Contenu du sommaire : La gouvernance : une approche transdisciplinaire

Cet article analyse les raisons du succès que la gouvernance a connu dans le do-maine de l'action publique, aussi bien auprès des chercheurs que des élus et fonc-tionnaires. Après avoir retracé les utilisations du concept dans ce champ, il mon-tre que le succès tient pour les praticiens à ce qu'il éclaire les pratiques contempo-raines qui visent à une coordination hors de la hiérarchie mais aussi à ce qu'il jette un voile sur les asymétries de participation et de pouvoir. Il vient pour les univer-sitaires de ce qu'il se décline et est susceptible de fournir un cadre d'ensemble à une typologie des formes organisationnelles de l'action publique.

Le terme de gouvernance vise la prise en compte des interactions entre les dyna-miques transnationales, les logiques nationales et les initiatives locales, tout en considérant la porosité croissante des frontières entre les sphères du public et du privé. La polysémie du terme soulève des débats. Si, selon certains, cette notion est apolitique, d'autres montrent comment elle permet de réintroduire le pouvoir et le politique dans l'analyse économique. Par ailleurs, elle pose en des termes nouveaux la problématique des liens entre État et Marché, tout en tenant compte de cet acteur que constitue la Société civile. Enfin, le débat se focalise sur l'intégration de l'espace dans l'analyse afin de mieux comprendre les imbrications entre le local et le global.

La gouvernance en Europe renvoie à deux questions : la production de règles et l'articulation de deux dimensions institutionnelle et organisationnelle. Après avoir regardé comment sont traités ces problèmes en économie, nous montrerons qu'il est possible de défendre une approche institutionnelle et organisationnelle de l'économie du droit. Cette approche porte en elle un concept de gouvernance susceptible de nous éclairer sur cet ordre politique d'une complexité inédite qu'est la construction européenne. Elle nous donne une grille de lecture pour regarder où se situe la gouvernance économique telle qu'elle est pratiquée en Europe et nous permet de proposer une gouvernance européenne moins spécifiquement axée sur la production de règles.

À partir du constat d'émergence de nouvelles formes de territorialité, cet article pose le problème de la nature plurielle des conflits territorialisés. À partir du rap-pel des limites de l'économie publique orthodoxe pour penser les processus de construction négociée des territoires, la démonstration porte sur la pertinence d'une approche en termes de gouvernance pour rendre compte de la pluralité des formes et des sources de conflits entre les acteurs locaux. Par cette voie, la notion de pouvoir est alors réintroduite au centre des analyses portant sur les dynami-ques territoriales. Ce détour par la gouvernance et la négociation fournit donc in fine un éclairage nouveau sur le rôle joué par les autorités publiques dans la réso-lution des conflits territorialisés.

Comment la mondialisation économique est-elle gouvernée ? Pour répondre à cette question, l'article analyse la chaîne internationale de production des jouets. Selon l'auteur, la mondialisation économique est gouvernée par la totalité d'une multiplicité de sites stratégiquement déterminés, propres à certaines situations et comportant des conjonctions souvent épisodiques. Dans ce cas spécifique, ces si-tes comprennent l'Union européenne, les États-Unis, la Chine, les codes de conduites, l'Organisation mondiale des douanes et l'Organisation mondiale du commerce. Chacun a une dimension structurelle et une dimension relationnelle et comporte des traits distinctifs. Pris ensemble, ces sites représentent une nouvelle forme de pluralisme juridique mondial.

Dans la littérature, les médias, au cinéma, ou bien encore au fil des discours tenus quotidiennement par les acteurs sociaux, les huissiers de justice sont fréquem-ment tournés en dérision, voire vilipendés. Quels sont les fondements de ces nombreuses représentations sociales négatives ? Comment les huissiers, ainsi que les instances officielles de la profession, réagissent-ils face à celles-ci ? À partir de divers modes d'investigation empirique, l'auteur présente les principales caracté-ristiques des représentations associées aux huissiers et propose de rendre compte de certains de leurs facteurs explicatifs en combinant plusieurs démarches d'analyse ? e.g., en étudiant les interactions huissier/débiteur, la place occupée au sein du champ des professions juridiques, l'évolution des conditions d'accès au corps professionnel, etc.