Contenu du sommaire
Revue | Géocarrefour |
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Numéro | volume 81, no 4, 2006 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Editorial : introduction au numéro Varia - Christian Montès, Éric Verdeil p. 245-247
Varia
- Quand le passé éclaire le présent : écologie et histoire du paysage - Jacky Girel p. 249-264 Les changements affectant le paysage au cours du temps en fonction des variations de divers facteurs naturels (climat, hydrologie) et anthropiques (déboisement, agriculture, régulation des cours d'eau?) font l'objet de recherches de plus en plus nombreuses à des échelles allant de celle du millénaire à celle de l'année. Archéologues, historiens, géographes et biologistes ont certes une définition différente du paysage mais s'accordent pour reconnaître le rôle primordial de l'activité humaine directe et indirecte. L'histoire des inter-relations complexes entre l'homme et son milieu au cours du temps a permis dans cette dernière décennie le développement de l'Histoire environnementale, champ d'études dans lequel historiens et spécialistes des sciences de l'environnement s'appuient sur une méthodologie historique pour comprendre les relations hommes-nature. Le paysage actuel, en tant qu'objet, y est mis en relation avec des événements passés, parfois de courte durée (exemple des déboisements suivis d'abandons), gouvernés aussi bien par les conditions physiques du milieu que par les facteurs sociaux, mais toujours essentiels pour comprendre son organisation et les processus qui s'y exercent. Utiliser le passé pour comprendre le présent et prévoir le futur est une idée qui se développe dans les pays fortement anthropisés de l'hémisphère nord à partir de 1995. L'intérêt de la reconstruction historique par le biais d'une collaboration entre historiens (sciences humaines) et écologues (sciences de la nature) apparaît de plus en plus évident, en particulier pour tous les travaux de restauration des écosystèmes et paysages endommagés pour lesquels on devra définir un état antérieur à retrouver et à maintenir.
- Quand le passé éclaire le présent : écologie et histoire du paysage - Jacky Girel p. 249-264
Témoignage
- Des débuts de la révolution fourragère dans le lyonnais à la modernisation en petite culture - Jean-Pierre Houssel p. 319-326 La révolution fourragère, c'est-à-dire la création de prairies temporaires sur le retournement de prairies permanentes, est née de la rencontre à la fin de 1947 de l'agronome René Dumont, désireux d'améliorer le sort des petits exploitants autarciques, avec les producteurs du bassin laitier lyonnais. Après quatre années d'essais conduits par Pierre Chazal, l'application en vraie grandeur se fait dans les CETA (Centre d'études techniques agricoles). Le premier est celui de Mornant, apparu à la fin de 1952 sur le Plateau lyonnais. La preuve est faite que la production de lait et le revenu de l'exploitant doublent ou triplent en quelques années. La diffusion est rapide dans les pays de chrétienté, grâce à la promotion collective réalisée par la JAC (Jeunesse agricole catholique). En 1970, la prairie temporaire couvre déjà 10 % de la surface cultivée. La révolution fourragère déclenche la modernisation de l'exploitation. L'intensification laitière fournit aux ménages la sécurité matérielle et devient le point de départ d'initiatives multiples grâce aux CETA. Leurs membres dominent le CNJA (Centre national des jeunes agriculteurs) créé en 1955, qui dicte au gouvernement, en 1960 et 1962, les réformes de structure nécessaires. Les épouses créent des CETMA pour le secteur ménager qui leur font franchir les étapes de la promotion de la femme. La zone d'intensification laitière devient, au sein de la vieille France paysanne, la France rurale progressive.
- Des débuts de la révolution fourragère dans le lyonnais à la modernisation en petite culture - Jean-Pierre Houssel p. 319-326
Comptes rendus de lecture
- La localisation de la production fromagère : évolutions des approches géographiques - Claire Delfosse p. 311-318 Cet article étudie les différentes approches que les géographes français ont eu de la production fromagère de la fin des années 1930 à nos jours. Des années 1950 à la fin des années 1980, les géographes ont été surtout sensibles aux aspects économiques de la production. Dans un premier temps, les géographes envisagent le rôle d'animateur de la ville dans le choix des productions agricoles, s'intéressent aux formes d'industrialisation de la production et parallèlement s'interrogent sur les besoins qualitatifs des consommateurs (passage des habitudes régionales de consommation à la nécessité de la production d'un fromage standardisé qui se vend partout en France et s'exporte). A partir des années 1960-1970, l'analyse des entreprises est de plus en plus prégnante et c'est surtout par ce biais, plutôt que par celui de l'évolution de l'élevage bovin, que la localisation de la production fromagère est envisagée. Enfin, depuis la fin des années 1980, illustrant le débat sur la qualité des produits agroalimentaires et ses liens aux lieux, le fromage est devenu un modèle d'étude pour analyser l'ancrage territorial de productions agro-alimentaires.
