Contenu du sommaire : Les discours du développement durable dans les pays européens

Le développement durable semble aujourd'hui clairement défini en tant que concept et dans ses implications politiques. Son usage dans les discours politiques s'est multiplié au fil des années, à un point tel que certains n'hésitent pas à abuser de l'adjectif « durable », sans renoncer au dogme productiviste.L'analyse de discours de référence des institutions de l'Union européenne sur le développement durable montre que l'évolution du concept lui-même a fait évoluer le processus au niveau des institutions européennes depuis la première stratégie définie au Conseil européen de Göteborg (juin 2001).Cependant, si le concept a pénétré les discours des institutions, sa traduction opérationnelle et l'adaptation des structures organisationnelles apparaissent extrêmement lentes et souvent très partielles. On est loin d'une refonte du fonctionnement général en fonction de ce qui est annoncé comme une priorité politique, y compris dans les 3 principaux domaines concernés: économique, social et environnemental. Mais la cohérence du discours avec la pratique se vérifie dans la partie émergée de l'iceberg de la Commission, où la coordination et la supervision du développement durable ont été confiées au Secrétariat général en liaison directe avec le Président de la Commission.

Les autorités françaises présentèrent en 2003 la première stratégie officielle de développement durable. Ce premier programme fut mis à jour en 2006 pour se mettre en accord avec la stratégie européenne. Cependant, toute la stratégie fut révisée après l'élection présidentielle de 2007 dans un processus dynamique appelé « Grenelle de l'environnement ». Ce processus concerne un grand nombre d'acteurs, chacun ayant – au moins en théorie – une position sur la stratégie nationale de développement durable. Dès lors, le Grenelle est un parfait cas d'étude pour l'analyse du discours sur la stratégie nationale du développement durable en France. Deux conclusions ressortent de cette étude : le discours des acteurs est intrinsèquement dépendant de leurs positions et intérêts respectifs, ce qui signifie que l'on trouvera difficilement un discours intégrateur cohérent avec la conception à trois dimensions du développement durable. Cependant, plus les acteurs impliqués sont loin du niveau où l'on mesure le développement durable, plus leur discours est intégrateur.

Ce papier analyse le discours de l'Italie sur le développement durable. Le discours politique dominant, respectueux du cadre européen, soutient officiellement une ligne intégrative des dimensions sociales, économiques et environnementales. En pratique, l'Italie est le pays le plus irrespectueux des directives environnementales européennes, récemment illustré par la gestion scandaleuse des déchets dans la région de Naples. Face à la crise économique, le discours dominant est contesté par un discours environnementaliste conduit par les ONGs, un discours socio-religieux donnant priorité à l'homme sur l'environnement, et un discours « alternatif » fondé sur la contestation du système capitalist

Le développement durable est largement reconnu en Allemagne comme un sujet prioritaire par la plupart des acteurs gouvernementaux et sociétaux. Le débat sur ce sujet est très vivant, et le nombre de participants, que ce soit des institutions, des organisations ou des individus, est très élevé. Cependant, d'un acteur à l'autre, la définition du concept varie d'une approche sectorielle à une approche intégrative. Ainsi, si certains acteurs envisagent le développement durable de façon globale, d'autres n'arrivent pas à dépasser l'intérêt sectoriel dont ils sont les détenteurs.

La Norvège constitue le cas d'un précurseur qui devient ensuite un acteur secondaire et réfractaire. Il n'y a pour l'instant aucun débat public en cous sur le développement durable. Et si l'on en trouve des éléments, la dimension environnementale demeure dominante. Le changement climatique reste l'enjeu central. En dépit de ce nouveau contexte politique et d'objectifs nouveaux et ambitieux (par exemple que la Norvège devienne neutre en matière d'émission de carbone pour 2030), et malgré le fait que la Norvège dispose d'un important potentiel en termes de production et d'exportation d'énergies renouvelables en Europe, on trouve peu d'information sur de nouveaux changements politiques substantiels sur le plan sectoriel.

En Suède, le terme de « développement durable » est bien connu et est souvent utilisé comme leitmotiv dans diverses parties de la société. Depuis la Conférence sur l'environnement et le développement à Rio en 1992, le développement durable est devenu de plus en plus indispensable aux débats politiques et est même devenu un argument crucial dans les décisions managériales du secteur privé. En raison de la tradition de consensus politique de la Suède et du grand investissement des groupes d'intérêt dans la prise de décision politique, l'idée de développement durable comme concept politique global est arrivée sur un terrain fertile.

Le principe du développement durable fut introduit dans le système légal polonais quand fut adoptée la constitution de la république polonaise en 1997.Paradoxalement, en Pologne – dans un des rares pays ayant introduit le concept de développement durable au niveau constitutionnel – il est difficile d'y trouver une référence dans le débat politique. La Stratégie nationale de développement durable de Pologne 2025, n'a pas trouvé de réponse dans la société, et ne semble plus en mémoire pour personne. Le citoyen moyen ne connaît pas le concept de développement durable, ou n'a qu'une vague notion de celui-ci, ne l'identifiant qu'exclusivement avec la protection de l'environnement. La solution aux problèmes sociaux (le marché du travail, l'éducation, la santé, l'égalité des sexes, etc.) n'est de toute façon pas associée au développement durable, et il n'existe aucun engagement à réaliser les objectifs à une échelle globale.

Dans la période qui va de son accession à l'Union européenne en 2004 jusqu'à la crise financière en 2008, la Hongrie est devenue membre de l'Union, a eu trois gouvernements, a préparé sa stratégie de développement durable, a mis en place son Conseil national du développement durable, et a créé un poste de Commissaire parlementaire pour les générations futures. Cet article analyse le discours du développement durable de l'État et des principaux responsables gouvernementaux durant cette période dans les médias électroniques hongrois, et examine trois sondages d'opinion réalisés en 2006 et 2008 sur la prise de conscience du développement durable, et la recherche de possibles changements d'attitude de la population hongroise à ce sujet.