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Cet article étudie la fonction des références picturales dans l'?uvre de Sheridan Le Fanu, et l'intérêt particulier de l'écrivain pour un peintre hollandais du xviie siècle, Gottfried Schalcken. Dans « Schalken the Painter » (1839), Le Fanu utilise une scène nocturne du peintre comme le point de départ d'une biographie imaginaire de l'artiste. Il s'agit d'une nouvelle réflexive, qui met en abyme, de manière ambiguë, l'élan créatif du sujet : la duplicité narrative, l'univers autarcique du maître et de l'élève, et la répression du désir anticipent sur la topographie subjective et la narration suspendue des fictions ultérieures. D'autres allusions à ce même peintre emblématique et à l'éclairage clair-obscur de ses tableaux vont étayer cette thèse: le peintre créé par Le Fanu constituerait un auto-portrait déguisé, un moyen indirect d'aborder les enjeux du désir et de la création.

Cet article est une relecture des « Twenty Rules for Writing Detective Stories » de S. S. Van Dine (1928), qui, à partir d'une simple programmatique narrative, voudrait pourvoir le genre d'un méta-discours éthique. Reconduisant la narration d'un meurtre fondateur, le récit consolide la mystique communautaire des lecteurs en légiférant sur la représentation (de l'identité, du corps, de l'indice, tous instrumentalisés au service d'un discours du discernement, et non d'une énonciation symptomatique). Ces partis pris suggèrent que le roman policier de l'Âge d'Or prend pour modèle, autant que la tragédie grecque citée par les critiques contemporains de Van Dine, la comédie aristotélicienne qui travaille à montrer « les effets non-destructeurs de la faute ».

Certains écrivains ancrés dans le courant moderniste ou postmoderne ont recours à une stratégie discursive qui, pour des raisons esthétiques aussi bien qu'ontologiques, confond mimesis et métaphore, modes historique et anhistorique, expérience événementielle et remémoration. Cet article confronte les écrits de l'auteur canadien Ernest Buckler à une variété de textes d'écrivains allant de Faulkner et Stein à Atwood et Ondaatje, en passant par Proust et Ponge, afin d'identifier les évolutions épistémologiques et axiologiques que contiennent les convergences esthétiques.

Alias Grace, roman de Margaret Atwood, raconte l'histoire d'une femme envoyée en prison pour meurtre. La représentation du meurtre que construit Margaret Atwood s'appuie sur de nombreux documents. Elle met en place une stratégie qui s'efforce de laisser place à toutes les hypothèses suggérées par les sources. En même temps, Margaret Atwood refuse de se limiter à ces possibilités. Ceci lui permet de produire une version très poétique de la scène du meurtre, qui connaît deux occurrences dans le roman. Mise en valeur par un changement de contexte, cette répétition contribue à l'effet d'indétermination et d'irrésolution qui caractérise la version de l'histoire proposée par Margaret Atwood.