Contenu du sommaire : Sécuriser le développement dans un monde instable
Revue | Revue d'économie du développement |
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Numéro | volume 20, no 4, décembre 2006 |
Titre du numéro | Sécuriser le développement dans un monde instable |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Stabilité, sécurité et développement : une introduction - François Bourguignon p. 5-19
- La vulnérabilité macroéconomique des pays à faible revenu et les réponses de l'aide - Patrick Guillaumont p. 21-77 La vulnérabilité macroéconomique des pays à faible revenu est analysée comme le risque de voir leur développement entravé par les chocs auxquels ils font face, chocs naturels et chocs externes. La vulnérabilité structurelle résulte principalement de l'ampleur des chocs et de l'exposition aux chocs, tandis que la vulnérabilité générale dépend aussi de la résilience, déterminée principalement par la politique. Nous expliquons d'abord comment la vulnérabilité affecte la croissance et le développement en considérant quatre aspects principaux des effets de l'instabilité. Les effets ex post sont au moins aussi importants que les effets ex ante ou effets liés au risque. L'instabilité affecte plus la croissance de la productivité des facteurs que le taux d'investissement. Les instabilités primaires ou exogènes réduisent la croissance à travers des instabilités intermédiaires liées à la politique économique. L'instabilité accroît le niveau de pauvreté (et la mortalité infanto-juvénile), au-delà de ses effets sur le taux de croissance. Deuxièmement, nous examinons comment une mesure synthétique de la vulnérabilité structurelle peut être obtenue avec un indice de vulnérabilité économique (Economic Vulnerability Index : EVI), comme celui mis au point par les Nations Unies. Les composantes d'un tel indice doivent refléter à la fois l'ampleur des chocs naturels et des chocs externes et l'exposition à ces chocs. Elles pourraient être agrégées de façon à prendre en compte l'interaction entre les chocs et l'exposition. La dernière partie envisage les implications de la vulnérabilité macroéconomique des pays à faible revenu pour les politiques de l'aide. Elle repose sur l'idée que l'aide atténue les conséquences de la vulnérabilité (c'est-à-dire que la vulnérabilité augmente l'efficacité de l'aide) et que la question de la volatilité de l'aide doit ainsi être réexaminée. Trois réponses de l'aide sont envisagées. La vulnérabilité (EVI) peut être utilisée comme critère d'allocation de l'aide. L'aide peut être conçue comme une assurance, si elle peut être décaissée rapidement et efficacement. Enfin, l'utilisation de l'aide peut être en partie ciblée sur la réduction de la vulnérabilité à long terme.
- La vulnérabilité : une perspective microéconomique - Stefan Dercon p. 79-118 Dans les pays en développement, le risque élevé de chute du revenu et des moyens de subsistance fait partie de la vie. Les risques climatiques, les fluctuations économiques, ainsi qu'un nombre important de chocs spécifiques aux individus rendent les ménages sujets à de dures épreuves. L'article étudie les relations entre risque, vulnérabilité et pauvreté, d'un point de vue microéconomique. Le risque n'a pas pour seule conséquence la variabilité des niveaux de vie. De plus en plus de signes indiquent que le manque de moyens pour faire face au risque et à la vulnérabilité est en lui-même une cause de la persistance de la pauvreté et des trappes à pauvreté. Le risque engendre des stratégies qui empêchent de profiter d'opportunités rentables mais risquées. Les chocs détruisent du capital humain, physique et social, réduisant encore davantage les opportunités. Le résultat est que le risque est une entrave importante à une large croissance des niveaux de vie dans beaucoup de pays en voie de développement. C'est une facette relativement ignorée lors de l'élaboration des politiques de lutte contre la pauvreté et des efforts à faire pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). L'article examine les questions conceptuelles, les faits, et les implications politiques.
- Étendre l'accès à la prévention et au traitement du VIH dans un contexte de rareté des ressources : défis et perspectives - Joep Lange p. 119-139 Les maladies transmissibles demeurent la principale cause de morbidité et de mortalité dans un contexte de rareté des ressources. A travers des mécanismes biologiques et sociaux, la pauvreté accroît considérablement la vulnérabilité des personnes face aux maladies infectieuses. De plus, les principaux fléaux infectieux, tels que le VIH/SIDA, la tuberculose et la malaria, perpétuent la pauvreté et participent de façon négative au développement économique et social. Le VIH/SIDA est un exemple caractéristique en ce qu'il affecte principalement les personnes dans la force de l'âge, provoquant ainsi des pertes de productivité et de cohésion sociale. C'est en Afrique sub-saharienne que ses effets sont les plus dramatiques et la situation est souvent aggravée par le fait que de nombreux pays souffrent d'une gouvernance faible ou peu fonctionnelle. Celle-ci a contribué à une érosion progressive du secteur de la santé publique dans ces pays. Le VIH/SIDA entretient également une épidémie de tuberculose. D'un côté, nous nous efforçons de répondre aux besoins croissants du secteur de la santé publique, particulièrement dans les pays les plus sévèrement frappés par l'épidémie de VIH/SIDA ; de l'autre, ce secteur est délaissé des professionnels, déjà trop rares, du VIH/SIDA. De même, les capacités du secteur de l'éducation sont affaiblies en raison de la mortalité croissante des enseignants infectés par le VIH/SIDA. A l'heure de la mondialisation, la communauté internationale ne peut se permettre d'ignorer les problèmes sanitaires (ainsi que les autres) des pays en développement. La spirale décroissante du développement économique et social dans les pays les plus pauvres, en ignorant les justifications humanitaires qui seules devraient légitimer l'action, fournit les préalables d'une insécurité et d'une instabilité générale. En dépit des progrès accomplis ces dernières années afin de combler le « déficit de financement », la mise en place de programmes efficaces a fait défaut. La lutte contre le VIH/SIDA nécessite une appropriation générale et un plan d'actions global qui retienne une approche pragmatique, basée sur le meilleur de la science et sur des faits empiriques. L'enjeu est considérable mais l'actuel élargissement de l'accès aux antirétroviraux fournit une occasion unique de soutenir les pauvres et de construire des systèmes de santé durables en Afrique et dans d'autres cadres caractérisés par la rareté des ressources.