynes' contributions, in the Treatise on Money, and by Kalecki. However, while Keynes and Kalecki develop analyses of short period, Kaldor studies a long period equilibrium so that the mechanism on which the adjustment is based, the flexibility of profit margins, is inappropriate. Pasinetti, by suggesting that the Kaldor's article rests on a logical slip and that the correction of this error shows the rate of profit depends only on the natural growth rate of the economy and on the capitalists' propensity to save, boosted the debate. However, his thesis seems debatable : the idea that the saving function proposed by Kaldor is logically inconsistent is unfounded. Finally, the crucial hypothesis on which rests the reasoning of Pasinetti, the existence of a class of individuals who earn only profit appears to characterize hardly in a relevant way the economic systems which prevail in advanced economies. - Education, growth and distribution: Classical-Marxian economic thought and a simple model - Amitava Krishna Dutt, Roberto Veneziani p. 157-185 L'article étudie les liens entre éducation, croissance et répartition dans une optique classique marxienne. Dans un premier temps, il expose les conceptions classiques marxiennes de l'éducation, de la croissance et de la répartition. Montrant à quel point ces idées sont pertinentes pour comprendre les économies capitalistes contemporaines, les auteurs développent un modèle dynamique simple de croissance et de répartition pour analyser les effets de l'éducation sur la rentabilité, l'accumulation, la répartition et la croissance..JEL classification : B12, B14, B24, B51, E11, I20, O41This paper examines the interaction between education, growth and distribution from a classical-Marxian perspective. It first briefly examines classical-Marxian ideas on the relation between education and growth and income distribution. Drawing on these ideas to the extent that they are relevant for contemporary capitalist economies, it then develops a simple dynamic model of growth and distribution to analyze the effects of the spread of education on profitability, accumulation, distribution and growth.
- Public expenditure composition and growth: a neo-Kaleckian analysis - Pasquale Commendatore, Antonio Pinto p. 187-222 Dans cet article, nous proposons un modèle de croissance et de répartition néo-kaleckien. Nous introduisons deux types de dépenses publiques : dépenses gouvernementales de consommation et d'investissement. Nous étudions leurs effets sur le degré d'utilisation d'équilibre des équipements et sur la croissance. Deux cas sont envisages: le cas où la faille du gouvernement est variable; b) le cas où à taille de gouvernement fixe, la composition des dépenses publiques varie. Nos résultats se démarquent de ceux de la nouvelle théorie de la croissance. Quand les équipements sont sous-utilisés, une augmentation de l'investissement public peut réduire le taux de croissance, si celle-ci ne s'accompagne pas d'une augmentation suffisante de la demande. JEL classification : E12, E25, E62, 041In this paper, we put forward a neo-Kaleckian model of growth and distribution. We introduce two different types of public expenditure: government consumption expenditure and public provision of capital; and we study the effects on equilibrium capacity utilisation and growth. Two different cases are explored: a) the government size is allowed to vary; b) the government size is fixed and only the composition of public expenditure changes. Our results depart from those drawn by the New Growth Theory. In fact, when capacity is underutilised, an increase in the provision of public capital may reduce the rate of growth, if not accompanied by a sufficient increase in demand.