Contenu du sommaire : Connaissance et croysances en économie
Revue | Revue d'économie politique |
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Numéro | volume 112, septembre-octobre 2002 |
Titre du numéro | Connaissance et croysances en économie |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Introduction - Richard Arena p. 627-633
- Connaissance et croyances en économie : L'exemple de la tradition autrichienne - Richard Arena, Agnès Festré p. 635-657 L'objet de l'article est d'analyser la manière dont la tradition autrichienne dans la pensée économique traite du problème de l'impact, de la connaissance et des croyances des agents sur le fonctionnement de l'activité économique. Les contributions de trois auteurs sont tour à tour examinées : von Mises, Hayek et Schumpeter. Elles font apparaître une grande diversité de position, en particulier sur la question de l'articulation entre croyances individuelles et croyances sociales. Sans être exhaustive, cette diversité s'avère analytiquement significative au regard des débats théoriques contemporains.
- Expectations, uncertainty and beliefs in the marshallian analysis of markets - Brian Loasby p. 659-670 La confrontation précoce de Marshall avec les problématiques de la connaissance a fortement influencé sa conception de l'analyse économique au plan de la méthode mais aussi du contenu. Dans le domaine de la théorie économique, on doit chercher à limiter les développements fondés sur un long enchaînement de raisonnements au profit du rétablissement d'un lien plus étroit avec la réalité et reconnaître que le progrès économique procède de l'accroissement de la connaissance à travers la division du travail, l'organisation et l'expérience, lesquelles reflètent les caractéristiques du cerveau humain qui combine routines et imagination. L'équilibre est alors conçu comme le résultat d'un processus dont on doit rechercher l'explication dans les mécanismes de base de formation des anticipations.
- Équilibre général, coordination et multiplicité sur les marchés au comptant - Roger Guesnerie p. 671-692 Le texte passe en revue certaines réflexions récentes sur les anticipations dans les modèles d'équilibre général de la tradition walrassienne. Il évoque de façon cursive les problèmes de multiplicité de l'équilibre général intertemporel dans les modèles à horizon infini et les questions d'apprentissage « divinatoire ». Il traite plus systématiquement des difficultés de coordination créées par la possibilité d'équilibres au comptant multiples et des relations entre coordination et complétude.
- Les justifications des notions d'équilibre de jeux - Bernard Walliser p. 693-716 Les notions d'équilibre statiques ou dynamiques proposées en théorie des jeux peuvent être justifiées selon deux perspectives. Du point de vue épistémique, les équilibres résultent du seul raisonnement de joueurs hyper-intelligents qui ont une connaissance commune de la structure du jeu et de leurs rationalités respectives. Si l'équilibre rationalisable ou l'équilibre corrélé sont aisément justifiés, l'équilibre de Nash n'est obtenu que sous des conditions très drastiques ; quant à l'équilibre parfait, sa justification est très sensible aux hypothèses faites. Du point de vue évolutionniste, les équilibres résultent de la convergence d'un processus d'apprentissage ou d'évolution de joueurs en rationalité limitée, mais observant le déroulement passé du jeu. L'équilibre de Nash, du moins en stratégies pures, est souvent obtenu comme état asymptotique et certains de ses raffinements peuvent même être sélectionnés ; l'équilibre parfait est aussi justifié sous des conditions très étendues.
- Le tournant cognitif en économie - André Orléan p. 717-738 Cet article plaide pour la nécessaire ouverture de la théorie économique aux représentations individuelles et collectives, ce qui est appelé « tournant cognitif ». Dans une première partie, on montre que la rationalité instrumentale ne fournit pas un cadre adéquat pour penser cette activité cognitive. Il faut alors introduire l'idée d'une rationalité cognitive distincte de la rationalité instrumentale. Cette nécessité s'impose dès lors qu'on remarque que les modèles à anticipations rationnelles conduisent structurellement à des équilibres multiples. Autrement dit, les critères de la rationalité instrumentale sont trop faibles dès lors qu'il s'agit de déterminer précisément la manière dont les agents forment leurs représentations. Dans une seconde partie, on avance la notion de « croyance sociale » pour penser ces représentations collectives. D'une part, on montre que leur formation dépend étroitement des contextes culturels et historiques. D'autre part, on établit que ces croyances sociales ne peuvent pas être pensées comme la « somme » des croyances privées : celles-là sont dotées d'une forte autonomie par rapport à celles-ci.
- Communautés de consommateurs croyances et auto-organisation - Stéphane Ngo-Maï, Alain Raybaut p. 739-754 L'accroissement des interactions dynamiques et du poids des biens informationnels dans nos économies conduit à relâcher l'hypothèse traditionnelle de rationalité et à s'interroger sur les conséquences en termes de coordination, des croyances individuelles ou collectives. Nous proposons un modèle d'auto-organisation de communautés homogènes de consommateurs qui synthétise différents types de croyances des agents par une double dynamique, individuelle et collective. Il est ainsi possible de déterminer la probabilité stationnaire de la taille des communautés et leur nombre moyen. Il apparaît que ces propriétés sont sensibles au poids conféré aux croyances individuelles et collectives des consommateurs. Si le maintien de la diversité dépend fortement du poids des agents non influençables dans la dynamique, une propriété intéressante réside dans la possibilité d'obtention d'une loi de puissance, signe de la coexistence d'une certaine diversité et de fortes polarisations. Cette distribution biaisée, caractéristique des formes d'interactions en réseaux stochastiques, s'obtient lorsque le poids de la dynamique collective, de type mimétique, est largement prépondérant.
- Utilité ou rationalité ? : Rationalité restreinte ou générale ? - Raymond Boudon p. 755-772 G. Becker avance que le modèle de l'utilité espérée (MUE) est le plus efficace que les sciences sociales puissent utiliser. La raison principale de son importance est qu'il engendre des explications autosuffisantes. Mais il est impuissant à expliquer de nombreux phénomènes sociaux. La raison en est que les actions s'appuient couramment sur des croyances non triviales dont il faut rendre compte dès lors qu'on vise une explication autosuffisante. Or on croit couramment que faire quelque chose est bon, juste, vrai, légitime, etc. sur la base de raisons non instrumentales. La rationalité ne doit donc pas être conçue comme étant de caractère exclusivement instrumental. Smith et Weber parmi d'autres ont repéré ce point et esquissé un modèle qui repose sur une définition générale de la rationalité (MRG) et conserve la propriété d'autosuffisance du MUE tout en éliminant les sources de ses limitations. Plusieurs exemples d'application de ce modèle sont présentés.
- Sur quelques difficultés d'appréhender les croyances dans l'analyse économique et la théorie des jeux - Christian Schmidt p. 773-783