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Revue | Etudes anglaises |
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Numéro | Volume 63, juillet-septembre 2010 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Articles
- ?Suspension of disbelief? in The Winter's Tale - Margaret Jones-Davies p. 259-273 The Winter's Tale est l'une des grandes pièces shakespeariennes traitant de la calomnie et donc du pouvoir destructeur des mots. La pièce est une nouvelle tentative pour illustrer l'aspect peu fiable du langage. Écrite au point culminant de la controverse sur le serment d'allégeance, bien que camouflées, ses répercussions politiques ouvrent de nombreux domaines de recherche. On prête beaucoup de serments dans The Winter's Tale et tous font l'objet de profonds questionnements sceptiques — moyen indirect de remettre en cause les incidences du serment d'allégeance introduit contre les catholiques en 1606. La confiance dans le logos, mot et Raison, se mesure contre les silences de la Foi qui travaille avec le Temps pour découvrir la Vérité, que les serments, ponctuellement et imparfaitement cherchent à circonscrire. Dans ses dernières pièces, et en particulier dans le cas de The Winter's Tale écrite au moment de l'assassinat d'Henri IV, Shakespeare était particulièrement concerné par l'un des enjeux cruciaux du Concile de Trente : la manière dont les différentes Églises chrétiennes traitaient l'opposition entre le langage de la Raison et les silences de la Foi. Il fallait trouver un nouveau langage pour parler des mystères de la foi et depuis longtemps déjà, la philosophie hermétique avait prêté son secours. Une telle interprétation de la pièce permet de rendre compte de l'un de ses plus célèbres mystères : l'ours de l'acte III. Les dieux antiques hantent la pièce. Autour d'Hermès, ou Mercure, le père d'Autolycus, le solaire Apollon son rival et sa sœur lunaire Artémis qui se venge sous la forme de son animal symbolique, l'ours. Hermès se cache dans le nom d'Hermione, représentation hermétique de la Foi. Dans Pandosto, ou le Triomphe du Temps de Robert Greene, source de la pièce, Hermione meurt et ne réapparaît jamais. Shakespeare la ressuscite pour qu'elle parle enfin le langage rénové du triomphe du Temps et de la Foi contre la logique rationaliste de la peur et de la suspicion qui emprisonne ses victimes dans des serments d'allégeance à des puissances tyranniques.The Winter's Tale is one of the great Shakespearean plays dealing with calumny, i.e., with the lethal power of words. The play is another of Shakespeare's attempts at illustrating the unreliability of language. Composed at the peak of the Oath of Allegiance controversy its political repercussions, however cryptic, open up many perspectives for research. A number of oaths are proffered in The Winter's Tale and all are subject to an acute sceptical examination—a way of discussing ambiguities of the Oath against the Catholics introduced in 1606. Trust in the logos, word and reason, is weighed against the silences of Faith which works with Time to unravel the Truth, which oaths only punctually and artificially aim at embodying. In his last plays, and in The Winter's Tale particularly—written in the period of the assassination of Henri IV—Shakespeare was concerned with one of the predominant issues of the Council of Trent, the different ways the Christian Churches were combining the language of Reason and the silences of Faith. A new language was needed to speak up for the mysteries of Faith and for a long time already hermetic philosophy had been used to that purpose. This interpretation of the play helps to account for one of its most famous mysteries: the presence of the bear in act III. Antique gods haunt the play: Hermes or Mercury, the father of Autolycus, (lurking in the name of Hermione), the solar Apollo, his rival and his lunar sister Artemis who wreaks revenge in the form of her symbolical animal the bear. Hermione is a hermetic representation of Faith. In Greene's Pandosto, or the Triumph of Time, the source of the play, Hermione dies and never reappears. She is resurrected in Shakespeare's play and speaks at last the language of the silent triumph of Faith and Time over the logic of fear and suspicion that binds its victims in oaths of allegiance to tyrannous powers.
