Contenu du sommaire : Les enjeux économiques de l'innovation
Revue | Revue d'économie politique |
---|---|
Numéro | volume 114, mars-avril 2004 |
Titre du numéro | Les enjeux économiques de l'innovation |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Les enjeux économiques de l'innovation : Bilan du programme CNRS - David Encaoua, Dominique Foray, Armand Hatchuel, Jacques Mairesse p. 133-168 Cet article présente quelques travaux réalisés dans le cadre du programme CNRS Les Enjeux Economiques de l'Innovation [1997-2002]. Quatre perspectives sont retenues: les représentations macroéconomiques et microéconomiques de l'innovation et les liens entre l'innovation, la croissance et l'emploi, la gestion de l'innovation et les théories de la firme innovante, l'économie et la sociologie de la recherche fondamentale, enfin, les politiques publiques en faveur de l'innovation.
- Gutenberg revisité : Une analyse économique de l'invention de l'imprimerie - Dominique Guellec p. 169-199 Cette étude examine à l'aune de la théorie économique de l'innovation la naissance de l'imprimerie. Les principaux résultats sont les suivants. L'invention de l'imprimerie à caractères mobiles par Gutenberg est suscitée par l'expansion de la demande d'écrits à la fin du Moyen Age européen (demand pull). Il s'agit d'une invention par recombinaison de techniques préexistantes. La persistance d'une technologie inférieure (la xylographie) en Chine durant plusieurs siècles provient de coûts de transition élevés induisant une dépendance au sentier. L'invention est développée dans le cadre d'un montage entrepreneurial et financier similaire au capital risque actuel, limitant les problèmes d'agence dans un contexte d'information asymétrique et de risque élevé. Le partage des bénéfices de la nouvelle industrie entre les imprimeurs et les libraires est déterminé par le contrôle des ressources rares, notamment l'accès à la demande, plus que par la technologie qui n'est pas protégée légalement.
- Patents' novelty requirement and endogenous growth - Gilles Koléda p. 201-221 Dans cet article, on développe un modèle de croissance avec échelles de qualité dans lequel on prend explicitement en compte le fait que l'Office de brevets impose une exigence de nouveauté pour les innovations. Les tailles des innovations que les entreprises réalisent sont hétérogènes et tirées d'une distribution de probabilité. Elles déterminent le comportement de fixation du prix des produits par les entreprises: fixation d'un prix-limite si la taille de l'innovation est faible, fixation d'un prix de monopole non-contraint si la taille de l'innovation est importante. Ces deux configurations monopolistiques sont envisageables pour un secteur selon la radicalité de l'innovation en vigueur. L'agrégation de l'ensemble des secteurs permet de déterminer la proportion de secteurs dans chaque cas et donc l'intensité de la pression concurrentielle qui demeure. L'exigence de nouveauté du brevet influence à la fois la hauteur moyenne des innovations et la structure de marché de l'économie. La hauteur du brevet apparaît donc comme un instrument de régulation de l'innovation et la croissance. Nous étudions ces effets sur le bien être et l'allocation des ressources à la recherche et discutons des implications de son niveau sur la concurrence et la structure de marché.
- Mesure de l'intensité de collaboration dans la recherche scientifique et évaluation du rôle de la distance géographique - Laure Turner, Jacques Mairesse p. 223-243 Pour étudier les relations de collaboration entre chercheurs, nous proposons une mesure simple d'intensité de ces relations, qui a l'avantage de bien s'interpréter en termes de probabilité relative et de se prêter commodément à une agrégation au niveau du laboratoire de recherche. Nous l'appliquons pour caractériser les relations de collaboration, définies en termes de co-publication, entre les physiciens du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) dans le domaine de la matière condensée pour la période 1992-1997, et pour analyser dans quelle mesure l'intensité de copublication dépend de la distance géographique entre laboratoires. Nous trouvons ainsi que l'intensité de copublication entre physiciens du CNRS travaillant dans un même laboratoire est en moyenne de l'ordre de 40fois plus élevée que s'ils appartiennent à des laboratoires différents mais situés dans la même ville, et de l'ordre de 100fois plus élevée que s'ils sont dans des laboratoires de villes différentes. Toutefois l'intensité de co-publication ne paraît pas influencée par la distance géographique entre villes pour les chercheurs travaillant dans des villes différentes.
- Are R?D subsidies a substitute or a complement to privately funded R?D ? : An econometric analysis at the firm level - Emmanuel Duguet p. 245-274 Cette étude examine les effets des subventions à la recherche et développement (R?D) sur le financement privé de la recherche en France entre 1985 et 1997. Les données disponibles portent sur les subventions données par tous les ministères aux entreprises employant au moins un chercheur en équivalent temps-plein. Afin de déterminer si les entreprises auraient investi les mêmes montants sur fonds privés avec et sans les subventions, nous utilisons une méthode d'estimation par appariement. Nous montrons que l'emploi de cette méthode est important car les évaluations globales, dans notre application, traduisent plus souvent un effet potentiel sur les entreprises non-aidées qu'un effet réel sur les entreprises aidées. Dans un premier temps, nous étudions la probabilité d'obtenir une subvention. Cette probabilité est croissante avec la taille de l'entreprise, son ratio d'endettement et son effort de recherche privée. Dans un second temps, et en tenant compte des subventions que l'entreprise a obtenu par le passé, nous trouvons qu'en moyenne les financements publics s'ajoutent aux financements privés, de sorte qu'il n'y aurait pas d'effet d'éviction significatif.