Contenu du sommaire : Mai 68 dans le monde. Le jeu d'échelles

Revue Histoire@Politique Mir@bel
Numéro no 6, septembre 2008
Titre du numéro Mai 68 dans le monde. Le jeu d'échelles
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Le dossier. Mai 68 dans le monde. Le jeu d'échelles

    • Introduction - Emmanuelle Loyer p. 1 accès libre avec résumé en anglais
      In accordance with the latest orientations in the historiography of 1968, this article seeks to compare protest areas and also proposes to consider various relationships, the transfer of common representations and values, and the logics informing mobilization and emulation. Lastly, this article will examine what elements resist to transnationalism; the author applies the game of scales to trace national styles of revolt set within specific local issues, demonstrating how the latter attach themselves to wider themes of mobilization which then leads to revolt.
    • Allemagne 68 - Niall Bond p. 2 accès libre avec résumé
      L'Allemagne joue un rôle clef en 1968 en raison du charisme intellectuel de personnalités proéminentes dans l'Ecole de Francfort et de sa situation géopolitique. Le mouvement estudiantin, qui a peu de soutien chez les travailleurs, thématise la guerre au Vietnam, la société de consommation et la course aux armements, et les interrogations allemandes comme les défaillances de la démocratie parlementaire sous la Grande Coalition, les passés national-socialiste de membres de la classe politique et industrielle de la République fédérale, l'adoption de lois d'état d'urgence et les réformes universitaires. Comme ailleurs, 1968 est une période de provocation : son héritage comprend la libéralisation de l'espace public et de la morale et une société civile vigoureuse, mais aussi le terrorisme.
    • Mouvement de mars 1968 en Pologne et ses liens de parenté avec la contestation dans le monde - Georges Mink p. 3 accès libre avec résumé
      Les événements de 1968 en Europe soviétisée ne relèvent guère des mêmes logiques que les événements de l'année 68 à l'Ouest. Mais alors pourquoi les acteurs significatifs de l'époque ont-ils eu la tentation de les réunir dans une vague homogène ? Les ressemblances, comme certains facteurs propulsifs, faisaient croire à une communauté de destins et d'actions. Ces représentations, liées au contexte de l'époque, n'ont pas été sans conséquences. Avec les nouvelles sources empiriques (archives de police et témoignages), on peut observer de nombreux transferts culturels et des interactions, qui ont constitué des ressources aussi bien à l'Ouest qu'à l'Est, au-delà des mobilisations spécifiques. L'étude du cas polonais (Mars 1968) permet de tester ces hypothèses.
    • 1968 entre Varsovie et Paris : un cas de transfert culturel de contestation - Martha Kirszenbaum p. 4 accès libre avec résumé
      Si le mouvement étudiant polonais de mars 1968 a eu un écho chez les étudiants contestataires français, c'est parce que les deux champs politiques et culturels de départ et d'arrivée avaient suffisamment en commun pour permettre la réalisation de transferts culturels. Les origines juives révolutionnaires de l'Est d'un certain nombre d'étudiants contestataires français a forgé un intérêt pour la Pologne, d'autant que les deux champs étudiants développent, dans la seconde moitié des années 1960, un véritable socle commun mêlant politisation et références intellectuelles similaires. Finalement, le cas particulier du transfert et de la réception dans le milieu étudiant protestataire français d?un document majeur de la contestation polonaise, « La Lettre ouverte au Parti ouvrier polonais » de Jacek Kuroń et de Karol Modzelewski, relève plus concrètement ces transferts culturels de contestation entre Paris et Varsovie en 1968.
    • Y eut-il un « Mai 1968 » en Angleterre ? - Marie Scot p. 5 accès libre avec résumé
      Le « Mai 1968 » anglais fut une exception au regard du mai français ou américain. La contestation universitaire fut de faible ampleur et resta limitée dans l'espace et dans le temps. Le « Mai anglais » ne fut ni un mouvement révolutionnaire et politique, ni un mouvement social, ni même un mouvement de la jeunesse. L'article tente de faire le point sur les causes, les formes mais aussi les raisons de la faiblesse de la révolte étudiante anglaise.
    • Au-delà du Vietnam : Chicago 1968 et l'autre mouvement étudiant-lycéen - Andrew Diamond, Caroline Rolland-Diamond p. 6 accès libre avec résumé
      Cet article cherche à offrir une nouvelle perspective sur le soulèvement que fut Chicago 68 en examinant, au-delà du mouvement anti-guerre largement analysé, la mobilisation politique méconnue des étudiants et lycéens noirs de la ville. Influencés par l'idéologie du Black power, ces jeunes luttèrent pour transformer leur institution éducative en exigeant des cours d'histoire afro-américaine, le recrutement d'enseignants et d'administrateurs noirs et l'ouverture des établissements scolaires aux habitants du quartier. Cet article soutient que, alors que ces revendications offraient le moyen potentiel de fédérer les mécontentements de la communauté noire et des autres minorités de la ville et créer un vaste mouvement pour la justice raciale et sociale, le recours systématique du mouvement étudiant à l'idéologie du Black power a limité sa capacité à bâtir des coalitions transcendant les divisions ethnoraciales, générationnelles et de classe.
    • Les processus de diffusion des révoltes juvéniles de 1968 - Isabelle Sommier p. 7 accès libre avec résumé
      Cet article rend compte de la façon dont la sociologie des mouvements sociaux a cherché à expliquer la diffusion des révoltes juvéniles des années 1960 sous l'angle à la fois de leur circulation géographique - du sol étasunien à l'Europe et au Japon - et de l'extension sociale des contestations. Dans la mobilisation étudiante en effet, les causes internes à l'espace universitaire se sont étroitement entrelacées avec les causes externes comme la lutte contre la guerre du Vietnam et, aux Etats-unis, le mouvement des droits civiques qui a fortement contribué à politiser les campus.
    • Conclusion : le moment 1968, un objet pour la World History ? - Jean-François Sirinelli p. 8 accès libre avec résumé
      La crise française de mai-juin 1968 n'étant pas réductible à son seul métabolisme national, un changement de focale est nécessaire pour insérer l'analyse de cette crise dans l'étude d'un moment 1968 aux dimensions d'un événement-monde. En d'autres termes, il convient de replacer cette analyse à la croisée de l'espace, dilaté, et du temps, contracté.
  • Vari@rticles