- Corps humain, corps politique, corps poétique : The Purple Island or The Isle of Man de Phineas Fletcher (1633) - Muriel Cunin p. 274-288 L'étrange poème de Phineas Fletcher, The Purple Island, or the Isle of Man (1633) présente une analogie extrêmement élaborée entre le corps de l'homme, disséqué de manière systématique et transformé en atlas allégorique, et le corps de l'Angleterre, présenté par le très anti-catholique Fletcher comme une citadelle face au Continent. Imprégnée de la nostalgie de l'Âge d'Or et peuplée de bergers, cette allégorie bizarre se double en outre d'une forme de pastorale spensérienne. Les références se superposent et se croisent en une allégorie chantournée qui repose entièrement sur les liens complexes unissant microcosme et macrocosme.Phineas Fletcher's strange poem, The Purple Island, or the Isle of Man (1633) is based on an elaborate analogy between the human body, anatomized step by step and turned into an allegorical atlas, and the body politic of England, described as a citadel built against the Papist Continent. Full of nostalgia for the Golden Age and its shepherds, Fletcher's bizarre allegory is also reminiscent of the Spenserian pastoral. His expansion of an intricate system of correspondences between microcosm and macrocosm makes the poem a unique hybrid.
- Thomas Hardy, peintre hollandais?? - Isabelle Gadoin p. 289-304 Bien des critiques ont noté la référence insistante aux « scènes de genre » et à la peinture de paysages des écoles flamande et hollandaise dans les premiers romans de Thomas Hardy. Pourtant, la plupart des études sur la question se sont efforcées de rattacher la référence aux Écoles de peinture des pays du nord aux préoccupations réalistes de l'auteur, et à son intérêt pour les scènes de la vie quotidienne. Cet article tente de prendre le contre-pied de ces lectures à la fois référentielles et naturalistes, pour montrer que, dans Far from the Madding Crowd, le modèle pictural fonctionne comme « schème », ou principe structurant, plutôt que comme thème. Il constitue peu à peu un réseau de métaphores qui se font écho dans le texte, et déploient progressivement des effets de nature poétique, et parfois fantastique, plutôt que réaliste. À travers la question du pictural, c'est donc la poétique globale de l'auteur qu'il s'agit de réexaminer.Many critics have noted the extremely visual quality of Thomas Hardy's descriptions, and the wealth of references to “genre” and landscape paintings of the Dutch and Flemish Schools in his early novels. But most of those studies—with the notable exception of J.B. Bullen's very perceptive book on Hardy's “expressive eye”—have related this “pictorial” strategy to the novelist's attempts to render the life of ordinary rural folk, and more generally, pictures of “low life.” This study proposes to show, on the contrary, that references to the painter's art in Far from the Madding Crowd work as indirect allusions to visual or “iconological” structures, rather than explicit references to individual works. Those allusions unite to create a rich metaphorical undercurrent, which goes against any type of realistic or naturalistic ambition. This figurative strategy may help us re-assess Hardy's poetics, in terms of subjective perception and intensity of vision—that is, as illustrative of the poet's craft, already to be felt under the surface of his very first novels.
