Contenu du sommaire : Varia
Revue | Cahiers d'économie politique |
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Numéro | no 64, printemps 2013 |
Titre du numéro | Varia |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Perfect competition according to Enrico Barone - Manuela Mosca, Michael E. Bradley p. 9-44 L'économiste italien Enrico Barone (1859-1924) est principalement connu pour ses contributions à la théorie de la productivité marginale et au débat sur la planification socialiste. Ce papier analyse les contributions de Barone à la théorie de la concurrence parfaite, contributions largement ignorées dans la littérature secondaire. Il inclut sa méthodologie; la définition, les conditions et les conséquences de la concurrence parfaite; son contexte institutionnel; et le processus d'ajustement. Il contient également certains graphiques de Barone qui illustrent le fonctionnement de la concurrence parfaite. Le papier démontre que Barone mérite une place dans l'histoire de la théorie de la concurrence parfaite.The Italian economist Enrico Barone (1859-1924) is best known for his contributions to marginal productivity theory and the socialist planning debate. This paper analyzes Barone's contributions to the theory of perfect competition which are largely ignored in the secondary literature. It includes his methodology; the definition, conditions and outcomes of perfect competition; the institutional context of perfect competition; and the adjustment process. It also includes some of Barone's graphs that illustrate the working of perfect competition. The paper demonstrates that Barone deserves a place in the history of the theory of perfect competition. JEL classification: B61, B31, D41, D5
- Cycle du crédit et politique monétaire : le monétarisme de John Rogers Commons - Philippe Adair p. 45-74 Commons ébauche une théorie institutionnaliste de la propriété fondée sur la dette, laquelle est un potentiel de revenus anticipés dont le système monétaire est le vecteur. Sa théorie monétaire du cycle du crédit procède de Wicksell et de la théorie de l'endettement déflationniste de Fisher, plus que de la théorie quantitative de Fisher. Selon Commons, l'institution clé qu'est la Banque centrale doit mener une politique activiste de contrôle de la quantité de monnaie fondée sur la gestion des taux d'intérêt. Commons récuse tant la règle de l'étalon-or que la théorie bancaire des effets de commerce ; il peut être qualifié de « monétariste ».JEL classification : B15, B25, E31, E51, E52Credit cycle and monetary policy: John Rogers Commons as a ‘monetarist'Commons sketches an institutionalist theory of property based on debt, that is a potential of expected income, and the vector of which is the monetary system. His monetary theory of the credit cycle inspires from Wicksell and Fisher's debt-deflation theory, rather than from Fisher's quantity theory. According to Commons, the Central Bank is the key institution, whose role is to lead an active policy controlling the quantity of money based on the management of interest rates. Commons may be considered as a “monetarist,” who rejects both the gold standard rule and the real bills doctrine.
- Équilibre général et justice sociale : la théorie néoclassique comme philosophie politique ? - Vincent Desreumaux p. 75-110 Nous étudions la volonté d'un certain nombre d'auteurs, au premier rang desquels H. Varian dans les années 1970, d'inscrire une théorie de la justice dans le cadre standard de la théorie de l'équilibre général dans la version canonique qu'en propose Pareto. Nous montrons, via une incursion dans les travaux de certains socialistes de marché des années 1930, que tout l'édifice normatif de la théorie parétienne repose sur le jugement de valeur dit de la souveraineté du consommateur, ce qui nous permet de mettre en relief et de discuter la contribution originale de Varian qui introduit le critère d'équité comme absence d'envie, parvenant ainsi à inscrire une théorie de la justice – très particulière – au cœur du modèle orthodoxe, qui respecte, autant que possible, ce jugement de valeur. JEL classification : B13, B20, B40General Equilibrium and Social Justice: Neoclassical Theory as a Political Philosophy?