- La gestion des déplacements, outil d'affirmation politique des communes périurbaines. Une analyse des stratégies dans le bassin de Rennes - Christophe Guerrinha, Mariane Thébert p. 299-309 Cet article s'intéresse aux déplacements en tant que levier des restructurations territoriales périurbaines et objet stratégique pour l'action publique locale. Dans un contexte d'affirmation politique et de construction de nouvelles centralités, les politiques de déplacements questionnent la capacité d'une puissance publique périphérique émergente à porter un projet de développement à plusieurs échelles : celles de la commune, de l'intercommunalité de secteur et de l'agglomération. Nous considérons que les postures adoptées par les élus vis-à-vis de la gestion des déplacements sont révélatrices : en premier lieu, des stratégies d'affirmation de la polarité communale ; puis des stratégies de coopération intercommunale ; et même de stratégies (encore minoritaires et peu affirmées) à l'échelle de la région urbaine.
- Ce que le débat public nous dit du territoire et de son aménagement - Philippe Subra p. 287-298 Depuis 1997, une trentaine de débats publics sur de grands projets d'infrastructures ont été organisés en France. Cette nouvelle procédure est avant tout une réponse des pouvoirs publics à la généralisation de la contestation des projets d'équipements, qui menaçait de paralysie la politique d'aménagement du territoire. Le monopole de l'Etat et le consensus sur les objectifs des politiques d'aménagement du territoire, qui prévalaient jusqu'aux années 1980, ont laissé la place à un système d'acteurs complexe et instable, défendant des intérêts et des représentations du territoire largement contradictoires. La contestation est d'autant plus efficace que les luttes des écologistes et des riverains convergent très largement. Le débat public entraîne une évolution des pratiques des acteurs, qu'ils soient maîtres d'ouvrage, services de l'Etat, élus locaux ou associations.
- L'évaluation environnementale du bois en rivière par les gestionnaires des cours d'eau français - p. 265-275 Un photo-questionnaire soumis à quatre groupes de gestionnaires de cours d'eau a permis d'étudier la perception des paysages fluviaux selon qu'ils présentent ou non des accumulations de bois flottants. Cette évaluation environnementale s'exprime en termes d'esthétique, de naturalité, de sentiment du danger et de motivation à intervenir sur le cours d'eau. Des différences bien tranchées existent entre les groupes, ce qui les distingue de l'opinion commune qui est généralement plus consensuelle. Deux attitudes sont ainsi observées. D'une part, les gestionnaires en charge de la gestion du risque et de la satisfaction des usagers considèrent la présence de bois comme étant inesthétique. Ils souhaitent l'enlever même si aucun risque ne lui est associé. D'autre part, pour les gestionnaires en charge de la conservation des milieux, la présence de bois ne nécessite pas d'intervention particulière. Ils apprécient l'esthétique des paysages fluviaux présentant du bois.
- Le développement au péril de la géopolitique : l'exemple de la plaine de la Békaa (Liban) - Karine Bennafla p. 277-285 La Békaa est un espace rural périphérique, tardivement intégré au territoire libanais. Depuis la fin de la guerre civile (1975-1990), cette région pauvre et délaissée par l'État connaît des transformations paysagères, économiques et urbaines suite aux investissements des émigrés et à l'évolution libérale du contexte économique. La région fut occupée par l'armée syrienne (1976-2005) puis visée par les bombes israéliennes (2006). Cet espace stratégique est une terre d'affrontements entre partis libanais, entre puissances étrangères et entre les autorités syriennes et libanaises. Le développement régional est conditionné par ces facteurs politiques.
- Merlin Pierre, 2006, Le tourisme en France : enjeux et aménagement, Paris, Éditions Ellipses, Coll. Carrefours, 159 p. - Jean-Michel Dewailly p. 248-249
- Rieucau J., Lageiste J. (dirs.) , 2006, L'empreinte du tourisme : contribution à l'identité du fait touristique, Paris, L'Harmattan, 344 p. - Philippe Bachimon p. 276-277
- Un atlas du tourisme tchèque, compte rendu de : Vystoupil J. (coord.), 2006, Atlas cestovního ruchu Ceské Republiky (Atlas du tourisme de la République tchèque), Prague, Ministerstvo pro místní rozvoj (Ministère du développement local), 157 p - Jean-Michel Dewailly p. 286
- Espace, qualité de vie et bien-être, actes du colloque EQBE, Fleuret S. (dir.), 2006, Presses Universitaires d'Angers / SODIS, 318 p. - Natalia Barbarino-Saulnier p. 310-311
- Dictionnaire des mondialisations, Ghorra-Gobin C. (dir.), 2006, Paris, Armand Colin, 398 p. - Pierre-Yves Saunier p. 327-328
- La localisation de la production fromagère : évolutions des approches géographiques - Claire Delfosse p. 311-318