Contenu du sommaire : Femmes en résistance à Ravensbrück
Revue | Histoire@Politique |
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Numéro | no 5, mai 2008 |
Titre du numéro | Femmes en résistance à Ravensbrück |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Le dossier. Femmes en résistance à Ravensbrück
- Introduction - Claire Andrieu, Christine Bard p. 1
- L'histoire des femmes au défi de la déportation - Christine Bard p. 2 Pourquoi Ravensbrück n'est-il pas plus présent dans le grand récit de l'histoire des femmes ? Est-ce parce que le projet de déshumanisation et d'extermination par le travail touche les hommes comme les femmes ? Pourtant, l'étude de la différenciation sexuelle élargit à la fois la connaissance de l'univers concentrationnaire et la réflexion sur le rôle du genre, toujours présent, même dans cet « autre monde » (Germaine Tillion). Les détenues connaissent des expériences, des situations spécifiques, qu'elles subissent ou choisissent. Sujet tabou, la sexualité sous toutes ses formes (contrainte ou non, hétérosexuelle ou homosexuelle) est un révélateur particulièrement puissant de la différenciation sexuée. Enfin, le genre marque de plusieurs manières la mémoire, collective ou individuelle, de Ravensbrück : l'exemple le plus éclatant est le choix de non-mixité fait par l'Association des déportées et internées de la Résistance. Mais il faut aussi s'interroger sur le genre des témoignages, essentiels à l'écriture de l'histoire de la déportation.
- Réflexions sur la Résistance à travers l'exemple des Françaises à Ravensbrück - Claire Andrieu p. 3 Cet article tente de définir la Résistance et l'effet de genre dans les camps de déportés par mesure de répression. Jusqu'à présent, l'histoire de la Résistance s'est arrêtée aux portes des prisons. La résistance des internés, en prison ou dans les camps de concentration, a été peu traitée, et lorsqu'elle l'a été, elle a pris place dans l'historiographie des modes d'internement et non dans celle de la Résistance. Pourtant, plusieurs questions se posent. Sont-ce les mêmes qui résistent « au-dehors » et « au-dedans » ? Le changement radical de contexte dû à l'arrestation entraîne-t-il une recomposition du personnel résistant ? Les critères de distinction mis en place pour la Résistance « libre » sont-ils valables pour la Résistance internée ? Peut-on continuer de différencier la « Résistance » de la « résistance civile » dans un système de terreur ? Ou le statut de la résistance civile dans l'univers concentrationnaire prend-il la valeur de transgression d'un acte de Résistance ? L'exemple de la déportation des Françaises et des Français à Ravensbrück, Buchenwald et Mauthausen sert de base à cette réflexion.
- Camps d'hommes, camps de femmes : premières approches. Etude d'une ancienne déportée de Ravensbrück - Anise Postel-Vinay p. 4 L'article compare les pratiques mises en œuvre par le Troisième Reich dans les camps de concentration d'hommes et de femmes en prenant le cas des déportés de France par mesure de répression (c'est-à-dire non comprise la déportation de persécution). La comparaison porte donc essentiellement sur Ravensbrück pour les femmes, et Mauthausen et Buchenwald pour les hommes. Elle montre que les trois camps, dépendant de l'administration SS, connaissaient le même régime d'humiliation et de terreur. Dans les camps d'hommes, la plus grande fréquence des pratiques de cruauté, et le caractère beaucoup plus meurtrier du « travail » imposé, rendent compte, au moins en partie, de la moindre survie des détenus par comparaison à celle des détenues. Du côté des femmes, la spécificité des crimes commis à l'encontre des détenues enceintes et de leurs bébés, et l'atteinte morale propre aux mères privées de leurs enfants restés en France, n'ont pas eu la même incidence statistique sur le taux de mortalité global. Il est possible, en outre, que les femmes aient fait preuve de plus d'adaptabilité que les hommes aux conditions extrêmes de la survie dans les camps.
- Un exemple de résistance dans le camp de Ravensbrück : le cas des victimes polonaises d'expériences pseudo-médicales, 1942-1945 - Joanna Penson, Anise Postel-Vinay p. 5 De juillet 1942 à août 1943, 86 détenues de Ravensbrück, dont une grande majorité de Polonaises, ont été victimes d'expériences pseudo-médicales dirigées par le Professeur Gebhardt. Dans des conditions atroces, leurs jambes ont été blessées et infectées à l'aide de débris divers. Les victimes ont été surnommées « les lapins » par leurs camarades, par traduction partielle du mot allemand pour cobaye (« Versuchskaninchen », littéralement lapin de laboratoire). En 1945, l'assassinat général des 63 survivantes a été empêché par la résistance spontanée et internationale de détenues qui ont réussi à tenir cachées les victimes jusqu'à la libération du camp. Le but du professeur Gebhardt était de démontrer l'inutilité des sulfamides dans le traitement des blessures. Il voulait ainsi se dédouaner aux yeux d'Hitler de n'avoir pas su sauver Heydrich des blessures qu'il avait reçues lors d'un attentat monté par la Résistance tchèque. Ces expériences médicales perpétrées sur les détenus des camps de concentration n'ont pas suscité d'opposition de la part du corps médical allemand.