    • Le « refus du refus » en 1917. Les non-mutins du 129 e régiment d'infanterie face aux soldats mutinés - Galit Haddad p. 9 accès libre avec résumé
      L'historiographie de la Grande Guerre connaît, au cours de ces dernières années, un net regain d'intérêt pour les mutineries de 1917 au sein de l'armée française. Cet intérêt reste néanmoins focalisé sur la protestation elle-même (actes et discours), sur les soldats mutinés et sur les mesures prises par la justice militaire à leur égard. L'objectif de cet article consiste à mettre l'accent sur un aspect trop peu étudié de cette question : la réception des actes de rébellion par les soldats qui en sont restés à l'écart et le regard qu'ils portent sur le refus d'obéissance de leurs compagnons d'armes.
    • Pierre Brossolette : from Pacifism to Resistance - Guillaume Piketty p. 10 accès libre avec résumé en anglais
      From the early nineteen-twenties until his death in 1944, Pierre Brossolette thought ceaselessly about war. He passed by stages from an “idealism” of peace (Michael Howard, 2002) to a partisan support for war. Then he became a warrior himself. By the time of his heroic death for the liberation of France, he had become its eulogist. Dense and sometimes astonishing, his trajectory is an example of the way in which several French intellectuals who participated in the resistance lived and conceived the “warrior phenomenon” before and during les années noires.
  • Sources

    • Le guide du patrimoine sonore et audiovisuel français - Sébastien Laurent p. 11 accès libre avec résumé
      Les historiens français ne sont venus que tardivement à la reconnaissance des sources audiovisuelles alors que d'autres sciences sociales ont une pratique ancienne de ce matériau. L'entretien mené avec Agnès Callu, co-auteur du Guide du patrimoine sonore et audiovisuel français, fait le point sur les mutations en la matière des vingt dernières années. Il établit la part déterminante des institutions publiques, mais aussi le rôle important des collectionneurs privés et des centres de recherches.
  • Pistes & débats

    • Le législateur, les archives et les effets de censure - Sonia Combe p. 12 accès libre avec résumé
      La loi sur les archives votée en juin 2008 constitue une régression par rapport à la loi de 1979. Non seulement parce qu'elle instaure une catégorie d'archives non communicables, mais parce qu'elle maintient la dérogation en contradiction avec les recommandations du Conseil de l'Europe (R 2000/13) qui prônent « l'égal traitement de l'ensemble des utilisateurs ». Afin de protéger les données concernant la vie privée des citoyens, il conviendrait de prendre exemple sur les modalités de consultation des archives des pays ex-communistes et des dictatures latino-américaines qui pratiquent l'anonymisation.
  • Portraits & témoignages

    • Bronislaw Geremek - Anne Dulphy, Christine Manigand p. 13 accès libre avec résumé
      Disparu le 13 juillet 2008, victime d'un accident de la route à l'âge de 76 ans, Bronislaw Geremek incarnait, en Pologne comme en Europe, le type même de l'intellectuel engagé, à la fois par son parcours d'historien médiéviste, par son rôle de membre fondateur du syndicat Solidarnosc, conseiller de Lech Walesa, et par ses fonctions de député et de ministre des Affaires étrangères de 1997 à 2000. Depuis le 13 juin 2004, il siégeait au Parlement européen sans avoir réussi pourtant, en dépit de sa stature, à s'imposer à la présidence de cette institution. A la veille de sa mort, le nom de ce Polonais « européen », historien et politique, érudit et engagé, homme de réflexion et d'action, avait été avancé par plusieurs spécialistes pour inaugurer la fonction de président stable de l'Union que doit en principe créer le traité de Lisbonne.