- Is there a Story in Janet Frame's The Lagoon and Other Stories? - Vanessa Guignery p. 305-317 Cet article propose d'analyser la manière dont Janet Frame défamiliarise les modes conventionnels d'écriture fictionnelle et remet en question les fondements de l'art de raconter des histoires dans son recueil The Lagoon and Other Stories, plus particulièrement dans “Jan Godfrey” et “My Last Story”. L'art de Frame est un art du détour, du report et de l'effacement si bien que le lecteur finit par se demander si les nouvelles racontent véritablement une histoire ou bien si le propos des narrateurs n'est pas précisément de suggérer qu'il n'est plus possible d'écrire des histoires. Le processus auto-réflexif mis en place par l'auteur implique un vacillement des frontières ontologiques et soulève des questions relatives à l'identité et aux limites du soi, aux modes de perception des mondes intérieur et extérieur, ainsi qu'au rapport au langage. Frame ouvre la voie à de nouveaux modes narratifs qui supposent de se libérer d'habitudes solidement ancrées d'écriture et de lecture.This essay proposes to analyse the way Janet Frame defamiliarises the conventional modes of writing stories and questions the very foundations of story-telling in her collection The Lagoon and Other Stories, with a special focus on “Jan Godfrey” and “My Last Story.” Frame's art is one of indirection, deferral and erasure so that the reader ends up wondering whether a story is actually being told or whether the main purpose of the narrators is in fact to suggest that it is no longer possible to write a story. The author's self-reflexive process entails a wavering of ontological boundaries and raises questions relating to identity and the limits of the self, modes of perception of the inner and the outside worlds, as well as one's relationship with language. Frame opens the way onto new modes of story-telling, which imply setting oneself free from ingrained habits of writing and reading.
- Autopsie d'une crise parlementaire, 1909-1911 - Claire Charlot p. 318-332 De 1906 à 1909 le Parti libéral voit ses tentatives de réforme échouer en raison du pouvoir d'obstruction de la Chambre haute et de ses adversaires politiques, les unionistes. La Chambre des lords, qui s'oppose ainsi aux forces démocratiques qui ont porté triomphalement le Parti libéral au pouvoir, est de plus en plus perçue comme un bastion réactionnaire face aux forces de progrès du « Nouveau Libéralisme ». Le refus de voter le budget en 1909 ne fait qu'accentuer cette tendance et provoque une crise constitutionnelle sans précédent, centrée sur le pouvoir politique de la Chambre des lords. La loi relative au Parlement mettra fin à une crise qui avait duré trois ans et affirmait la supériorité politique des Communes sur les Lords, après des siècles de rivalité entre les deux Chambres.From 1906 to 1909 many liberal policies were thwarted by the repeated obstruction of the Upper House and the Unionists. Opposing what was in effect a party brought to power by the will of the people in an electoral landslide, the House of Lords was increasingly seen as leading a rearguard action against the progressive force of the New Liberalism. The Budget crisis of 1909 brought to a head the constitutional issue of the Lords' political powers and led to the passing of the Parliament Act of 1911 after three years of wrangling. Centuries of rivalry between the two Houses were at an end and the Parliament Act signalled that the Commons now had the upper hand in all things important.
- Gagner la guerre des idées : Publius et la nature du républicanisme - François Vergniolle de Chantal p. 333-348 Ce texte analyse les spécificités du raisonnement de Publius issues de la double contrainte qu'il a dû gérer, électorale et temporelle. L'enjeu fondamental pour les auteurs du Fédéraliste n'était pas la spéculation philosophique, mais la légitimation de leur vision pour les États-Unis, dans un contexte qui leur était profondément hostile. En ajustant ses arguments tout au long du débat, Publius a ainsi construit une théorie qui reformule les canons du républicanisme traditionnel. Cette innovation porte cependant sa limite en ce qu'elle prend la forme d'une recette — censée répondre à des objections bien précises — aisément récupérable dans une perspective idéologique ou nationaliste.This text deals with the specificities of Publius rationale under both the time and the electoral constraints of the ratification debates. Far from being concerned with idle intellectual speculation, the authors of the Federalist Papers faced a political context that was so hostile to their views that the imperative for them was to create legitimacy for their proposal. Publius thus adjusted his views so that the new constitution would be constantly highlighted as an “elective” system where the content of “republicanism” was both altered and improved. His innovative ideas have nonetheless a limit in that they take the form of a “political recipe”—meant to answer specific objections. This format paved the way for the constant use of the Federalist Papers as a reservoir of catchwords for ideological and nationalist reasons.
- ?Suspension of disbelief? in The Winter's Tale - Margaret Jones-Davies p. 259-273
Comptes rendus
- Comptes rendus - p. 349-376
- Notes de lecture - p. 377-379