- Une ethnologue à Ravensbrück ou l'apport de la méthode dans le premier Ravensbrück de Germaine Tillion (1946) - Camille Lacoste-Dujardin p. 6 Engagée dans la Résistance française, puis arrêtée, Germaine Tillion a subi l'internement dans le camp de concentration de Ravensbrück. Tout au long de ces épreuves, elle a puisé sa force dans le recours à la méthode de l'ethnologie, directement apprise de ses fondateurs et déjà expérimentée par elle-même parmi des Berbères d'Algérie. Mais plus encore, elle a su communiquer à ses co-détenues le bénéfice de cette arme de résistance qu'était la distance d'observation permettant la compréhension du système d'extermination nazi. Solidairement, elle a partagé avec elles le fruit de la méthode ethnologique, « une source de sang-froid, écrit-elle, de sérénité et de force d'âme. »
- America so far from Ravensbrück - Donald Reid p. 7 How have Americans learned of individual concentration camps whose raison d'être was not the extermination of Jews ? Americans initially read of Ravensbrück primarily in accounts that spoke to their concerns about Christianity and communism. Later, Americans would devote the most attention to the “Lapins,” Polish survivors of experimental surgery — because the “Lapins” offered an opportunity for Americans to work to repair an injustice — and to the Jews at Ravensbrück, which helped give Ravensbrück a place in the Holocaust narrative with which Americans are now familiar. American scholarly research has been both innovative and problematic in integrating analysis of concentration camps like Ravensbrück into the non-camp universe.
Vari@rticles
- Léon Blum, un intellectuel en politique - Serge Berstein p. 8 Léon Blum a été toute sa vie un intellectuel engagé en politique. Durant plus de 40 ans, il exerce une activité littéraire tournée vers la critique, sans jamais renoncer à exprimer ses idées socialistes qui déterminent fréquemment ses choix ou ses rejets. Devenu durant la première guerre mondiale un homme politique et le dirigeant parlementaire de la SFIO, il ne cesse de se comporter en intellectuel, justifiant par le raisonnement et le recours aux principes ses décisions et ses actes. Ce qui le conduira, après une période d'adhésion formelle au marxisme, à définir un socialisme humaniste et réformiste que rejettera le parti socialiste en 1946.
- Un résistant atypique : le général Cochet, entre vichysme et gaullisme - Sébastien Albertelli, Johanna Barasz p. 9 Le général Cochet aura été un résistant trop atypique pour s'imposer dans la mémoire nationale. Dès 1940, ce pionnier de la Résistance, qui vénère Pétain et soutient activement la Révolution nationale, condamne la collaboration et prône la revanche. Il est ensuite poussé dans l'opposition par un régime qui se radicalise. Rallié au général de Gaulle, qu'il rejoint à Londres début 1943, il reste marqué par son expérience de vichysto-résistant et peine à trouver sa place parmi les gaullistes.
- Léon Blum, un intellectuel en politique - Serge Berstein p. 8
Sources
- Les archives de l'Association nationale des déportées et internées de la Résistance (ADIR) à la BDIC - Anne-Marie Pavillard p. 10 L'Association des anciennes déportées et internées de la Résistance (ADIR) s'est créée dès le retour des déportées en France afin de leur venir en aide matériellement et moralement, mais aussi pour attester l'action de ces femmes dans la Résistance et pour témoigner de la réalité des camps de concentration. Contrairement à la fédération nationale des déportés et internés de la Résistance, elle ne s'est pas scindée en deux au moment de la guerre froide. Sur la durée de son existence, l'ADIR a publié un bulletin riche en informations (Voix et Visages, 1946-2005). Elle a confié ses archives à la BDIC en 2000 mais, depuis, ce fonds continue de s'enrichir régulièrement.
- Les archives en France. Bouleversements et controverses - Bruno Delmas, Gilles Morin Le projet de loi sur les archives, adopté en ce mois de juillet 2008, a suscité débats et polémiques, de la part des historiens et des archivistes notamment. La question est de toute évidence essentielle au travail historiographique. C'est pourquoi nous avons demandé à Gilles Morin, historien et président de l'AUSPAN (Association des usagers du service public des Archives nationales), et à Bruno Delmas, professeur d'archivistique contemporaine à l'École nationale des Chartes, de livrer ici leur point de vue sur cette loi et, de façon générale, sur le statut des archives en France.
- Les archives de l'Association nationale des déportées et internées de la Résistance (ADIR) à la BDIC - Anne-Marie Pavillard p. 10