We study the willingness of some authors, including H. Varian in the 70's, to elaborate a theory of justice that would fit standard general equilibrium theory in its Pareto's canonical version. We first show, through an analysis of market socialism in the 30's, that the Paretian ethic is based on the value judgment of consumer sovereignty. Then we are able to discuss the specific contribution of Varian, who, by introducing the criterion of equity as envy-freeness, produces a – very specific – theory of justice that seems compatible with this value judgment and can stand at the heart of standard general equilibrium analysis. - La conversion de Sismondi - Jean-Jacques Gislain p. 111-134 Cet article examine les divers aspects de la « conversion » de J. C. L. Simonde de Sismondi, en 1817 avec la Political Economy. Le moment et le contenu de la conversion de Sismondi présentent deux genres de difficultés d'interprétation. Le premier concerne le rôle que joue l'étude historique dans le cheminement intellectuel de Sismondi et, consécutivement, dans sa conversion. Le second genre de difficultés concerne le statut, prôné par Sismondi, de l'économie politique comme science du législateur, ainsi que l'évolution de ses théories économiques. JEL classification : B12, B31Sismondi's Conversion
This article examines the diverse aspects of the “conversion” of J. C. L. Simonde of Sismondi, in 1817 with the Political Economy. The moment and the contents of the conversion of Sismondi present two kinds of difficulties of interpretation. The first one concerns the role which plays the historical study in the intellectual progress of Sismondi and, in succession, in its conversion. The second kind of difficulties concerns the status, lauded by Sismondi, of the political economy as the science of the legislator, as well as the evolution of its economic theories. - Enquête sur l'entrée de Lemercier de la Rivière dans le cercle de Quesnay - Bernard Herencia p. 135-155 Cet article propose une relecture des sources pour dégager une nouvelle datation de l'entrée de Lemercier de la Rivière dans les cercles intellectuels de Quesnay et de Mirabeau. Ce faisant, ce Physiocrate généralement admis par les commentateurs comme auteur secondaire de l'École dirigée par Quesnay apparaît comme l'un de ses fondateurs. JEL classification : B11, B23, B31Inquiry into Lemercier de la Rivière's entry into the circle of Quesnay
This paper proposes a new reading of the sources to release a new dating for entering Lemercier de la Rivière in intellectual circles of Quesnay and Mirabeau. In doing so, this Physiocrat generally accepted by commentators as a secondary author of the school led by Quesnay, appears as one of its founders. - Une analyse des concepts rawlsien et senien de liberté - Herrade Igersheim p. 157-196 L'objectif de cet article est d'étudier les concepts de liberté mis en œuvre par John Rawls et Amartya Sen à la lumière de deux couples bien connus de liberté : le couple liberté des Anciens/liberté des Modernes défini par Constant et le couple liberté négative/liberté positive défini par Berlin. Après un rappel des textes fondateurs de ces couples, nous montrerons que bien que principalement fondée sur le couple liberté des Anciens/liberté des Modernes, la théorie de la justice comme équité de Rawls s'intéresse également à l'effectivité des libertés de base et donc au couple liberté négative/liberté positive. De même, axée d'emblée sur le couple liberté négative/liberté positive, l'œuvre de Sen – notamment ses derniers travaux mettant en avant l'importance de la démocratie – entretient des relations privilégiées avec le couple liberté des Anciens/liberté des Modernes. Cette analyse nous permettra en dernière instance de questionner le clivage récemment introduit par Sen entre approches transcendantale et comparative. JEL classification : B21, B4, D63An analysis of Rawls's and Sen's concepts of freedom
The aim of this paper is to examine the concepts of freedom used by John Rawls and Amartya Sen in the light of two well-known pairs of freedom : the pair freedom of the ancients/freedom of the moderns defined by Constant and the pair negative freedom/positive freedom defined by Berlin. After a reminder of the seminal texts of both pairs, we will show that even if Rawls's justice as fairness is mainly based on the pair freedom of the ancients/freedom of the moderns, it deals as well with the effectivity of basic freedoms and so with the pair negative freedom/positive freedom. Similarly, Sen's works which are principaly focused on the pair negative freedom/positive freedom have close ties with the pair freedom of the ancients/freedom of the moderns – especially in his lastest works which stress the importance of democracy. Finally, this analysis will allow us to investigate Sen's recent dichotomy between the trascendental and the comparative traditions. - Valeur et travail chez Destutt de Tracy - Jean Magnan de Bornier p. 197-220 On examine la théorie de la valeur de Destutt de Tracy et ses rapports avec le travail. Cet auteur propose une théorie originale comportant deux valeurs, l'une naturelle et l'autre conventionnelle. Ces deux valeurs sont reliées au travail, qui est conçu comme toute activité productive et la seule origine de toute production, selon des modalités très différentes. La théorie des deux valeurs qui n'est pas sans contradictions, constitue un des champs d'application d'une proposition générale de l'idéologie, selon laquelle les conventions sociales trouvent leur origine dans la constitution intime de l'homme. JEL classification : B12, B31Destutt de Tracy on labor and value
