Contenu du sommaire : Monnaie et prospection
Revue | Revue d'économie politique |
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Numéro | volume 111, mai-juin 2001 |
Titre du numéro | Monnaie et prospection |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Introduction - Thierry Baudassé, Patrick Villieu p. 333-346
- Les développements récents des modèles de prospection monétaire : Monnaie et formalisations des transactions - Vincent Bignon, Claire Compain p. 347-375 Les modèles de prospection monétaire (Kiyotaki et Wright [1989, 1993]) ont permis de donner des fondements théoriques à l'acceptation, par les individus, d'un intermédiaire des échanges, défini comme un objet ou un bien sans utilité intrinsèque pour celui qui l'accepte. Les premiers modèles ont été critiqués pour l'irréalisme de certaines hypothèses et pour leur aspect très théorique. Dans cet article, nous revenons sur les développements récents de cette approche qui ont permis de montrer la généralité du propos initial pour l'analyse de la détention de monnaie pour motif de transaction. Les approfondissements formels, portant à la fois sur le déroulement des transactions et sur la détermination des prix, offrent un cadre solide en vue d'une application empirique de cette classe de modèles.
- Monnaie et termes de l'échange dans les modèles de prospection - Aleksander Berentsen, Guillaume Rocheteau p. 377-399 Cet article propose une évaluation critique de la méthodologie utilisée dans les modèles de prospection pour endogénéiser les termes de l'échange et le pouvoir d'achat de la monnaie. Dans un premier temps, nous montrons que l'indivisibilité des unités monétaires engendre des termes de l'échange socialement inefficients : certains échanges socialement avantageux ne se réalisent pas, alors que pour d'autres échanges la production est trop élevée du point de vue d'un planificateur social. En présence de ces inefficiences, il est optimal d'introduire une taxe d'inflation, ce qui n'est plus le cas lorsque la monnaie est parfaitement divisible. Dans un deuxième temps, nous construisons un environnement dans lequel la monnaie, qui est supposée parfaitement divisible, a un rôle distinct de celui décrit par Kiyotaki et Wright [1993] et Williamson et Wright [1994]. La monnaie ne permet ni d'augmenter la fréquence des échanges, ni de surmonter un problème d'information sur la qualité des biens. Dans notre modèle, l'introduction de la monnaie améliore le bien-être social et l'allocation des ressources par rapport à ceux d'une économie de troc en permettant une modification des termes de l'échange.
- Intermédiation et segmentation des marchés - Vincent Bignon, Régis Breton p. 401-422 Nous présentons un modèle à agents hétérogènes dans lequel émergent des intermédiaires marchands en concurrence avec un marché d'échanges directs entre producteurs (search). Les intermédiaires n'augmentent pas la rapidité de l'échange ni n'assurent la qualité des biens, mais offrent à certains agents des conditions plus avantageuses que celles du marché de search. Si le coût de fonctionnement des intermédaires est suffisamment faible, des intermédiaires existent à l'équilibre, et tous les échanges sont intermédiés. Si ce coût est trop élevé, l'intermédiation n'est pas viable. Pour des valeurs intermédiaires, le marché intermédié et marché de search coexistent. L'étude du bien-être montre que l'effet principal de l'intermédiation est d'en modifier la répartition.
- Monnaie, mémoire et spécialisation : une interprétation alternative - Jean Cartelier p. 423-437 La question de l'équivalence entre monnaie et mémoire dans les modèles de prospection est envisagée en référence à l'économie du don. Les résultats obtenus par Kocherlakota et Iwai, quelque intéressants qu'ils soient, n'ont pas la signification que leurs auteurs leur attribuent. Dès lors que les choix de spécialisation sont rendus endogènes, et non postulés ainsi qu'il est usuellement fait, il apparaît que la monnaie ne remédie ni à une absence de « double coïncidence des besoins », ni à un défaut d'information ou de mémoire mais qu'elle est au contraire la condition de la spécialisation (et non sa conséquence) et qu'elle est l'expression de la décentralisation de l'économie de marché. La notion de record-keeping device ne suffit pas à définir la monnaie.
- Chômage d'équilibre et défauts de coordination dans un modèle de prospection monétaire - Ludovic A. Julien p. 439-458 Dans ce papier, nous envisageons l'existence du chômage d'équilibre comme un phénomène résultant des défauts de coordination d'une économie décentralisée. La présence de défauts de coordination s'incarne ici dans la réalisation décentralisée des échanges. Nous proposons ainsi de réfléchir sur les liens qui existent entre les modalités de réalisation des échanges et la détermination du niveau de l'activité et de l'emploi. A cet effet, nous étendons le modèle de Kiyotaki-Wright [1993] en intégrant le comportement des prospecteurs d'emploi dans le secteur de la production. Ainsi, il existe une multiplicité d'équilibres à anticipations rationnelles inefficaces associés à différents niveaux d'emploi. Nous mettons alors en évidence une relation croissante entre l'incitation à produire et la probabilité d'acceptation de la monnaie. La réalisation de décision de production est facilitée avec l'échange monétaire.
- Substitution des monnaies et cours légal - Sébastien Lotz, Guillaume Rocheteau p. 459-480 Cet article est consacré au problème de l'introduction d'une nouvelle monnaie, ou forme monétaire, au sein d'une économie nationale. Son objet est d'étudier comment un gouvernement peut influencer les agents privés dans leur décision d'acceptation d'une nouvelle monnaie fiduciaire. Différentes expériences passées nous enseignent que certaines conditions doivent être remplies pour mener à bien ce type de réforme. Pour illustrer et confirmer ces résultats, nous prolongeons le modèle de prospection de Kiyotaki-Wright [1993] en y introduisant deux types de monnaie. Nous montrons alors que le cours légal pu « illégal » de l'ancienne monnaie et sa quantité en circulation dans l'économie jouent un rôle primordial dans le succès du lancement de la nouvelle monnaie. Nous présentons finalement des simulations de la dynamique du modèle.
- Monnaie internationale et marché des changes dans un modèle de prospection : Quelques éléments d'analyse - Dominique Torre p. 481-501 Le texte propose quelques éléments d'analyse du rôle transactionnel du marché des changes dans l'étude des rapports entre monnaies nationales et internationales. Une revue succincte de la littérature est consacrée aux travaux adoptant l'approche en termes de prospection pour décrire des échanges internationaux, en l'absence de marché des changes. Puis les tentatives de prise en compte du marché des changes sont considérées. Le modèle proposé par la suite est examiné tour à tour en l'absence de marché des changes, avec un marché des changes assurant des transactions instantanées, enfin avec une prise en compte de conversions monétaires inter-périodiques.