Contenu du sommaire : Varia
Revue | Revue d'économie du développement |
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Numéro | volume 24, no 3, septembre 2010 |
Titre du numéro | Varia |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Ce qui engendre la corruption : une analyse microéconomique sur données africaines - Emmanuelle Lavallée, Mireille Razafindrakoto, François Roubaud p. 5-47 Quels sont les individus les plus enclins à recourir à la corruption ? À qui demande-t-on des pots-de-vin ? Qui en paye ? Cet article explore ces problématiques à partir d'un riche corpus d'enquêtes-ménages comparables réalisées sur un continent où la corruption sévit avec beaucoup d'acuité : les enquêtes Afrobaromètre. Afin de répondre à ces questions, il s'interroge également sur les caractéristiques des utilisateurs des services publics en Afrique. Notre article apporte des résultats nouveaux tant sur la propension à corrompre et l'exposition à la corruption que sur les déterminants de l'utilisation des services publics. Nos estimations montrent notamment que les facteurs d'appartenance ethnique, traditionnellement mis en avant en Afrique, ne jouent pas un rôle aussi clair sur la corruption que ne le suggère la littérature. Classification JEL : D73 ; H4, H31
Who are the most prone to pay bribes? Who are angled for bribes? Who pay? This article explores these issues in sub-Saharan Africa, an area of the world where corruption is widespread. This paper empirical basis is a rich collection of comparable data provided by the Afrobarometer surveys conducted in 18 sub-Saharan African countries. So as to answer these questions properly, this paper also analyses the characteristics of users of governmental services in Africa. Our study yields new results about the exposure to corruption and the use of public services as well. Our findings notably show that ethnic and religious belongings, which are traditionally put forward in the literature about corruption in this continent, do not have a so clear effect on corruption. - Impact de la fragmentation sociale sur la production de biens publics : polarisation et patronage en Uttar Pradesh et au Bihar, Inde - Catherine Bros p. 49-78 De nombreux travaux théoriques ont mis en lumière la relation négative entre la fragmentation sociale et la production de biens publics. Les résultats empiriques semblent plus mitigés. Dans cet article nous explorons un fait souvent ignoré par la littérature : la possibilité qu'il existe du patronage de caste dans l'accès aux biens publics, qui pourrait induire une relation positive entre la fragmentation sociale et la présence de biens publics. Nos résultats indiquent que si la fragmentation sociale doit avoir un effet, ce dernier est majoritairement positif. En revanche la polarisation n'a aucun effet ce qui contredit l'idée sous-jacente à la littérature selon laquelle la fragmentation sociale induit des rivalités qui gênent la production de biens publics. Enfin nous tentons d'établir que l'appartenance à la caste dominante du village modifie la probabilité d'accès aux biens publics pour le foyer. Si tel est le cas, nos résultats renforceraient l'hypothèse du patronage.Classification JEL : H4, O1, O2Theoretical works have brought out the negative relationship between social fragmentation and the provision of public goods. Results from empirical research seem less certain. In this article, we explore a possibility that has often been neglected by the literature: the presence of ethnic patronage in accessing public goods. Our results somewhat show that if fragmentation is to have an impact, it is mainly positive. On the other hand, polarization has no effect which contravenes the assumption that underlies the literature according to which social fragmentation induces antagonisms that, in turn, impair the production of public goods. Lastly, we explore whether belonging to the dominant caste in the village does influence the probability for a household to access public goods. The results from this analysis provide some support to the patronage hypothesis.
- Abandons scolaires, marchés du travail urbains, et opportunités de migration - Mario Piacentini p. 79-108 Les adolescents représentent une fraction très importante des migrants dans les pays en développement. Cet article cherche à déterminer si la migration à l'âge scolaire affecte le niveau de scolarisation des jeunes d'origine rurale. Dans un modèle de migration rurale-urbaine, les contraintes de crédit et l'incertitude sur les rendements de la scolarité peuvent engendrer un piège de sous-éducation pour les familles de migrants, avec des effets négatifs sur les investissements scolaires des jeunes. Des données longitudinales en provenance de la Thaïlande montrent que, en moyenne, les jeunes migrants ont des taux d'abandon scolaire plus élevés que les jeunes de la même génération qui restent dans les villages. Un modèle simultané pour l'abandon scolaire et la migration apporte la preuve que cet écart de scolarisation n'est pas motivé par une sélection négative (préférences inférieures pour l'enseignement secondaire) des migrants ruraux-urbains. Les résultats indiquent que les coûts de l'enseignement supérieur sont élevés pour les jeunes qui migrent des campagnes vers les villes, et suggèrent la mise en place de politiques de marché du travail et d'éducation ciblées sur les familles de migrants à faible revenu.Classification JEL : O15, L14A very relevant fraction of the internal migrants in developing countries is made up of teenagers. The paper investigates whether migration during schooling age is associated to higher or to lower education attainments of the young. In a model of rural-urban migration, credit constraints and uncertainty over the returns of high schooling in the cities can entrap migrant families into under-employment, with negative effects on schooling investments of their off-springs. Unique longitudinal data from Thailand show that young migrants and migrants' off-springs have on average higher drop-out rates than the corresponding generation of stayers. A simultaneous model for schooling drop-outs and migration provides evidence that this enrollment gap is not driven by negative selection (lower preferences for schooling) of the rural-urban migrants. This finding indicates that the real costs of secondary schooling are high for rural young who move to the cities, and suggests the opportunity of targeted skill and labor market policies for low-income families from rural areas.