Destutt de Tracy's value theory is examined here in its relations to labor. This theory is original in that it has two concepts of value, one being natural, the other, conventional. Both are linked to labor, deemed to be any productive activity and the sole origin of any production, but in two quite different ways. This two-value theory leads to contradictions, is but one example of a general proposition of ideology, that social conventions have their origin in the inner constitution of man. - William Stanley Jevons et la « réforme sociale » : une théorie du bien-être sans postérité - Pelin Sekerler Richiardi, Nathalie Sigot p. 221-251 Si Jevons est bien connu pour son analyse d'économie pure, ses contributions dans le domaine social le sont moins. Pourtant, du point de vue de l'histoire de la pensée économique, elles présentent un double intérêt : d'une part, elles témoignent de l'adhésion de Jevons à la philosophie utilitariste et, d'autre part, elles portent la marque de l'économie du bien-être naissante, tout en présentant une approche singulière du bien-être social qui fait clairement apparaître la possibilité d'une divergence entre le bien-être global et le bien-être économique.Dans cet article, nous nous proposons de reconstruire l'architecture globale de la position de Jevons relative à la « réforme sociale » : on présente d'abord le point de vue étroit que doit adopter l'économiste, tout en mettant en évidence les liens entre l'économie et la morale, à travers la mobilisation du calcul utilitariste benthamien (§. 1). Puis, dans le domaine de la législation, on montre que Jevons considère la nécessité d'abandonner un tel point de vue pour établir une sorte de calcul coût/avantage qui mobilise les différentes sciences permettant d'anticiper les conséquences d'une réforme : après en avoir détaillé la méthode (§. 2), on montre les conséquences d'une telle analyse qui conduit Jevons, en tant qu'économiste, à amender un certain nombre d'hypothèses qu'il avait posées dans le cadre de son économie pure (§. 3).JEL classification : B13, B3, D60, D63William Stanley Jevons and “social reform”: A theory of welfare without posterity
While Jevons is well known for his analysis on pure economics his contributions to a broader conception of welfare including a social aspect has attracted less attention. However, from a history of economic thought perspective, these contributions have a twofold benefit : on the one hand, they reflect the adhesion of Jevons to the utilitarian philosophy ; on the other hand, they bear the marks of nascent welfare economics. Jevons has indeed a particular way of dealing with social welfare as he identifies two levels of utility, “economic” and what we call “global”, the latter being a broader concept and showing clearly that these two might contradict. In this paper, our objective is to reconstruct the overall architecture of Jevons's position on “social reform”. For this purpose, we will first present the “narrow” approach that the economist should adopt according to Jevons and highlight the links that he establishes between economics and ethics through the utilitarian calculus of Bentham (§.1). Then, we will show that Jevons considers that such a point of view should be abandoned in the field of legislation in favour of a method similar to the cost/benefit analysis and which mobilises different sciences to anticipate the outcomes of reforms. After having defined this method (§.2), we will focus on the consequences of such an analysis, which lead Jevons, as an economist, to amend a number of assumptions that he made in the context of pure economics (§.3). Débat
- Le sens de « l'Empire » : monnaie, marchés financiers et mimétisme - Vincent Bignon p. 253-266
- Réponse à Vincent Bignon - André Orléan p. 267-270
Notes bibliographiques
- Montchrestien et Cantillon. Le commerce et l'émergence d'une pensée économique - Daniel Diatkine p. 271-273
- L'économie politique de Thomas Tooke - Laurent Le Maux p. 275-280
- À propos de la théorie de la macrojustice de Kolm - Jean-Sébastien Gharbi p. 281-289
- L'argent au-delà de tout concept ? À propos d'un livre de Laurence Duchêne et Pierre Zaoui - Jean Cartelier p. 291-304