Contenu du sommaire : L'économie des sciences
Revue | Revue d'économie politique |
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Numéro | 2012 / Vol. 122 / 4 volume 122, juillet-août 2012 |
Titre du numéro | L'économie des sciences |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Economics of science Foreword - Damien Besancenot, Jean-Michel Courtault p. 471-475
- Un panorama de la recherche française en économie comparant les approches Google Scholar et Econlit - Clément Bosquet, Pierre-Philippe Combes p. 477-545 Nous utilisons les citations Google Scholar 2010 des économistes exerçants en France en 2008 afin de dessiner un panorama de la recherche en économie en France et de tester l'utilisation d'un support plus large qu'Econlit pour l'évaluation de la production de recherche. Nous comparons les indicateurs de citations tels que le nombre de citations divisés par le nombre d'auteurs, l'indice H ou l'indice G calculés au niveau individuel mais aussi des centres de recherche et universités avec des indices de publications calculés via la base de données EconLit et prenant plus ou moins en compte la qualité des journaux. Ces comparaisons sont menées sur différentes périodes de temps. La hiérarchie des institutions calculée avec l'approche Google Scholar est relativement proche de celle observée lorsque l'on utilise des scores de publications. Néanmoins, on observe également certaines variations spectaculaires pour quelques institutions, positives principalement lorsque l'économie n'est pas le cœur de métier de ces institutions.A panorama of research in economics in France comparing Google Scholar and Econlit approaches We use the 2010 Google Scholar citations of academic economists working in France in 2008 to draw a panorama of research in economics in France. This allows us to test whether using a broader support than Econlit publication records changes the assessment of research productivity. We compare different citation indexes, as the number of citations per author, the H-index or the G-index, which we calculate at the individual and at the department levels, with some Econlit publication scores. The latter take more or less into account the quality of journals and the analysis is performed for several time periods. The hierarchy of universities obtained through Google Scholar citation indexes is relatively close to that observed when using Econlit publication scores. However we also observe some dramatic changes for a couple of universities, positive mainly when economics is not the research core of these institutions.
- Piecework versus merit pay: a mean field games approach to academic behavior - Damien Besancenot, Jean-Michel Courtault, Khaled El Dika p. 547-563 Rémunération à la pièce ou au mérite : une modélisation du comportement académique par la théorie des jeux à champ moyen Cet article mobilise la théorie des jeux à champ moyen (Lasry et Lions [2007]) pour analyser la productivité des chercheurs. Il formalise le comportement optimal des chercheurs sous différents régimes d'incitation et fournit une justification théorique de la persistance de la loi de Lotka. Il montre qu'un système de rémunération discriminant les chercheurs en fonction de leur production scientifique peut induire un plus grand nombre d'entre eux à dépasser un niveau de production minimal. Le système de rémunération au mérite apparaît alors comme supérieur à la rémunération à la pièce.This paper applies the mean field game approach pioneered by Lasry and Lions [2007] to the analysis of researchers' academic productivity. It provides a theoretical motivation for the stability of the universally observed Lotka's law. It shows that a remuneration scheme taking into account researchers' rank with respect to the academic resume can induce a larger number of researchers to overtake a minimal production standard. It thus appears as superior to piecework remuneration.
- Wage Structure and Research Performance of U. S. Economics Departments: Distinguishing Incentives from Sorting - Tom Coupé, Valérie Smeets, Frédéric Warzynski p. 565-584 Structure des salaires et performance de la recherche des départements d'économie aux Etats-Unis: comment distinguer les incitations du tri? Ce papier analyse la relation entre les écarts de salaire entre niveaux hiérarchiques et la performance en termes de recherche en utilisant une base de données des salaires moyens par rang hiérarchique pour les départements d'économie aux Etats Unis entre 1977 et 1997. Nous relions ensuite cette information à la production individuelle des membres des départements, et documentons la dynamique de la productivité individuelle. Nos résultats montrent que des écarts salariaux plus élevés entre niveaux hiérarchiques sont associés à une productivité moyenne plus élevée comme prédit par les théories des incitations. Ils indiquent également que les différences salariales reflètent les différences de productivité passée entre niveaux, comme prédit par la théorie de l'apprentissage. Notre recherche suggère dès lors l'importance de distinguer entre incitations et tri afin de tester l'importance relative de ces théories.In this paper, we look at the relationship between wage gaps between hierarchical layers and research performance using a dataset of average wages by rank in U.S. economics departments over the period 1977-1997. We link this information to individual production data and document the dynamics of individual productivity in economics departments. We find some evidence that higher wage gaps are associated with higher productivity. We also find that the wage gap partially reflects differences in past productivity production between ranks, in line with learning theory, suggesting the importance to distinguish between incentives and sorting.
- On the absence of priority fights within economics, cheap talk, and the Walras-Jevons correspondence - Régis Deloche p. 585-598 Sur l'absence de querelles de priorité en sciences économiques, la communication sans engagement et la correspondance entre Walras et Jevons Selon Merton [1957], l'histoire des sciences abonde en querelles de priorité mais les sciences économiques font exception à cette règle. Hands [2006] explique ce phénomène par l'absence d'indignation morale chez les économistes. Nous proposons un contre exemple à cette thèse en étudiant avec la théorie des jeux la correspondance entre Jevons et Walras. Nous montrons que la communication sans engagement aida Jevons et Walras à réaliser un équilibre de Nash en stratégies pures dans une « bataille des sexes ». Walras a reconnu à Jevons la priorité pour la découverte de la « théorie des marchés et d'échange ».According to Merton [1957], the history of science is punctuated by disputes over priority of discovery, but there are no such priority fights in economics. Hands [2006] explains this phenomenon by assuming that economists have no sense of collective moral outrage. We provide a counterexample to this thesis by developing a gametheoretic analysis of the Walras-Jevons correspondence. We show that one-way preplay communication helped them to coordinate on a pure strategy Nash equilibrium of a “battle of the sexes game”. Walras recognized Jevons as the inventor of the “theory of exchange”. It was good for the promotion of mathematical economics.
- Doit-on réguler l'appropriation des connaissances ? - Elsa Martin, Hubert Stahn p. 599-623 Nous proposons dans ce travail de considérer le stock de connaissances exploitables par des laboratoires privés à des fins de dépôts de brevets comme un bien commun dont l'évolution au cours du temps dépend à la fois du nombre de brevets déposés et d'un co-produit des activités de recherche de l'Université. Nous montrons tout d'abord que la compétition entre les laboratoires supposés stratégiques génère, à court terme, une sur-appropriation du stock de connaissances dont l'effet, à long terme, est de réduire les possibilités de dépôts de brevets. Nous montrons ensuite que la taxation des dépôts de brevets constitue un outil efficace de régulation du processus de privatisation des connaissances.Should we regulate the appropriation of knowledge ? In this work, we propose to look at the stock of knowledge that can be patented by private labs. We consider this stock as a common. It changes over time according to the number of patents and to a by-product of the University research activity. We first show that the competition between strategic labs generate, in the short run, an over-extraction of the stock of knowledge. This reduces, in the long run, the patent activity. We finally show that the taxation of patents is an efficient tool in order to regulate the knowledge privatization process.